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PARACLET — PARADIS TERRESTRE


l’office de paraclet en intercédant pour nous et en s’iriterposant de manière à nous défendre efficacement contre la justice du Père. — Dans l’Évangile, le Saint-Esprit est nommé un « autre paraclet » que le Père accordera sur la prière du Fils. Joa., xiv, 16. Il y a donc un premier paraclet qui a précédé le Saint-Esprit auprès des hommes, et ce paraclet, c’est Jésus-Christ. Le second paraclet a pour fonction d’enseigner toute vérité, Joa., xiv, 26, de rendre témoignage de Jésus-Christ, Joa., XV, 26, de remplacer le Sauveur auprès des Apôtres et de convaincre le monde de ses torls envers ce dernier. Joa., xvi, 7-11. Le titre de paraclet, attribué au Saint-Esprit, équivaut donc à ceux d’inspirateur, de conseiller, de témoin et de soutien. On traduit souvent paracletns par « consolateur », parce que la venue du Saint-Esprit est subordonnée à la disparition du Sauveur, et que cette disparition a mis la tristesse au cœur des Apôtres. Joa., xvi, 6. Mais l’idée de consolateur, tout en étant comprise dans celle de paraclet, restreint trop le sens de ce terme. En traduisant Kapk-tCk-rpoç par advocatus, « celui qui est appelé » pour conseiller et défendre, la Vulgate a bien rendu le mot grec.

H. Lesêtre.

i. PARADIS. Ce mot nous vient, par le latin et le grec, du perse ; c’est le zend, pairidaêza, devenu en hébreu pardès, que nous lisons trois fois dans l’Ancien Testament : Cant., iv, 13 ; Eccle., ii, 5 (au pluriel : pardêsîm) ; II Esd., ii, 8. Il signifie proprement verger, parc, jardin arrosé et planté d’arbres. Il était passé dans la langue grecque sous la forme uapâSEtToç. Xénophon Anab., i, 2, 7 ; iii, 4, 14 ; Cyrop., i, 3, 14 ; viii, 1, 138 ; Hell., iv, 1, 5 ; Œcon., iv, 13, 14 ; Diodore de Sicile, xvi, 41 ; xviir, 36 ; Plutarque. Artax., 25 ; Théophraste, Eist. plant., y, 8, 1, Lucien ; Ver. Eist., ii, 23 ; Élien, Var. Eist., i, 33 ; Pollux, Onomast., îx, 3, etc. Les Septante se sont servis de mxpâSEieroç, non seulement pour traduire le mot pardès dans les trois passages de l’Ancien Testament où il est employé, mais aussi pour traduire le terme hébreu gàn, gandh, « jardin », Gen., Il, 10, etc. ; iii, 1, etc. ; xiii, 10 ; Nom., xxiv, 6 ; (Eccli., xxiv, 31 [Vulgate, 41], où le mot employé en hébreu ne nous est pas connu) : Is., i, 30 ; Ézech., xxviii, 13 ; xxxi, 8 (deux, fois)., 9, etc. Cf. Josèphe, Ant. jud., VII, xiv, 4 ; VIII, vii, 3 ; IX, x, 4 ; X, iii, 2 ; Bell, jud., VI, i, 1, etc. Saint Jérôme, dans plusieurs de ces passages, et en parliculier dans les chapitres il et m de la Genèse, a traduit gân par paradisus à l’exemple dès Septante, et de là est venu 1° le nom de « paradis terrestre » que nous donnons au jardin de l’Éden où Dieu avait placé Adam et Eve. Voir Paradis terrestke. — 2° Le sens de parc, bien arrosé et planté d’arbres, s’est conservé dans la Vulgate. Cant., iv, 13. — 3° Dans le Nouveau Testament, une signification nouvelle est donnée à paradis ; il s’emploie en grec et en latin pour désigner le séjour de Dieu et des élus, c’est-à-dire le ciel, qui est le véritable séjour de délices dont l’Éden n’était que la figure imparfaite. Luc, xxiii, 43 ; II Cor., xii, 4 ; cf. Apoc, ii, 7. Voir Ciel, t. ii, col. 751. — D’après certains commentateurs, S. Jérôme, In Amos, ix, t. xxv, col. 1087 ; S. Ambroise, Liber de paradiso, iii, 191, t. xiv, col. 282, le mot paradisus a le sens de ciel dans l’Ecclésiastique, xliv, 16, où il est dit : « Hénoch plut à Dieu et il a été transporté dans le paradis. » D’autres commentateurs, comme saint Thomas, III », q. xlix, a. 5, ad 2°™, entendent ici par paradis le paradis terrestre, mais le texte hébreu dit que Hénoch « alla avec Jéhovah ».

-Cf. Josèphe, Ant. jud., i, M, 4 ; âvs/tàpTiire itpôç z6 Beïov.

, Ni le mot « paradis » ni « c avec le Seigneur » ou Jéhovah ne se trouve. dans le grec, aussi les Pères grecs n’ont-ils point déterminé le lieu où fut transporté Hénoch. S. Jean Chrysostome. Hom. xxi in Gen., 4, t. lui, col. 180-181 ; Théodoret, Quxst. in Gen., interr. 45, t. lxxx, col. 145. La traduction latine a précisé le

sens et a donné au mot paradisus la signification de séjour des élus qui lui est attribué dans le Nouveau Testament. Dans Le livre d’Hénoch, les élus avant le jugement séjournent dans le paradis et là sont les premiers pères et les justes des anciens temps. Voir Ad. Lods, Le livre d’Hénoch, Paris, 1892, p. 98.

F. Vigoùroux.

2. PARADIS TERRESTRE, jardin que Dieu donna comme séjour à Adam et à Eve au moment de leur création. Gen., H, 8, 15, 22.

I. Nom. — Le texte original appelle ce jardin.pj, ’Êdén. Les Septante ont conservé ce mot comme nom propre.’EBsn, dans trois passages, Gen., ii, 8, 10 ; iv, 16 ; partout ailleurs (excepté Is., li, 3, où nous lisons 7tap « 8ei<Tov ; Vulgate, delicias), ils le traduisent par irpuçri, « délices ». Saint Jérôme, qui n’a jamais employé le nom d’Éden dans le ch. u de la Genèse, l’a toujours rendu par voluptas, locus voluptalis, de.licise, excepté Gen., iv, 16, qui est le seul passage de notre version latine où le jardin habité par nos premiers parents soit appelé Éden. Notre dénomination de « paradis terrestre » provient de ce fait que les Septante ayant rendu le mot hébreu gdn, « jardin », par uotpâSeienK, la Vulgate l’a traduit à son tour par paradisus, et « paradis » est ainsi devenu comme le nom propre du lieu où fut créé le premier homme, à défaut du terme Éden que le latin n’a pas conservé.

Le nom d’Eden, d’après plusieurs assyriologues, est d’origine babylonienne. La plaine de Babylone s’appelait en sumérien Édin et lorsque les Sémites s’établirent dans le pays, ils en tirent Édinu. Le nom équivalent en assyrien est zeru, qui correspond à l’arabe zor, par lequel on désigne encore aujourd’hui la dépression de terrain comprise entre le Tigre et l’Euphràte. — Le terme « Éden » se trouve en arabe comme en hébreu, et le Kamous l’explique par « délices, agrément ». C’est aussi le sens que lui ont attribué les lexicographes hébreux, qui l’ont rapproché du grec YiSov-ij. Gesenius, Thésaurus, p. 995. Il est employé au pluriel dans cette acception de délices. Ts. xxxvi (xxxv), 9 (Vulgate : torrente voluptatis potabis eos) ; II Sam., i, 24 ; Jer., li, 34. Cf. S. Jérôme, De nom. hebr., t. xxiii, col. 778 : Eden, voluptas sive delirise ; vel ornatus. Voir aussi Hebr. qusest. in Gen., ii, 8, t. xxiii, col. 940.

II. Site du paradis terrestre. — La Genèse décrit l’Éden et sa situation dans les termes suivants, Gen., ii, 8 : « Jéhovah Élohim planta un jardin à Éden, à l’orient, et ily plaça l’homme qu’il avait formé… 10. Et un fleuve sortait d’Éden pour arroser le jardin et de là il se partageait en quatre bras. 11. Le nom du premier est Phison ; c’est celui qui entoure tout le pays de Hévilath où se trouve l’or. 12. L’or de ce pays est excellent ; on y trouve aussi le bdellium et la pierre d’onyx. 13. Et le nom du second fleuve est Géhon ; c’est celui qui entoure tout le pays de Chus. 14. Le nom du troisième est Hiddéqel (le Tigre) ; c’est celui qui coule à l’orient de l’Assyrie. Le quatrième fleuve est l’Euphràte. » La description, on le voit, est circonstanciée et précise, et on doit la prendre dans un sens littéral, comme on l’a fait généralement.

Origène, il est vrai, admettant que la Bible ne devait pas toujours s’entendre dans le sens littéral, mais s’expliquer souvent d’une manière allégorique, applique en particulier ce principe à l’histoire du paradis terrestre. « Qui pourrait être assez insensé, dit-il, De princ., lv, 16, t. xi, col. 577, pour penser que Dieu, à la façon d’un agriculteur, a planté le jardin d’Éden à l’est et y a placé l’arbre de vie, visible aux yeux et aux sens, de sorte que celui qui aurait goûté à son fruit avec des dents corporelles, reçût ainsi la vie ? » Origène suivait en cela Philon dans ses explications allégoriques et les imitateurs ne lui ont pas manqué, ni autrefois ni aujourd’hui. Voir Parodies, dans Ersch et Grûber, Allge-