Page:Dictionnaire de la Bible - F. Vigouroux - Tome IV.djvu/1076

Cette page n’a pas encore été corrigée
2091
2092
PAPYRUS BIBLIQUES


dans une ville aussi célèbre par ses Ephesise litteras. Acl., xix, jl9. Le double nom de Paul, Act., xii, 9 : EaûXoî 6 xac EfaùXoç, cesse d’être un problème quand Bous voyonsjbeaucoup de ses contemporains porter deux noms, l’un indigène, l’autre grec ou romain, unis par la formule invariable 6 xai et ayant souvent entre eux une certaine ressemblance.- SaTaëoùç à xal Sàvjpoç, etc. L’exemple suivant montre bien le profit que l’exégèse peut retirer de l’étude des papyrus. Saint Paul, I Cor., vhi-x, eut à résoudre plusieurs cas de conscience relatifs aux idolothytes ou viandes consacrées aux idoles. Il permet aux néophytes d’accepter les invitations des parents païens malgré la crainte trop fondée qu’on ne serve des victimes offertes aux dieux. Il veut cependant qu’on s’abstienne de toucher à ces viandes dès que quelqu’un aura expressément signalé leur consécration aux fausses divinités. Enfin il interdit absolument de prendre part aux banquets sacrés qui accompagnaient l’immolation des victimes. Les trois invitations à dîner suivantes, dont on possède maintenant l’original, sont le meilleur commentaire de ces prescriptions de l’Apôtre. Nous les transcrivons d’après Grenfel] et Hunt, The Oxyrhynchus Papyri, Londres, t. i (1898) et t. m (1903).

N » ex. m » siècle.’Epwrà <te Xaiprjtiwv Semvi, <rai et ; xXEivrçv toû xupi’ou Eapâ-Tt’. So ? èv zip Sapansiw atfpcov,

lÎTcç èmiv te, àitô (îpaç 6.

cxi. m » siècle.’Epwrâ ère’Hpoaç Se171VT|<jai

tli yâtiouj téxviiiv rtitr^

êv tjj oixi’a atfptov, vjtiç èuriv Ttixttxr : , àiio « p « ï 6.

N° 523. IIe siècle.’Eptotâ ue’Avt16vk)( : ) IlToXE|J.(acoj) 8st7tVT)ff(ai) 7rap’a*jT(j) eïç xXecvt|v toO xupt’ou XxpaniSo ; iv toï ; KXa’-18([Ou) 2 « paitî(o(voç) r cÇ~ <ZTib wpaç 0.

Traduction. N° ex : Chérémon t’invite à dinér à la table du Seigneur Sérapis, au Sérapéum, demain, quinzième du mois, à neuf heures.

N° CXI : Aérais t’invite aux noces de ses enfants dans sa maison, demain, cinquième du mois, à neuf heures.

N° 523 : Antoine, fils de Ptolémée, t’invite à dîner avec lui à la table du Seigneur Sérapis, dans la maison de Sérapion, le seize courant, à neuf heures.

Il est évident que, selon les principes de Paul, un chrétien aurait dû décliner la première invitation, puisqu’il s’agissait de dîner à la table (xXeîvyj, c’est l’orthographe des papyrus pour y.Xi’vr)) du Seigneur Sérapis et cela dans le temple même du Dieu, au Sérapéum. I Cor., x, 21 : « Vous ne pouvez pas boire le calice du Seigneur et le calice (itotTJpiov) des démons ; vous ne pouvez pas prendre part à la table du Seigneur et à la table (TpcmeÇa synonyme de xXivt, ) des démons. » Comparer toute la théorie de la communion, ibid., 1420. Un autre obstacle à l’acceptation était le lieu où devait se faire le banquet sacré : Eaparatov, Paul dit eîScoXetov. I Cor., viii, 10. — L’invitation d’Héraïs au contraire pouvait être acceptée par un chrétien malgré la crainte assez fondée qu’on ne servît au festin nuptial des victimes immolées aux idoles si Héraïs était païenne, comme son nom le ferait supposer. Cependant le chrétien devait s’abstenir d’un plat formellement signalé comme provenant d’un sacrifice. Cf. I Cor., x, 27-29. — Enfin la troisième invitation aurait dû être repoussée, car bien que le festin eût lieu dans une

maison privée, c’était un banquet idolâtrique, le banquet de Sérapis. Cf. I Cor., x, 7 ; 21-22.

2. Données linguistiques et philologiques. — Il y a dix ans on se faisait encore du grec biblique une idée qu’il faut abandonner aujourd’hui par suite des récentes découvertes. M. Moulton dans son excellent ouvrage, Grammar of New Testament Greek, t. i, Prolegomena, Edimbourg, 1906, p. 1-2, raconté assez plaisamment l’histoire de sa propre conversion. Il avait composé en 1895 une grammaire élémentaire où il définissait le grec du Nouveau Testament : « Hebraic Greek, colloquial Greek, and late Greek. » Maintenant il supprime le premier membre « Hebraic Greek » et le remplace par « common Greek ». Ce fait, ajoute-t-il, « n’est pas une révolution purement théorique. Il touche à l’exégèse en une infinité de points. Il exige qu’on modifie les grammaires les plus récentes et qu’on revoie à nouveau les meilleurs commentaires. » Voici en peu de mots quelles sont les causes de ce revirement. On sait qu’aux environs de l’ère chrétienne tous les écrivains se servaient d’une langue uniforme, qui diffère notablement du grec des Apôtres. Les différences consistent en vocables spéciaux, qu’on s’était habitué à nommer mots bibliques, et en tournures ou locutions qu’on qualifiait de sémilismes. Les découvertes de ces derniers temps ont montré que les auteurs classiques employaient la langue littéraire, idiome artificiel et conventionnel qui n’était point parlé, tandis que les Apôtres faisaient usage du grec vulgaire, dédaigné des littérateurs. Autant qu’on peut le constater et sans qu’on puisse bien rendre compte de ce phénomène, la langue vulgaire était la même dans tous les pays ; seulement elle était plus ou moins correcte selon le degré de culture de ceux qui l’employaient.

A) Mots bibliques. — Le nombre des mots prétendus bibliques diminue de jour en jour grâce aux ostraca, aux inscriptions et surtout aux papyrus. Kenyon, dans le Dictionary of the Bible de Hastings, Extra vol., 1904, p. 355, donne de ces vocables retrouvés une liste trop longue, parce qu’elle comprend des mots et des locutions déjà constatés dans la Bible. A. Deissmann, Encyclopeedia biblica, article Papyri, t. iii, col. 3562, réduit sa liste à vingt-deux mots : àyctTiV), àxaTâyvio<jToç, àviiXï^jCTTiDp, eXaitiv, evavci, Ivwîuov, eûipea-roç, eùiXoctoç, Upàreijtù, xaQapt’Çdi, xupiaxoç, XetToupytxdç, Xoysta, vEÔçpv TOÇ, ÔÇEtXr], 7l£pt5£ÏtOV, àltO TlÉpytTt, 7rpO<TEUJ(7Î, TtUppàx^Ç,

<KTO|x£rpiov, cptXûTTpwTEÛto, çpevaTtàTV"^. Mais cette liste elle-même demande à être soigneusement vérifiée. Le mot àyauT), qui vient des Septante et que Philon emploie une fois, Quod Deus immutabilis, 14, n’a pas été retrouvé chez les auteurs profanes ; on croyait l’avoir lu dans un papyrus, mais la lecture a été reconnue fausse. Cf. Deissmann, Bïbelstudien, Marbourg, 1895, p. 80 ; Neue Bibelstudien, 1897, p. 26-37. Le mot à-nxiâ-f/tùatoç étaitdéjà connu par II Mach., IV, 47, et comme xaTayvwoto ; est fréquent, sa rareté est purement accidentelle. On pourrait en dire autant de àvriXriuTtrap, car àvrt-Xïî (j.iJm( ; n’est pas rare.’EXatuW, olivetum, très régulièrement formé, était le nom propre du Mont des Oliviers et Josèphe le mentionne à plusieurs reprises. "Evavu et evmjtkjv sont en effet adoptés par les Septante comme traduction littérale de’jsb, > : ’73, mais l’adjectif Ivûmo ;

est classique et le composé cwrÉvavTi se lit dans Polybe. C’est hasard que EÔipEtrroç n’eût pas encore été trouvé en dehors de la Bible, puisque Xénophon et Épictète emploient l’adverbe eùapèVucoç.’iEpaxeûto est dans les écrivains contemporains des apôtres et y.aôapiÇw dans Josèphe. Ne6çuto< est attribué à Aristophane par le lexicographe Pollux et ôçeiXïi à Xénophon par YEtymologium magnum. Si la< locution àno Tzéovai, avant les découvertes des papyrus, était particulière à saint Paul, on connaissait le simple Tzépvm et les composés ixirepuoi et npoizipvai. Quant à diToixÉtpiov, il n’est pas sûr que