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PAPYRUS BIBLIQUES


veau Testament, le papyrus, (xâpTï]ç)est mentionné une seule fois, II Joa., 12, par son nom ; mais il est probable que les livres (fJiéXo ; et fJ16Xsov), dont il est fait si souvent mention, étaient en papyrus. La chose est tout à fait certaine pour les livres brûlés à Éphèse, Act., xix, 191 à la suite de la prédication de saint Paul et pour les livres (ta fiiëXîa) que l’Apôtre, II Tim., IV, 13, réclame en même temps que les parchemins laissés chez Carpus. — L’usage du papyrus persista dans tout le monde gréco-romain jusqu’à la conquête de l’Egypte par les Arabes (640). Dès lors, il devint de plus en plus rare et fut remplacé par le parchemin qu’on lui substituait partiellement depuis deux ou trois siècles. Cependant la chancellerie pontificale continua à se servir du papyrus, et cet exemple fut suivi par quelques municipalités italiennes. Voir H. Marucchi, Monumentapapyr. Latina BibKoth. Vaticanss, Rome, 1895, Préface. D’après M. Marucchi, le plus ancien diplôme sur parchemin de la chancellerie romaine serait une bulle de Benoît VJII datée de 1022. — Dès son apparition, le papier, moins cher et plus commode, fit au papyrus une concurrence qui aboutit à la disparition rapide de ce dernier. Cf. J. Karabacek, Das arabische Papier, Vienne, 1887. D’après ce savant, le dernier papyrus daté de la collection de l’archiduc Renier est de 935 et le premier papier daté n’est antérieur que d’une vingtaine d’années, op. cit., p. 10-14.

2° Fabrication du papyrus. Dimensions du rouleau.

— Le papier de papyrus provient, comme il a été dit, col. 2079, de la partie intérieure de la tige du Cyperus papyrus. L’écorce et la partie encore trop fibreuse qui la touche, une fois enlevées, on coupait au rasoir la partie interne en tranches plus ou moins minces, selon la qualité de papyrus qu’on voulait obtenir, et l’on rangeait ces tranches côte à côte sur une table humectée d’eau du Nil. On les recouvrait d’une seconde série de tranches pareilles, mais posées transversalement. C’est ce qui donne au papyrus cet aspect quadrillé ou réticulé que tout le monde a pu observerOn soumettait le tout à une pression prolongée et on le battait au maillet de bois pour abattre les aspérités et augmenter la cohésion. Quand la feuille était sèche, on achevait de la polir au moyen d’une dent ou d’un coquillage et on l’encollait pour empêcher l’absorption de l’encre. Ces feuilles se vendaient séparément et servaient pour les lettres, les comptes, les contrats ou les opuscules de peu d’étendue. En général les feuilles (creXc’Sec, paginx, plagulx, schedm) étaient collées les unes aux autres (xoXXâv, StaxoXXSv, glutinare, adglutinare, conglulinare ) de manière à former un rouleau (scapus).

Pline, H. N., XIII, xxiii, 12, dit qu’un rouleau ne contenait pas plus de vingt feuilles. IL parle sans doute des rouleaux ordinaires que les fabricants tenaient toujours à la disposition des auteurs et des éditeurs et auxquels les écrivains de l’antiquité font souvent allusion quand ils parlent du modus voluminis ; par exemple Quintilien, . Instit., v et ix, fin ; Augustin, De civit. Dei, lin du livre IV, 24, t. xli, col. 140, etc. Saint Jérôme se plaint souvent d’être gêné par les faibles dimensions du rouleau (voluminis angustia) ; l’on trouve chez un grand nombre d’auteurs aneiensdes plaintes semblables. Ils sont obligés de finir soit parce que le rouleau est achevé (Varron, De ling. lat., v, fin : neque, si Amplius velimus, volumen patietur) soit parce que leur composition suffit à remplir un rouleau de dimensions moyennes. Sextus Empir., Ilpb ; Soyu., i, fin : (jiérpov ayTapxeç ; Athénée, iv et vi, fin : ixavôv [jûjxoc. Cf. Cicéron, De invent., i et il fin ; Origène, In Joa., xxxii, 19, fin, t. xiv, col. 829 ; Contra Cels., vi, 81 ; vii, 70 fin, t. xi, col. 1421, 1520, etc. Effectivement, on connaît des rouleaux égyptiens où le nombre 20 est marqué après chaque vingtième feuille. Ce serait peut-être la longueur type et pour ainsi dira de l’unité de mesure. Du reste il était toujours loisible à l’écrivain de coller lui-même de nouvelles

feuilles et d’allonger ainsi son rouleau. Les Égyptiens donnaient des dimensions beaucoup plus considérables aux rouleaux destinés à être déposés dans les tombeaux. Ainsi le papyrus Harris mesure près de 44 mètres.

C’est à Pline que nous devons les renseignementsjur la fabrication du papyrus dans l’antiquité. Sa description, H. N., XIII, xxi-xxvi, n. 11-12, qui abonde en obscurités de détail, a été éditée à part et soigneusement étudiée par K. Dziatzko, Untersuchungen ûber ausgewàhlte Kapitel des anliken Suchtvesens, Leipzig, 1900, iv : Die Zubereitung der Char ta, p. 49-103. Du temps de Pline, on distinguait neuf sortes de charta qui suivaient cette progression décroissante : Claudia, ainsi nommée de l’empereur Claude ; Augusta, du nom d’Auguste, très Une et transparente, employée de préférence pour les lettres ; Liviana, du nom de Livie, femme d’Auguste ; hieratica, qui anciennement était la plus estimée ; Amphithealrica, du lieu de fabrication ; Fanniana, du nom du fabricant ; Saitica et Leneotica, du nom des localités où on les fabriquait ; empwetica, trop grossière pour l’usage littéraire et servant aux emballages. On ne peut identifier avec certitude à ces diverses espèces les papyrus existants. Mais les procédés de fabrication sont décrits par Pline avec assez de clarté pour permettre aux amateurs de fabriquer eux-mêmes des feuilles de papyrus qui ont pu servir. Du reste, la tradition s’en est conservée en Sicile où l’on confectionne encore aujourd’hui du papyrus.

3’Découvertes modernes. — Les rouleaux de papyrus carbonisé découverts à Herculanum en 1752 y avaient été ensevelis par les éruptions du Vésuve de l’an 79 de notre ère. Le déchiffrement, très lent et très difficile, fut une déception. C’est sur la bibliothèque d’un philosophe épicurien qu’on avait mis la main. En 1778, une cinquantaine de rouleaux grecs furent trouvés dans le Fayoum : un seul fut acheté par un amateur qui le porta en Europe où il fit partie du Musée Borgia ; les autres furent réduits en cendres. Ce n’est qu’à partir de 1820 que les papyrus commencèrent à affluer dans les musées de Paris, de Londres, de Leyde, de Turin, de Rome et de Dresde ; mais on les y traita d’abord comme des curiosités, sans se mettre autrement en peine de les publier. L’année 1877 marque une nouvelle phase dans l’histoire des découvertes : une énorme quantité de papyrus découverts à Arsinoé, dans le Fayoum, enrichit la collection de l’archiduc Renier, à Vienne. Depuis, les musées publics, les sociétés savantes et les particuliers ont redoublé d’efforts pour recouvrer les trésors littéraires enfermés dans les tombeaux égyptiens ou ensevelis sous les décombres des villes en ruine. Les explorateurs se sont mis en campagne et les trouvailles se sont succédé d’année en année, aussi nombreuses qu’imprévues. — Depuis 1882 les fouilles ont été exécutées avec plus de méthode et d’esprit scientifique par la société anglaise Egypt Exploration Fund et l’on connaît désormais exactement — ce qui était jadis souvent impossible — la provenance des diverses pièces découvertes. La société publie annuellement un ArchseologicalReport, indispensable pour l’historique des fouilles. Voir encore Grenfell, Hunt et Hogarth, Fayûm Towns and their Papyri (résultat des fouilles de 1895-1896 et de 1898-1899), Londres, 1900.

4° Logia de Be/mesa. — Une des découvertes les plus sensationnelles fut la trouvaille de Behnesa, l’antique Oxyrhynchus, située sur la limite du désert de Libye, à 180 kilomètres environ au sud du Caire. Les premiers Logia furent retirés du sable qui les recouvrait le 12 janvier 1897. Voir Egypt Exploration Fund, Archxological Report, 1896-1897, p. 6. Ils furent publiés la même année par Grenfell et Hunt, AOl’IA IHSOT, Sayings of our Lord, et l’année suivante dans The Oxyrhynchus Papyri, t. i, et étudiés presque simultanément par Barnack, Ueber die jûngst entdeckten