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Le Cyprinodon dispar est un petit poisson que l’on trouve par myriades dans les petites sources thermales et salines qui bordent la mer Morte. On rencontre le Cyprinodon cypris dans le Jourdain, dans l’Ain Feschkhah, le Jaboc, etc. Le Discognathus lamta est très abondant dans le Jaboc, l’Arnon et les affluents du Jourdain du côté de l’est ; il existe également dans le lac de Tibériade. On signale également plusieurs « spèces de Capoeta : C. damascina, C. syriaca, C. socialis, C. amir, C. sauvageiLe Barbus canis est un des plus abondants parmi les nombreuses espèces que renferment le lac de Génésareth et le Jourdain.

F) Mollusques. — « Cette partie de la faune palestinienne offre la même variété que les autres branches. Elle présente cependant moins d’exceptions au caractère général du bassin méditerranéen et moins de traces de mélange des formes africaines et indiennes. Les types du nord, spécialement du genre Clausilia, sont fréquents dans le Liban et son prolongement galiléen. Les mollusques des plaines maritimes et de la côte n’ont pas de traits distincts de ceux de la Basse Egypte et de l’Asie Mineure. Les coquillages de la région centrale sont rares et généralement peu intéressants, tandis que, sur les bords de la vallée du Jourdain et dans le désert méridional, on rencontre des groupes très distincts d’Hélix et de Bulimus, d’espèces particulières ou communes en quelques cas au désert d’Arabie. Les mollusques fluvialiles sont d’un type beaucoup plus tropical que ceux de terre ; ils offrent peu d’espèces semblables à celles de l’est de l’Europe. La plupart d’entre elles sont identiques ou semblables à celles du Nil et de l’Euphrate ; quelques-unes du genre Melanopsis et seize au moins du genre Vnio sont particulières au Jourdain et à ses affluents. Il semble probable que les habitants des eaux ont été plus capables de supporter le froid de l’époque glaciaire que les mollusques terrestres, et des restes post-tertiaires trouvés près de la mer Morte, il est permis de conclure que les espèces actuelles viennent d’une période antérieure à l’époque glaciaire, tandis que les formes plus septentrionales introduites à cette époque ont maintenu leur existence dans les contrées plus froides du nord de la Palestine à l’exclusion des espèces méridionales, qui n’ont pas réussi à se rétablir. Le beau groupe Ackatina, qui demande un degré d’humidité qu’on ne trouve pas généralement en Palestine, n’est représenté que par quelques espèces insi . gnifiantes et presque microscopiques. » H. B. Tristram, The Fauna and Flora of Palestine, p. 178-179.

G) Insectes. — Voir Insectes, t. iii, col. 884.

. 2. Aire géographique de la Faune. — Comme la flore, la faune de Palestine a des affinités géographiques qu’il est très intéressant d’étudier. La Palestine forme une province méridionale extrême de la région palsearctique, qui comprend l’Europe, l’Afrique au nord de l’Atlas, l’Asie occidentale (mais non l’Arabie, qui est éthiopienne), le reste de l’Asie au nord de l’Himalaya, la Chine septentrionale et le Japon. L’analyse des différentes classes d’animaux montre que si la grande majorité des espèces appartient à la région palsearctique, il y a dans chaque classe un groupe d’exceptions et de formes particulières qui ne peuvent être rapportées à cette région, et dont la présence ne peut convenablement s’expliquer que par l’histoire géologique du pays. Exceptions et formes particulières sont presque toutes confinées dans la vallée du Jourdain et le bassin de la mer Morte. Ainsi, sur les 113 espèces des mammifères, 55 sont palæarctiques, 34 éthiopiennes, 16 indiennes, et 13 propres à la Palestine. La faune éthiopienne entre donc presque pour un tiers dans celle des mammifères palestiniens ; elle comprend en particulier 4 espèces d’antilopes, 2 de lièvres, et 8 de petits rongeurs des genres Aco

mys, Gerbilhis et Psammomys, qui sont strictement désertiques et ont ainsi pu traverser les déserts de sable de l’Afrique et de l’Arabie pour venir s’établir sur leur frontière septentrionale. Les Félidés ont pu arriver par l’Egypte ou la vallée de l’Euphrate. Comrne sur les 16 espèces indiennes, 9 sont également éthiopiennes, la faune de l’Inde tient en somme peu de place. Des 13 formes particulières, 3, Vrsus syriacus, Lepus syriacus et Sciurus syriacus sont de simples modifications de types palæarctiques ; 6, Lepus sinaiticus, Gerbillus txiiiurus, - Psammomys myosurus, Acomys russatus, Mus prsetextus, Gazella arabica, sont de caractère éthiopien et s’étendent probablement plus loin en Arabie et dans l’est de l’Afrique. Eliomys melanurus et Dipus hirtipes semblent bien propres à la Palestine. L’Hyrax syriacus fait partie d’un genre strictement éthiopien.

La faune des oiseaux est exlraordinairement riche pour une aire si peu étendue. Sur les 348 espèces qu’elle comprend, 271 sont palæarctiques, 40 éthiopiennes, 7 indiennes et 30 particulières. Les espèces palæarctiques appartiennent presque toutes à la côte et au plateau qui avôisine le Jourdain à l’ouest et à l’est. Les types éthiopiens et indiens sont presque exclusivement renfermés dans le bassin de la mer Morte, qui, à l’exception de quelques émigrants d’hiver, offre très peu d’espèces palsearctiques. Les plus remarquables de la faune éthiopienne sont : Cypselus af finis, Merops virvdis, Cotyle obsoleta, Corvus af finis, Saxicola nionacha. Dix autres sont des formes désertiques, probablement communes à l’Arabie, et atteignant là leur limite septentrionale, comme Calandrella deserti, Cerlhilauda alaudipes, Pleroclas exuslus, Honbara undulata, La plus intéressante des espèces indiennes, non éthiopiennes, est le Ketupa ceylonensis. Des 30 espèces classées comme particulières à la Palestine, 13 sont de simples modifications des types palfearctiques, plusieurs autres sont étroitement apparentées aux formes désertiques ou orientales et se trouvent dans le bassin de la mer Morte. — Les reptiles et amphibiens comptent 92 espèces, surlesquelles 49 sont palæarctiques, 27 éthiopiennes, 4 indiennes, Il particulières. La faune herpétologique présente moins d’anomalies que les autres, les reptiles étant plus localisés et stationnaires. — La faune ichthyologique, quoique restreinte comme nombre d’espèces, est de beaucoup la plus distincte dans sescaractères. Elle comprend 43 espèces, dont 8 seulement appartiennent à la faune ordinaire des rivières méditerranéennes. Dans le système du Jourdain, une seule, le Blennius lupulus, se rattache à la faune de la Méditerranée. Deux autres, le Chromis niloticus etle Clarias rnacracanthus, sont du Nil. Seize appartenant aux familles Chromidés, Cyprinodontidés et Cyprinidès sont propres au Jourdain, à ses affluents et à ses lacs. Voir Poissons.

En résumé, la flore et la faune du bassin de la mer Morte nous révèlent un fait intéressant, à savoir que ce coin de terre isolé et restreint renferme une série de formes vivantes qui diffèrent absolument de celles de la région environnante et ont une étroite affinité avec le domaine éthiopien, en même temps que des traces de mélange indien. Comment expliquer ce fait ? En présence de l’identité de beaucoup de ces espèces végétales et animales avec celles qui vivent sur le continent africain, il serait peu raisonnable d’admettre une création spéciale ou une origine indépendante. D’autre part, l’hypothèse d’une migration a contre elle l’isolement dans lequel la Palestine se trouve mise par le désert qui l’enveloppe au sud et à l’est et qui forme une barrière pire que la mer ou tes montagnes. Il faut donc en venir à cette conclusion que les espèces dont nous parlons sont arrivées là avant que la contrée avoisinante ne présentât les obstacles actuels à leur

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