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PALESTINE


se modifia, certaines parties se creusant plus ou moins profondément selon le degré de résistance ou l’état de fendillement des roches ; ces modifications, du reste, nous l’avons vii, ont continué pendant les âges historiques. Bans l’intérieur des terres, s’achevèrent les grands phénomènes d’érosion. Avec le concours des agents atmosphériques, les sédiments et les roches perdirent tout ce qui pouvait leur être enlevé, les torrents et les ravins creusèrent leur lit définitif, et souvent leurs bords largement rongés montrent que leur écoulement fut autrefois ce qu’il n’a jamais été depuis. Non seulement les eaux corrodèrent la surface du sol, mais celles qui ne trouvèrent pas de voie ouverte à l’extérieur s’infiltrèrent à l’intérieur à travers les fissures ou les roches plus friables, creusant ainsi des canaux, de petits lacs et des cavernes jusqu’à ce que leur action constante ou quelque mouvement du sol leur ait permis de s’échapper. Ainsi ont été formées ces nombreuses grottes dont est percé le sol palestinien, souvent énormes et aux formes capricieuses. L’époque historique est inaugurée en Palestine par un événement qui a laissé une très vive impression dans les traditions contemporaines, dont la Bible estl’écho ; nous voulons parler de la catastrophe qui détruisit les villes de la Pentapole. C’est alors que s’affaissa le terrain qui constitue aujourd’hui la partie méridionale de la mer Morte. Voir Morte (Mer), col. 1306. Depuis ce cataclysme, la Palestine a été fréquemment secouée par les tremblements de terre, mais aucun phénomène géologique n’y a apporté de changement notable. Les conditions physiques et biologiques que nous allons décrire sont, malgré quelques modifications superficielles, celles qui saluèrent la première apparition de l’homme dans ces contrées.

Voir, au point de vue géologique : Pour les notions générales, A. de Lapparent, Traité de géologie, 5e édit., Paris, 1906, 3 in-8° ; Ed. Suess, La face de la terre (Das Antlitz der Erde), trad. sous la direction de E. de Margerie, 3 in-8°, Paris, 1905. — Pour l’histoire des recherches géologiques faites en Palestine jusque vers 1880 : L. Lartet, Géologie, t. m du Voyage d’exploration à la mer Morte du duc de Luynes, in-4°, Paris, s. d., p. 9-22 ; Huddleston, The geology of Palestine, dans le Palestine Exploration Fund, Quarterly Statement, Londres, 1883, p. 166-170. — Pour la géologie proprementjdite : E. Robinson, Physical geography of the holy Land, in-8°, Londres, 1865, p. 284-299 ; O. Fraas, Aus dem Orient, in-8°, Stuttgart, 1867 ; L. Lartet, Géologie, tout le volume que nous venons d’indiquer, ouvrage des plus importants, mais à compléter par les étuçtes plus récentes ; Id, , Essai sur la géologie de la Palestine et des contrées avoisinantes, telles que l’Egypte et l’Arabie, dans les Annales des sciences géologiques, t. i, 1869, reproduit dans la Bibliothèque des Hautes Etudes ; seconde partie, consacrée à la paléontologie, imprimée en 1872 dans le t. m des Annales des sciences géologiques et également reproduite dans la Bibliothèque des Hautes Etudes ; Ed. Hall, Mernoir on the geology and geography of Arabia Petrxa, Palestine andadjoining districts, in-4°, Londres, 1889, publié par le comité du Palestine Exploration Fund, et résumant les notes éparses, sur ce sujet, dans le Quarterly Stalement ; Id., Mount Seir, in-8°, Londres, 1889 ; M. Blanckenhorn, Syrien in seiner geologischen Vergangenheit, dans la Zeitschrift des Deutschen Palàstina-Vereins, Leipzig, t. xv, 1892, p. 40-62 ; Enlstehung und Geschichte des Todten Meeres, ibid., t. xix, 1896, p. 1-59, avec 4 planches ; Noch einmal Sodom und Gomorrha, ibid., t. xxi, 1898, p. 65-83 ; Géologie der nàheren Unigebung von Jérusalem, ibid., t. xxviii, 1905, p. 75-120, avec carte et planche ; F. Nœtling, Geologische Skizze der Umgebung von el-Hammi, ibid., t. x, 1887, p. 59-88, avec planche.

—’Pour la minéralogie, analyse des eaux, etc. :

R. Sachsse, Beitrâge zur chemischen Kenhtnis derMineralien, Gesteine und Gewàchse Palàstinas, ibid., t. xx, 1897, p. 1-33 ; M. Blanckenhorn, Die Mineralschàtze Palâstina’s, dans les Mittheilungen und Nachrichten de la même revue, 1902, p. 65-70.

v. climat et fertilité. — 1. Climat. — La météorologie de la Palestine n’a guère été étudiée scientifiquement que de nos jours. Une étude scientifique sous ce rapport, en effet, réclame des instruments de précision, des observations exactes et régulières, faites non seulement sur un point particulier du territoire, mais en différentes stations, surtout si la situation, l’altitude ou d’autres conditions doivent, en certaines parties du pays, déterminer des différences climatériques. Or les instruments ont longtemps fait défaut, et les observations’n’ont eu ni la méthode rigoureuse ni l’étendue suffisante. Sans doute les voyageurs ont bien constaté des changements atmosphériques plus ou moins sensibles correspondant au relief du sol lui-même, ceux que l’on remarque, par exemple, en passant de la plaine à la montagne, en descendant de la montagne dans le Ghôr. Longtemps aussi les études se sont bornées au climat de Jérusalem ou à des expériences de quelques années faites à Nazareth et à Gaza. On peut voir, en particulier, dans le Palestine Exploration Fund, Quarterly Statement, 1883, p. 8-40, le rapport de Th. Chaplin, exposant le résultat d’observations faites dans la ville sainte pendant un espace de 22 ans, de 1860 à 1882 ; reproduit dans la Zeitschrift des deutschen Palàstina-Vereins, 1891, p. 93-112. La même revue a publié et continue de publier les résultats obtenus depuis. Mais, pour établir des points de comparaison et en arriver à un jugement d’ensemble sur la Palestine, il fallait augmenter le nombre des stations météorologiques. C’est ce qui a été fait, grâce surtout aux soins de 1’  « Association allemande pour l’exploration de la Palestine », Deutscher Palâslina-Verein. On trouve maintenant des stations plus ou moins complètes : le long de la côte, à Gaza, Sarona près de Jaffa, Khaïfa et au Carmel ; — dans la montagne, à Bethléhem, Aïn Karim, Jérusalem, Naplouse, Nazareth, Safed ; — dans la vallée du Jourdain, à Jéricho et à Tibériade ; — à l’est du fleuve, au Sait. Cf. M. Blanckenhorn, Die meteorologischen Beobachtungs-Stalionen des deutschen Palàstina-Vereins in Palâstina im Jahre 1904, dans les Mittheilungen und Nachrichlen des deut. Pal. Ver., 1904, p. 20-32 ; voir aussi 1906, p. 71-78. Sans entrer dans les minutieux détails que comporte cette étude climatologique, nous nous bornerons à des données générales sur la température, les vents, la pluie sous ses différentes formes, et les saisons.

1° Température. — Par sa situation géographique, la Palestine appartient, au point de vue du climat, à la zone subtropicale ; au solstice d’été le soleil n’est qu’à 10° sud du zénith. La température varie naturellement selon les différentes régions ; la région voisine de la mer est plus chaude que celle de la montagne, moins chaude que celle du Ghôr. Les observations n’ont malheureusement pas été faites en même temps sur tous les points ; nous manquons donc des éléments d’appréciation nécessaires pour établir un tableau comparatif général. Les indications suivantes suffiront cependant pour donner une idée des rapports thermométriques qui existent entre les quatre régions de la Palestine. Prenons d’abord sur la côte les trois stations de Khaïfa, de Wilhelma (colonie située dans la plaine à l’est de Jaffa) et de Gaza. Les observations faites pour l’année 1904 nous offrent, pour les deux premiers mois, les plus froids ayec décembre, et les trois mois les plus chauds^ les résultats ci-joints. La température moyenne est prise à deux heures de l’après-midi ; nous traduisons toujours en degrés centigrades.