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PALESTINE


sie. Celles de Callirrhoé donnent leur haute température aux eaux de Vouadi Zerqa Ma’în, à l’embouchure duquel on voit, sur la hauteur, quelques dépôts d’incrustation cimentant une brèche à éléments basaltiques. Le sol de la petite plaine de IjSârah est presque entièrement constitué par des calcaires incrustants, reposant sur le grès de Nubie. Il en est de même à l’occident du lac, à’Ain Feschkhah, ’Aïn Djidi, etc.

5° Dépôts atmosphériques. — Nous avons signalé tout à l’heure la contribution que l’atmosphère apporte, comme l’eau, à la formation des nouveaux terrains. — Sur cette géodynamique externe, cf. A. de Lapparent, Traité de géologie, Paris, 1906, p. 136-318.

2. Formation de la Palestine. — La géologie a fait de la Terre un livre ouvert, où dans chaque couche du sol nous lisons une page de l’histoire de notre globe. Le chapitre qui concerne la Palestine a des lacunes et des incertitudes. Cependant la description des terrains, que nous venons de donner avec toute l’exactitude possible, nous permet de Suivre les différentes phases par lesquelles a passé le pays biblique, au moins depuis une certaine époque.

A) i" période d’érnersion. — Les origines, en effet, sont assez obscures. Avant le carbonifère moyen, on ne connaît en Palestine, à part quelques lambeaux de roches cristallines, aucun terrain d’âge déterminable, permettant d’établir l’état de la région aux premières périodes de l’ère primaire. La Méditerranée primitive, la Thétbys de M. Suess, devait passer au nord pour aller rejoindre la région himalayenne et le Pacifique. On trouve, en particulier dans l’Anti-Taurus, une série marine continue, allant de l’ordovicien au carbonifère inférieur inclusivement. Plus au sud, c’est-à-dire en Palestine, au Sinaï, en Arabie et en Egypte, le premier point de repère est fourni par. la puissante série des grès de Nubie, recouvrant immédiatement les granités et les schistes cristallins. L’assise de base, dite grès du désert, contient au Sinaï le Lepidodendron mosaïeum et des sigillaires, indice d’un premier épisode à tendance continentale, datant de l’époque westphalienne (carbonifère moyen). Au-dessus, une invasion marine, d’époque ouralienne (carbonifère supérieur), est indiquée au sud-est de la mer Morte par une puissante assise de dolomies et de calcaires avec Productus et Crinoïdes, que l’on retrouve dans l’ouadi Arabah et au Sinaï. Les fossiles ont certaines affinités avec ceux du dinantien ; mais leur caractère général est ouralien, et même certains d’entre eux sont identiques à ceux du permien inférieur d’Australie. Ces ressemblances avec l’Australie et aussi le Salt-Range de l’Inde montrent les relations de la Théthys carbonifère, la mer à fusilines, avec la région indo-pacifique. Au-dessus, en Palestine, le grès de Nubie reprend et le régime continental qu’il indique dure, sans qu’on ait pu établir de subdivision, jusqu’au cénomanien exclusivement. On y trouve du bois fossile, en particulier Araucarioxylon, qui, pour certains géologues, appartient aux assises de base, c’est-à-dire permiennes. Pendant cette longue période stable, la mer, faisant communiquer la Méditerranée actuelle avec l’Himalaya et le Pacifique, passe au nord de la Syrie. À partir de l’époque toarcienne, un grand fait géologique, la séparation du massif formé par l’Afrique, la Palestine et l’Arabie d’avec celui formé par l’Inde péninsulaire et Madagascar, se produit sans contrecoup apparent sur la contrée qui nous occupe. Au mont Hermon, à partir de l’époque callovienne, une série continue jusqu’au crétacé supérieur nous montre la présence de la mer avec des faciès qui rappellent successivement ses relations avec l’Inde et l’Europe occidentale.

B) L’invasion marine cénomanienne ; sa durée jusqu’au tertiaire. — La mer n’atteint la Palestine qu’à époque cénomanienne, et, depuis lors jusqu’au sommet


du crétacé, la limite du grès de Nubie, marquant le rivage, recule vers le sud, jusqu’à atteindre, à l’époque mæstrichienne, la latitude d’Assouan. Nous avons vu comment sont représentés en Palestine les étages cénomanien, turonien et sénonien. Ce sont les pages les plus développées de l’histoire géologique du pays. Les étages de passage du crétacé à l’éocène, c’est-à-dire du danien au landénien, n’ont pas laissé de traces connues en Palestine, mais ce qu’on en connaît en Egypte indique une transition progressive du secondaire au tertiaire, et aussi la persistance des relations avec la faune indienne.

C) 2 « période d’érnersion. — a) De l’oligocène au pliocène. — Du lutétien au bartonien, la mer devait baigner encore le Liban

et la Mésopotamie, ainsi

que l’Egypte, et les fos siles indiquent des rela tions avec l’Algérie. Mais

dès la base de l’oligo cène, la Théthys devait

subir un assèchement

qui allait supprimer les

communications par le

nord de l’Inde entre la

Méditerranée européen ne et le Pacifique. Au

nord du Fayoum appa raît déjà le régime con tinental avec de curieux

mammifères intermé diaires entre les Dino therium et les Dinoce ras, ou précurseurs des

rhinocéros et des mas todontes. À l’époque

miocène, la mer n’oc cupe plus qu’un golfe

s’avançant dans la ré gion de Suez jusqu’au

27e degré de latitude au

maximum. La mer Bou ge n’existe pas, et, sur

le continent formé par

la Syrie, la Palestine,

l’Arabie et l’Afrique, s’é tablit, grâce sans doute

aux premiers plisse ments nord-sud, un

immense réseau fluvial

comprenant les grands

lacs africains avec le

bassin du Nil, et dont le bassin du Jourdain avec l’ouadi Arabah forme l’extrémité septentrionale. Cet état dura jusqu’au pliocène inclusivement, la mer Rouge étant de formation récente, et la faune du bassin du Jourdain lui doit le caractère africain, en tout cas nullement méditerranéen, qu’elle garde encore. La fin de l’histoire de la région jusqu’à nos jours est, en effet, celle de deux séries de fractures ou de plissements pouvant se rompre à la clef ou se briser en failles, les unes se propageant du sud au nord, prolongeant la ligne de faîte de l’Afrique au niveau du Tanganyka, les autres nord-ouest sud-est, coupant les premières et don nant passage tantôt à la Méditerranée, tantôt à l’océan indien, jusqu’à former la mer Rouge actuelle. Les deux côtes de la presqu’ile du Sinaï offrent un exemple frappant de l’intersection-de ces deux directions. Ce qu’on appelle le Fossé syrien (voir fig. 535) : côte de Kosséir, golfe d’Akabah, ouadi Arabah, bassin de la mer Morte et du Jourdain, partie du bassin de l’Oronte venant buter au nord contre les plis du Taurus, est un exemple de la première et demande un examen spécial.

535. — Carte schématique du Fossé syrien. D’après Suess, La face de la terre, t. 1, p. 472.

IV.

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