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1993
1994
PALESTINE


la seconde Nahr el-Leddan, et la troisième Nahr Banias, se réunissent à 12 kilomètres avant d’arriver au lac Hûléh. Le cours du fleuve, contourné à travers la plaine marécageuse qui avoisine ce lac, continue en ligne droite, au sortir delà nappe d’eau, sur un espace de 16 kilomètres, jusqu’au lac de Tibériade. Sa pente est rapide, puisque de deux mètres au-dessus de la Méditerranée il tombe à 208 au-dessous. Sa course se ralentit et devient sinueuse lorsqu’il entre dans la petite plaine à.’el-Batihah, au nord du Bahr Tabariyéh. Sortant du lac à son extrémité sud-ouest, il se dirige d’abord vers l’ouest, puis vers le sud, et coule, avec de nombreuses sinuosités, jusqu’à la mer Morte. La distance ainsi parcourue est directementde 104 kilomètres, mais ses méandres triplent bien la longueur de son cours. Ses eaux agitées et toujours plus ou moins limoneuses courent dans la plaine que les Arabes ont appelée ez-Zôr, « la coupure, » et qui paraît avoir été formée par les déplacements du lit du fleuve, rongeant à droite et à gauche les lianes du Ghôr. Un double et épais rideau d’arbres, tamaris, peupliers blancs, saules, térébinthes, etc., les encadre. Les rapides sont nombreux ; on n’en compte pas moins de 27 dangereux, sans parler des brisants et des écueils très multipliés. D’où viennent les innombrables méandres du Jourdain dans sa moitié inférieure ? C’est que là son inclinaison, assez forte pour lui donner de la rapidité, est très faible relativement à celle de la moitié supérieure. Ce fait ressort des chiffres suivants :

mètres.

Source d’Hasbeya.. 563 au-dessus de la Méditerranée.

Source de Banias.. 369 — —

Lac Houléh.2 — —

Lac de Tibériade.. 208 au-dessous de la Méditerranée.

Mer Morte 392. — —

En prenant le lac de Tibériade comme terme de la première moitié du cours, on a entre la source la plus éloignée et ce lac, pour une distance de 85 kilomètres, une chute de 771 mètres, c’est-à-dire m 00907 par mètre, tandis que du lac à la mer Morte, la chute n’est que de 184 mètres pour une distance de 104 kilomètres, soit m 00176 par mètre. Il faut remarquer aussi que la pente n’est pas absolument régulière, mais qu’elle est coupée de distance en distance par des brisants qui modèrent en certains endroits la rapidité du cours. Le Jourdain unit ainsi le régime de rivière à celui de torrent. Large de 25 mètres au Pont des filles de Jacob, Djisr benât Ya’qùb, au-dessous du lac Hûléh, il atteint de 37 à 38 mètres au sud de Qarn Sartabéh et 75 mètres à son embouchure. On estime à 6500000 tonnes la quantité d’eau qu’il déverse journellement dans la mer Morte, au moins à certaines époques de l’année. Voir Jourdain, t. iii, col. 1704.

2. Lacs. — Le Jourdain forme trois lacs, dont deux lui servent de régulateurs, et le troisième de déversoir. Le premier est le Bahr el-Bûléh ou lac de Mérom. En forme de poire ou de triangle, il a de 5 à 6 kilomètres de long, et, en moyenne, autant de large, pendant la période des basses eaux ; sa profondeur va de 3 à 5 mètres. Il est entouré d’épais fourrés de roseaux et de papyrus. Voir Mérom (Eaux de), col. 1004. — Le second est le Bahr Tabariyéh ou lac de Tibériade. Sa forfile^est celle d’un ovale irrégulier ; sa plus grande longueur est de 21 kilomètres, sa plus grande largeur de 10 kilomètres ; sa profondeur varie de 20 à 45 mètres dans la direction du sud au nord ; M. Lortet, La Syrie d’aujourd’hui, in-4°, Paris, 1884, p. 505, dit cependant qu’elle est en moyenne de 50 à 70 mètres, et que vers le milieu du grand bassin du nord, en face de l’embouchure du Jourdain, il y a des gouffres qui descendent à 250 mètres. Voir Tibériade (Lac de). — Le troisième est le Bahrel-Lût, « mer de Lot, » ou mer Morte. De forme allongée, il va directement du nord au

sud, avec une légère inclinaison de la pointe septentrionale vers le nord-est. Il est divisé dans sa longueur en deux parties inégales par une presqu’île appelée El-Lîsân, « la Langue. » La portion septentrionale est longue de 45 kilomètres ; celle du sud constitue un petit bassin ovale d’une disposition particulière. Dans son ensemble, le lac à une longueur de 75 kilomètres ; sa plus grande largeur est de 16 kilomètres. Sa profondeur varie beaucoup ; le point le plus enfoncé est à 399 mètres. Cependant, au sud de la Lisàn, le fond, même au centre, n’est guère que de 4 métrés. L’eau a une densité considérable. Voir Morte (Mer), col. 1289. 3. Sources. — La Palestine fait à presque tous les voyageurs l’impression d’un pays aride et désolé ; telle était déjà celle qu’éprouvait saint Jérôme, In Amos, iv, 17, t. xxv, col. 1029. Les pèlerins qui visitent la Terre- " Sainte sont obligés de régler leurs étapes, non d’après leurs convenances, mais d’après les rares fontaines qu’ils pourront rencontrer sur leur route. Les sources cependant sont encore assez nombreuses, surtout au pied des collines et dans certaines vallées. Mais les petites tarissent facilement pendant l’été, puis le déboisement et l’état d’abandon dans lequel est tombée la région ont influé sur le régime des eaux. Malgré cela, il y a encore des coins bien arrosés. Beaucoup de ces sources sont la vie de certaines localités et un indice de leur antiquité. D’autres donnent naissance ou un, tribut plus ou moins large à plusieurs des fleuves que nous avons mentionnés. Signalons les principales. — 1. Dans la plaine maritime. Au sud de Tyr, après le Bâ% el-Abiad, on en trouve une, non loin du rivage, près de Khirbet Iskanderûnéh, puis plus bas, au-dessous de Râs en-Naqûrah, V’Aïn el-Muschéiriféh arrose de frais jardins. En descendant vers S. Jean d’Acre, on rencontre à El-Kabry deux fontaines abondantes, dont l’une alimente l’aqueduc qui, tantôt souterrain, tantôt à fleur du sol, tantôt porté sur des arcades, fournit d’eau la ville de’Akkà ; une troisième même, peu éloignée, féconde le territoire, dont la fertilité est proverbiale. Au sud-est de la cité maritime, au Basset el-Kurdanéh, sont les sources du Nahr Na’mân, qui, dès leur origine, forment un cours d’eau considérable. Plusieurs autres, à la base du Carmel, portent leur appoint au Nahr el-Muqalta’ou Cison, et les pentes occidentales de la montagne en possèdent quelques-unes qui contribuent à la beauté du pays. Certains groupes se trouvent le long de l’ouadi el-Mdléh et dans les environs de Nahr Iskanderûnéh. Au nord-est de Jaffa, le Bas el-Aïn est un marais formé par des sources dont les eaux s’en vont dans le Nahr eUAudjéh, et la ville elle-même a la gracieuse fontaine À Abu Nabbût. La plaine de Séphélah a moins de sources apparentes, mais l’eau est à quelques mètres seulement de profondeur. — 2. Dans la montagne. La Galilée est la région la mieux arrosée, en raison de sa proximité du Liban, qui emmagasine les neiges de l’hiver et disperse autour de lui les trésors cachés en son sein. Aussi les sources sont-elles nombreuses. Elles sont éparses sur tout le terrain ; on les rencontre sur les hauteurs de Tibnîn, au-dessous et au nord du vieux château, à’El-Djisch, de Safed, de Meirôn, de Qadés, comme sur celles de la basse Galilée, près de Seffuriyéh, à Nazareth, à Kefr Kenna, etc. La plaine d’Esdrelon, par sa nature même, en est largement fournie ; elle en possède à la base des collines galiléennes et des monts samaritains. Le groupe le plus remarquable, de ce dernier côté, est celui qui existe aux environs et au-dessus i’El-Ledjdjùn et dont les eaux contribuent à entretenir le Cison. À Djenin, une bells source jaillit en véritable torrent, se divise en petits ruisselets, et répand la fraîcheur dans les jardins et les champs, rappelant ainsi le nom de l’antique cité biblique, ’£' « -Gannîm, « la source des jardins. » Voir Ekgakkim 2,