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1975
1976
PALATINUS (CODEX) — PALESTINE


Évangiles, datant du v « siècle, désigné en critique par la lettre e, et conservé depuis 1806 à la Bibliothèque impériale de Vienne sous la cote lat. H85. Un feuillet se trouve à Dublin (Trinity Collège, N. 4, 18). Le codex était d’abord à Trente d’où il fut envoyé à Rome en 1762 pour l’édition de Bianchini. Celui-ci en fit prendre une copie qui fut déposée à la Vallicellianæty estcotéeU.66.

— Le Palatinus renferme les parties suivantes des Évangiles : Matth., xii, 49-xxiv, 49 (mais xiii, 13-23, appartient au feuillet de Dublin et xiv, 11-21, n’existe plus que dans la copie de Rome) ; Matth., xxviii, 2-20 : Joa., i, 1-xviii, 12 ; xviii, 25-xxi, 25 ; Luc, i, 1-vtn, 30 ; vm, 48-xi, 4 ; xi, 24-xxiv, 53 ; Marc, i, 20-iv, 8 ; iv, 19vi, 9 ; xii, 37-40 ; xiii, 2-3, 24-27, 33-36. — La partie conservée à Vienne fut éditée par Tischendorf, Evangelium Palatinum, Leipzig, 1847 ; le feuillet de Dublin, par Abbott à la suite de son The Codex rescriplus Dublinensis, Z, Londres, 1880, enfin le fragment que la copie de Rome présente en plus des manuscrits précédents par Linke, Neue Bruchstùcke des Evangelium Palatinum, dans les Sitzungsber. der Akad. der Wissenschaften tu Mûnchen, 1893, fasc. ii, p. 281-287. Le tout a été réédité par J. Belsheim, Evangelium Palatinum etc., Christiania, 1896, ’avec une préface donnant l’historique du célèbre codex. D’après Hort, The New Testament in Greek, introduction, Londres, 1896, p. 81, le Palatinus, ainsi que le Bobiensis, si éprouvé par l’incendie de la Bibliothèque de Turin, offre un texte africain en substance, souvent absolument identique aux citations de saint Cyprien là où elles différent du texte européen. F. Prat.

    1. PALESTINE##

PALESTINE, partie méridionale de la Syrie, qui correspond à l’ancien pays de Cbanaan, à ce que nous appelons la Terre-Sainte. La connaissance de cette contrée est de première nécessité pour comprendre la Bible. Chacune de ses divisions, de ses villes, fleuves, montagnes, etc., a son article spécial dans le corps du Dictionnaire. Nous n’avons à donner ici qu’une étude d’ensemble sur son état actuel et son état ancien, au double point de vue géographique et historique.

I. Noms. — Le pays que nous étudions a porté, au cours des âges, dans la Bible et chez les peuples anciens, des noms différents, tirés de ses habitants, principalement des Hébreux, et des événements religieux dont il fut le théâtre.

1° Palestine. — Ce nom, dans son extension actuelle, c’est-à-dire en tant qu’il désigne la contrée tout entière, n’est pas biblique, bien qu’il ait ses racines dans la Bible. La Vulgate connaît les Paleestini, Gen., xxi, 33, 34 ; xxvi, lj 8, 14 ; Exod., xxiii, 31 ; Ezech., xvi, 27, 57 ; xxv, 15, 16, ou Palsesthini. I Par., x, 1 ; Jer., xlvji, 1, 4 ; Joël, iii, 4 ; Am., vi, 2 ; ix, 7. Les manuscrits et même les éditions imprimées offrent une certaine variété d’orthographe ; la première est la meilleure. Cf. Vercellone, Variée lectiones Vulgatse latines, Rome, 1860, t. i, p. 74. Mais ce mot traduit l’hébreu ntntfbs,

PeliStim, « les Philistins, » que les Septante rendent par $u>[o-Tt£ ! (i, Gen., xxi, 33, 34 ; xxvi, 1, 8, 14, etc., et par àXXôçyXot. I Par., x, 1 ; Jer., xlvii, 1, 4, etc. Il ne s’applique donc qu’au peuple qui habitait la région sud-ouest de la Palestine actuelle, le mât Palastu, Pilistu, Pilista des inscriptions assyriennes. Cf. Frd. Delitzsch, Wo lag das Paradiesf Leipzig, 1881, p. 288 ; E. Schrader, Die Keilinschriften und das À Ite Testament, Giessen, 1883, p. 102. C’est dans ce sens restreint que Josèphe lui-même, Ant. jud., i, vi, 2 ; II, xv, 3 ; XIII, v, 10, emploie les dénominations de IlaXatcrti’voi, IlaXaiffrivï]. Dans quelques endroits cependant, Ant jud., VIII, x, 3 ; Cont.Ap., i, 22, il parle, d’après Hérodote, de la riaXacoTs’vr) Supi’a, des « Syriens qui sont dans la Palestine », Eyptot oî èv tt] noXaturcvr), expressions qui étendent le territoire jusqu’à la Phé nicie. Hérodote, en effet, ir, 104 ; iii, 5, 91 ; vii, 89, distingue les Phéniciens des Syriens qui sont èv x-ꝟ. 11a-Xaiari’vT ] ou appelés IlaXaioTivoi ; tout ce qui va de leur district jusqu’à l’Egypte se nomme, d’après lui, Palestine. Les écrivains grecs firent d’abord de DTaXottcrrivï) un adjectif déterminant Eupe’a, pour distinguer « la Syrie Palestine » ou méridionale, y compris la Judée, de la Phénicie et de la Cœlé-Syrie. L’expression t, IlaXaurrCvir) Supc’a devint ainsi, principalement depuis Hérodote, d’un usage commun. On la rencontre dans Philon, De nobilitate, 6, édit. Mangey, t. ii, p. 443. Elle passa dans dans la langue officielle des Romains, à partir d’Antonin le Pieux, comme le prouve un diplôme militaire de l’armée de Judée (139 après J.-C), d’après lequel la province ainsi appelée autrefois est nommée Syria Palœslina. Cf. Héron de Villefosse, Diplôme militaire de l’armée de Judée, dans la Revue biblique, Paris, 1897, p. 598-604. Elle se trouve aussi fréquemment sur les monnaies de Flavia Neapolis. Cf. F. de Saulcy, Numismatique de la Terre-Sainte, Paris, 1874, p, 248. Cependant le nom de IlaXsao-rîvri, Palsislina, était également connu comme substantif, ainsi qu’on le voit dans les auteurs classiques et sur les monnaies, chez les Pères et les écrivains ecclésiastiques. Vers le ive siècle, il s’étendait même au delà des limites de l’ancien pays de Chanaan. Eusèbe et saint Jérôme, Onomastica sacra, Gœttingue, 1870, p. 84, 88, 91, 125, 214, 219, 228, placent dans la Palestine des villes telles que Ailath, Pétra, Pella, Hippus. À partir du ve siècle, on mentionne la Paleestina prima, comprenant la Judée et la Samarie ; la Palxstina secunda, c’est-à-dire une partie de la Galilée, les contrées voisines du lac de Tibériade et du haut Jourdain, à l’ouest et à l’est ; la Palxstina tertia ou salutaris, avec l’Idumée, depuis Bersabée jusqu’au golfe Élanitique, et l’ancien pays de Moab. On trouve trois fois le nom de « Palestine », ’jiDDbs, dans les Midraschim ; mais, d’après A. Neubauer, La géographie du Talmud, Paris, 1868, p. 2, il se rapporte plutôt au pays des Philistins. Disons enfin que, pour les Arabes, le djund ou district militaire de Filasfin, ( ^>l-i « JLs, correspondait à la Palestine première, avec une partie’de la Palestine troisième jusqu’au désert de Tih. Cf. Guy Le Strange, Palestine under Ihe Moslems, Londres, 1890, p. 25-29. C’est ainsi que le nom de Palestine, appliqué d’abord à une petite portion du pays, placée entre l’Egypte et la Phénicie, et plus connue des étrangers qui venaient de l’Occident, s’est ensuite étendu au pays tout entier, comme celui d’Afrique, qui ne désignait primitivement pour les Romains que la contrée libyenne, voisine de l’Italie, a fini par s’étendre à l’immense continent.

2° Terre de Chanaan ; Chanaan. — Le plus ancien nom biblique de la Palestine est celui de iras, Kena’an ; ’érés Kena’an ; Septante : y{] Xavaâv ; Vulgate : terra Chanaan, Gen., xi, 31 ; xiii, 12 ; xvi, 3 ; xvi[, 8, etc. ; regio Chanaan, Lev., xviii, 3, ou simplement Kena’an, « Chanaan. » Jos., xxii, 9, 32 ; Jud., iv, 2, 23, 24 ; v, 19 ; Ps. cv (hébreu, cvi), 38, etc. On trouve aussi’érés hak-Kena’ânî, « la terre du Chananéen ; » Septante : y-n n>i XavavaiMv, « la terre des Chananéens. » Exod., iii, 17 ; xm, 5. Il ; Deut., i, 7, etc. Ce même nom apparaît, au xiv siècle avant notre ère, dans les lettres de Tell el-Amarna, sous les formes de Kinal.ihi et Kinahni (na). Cf. H. Winckler, Die Thontafeln von Tell el-Amama, Berlin, 1896, p. 26, 28, 118, 210, 276, 282, 391. La première suppose une forme primitive 733, Kâna’. Voir Chanaan, t. ii, col. 531. Dans les inscriptions

égyptiennes, le pays est appelé "jt. V V ]

p-Ka-n’-na, transcription exacte de l’hébreu, renfermant l’aspiration qui se trouve dans le corps du mot, et précédée de l’article, « le Chanaan. » Cf. H. Brugsch, Geographische Inschriften altâgyptischer Denkmàler,