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PALAIS


pondant exactement à ceux des palais égyptiens. II y avait d’abord la maison du Bois-Liban, qui comprenait’la salle du trône, le tribunal royal et un arsenal. Voir’Maison du Bois-Liban, t. iv, col. 594-597. De cette maison, un portique conduisait dans une seconde cour, où s’élevait la maison d’habitation de Salomon. Enfin, au delà, était celle de la reine, fille du pharaon d’Egypte. Tous ces édifices avaient été construits en bonnes et belles pierres, sciées sur toutes leurs faces. Celles des fondations avaient huit et dix coudées de large. Le cèdre fournissait le matériel nécessaire pour compléter la construction. La grande cour dans laquelle s’élevaient les divers édifices était entourée d’un mur à trois rangées de pierres de taille et de poutres de cèdre formant un portique comme celui du Temple. III Reg., vii, 112. La décoration intérieure des édifices comportait des incrustations d’ivoire, Ps. xlv (xltv), 9, et tout le luxe résultant de la richesse du roi et de l’habileté artistique des entrepreneurs phéniciens. Il est probable que, comme dans les palais égyptiens, les portiques entourant la cour abritaient les communs et les magasins de provisions. Des parterres, des bosquets et des bassins devaient occuper une partie des espaces vides ; L’ensemble empruntait quelque chose de plus pittoresque à l’emplacement du palais sur les pentes d’Ophel. Salomon soigna ces constructions, car il mit environ treize ans à les terminer. III Reg., vii, 1. Le palais communiquait avec le Temple. IV Reg., xi, 16. Le trésor royal y était enfermé. IV Reg., xii, 18 ; xx, 13 ; Is., xxxix, 2. Mais les rois de Jérusalem n’avaient pas, comme ceux d’Egypte, la facilité de transporter leur résidence ailleurs que dans la demeure de leurs pères. Les successeurs de Salomon habitèrent donc le palais construit par lui ; mais vingt fois ils le remanièrent ou le reconstruisirent avec des modifications notables, jusqu’à sa ruine définitive. Cf. Babelon, Manuel d’archéologie orientale, Paris, 1888, p. 245, 246. Isaïe, xxxiii, 14, avait prédit cette ruine et annoncé que les animaux sauvages établiraient leurs repaires sur l’emplacement du palais d’Ophel. Cf. Prov., xxx, 28. Amos, ii, 5, prophétise aussi l’incendie du palais de Jérusalem. Mais Jérémie, xxx, 18, dit que les palais de Jacob seront rétablis, et l’auteur du Psaume xlviii (xlvii), 4, 14, proclame que Dieu protège les palais de Sion. — Jérémie mentionne, xxxvi, 22, un palais d’hiver où habitait Sédécias. Cf. Amos, iii, 15.

2° Rois d’Israël. — Les rois d’Israël avaient aussi leurs palais. Il en existait un à Thersa. Zambri, après avoir tué Ela, régna pendant sept jours à Thersa, et, assiégé par Amri et tout le peuple d’Israël, se retira dans la citadelle de la maison du roi, mit le feu au palais et périt dans les flammes. III Reg., xvi, 18. Achab possédait un palais à Jezraël. III Reg., xxr, 1 ; IV Reg., ix, 3034. Il y en avait un autre à Samarie, IV Reg., vii, 11 ; Phacée y frappa à mort Phacéia, dans la tour de la maison du roi. IV Reg., xv, 25.

3° Après le retour de la captivité. — Il est fait alors mention de la forteresse voisine du Temple. II Esd., Il, 8. Cette forteresse, appelée d’abord pdtptç, devint ensuite PAntonia, à la fois palais et citadelle. Voir Antonia, t. i, col. 712. Il existait à cette époque une haute 10ur, en avant de la maison du roi, l’ancien palais de Salomon, sur Ophel. II Esd., iii, 25. — A Arâq-el-Émir, à l’est du Jourdain, à peu près à la hauteur de Jéricho, on voit encore sur une colline les restes d’un ancien palais, dont Josèphe, Ant. jud., XII, iv, 4, donne la description, et dans lequel vécut plusieurs années Hyrcan, fils de ce Joseph, fermier des impôts, qui domina la Judée de 190 à 176. Il est probable qu’Hyrcan se contenta d’embellir ce lieu, et qu’il profita des substructious et des constructions exécutées anciennement, sans doute par les Ammonites, qui avaient longtemps possédé cette région. Cf. Revue

biblique, 1893, p. 138-140 ; 1894, p. 617, et le plan d’Arâq-el-Émir, d’après de Saulcy, dans Chauvet et Isambert, Syrie, Palestine, Paris, 1890, p. 521. — Les princes Asmonéens eurent à Jérusalem un palais voisin du Xystus et communiquant directement avec le Temple. Plus tard, Agrippa II bâtit à la place un magnifique édifice qui dominait toute la ville et permettait de voir ce qui se passait dans le Temple. Les prêtres élevèrent une haute muraille pour obstruer la vue, et, grâce à Poppée, obtinrent l’approbation de Néron. Cf. Josèphe, Ant. jud., XX, viii, 11 ; Bell, jud., II, XVI, 3. — Hérode se bâtit à Jérusalem un palais royal, le long de l’enceinte occidentale de la ville, au sud des tours Hippicus et Phasaël. Voir la carte, t. iii, col. 1355. Les deux principaux édifices reçurent les noms de Cesarium et d’Agrippium. Josèphe prétend que la magnificence de ce palais surpassait celle du Temple. Cf. Bell, jud., i, xxi, 1. Le monument connu sous le nom de Tour de David, voir t. iii, fig. 259, col. 1374, est tout ce qui en reste. Dans la suite, les procurateurs romains habitèrent ce palais. Cf. Josèphe, Bell, jud., II, xiv, 8 ; xv, 5 ; Philon, Leg. ad Caj., 38, édit. Mangey, t. H, p. 589. D’après plusieurs auteurs, c’est dans ce palais, qui était en même temps une forteresse pouvant contenir beaucoup de troupes, que Pilate aurait eu son prétoire et que le Sauveur aurait été amené pendant sa passion. Cf. Schûrer, Geschichte des jud. Volkes im Zeit. J. C, Leipzig, 1. 1, 1901, p. 458. Voir Prétoire. Hérode éleva d’autres palais à Césarée, dont il avait fait un port de mer et la capitale civile de la Judée, voir Césarée, t. ii, col. 457, 458, à Hérodion, au sud de Jérusalem, à Machéronte et à Massada. Cf. Josèphe, Bell, jud., I, xxi, 10 ; VII, vi, 2. + Josèphe mentionne encore les palais du grand-prêtre Ananias, d’Agrippa et de Bérénice, qui furent incendiés pendant les émeutes de Jérusalem, à l’époque du siège, cf. Bell, jud., II, xvii, 6, celui de la reine Hélène d’Adiabène, devenue prosélyte, cf. Bell, jud., V, vi, 1 ; VI, VI, 3, et celui de Grapté, parente d’Izates, roi du même pays. Cf. Bell, jud., IV, îx, 11. Hélène était venue s’établir à Jérusalem vers 48 après J.-C. — Au début de sa passion, le Sauveur eut à comparaître devant Anne et devant Caïphe. Joa., xviii, 13, 24. La tradition place le palais de Caïphe sur le mont Sion, non loin du cénacle. Mais on ignore si les grands-prêtres habitaient le même palais ou des palais contigus, bien que certains croient trouver la demeure d’Anne à 175 mètres de celle de Caïphe. Cf. Azibert, La nuit de la Passion, dans la Revue biblique, 1892, p. 282, 283 ; Le Camus, Notre voyage aux pays bibliques, Paris, 1894, t. i, p. 471-473 ; Jérusalem, t. iii, col. 1341.

III. Palais syriens, philistins, etc. — Les voisins des Israélites avaient aussi, dans leurs villes principales, des habitations royales plus ou moins luxueuses, mais dont il ne reste rien et sur lesquelles on manque de renseignements. Amos, i, 4, 7, 10, 12, 14 ; ii, 2, annonce la destruction par le feu des palais de Damas, chez les Syriens, voir t. H, col. 1213 ; de Gaza, chez les Philistins, voir t. iii, col. 118 ; de Tyr, chez les Phéniciens ; de Bosra, chez les Iduméens, voir t. i, col. 1859 ; de Rabbah, chez les Ammonites ; de Carioth, chez les Moabites, voir t. ii, col. 283.

IV. Palais assyriens. — 1° Par leur masse, leur étendue et leur décoration, les palais assyriens et babyloniens ont été les plus importants de l’ancien monde. Ils étaient invariablement bâtis au sommet d’une butte artificielle en briques sèches. À Lagasch, le palais de Goudéa repose sur un soubassement qui domine la plaine] de douze mètres et n’est accessible que par un escalier raide et étroit, ’facile à défendre ou à couper. Il a une forme rectangulaire, sans que pourtant les côtés suivent une ligne exactement droite. Les constructions étaient en briques, formant des murs massifs