Page:Dictionnaire de la Bible - F. Vigouroux - Tome IV.djvu/1007

Cette page n’a pas encore été corrigée
1957
1958
PAIN


lem, Catech. tnyst., v, 15, t. xxxiii, col. 1120, etc. ; ou encore èmoûo-iov, pour « bientôt », pour l’avenir prochain, d’après d’autres, et même « pour demain », d’après la version copte et l’Évangile selon les Hébreux, etc. Le sens le plus généralement adopté est celui de « pain quotidien ». Cf. Knabenbauer, Evang. sec. Matlh., Paris, 1892, t. i, p. 261-264. La demande de pain quotidien s’explique par l’usage oriental de cuire le pain chaque jour. « C’est donc un bon pain, un pain frais que nous demandons au Seigneur. » Jullien, L’Egypte, p. 265. — Pourtant, Dieu veut rappeler à l’homme « qu’il ne vit pas seulement de pain mais de toute parole qui sort de la bouche de Dieu >j, ’Deut., viii, 3, c’est-à-dire de tout aliment que produit la volonté de Dieu exprimée par sa parole, tel que fût autrefois la manne. Notre-Seigneur oppose cette sentence à Satan qui le tente au désert, pour lui faire entendre qu’il n’a pas besoin de changer les pierres en pain afin d’avoir de la nourriture, mais que Dieu peut le sustenter de toute autre manière, comme il arriva en effet par le ministère des anges. Matth., iv, 3, 11.

IL Le pain dans la. liturgie. — 1° Pains dans les sacrifices. — Sur le pain offert par Melchisédech, voir Melchisédech, col. 940. On offrait des pains levés dans les sacrifices pacifiques, Lev., vil, 13, et deux pains levés à la fête de la Pentecôte. Lev., xxiii, 17. Les prêtres seuls pouvaient manger les pains offerts au Seigneur. Lev., xxi, 22. — 2° Pains de proposition. — La plus importante offrande était celle des pains de proposition, lél.iém hap-pânim, « pains de la face, » mis en face du Seigneur, cfpxoe èvwmoi. — 1. Sur une table de bois d’acacia (fig. 514) revêtue d’or pur et placée devant l’Arche d’alliance, on devait placer des pains qui demeuraient sans cesse en présence du Seigneur. Exod., xxv, 23-30. Ces pains étaient faits de fleur de farine, et au nombre de douze, chacun d’eux ayant le volume de deux dixièmes d’éphi, soit d’environ sept litres et demi. Chaque jour de sabbat on les renouvelait, on les plaçait sur la table en deux piles de six, et les prêtres seuls pouvaient manger ceux qu’on avait retirés. Lev., xxiv, 5-9. Le rite des pains de proposition se perpétua jusqu’à la ruine du Temple. 1 Mach., iv, 51 ; II Mach., i, 8 ; x, 3 ; Heb., ix, 2. Pendant qu’il fuyait devant Saùl, David se présenta à Nobé, devant le grand-prêtre Achimélech, et lui demanda cinq pains pour lui et ses gens. Achimélech n’avait sous la main que les pains de proposition qu’on venait d’ôter de la présence du Seigneur. S’étant assuré que David et ses hommes ne se trouvaient pas dans quelque cas d’impureté légale, il n’hésita pas à leur donner les pains consacrés. I Reg., xxi, 1-6. Notre-Seigneur rappela ce fait aux pharisiens, pour leur faire comprendre que certaines prescriptions rituelles doivent céder le pas aux nécessités d’ordre naturel. Matth., xii, 4 ; Marc, . ii, 26 ; Luc, vi, 4. — 2. Voici les règles particulières que suivaient les Juifs au sujet des pains de proposition. Ces pains se faisaient aux frais du trésor du Temple, II Esd., x, 33, sous la conduite d’un préposé à cette fabrication, par les prêtres de semaine, dans une salle affectée à cet usage. Middoth, i, 6 ; Tarnid, m, 3. Les pains avaient dix palmes de long et cinq de large. Menachoth, xi, 4. Les deux extrémités de chaque pain devaient être rabattues de manière à former’une élévation d’environ sept doigts. L’épaisseur de chaque pain était d’un doigt. Le levain ne, pouvait jamais entrer dans sa composition. Les pains étaient disposés sur la table de façon que l’air circulât entre eux et qu’ils ne pussent s’écraser mutuellement. On employait dans ce but un système de tringles d’or, qu’on enlevait la veille du sabbat et qu’on remettait le lendemain, de peur de rompre le repos sabbatique par cet arrangement. Siphra, fol. 263, 1. À raison de cette disposition en deux rangées, les pains sont quelquefois appelés ma’âréhéf léftém, « rangées des pains, » II Par., xiii, 11, et

le même nom est attribué à la table. II Par., xxix, 18. Avec les pains, on plaçait sur la table, entre les deux rangées ou au-dessus d’elles, deux vases d’or remplis d’encens. Siphra, fol. 263, 1. Voir Encens, t. H, col. 1773. Le jour du sabbat, on changeait les pains. Quatre prêtres enlevaient les anciens pains, ainsi que l’encens qu’on brûlait le jour même avec un peu de sel sur l’autel des parfums ; quatre autres apportaient les pains nouveaux avec l’encens et les plaçaient sur la table. Puis les anciens pains étaient partagés entre les prêtres qui prenaient le service et ceux qui le quittaient. Comme ces pains devaient être mangés dans le lieu saint, les prêtres sortants devaient consommer leur part dans le sanctuaire même avant le milieu de la nuit qui suivait le sabbat. Menachoth, xi, 7. Cf. Reland, Antiquitates sacrée, Utrecht, 1741, p. 24, 53, 91, 113. — 3. Le rite

514. — Table d’offrandes égyptienne portant des paina disposés symétriquement au-dessus de vases de vin. Stèle de Tell el-Amarna. — D’après M. de Vogué, Le Temple de Jérusalem in-f", Paris, 1864, fig. 16, p. 33.

des pains de proposition avait une signification symbolique. Le pain, qui est ordinairement le symbole de la vie, représente ici une vie supérieure, parce qu’il est le pain de la face de Dieu, venant de lui et destiné à ceux qui ont contracté alliance avec lui. Les douze pains marquent la vie destinée aux douze tribus. Ils sont accompagnés d’encens, symbole de la louange adressée à Dieu et de la gloire qu’il tire de tous ses bienfaits. Cf. Bâhr, Symbolik des Mosaischen Cultus, Heidelberg, 1837, t. i, p. 425-433.

III. Le pain miraculeux. — 1° Comme, au désert, les Hébreux n’ont plus de pain et regrettent celui qu’ils mangeaient à satiété en Egypte, Exod., xvi, 3 ; Num., xxi, 5, le Seigneur promet de leur faire pleuvoir du pain du haut du ciel. Ce pain n’est pas comme celui qu’on prépare ordinairement, c’est la manne. Exod., xvi, 4 ; Ps. lxxviii (lxxvii), 24, 25 ; cv (civ), 40 ; Sap., xvi, 20 ; Joa., vi, 31, 32. Voir Manne, col. 656. — 2° Élie multiplie la farine de la veuve de Sarepta, pour qu’elle ait du pain pendant longtemps. I Reg., xvii, 16. Lui-même, au torrent de Carith, est nourri par le pain que lui apportent les corbeaux matin et soir, I Reg., xvii, 6, et plus tard il mange le pain que l’ange de Jéhovah lui a préparé. I Reg., xix, 6. Elisée multiplie vingt pains d’orge de manière à rassasier cent personnes et au delà. IV Reg., iv, 42-44. — 3° Notre-Seigneur