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PAIN


famille orientale fait-on le pain tous les jours… Ces pains ne se coupent pas, ils se déchirent ou se rompent, comme fit notre divin Sauveur à la dernière Cène. Le couteau de table est inconnu… La forme la plus commune du pain en Palestine et en Syrie est celle d’une galette ronde de 20 centimètres de diamètre, pesant Î30 à 150 grammes. Trois de ces pains suffisent pour un repas. Cf. Luc, xi, 5. Les pains, surtout quand ils sont encore chauds et gonflés, ressemblent aux gros galets plats de la grève et du torrent ; ils ont la même couleur que beaucoup de pierres jaunâtres de Jérusalem. N’y a-t-il pas une allusion à cette ressemblance dans ces paroles du Sauveur : En est-il un parmi vous qui donnerait une pierre à son enfant quand il lui demande du pain ? Malth., vii, 9. s Jullien, ibid., p. 264. On signale également une certaine ressemblance de forme et de couleur entre les pains palestiniens et les pierres du désert de la Quarantaine, auxquelles Satan fait allusion dans sa tentation. Matth., iv, 3 ; Luc, iv, 3. Cf. Fillion, Évang. selon S. Matthieu, Paris, 1878, p. 82. — 6. Les pains anciens aûectaient une forme ronde ou ovale. Il est plusieurs fois question de kikhar léhém, (drond de pain » ou pain rond. Exod., xxix, 23 ;

viande, des raisins, des aliments divers, II Reg., vi, 19, trempé dans une espèce de bouillie, Dan., xiv, 32, ou dans la sauce. Joa., xiii, 26. On en donnait à des animaux domestiques, II Reg., xii, 3, ou on leur abandonnait les miettes. Matth., xv, 27 ; Marc, vii, 28. Mais l’avare se refuse le pain à lui-même. Eccli., xiv, 10.

4° La privation et l’acquisition du pain. — 1. La privation du pain est volontaire dans le jeûne, Exod., xxxiv, 28 ; Deut., ix, 9, 18, et dans le deuil. I Esd., x, 6. Elle est la suite forcée de la famine. Gen., xlvii, 13 ; Ps.cv (civ), 16 ; Jer., xxxviii, 9 ; Am., iv, 6 ; Luc, xv, 17. Alors le peuple et les petits enfants demandent en vain du pain. Lam., 1, 11 ; IV, 4 ; v, 6. Quand on veut maudire quelqu’un, on lui souhaite de manquer de pain. II Reg., iii, 29. Les rejetons des méchants en sont privés. Job, xxvii, 14. Rien de misérable comme l’orgueilleux sans pain. Prov., xii, 9 ; Eccli., x, 30. Au contraire, on ne voit pas les justes sans pain, Ps. xxxvii (xxxvi), 25 ; le pain leur est assuré, Is., xxxiii, 16, en dépit de quelques exceptions. Eccle., IX, 11. — 2. Pour se procurer du pain, on donne de l’argent, Gen., xli, 54-57 ; xlii, 2, 25 ; XLHI, 2, 12, 21 ; Is., lv, 2, on se loue soi 513. — Pains trouvés à Porapéi. D’après Thédenat, Pornpéi, t. ii, p. 122.

I Reg., ii, 36 ; Prov., vi, 26. On faisait des pains de différentes autres formes et parfois avec mélange d’huile. Voir Gâteau, t. iii, col. 114. Ces pains n’avaient qu’un volume très médiocre. David pouvait porter dix pains avec d’autres provisions. I Reg., xvii, 17. Un enfant en transportait cinq facilement pendant une longue course. Joa., vi, 9. Un pain n’était donc guère coûteux. Un « morceau de pain » passait pour la chose la plus insignifiante. Prov., vi, 26 ; xxviii, 21 ; Ezech., xiii, 19. La dureté du mauvais riche est mise en relief par ce trait, qu’il ne songeait même pas à accorder au pauvre Lazare, qui les désirait, les miettes qui tombaient de sa table. Luc, xvi, 21.

3° Son utilisation. — 1. Le pain est l’élément le plus habituel et le plus indispensable de la nourriture chez les Hébreux. Eccli., xxix, 28 (21) ; xxxix, 31 (24). Il donne la force à l’homme, Ps. civ (cm), 15 ; il est comme le bâton qui le soutient. Ezech., v, 16 ; xiv, 13.

II fait partie de tous les repas mentionnés par les auleurs sacrés. Gen., xxv, 34 ; xxvii, 17 ; xxviii, 20 ; Jud., vi, 19 ; I Reg., x, 3 ; III Reg., xvii, 6 ; xviii, 4 ; IV Reg., vi, 22 ; Joa., xxi, 9, etc. Quand on quitte sa maison pour quelque temps, on emporte des provisions de pain. Jud., xix, 19 ; Judith, x, 5 ; Matth., xiv, 17 ; xv, 34 ; xvi, 5, etc. Avant de renvoyer Agar au désert, Abraham lui donne du pain et une outre d’eau. Gen., xxi, 14. Quand les Gabaonites veulent faire croire à Josué qu’ils viennent de très loin, ils portent avec eux du pain desséché et en miettes. Jos., ix, 5, 12. — 2. Le pain est assuré à chacun par le père de famille, le mari ou le maître. La concubine reçoit le pain de ses amants. Ose., ii, 5. Il faut un temps de grande misère pour qu’une femme demande - un mari en stipulant qu’elle vivra de son propre pain. Is., iv, 1. Souvent on mangeait le pain sec ; d’autres fois, on le mangeait avec’de la

même, I Reg., ii, 5, on risque même sa vie. Lam., v, 6. Comme d’ordinaire on ne garde pas de provisions de pain chez soi, Is., iii, 7, dans les besoins imprévus, on en emprunte à un voisin. Luc, xi, 5. En certaines circonstances, d’importantes demandes de pain furent adressées à ceux qui pouvaient en fournir. Les Israélites au désert demandèrent du pain aux Ammonites et aux Moabites ; ceux-ci refusèrent et, en souvenir de cette dureté, il fut défendu aux Israélites de contracter aucune union avec eux. Deut., xxiii, 3, 4 ; IIEsd., xiii, 2. Le pain fut encore refusera Gédéonpar les gens de Soccolh, Jud., vin, 6 ; à David par Nabal, dont la femme, Abigaïl, se montra heureusement plus généreuse. I Reg., xxv, 11.

— 3. Souvent, au contraire, des pains sont oiïerts en présent, par Melchisédech aux compagnons d’Abraham, Gen., xiv, 18 ; par Joseph à Jacob, Gen., xlv, 23 ; par Isaï à Saûl, I Reg., xvi, 20, et à ses propres fils, I Reg., xvii, 17 ; par Siba à David, II Reg., xvi, 1 ; par Jéroboam à Ahias, III Reg., xiv, 3, etc. — 4. Il est considéré comme odieux de refuser du pain à qui en manque, Job, xxii, 7, et d’établir des impôts pour rendre plus difficile au peuple l’acquisition du pain. II Esd., v, 15. Mais c’est faire œuvre excellente que donner du pain aux malheureux. Ps. cxxxii (cxxxi), 15 ; Prov., xxii, 9 ; Eccle., xi, 1 ; Is., lviii, 7 ; Ezech., xviii, 7 ; Tob., iv, 17 ; Matth., xxv, 35. — 5. Notre-Seigneur nous commande de demander au Père céleste notre pain éiccoO<jtov, Matth., vi, 11 ; Luc, xi, 3, c’est-à-dire, d’après la Vulgate « quotidien », dans S. Luc, et « supersubstantiel », dans S. Matthieu. Les Pères l’expliquent par l^rj[j, Epov, « d’aujourd’hui, » S. Grégoire de Nysse, De orat. dom., or. iv, t. xliy, col. 1168 ; S. Basile, Reg. brev., 252, , t. xxxi, col. 1252^ ; S. Cyrille d’Alexandrie, In Luc, xi, 3, t. lxxii, col. 693, etc. ; ou bien par nécessaire eiç tt, v oùiTi’av, « pour notre subsistance, » S. Cyrille de Jérusa-