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JUSTES (LE LIVRE DES) — JUSTICE


très ancienne, aussi ancienne que le Ydsâr ; 2° que la -première phrase du Psautier ressemblerait un peu à une tautologie. — Nous croyons donc qu’il vaut mieux s’en Senir à l’opinion la plus accréditée parmi les exégètes catholiques, et qui est d’ailleurs fondée sur le texte. D’après II Reg., i, 18, on voit que le Ydsâr contenait une élégie intitulée L’arc, ainsi désignée parce qu’elle tfait l’éloge de l’arc de Saùl et de celui de Jonathas ; il est dès lors permis de conclure que le Livre du juste était vraisemblablement une collection de chants nationaux populaires, qui n’était jamais close, mais à laquelle on ajoutait, au fur et à mesure des circonstances, les chants les plus beaux et les plus remarquables. Cf. Vigouroux, La Sainte Bible polyglotte, t. ii, Paris, 1901, p. 455 ; Driver, Introduction, 7e édit., p. 121. La reconstitution qu’en a tentée Donaldson, dans ses Fragmenta archetypa carminum hebraicorum, Londres, 1854, n’est qu’une accumulation d’hypothèses sans preuves.

III. Bibliographie.

Outre les auteurs déjà cités, cf. J. G. kbicht, De libro Recti, dans Thésaurus novus theologico-philosophicus, in-f°, Leyde, 1732, t. i, p. 524-534 ; R. Lowth, De sacra poesi Hebrseorum, Gœttingue, 1770, prsel. xxiii, p. 470-476 ; J. Hastings, À Dictionary of the Bible, in-8°, t. ii, p. 550-551 ; Holzinger, Einleitung in den Hexateuch, in-8°, Fribourg-en-B., 1893, p. 228 ; Encyclopsedia britannica, 9e édit., t. xiv, p. 84 ; Ryle, The canon of the Old Testament, 2e édit., 1895, p. 19. W. R. Smith, The Old Testament, in the Jewish Church, 2e édit., 1892, p. 433 ; F. Risch, Literatur des alten Testaments, traduction allemande de l’ouvrage hollandais de G. Wildeboer, De Letterkunde des ouden Verbonds, 1893, p. 73 ; Em. Kautzsch, Die heilige Schrift des alten Testaments, Beilagen, p. 136 ; Driver, Introduction, p. 192. V. Ermoni.

    1. JUSTICE##

JUSTICE (hébreu : sedâqdh ; Septante : ôtx « to(njv » i ; Vulgate : justitia), vertu par laquelle on rend à chacun ce à quoi il a droit.

I. En Dieu, la justice est un attribut en vertu duquel " il traite toujours ses créatures de telle manière qu’elles

n’aient aucune réclamation légitime à élever contre lui. Is., v, 16 ; lvi, 1 ; ux, 16, 17 ; Dan., ix, 7 ; Sap., v, 19 ; I Reg., xxvi, 23. De cette justice procèdent les bontés de Dieu envers Israël, Jud., v, 11 ; Ps. xxxvi (xxxv), 11 ; cm (en), 6, la protection qu’il assure aux faibles et aux opprimés, Ps. v, 9 ; xxii (xxi), 32 ; lxxxix (lxxxvhi), 17 ; xcviii (xcvn), 2, et le châtiment qu’il inflige aux coupables. Ps. xi (x), 8 ; Is., x, 22 ; xxviii, 17, etc. — Les justices de Dieu sont ses bienfaits, Jud., v, 11 ; I Reg., 311, 7 ; Ps. cm (en), 6 ; Mich., vi, 5, et quelquefois ses commandements, Ta SixaiiinaTa, justilite. Ps. xvii, 23 (huqqôt) ; xviii, 9 quqqudîm) ; xlix, 16 (huqqim) ; ixxxviii, 32 (huqqôt) ; Rom., ii, 26, etc.

II. La justice, considérée par rapport à l’homme, peut être entendue dans plusieurs sens : 1° C’est la fidélité aux lois de l’équité, soit dans les jugements, Sap., i, 1, soit en général dans les rapports des hommes entre eux. Outre le nom de sedâqdh, Is., xxxii, 1, 16, 17 ; lx, 17, la justice est alors désignée par plusieurs autres mots : ’éméf, aktfisia, ventas, la vérité, l’accord du juge avec le droit, Prov., xxix, 14 ; Is., xvi, 5 ; Ezech., xviii, 8 ; Zach., vii, 9 ; mêSâr, e-JOutt) ?, sequitas, la rectitude, la contormité au droit, Ps. ix, 9 ; lviii (lvii), 2 ; lxx, (lxxiv), 3 ; xcviii (xcvii), 9 ; xcix (xcviii), 4 ; pelîlâh, la justice à rendre, mot mal traduit par les versions, Is., xvi, 3 ; et en chaldéen, din, le droit, xp foeic » judicia. Dan., iv, 34 ; vii, 22.

2° La justice est encore la pratique générale des vertus qui rendent l’homme agréable à Dieu, par conséquent l’obéissance à Dieu, la piété envers lui, la rectitude de la conduite. Dans ce dernier sens, la justice s’appelle aussi sédéq, xh Si’xaiov, justum. La justice est h pratique des commandements. Deut., vi, 25. Dieu

impute à justice les actes qui l’honorent et lui plaisent, c’est-à-dire qu’il considère comme son serviteur fidèle et méritant celui qui les accomplit. Gen., xv, 6 ; Deut., xxrv, 13 ; Ps. evi (cv), 31 ; I Mach., ii, 52 ; Rom., iv, 5 ; Jacob, ii, 23. David, III Reg., iii, 6, et tous les pieux serviteurs de Dieu ont pratiqué la justice ainsi entendue. Isaïe l’oppose très souvent à la méchanceté et à l’impiété ; il se plaint que de son temps elle manque ou est opprimée. Is., i, 21 ; v, 7 ; xxviii, 17 ; xlv, 8 ; xlvi, 12 ; xlviii, 1 ; liv, 14 ; lviii, 2 ; lix, 4, 14, etc. Ézéchiel. m, 20 ; xxxiii, 12-19, explique les conditions et les effets de cette justice : si le péché survient après elle, elle ne compte plus et ne sert à rien ; si au contraire elle survient après le péché, c’est le péché qui est effacé. Les livres sapientiaux parlent continuellement de cette justice, pour l’opposer à l’impiété, indiquer les moyens de l’acquérir et vanter ses avantages pour ceux qui la possèdent. Prov., x, 2 ; XI, 4, 6, 18, 19 ; xii, 28 ; xiii, 6 ; xiv, 34 ; xv, 5 ; xvi, 5, 12 ; xxi, 21 ; Sap., i, 15 ; v, 6 ; xv, 3 ; Eccli., i, 33 ; ii, 1 ; iii, 32 ; iv, 33 ; xviii, 19 ; xx, 30 ; xxvi, 27. — Dans le Nouveau Testament, Noire-Seigneur proclame bienheureux ceux qui ont faim et soif de cette justice, Matth., v, 6, et ceux qui souffrent persécution à cause d’elle. Matth., v, 10 ; I Pet., iii, 14. Il ne veut pas qu’on se contente d’une justice purement extérieure, Matth., v, 20 ; VI, 1, et il recommande à ses disciples de chercher avant tout le royaume de Dieu et sa justice, c’est-à-dire le genre de vie qu’il vient montrer aux hommes et qui seul peut plaire à Dieu. Matth., vi, 33. Saint Paul effraya beaucoup Félix en lui parlant de cette justice, de la chasteté et du jugement futur. Act., xxiv, 25. 3° Dans saint Paul, la justice n’est plus seulement la pratique générale de la vertu, mais cette forme particulière de vie que Jésus 1 Christ a apportée sur la terre. Cette justice est produite dans l’âme par la justification. Voir Jostificat/on. Elle ne vient pas de la Loi, Rom., iii, 21, ni des œuvres de la Loi, Gal., ii, 21 ; Phil., iii, 6, car il est constant que la Loi n’a rien conduit à la perfection, Heb., vii, 19, et cette vie nouvelle est la perfection de la justice. Cette justice de Dieu, communiquée à l’homme, vient de la foi en Jésus-Christ et de la grâcequ’il accorde, non plus aux Juifs seuls, mais à tous les hommes qui consentent à la recevoir. Rom., iii, 22, 24 ; iv, 5 ; ix, 30 ; x, 4, 6, 10. Pour posséder cette justice, il faut donc vivre de la loi, Rom., i, 17 ; Gal., iii, 11 ; Hebr., x, 38, mais d’une toi accompagnée de l’obéissance à Jésus-Christ comme celle du serviteur à son maître. Rom., vi, 16. Jésus-Christ seul est la source de cette justice par la grâce abondante et Je don gratuit qu’il accorde, Rom., v, 18 ; c’est en lui que nous possédons cette justice divine. II Cor., v, 21 ; Phil., i, 11 ; iii, 9. Cet enseignement de l’Apôtre ne fait que reproduire en d’autres termes celui du Sauveur : « Je suis le pain de vie, … celui qui croit en moi n’aura jamais soit… Voici la volonté du Père qui m’a envoyé : c’est que quiconque voit le Fils et croit en lui ait la vie éternelle… De même que je vis par le Père, Sià tôv itatépa, ainsi celui qui me mange vivra par moi, Si’èui, » par la vie que je lui communiquerai. Joa., vi, 35, 40, 58. <t Je suis la vigne, vous les branches ; celui qui demeure en moi, et moi en lui, celui-là porte du fruit en abondance ; car sans moi vous ne pouvez rien faire. » Joa., xv, 5. La vie dont parle ainsi le Sauveur est une communication de la sienne, la vie surnaturelle ou vie de la grâce. C’est la justice que décrit saint Paul, et dont il donne cette formule qui n’est qu’une réplique des paroles reproduites par saint Jean : « Je vis, ou plutôt ce n’est pas moi, c’est le Christ qui vit en moi, et bien que je vive à présent dans la chair, je vis dans la foi du Fils de Dieu. » Gal., ii, 20. L’identité des formules et la parité des causes et des effets montrent que la justice dont il est question dans saint Paul et la vie que promet Notre-Seigneur sont une seule et même

chose. -

H. Lesêtre.