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1869
1870
JUREMENT


Jéhovah » signifie aussi adorer Jéhovah. Deut., vi, 13 ; x, 20 ; Ps. lxhi(lxii), 7 ; Is., xix, 18 ; xlviii, l ; 0se., iv, 15. Il en est de même quand on jure par une idole. Am., viii, 14. — 3° On jure encore par des objets qui tiennent à Dieu de plus ou moins près ou dépendent de lui : la vie de celui auquel on parle, Gen., ilii, 15 ;

I Reg., i, 26 ; xvii, 55 ; xx, 3 ; xxv, 26 ; II Reg., xi, 11 ; IV Reg., ii, 2 ; sa propre tête, Matth., v, 36 ; la terre, Matth., v, 35 ; Jac, v, 12 ; le ciel, Matth., v, 34 ; xxiii, 22 ; Jac, v, 12 ; le Temple, Matth., xxiii, 16 ; l’autel, les offrandes, l’or du Temple, Matth., xxiii, 16, 18 ; Jérusalem, cité du grand roi, Matth., v, 35 ; et enfin les anges. Josèphe, Bell, jud., II, xvi, 4 in fine. Des formules analogues de serment se rencontrent souvent dans les auteurs profanes. Cf. Winer, Biblisches Realwôrterbuch, Leipzig, 1833, t. i, p. 358. — 4° Quelquefois le texte sacré ne se contentp. pas de mentionner le serment, il en transcrit la formule. Num., xxxii, 10 ; Deut., i, 34 ;

II Reg., xix, 8 ; Jer., xxii, 5, etc. — 5° Notre-Seigneur se sert souvent du mot’àmjn comme une sorte de for-’mule de jurement pour appuyer ses paroles. Voir Amen, 1. 1, col. 475. — 6° Certains gestes accompagnent parfois le jurement. À l’époque patriarcale, celui qui jure met sa main sous la cuisse de celui envers qui il s’engage. Gen., xxiv, 2-9 ; xlvii, 31, etc. Voir Jambe, col. 1113. Plus habituellement, on levait la main vers le ciel, geste par lequel on semblait se mettre en communication plus directe avec Dieu. Gen., xiv, 22 ; Dan., .iii, 7. Cf Virgile, JEneid., xii, 196. L’expression ndéâ’yâd, « lever la main, » est ainsi devenue synonyme de « jurer », et même a été employée souvent en parlant des serments de Dieu lui-même. Exod., vi, 8 ; Deut., xxxii, 40 ; Ps. cvi (cv), 26 ; Ezech., xx, 6 ; xlvii, 14 ; II Esd., ix, 15. D’après les traditions juives, les serments judiciaires requéraient d’autres formalités. Pour prononcer la formule du serment, on se tenait debout avec le livre de la loi en main. Quelquefois, on ajoutait de tormidables imprécations contre le parjure, pendant qu’on éteignait un flambeau à l’aide d’une outre remplie de vent, on taisait entendre des sons lugubres, etc. Ct. C. Iken, Antiquil. hebraïc, Brème, 1741, p. 407. En certains cas, on venait jurer dans le Temple, devant l’autel. III Reg., viii, 21 ; II Par., vi, 22. Enfin, c’était encore une forme expressive de jurement que celle qui est mentionnée deux fois dans la Sainte Écriture : celui qui prenait un engagement solennel divisait une ou plusieurs victimes en deux parts, entre lesquelles il passait ensuite. Gen., xv, 10, 17 ; Jer., xxxiv, 18. Cf. Jud., xix, 29 ; I Reg., xi, 7 ; Hérodote, vii, 39. La signification de ce rite très ancien n’apparaît pas clairement. Peut-être indique-t-il que celui qui manquera à sa parole méritera d’être coupé de même en morceaux. Rosenmuller, Schol. in Genesim, Leipzig, 1795. p. 181. — 7° La Mischna, Schebuoth, iv, 1, conclut de Deut., xix, 17, que les hommes seuls étaient admis à jurer, à l’exclusion des femmes et des esclaves. Cette indication est en contradiction au moins avec le texte de la loi concernant la femme soupçonnée d’infidélité, et que le prêtre devait faire jurer pour attester son innocence. Num., v, 19 ; cf. xxx, 3-16. En pareil cas, comme dans plusieurs autres, le juge prononçait lui-même la formule du serment, et celui qui était cité n’avait qu’à répondre : Amen. Num., v, 22 ; Matth., xxvi, 63.

II. Différentes espèces de jurements.

1° Dieu lui-même daigne plusieurs fois appuyer sa parole par le serment, surtout pour s’engager à donner le pays de Chanaan à Abraham et à ses descendants. Gen., xxvi, 3 ; Exod., vi, 8 ; xiii, 5 ; xxxiii, 1 ; Num., xxxii, 11 ; Deut., xxxi, 20 ; Ps. cv (civ), 9 ; Ezech., xx, 6 ; xlvii, 14 ; II Esd., ix, 15 ; Sap., xii, 21 ; xviii, 6 ; Luc, i, 73 ; Act., ii, 30 ; Hebr., vi, 17. Il jure encore pour attester sa volonté de châtier les Israélites qui se sont révoltés au désert. Num., xxxii, 10 ; Deut., i, 35 ; xxxii, 40 ; Ps. cvi (cv), 26 ; Hebr., iii, 11, 18 ; iv, 3. Enfin c’est par ser ment qu’il attribue le sacerdoce au Messie. Ps. ex (cix), 4 ; Hebr., vii, 21. — 2° Parmi les jurements proférés par les hommes, il y a à distinguer : — 1. Les serments judiciaires. Quand un accident arrivait à un animal sans qu’il y eût d’autre témoin que le gardien, celui-ci se libérait de toute responsabilité par le serment. Exod., xxii, 10, 11. Il est probable que, par analogie, on procédait de même quand la preuve du tort fait au prochain ne pouvait être fournie. III Reg., vii, 31 ; II Par., vi, 22. Le témoin cité à déposer dans une affaire judiciaire avait ordinairement à prêter serment. Lev., v, 1 ; cf. Prov., xxix, 24. Enfin le serment était prescrit à la femme soupçonnée d’inconduite. Num., v, 19-22. Le serment terminait l’affaire devant les juge s ; mais le châtiment était réservé à celui qui venait à être convaincu d’avoir juré contrairement à la vérité. Voir Parjure. —

2. Les serments pacifiques, ayant pour but de consolider la paix ou une alliance entre des peuples, des familles ou des individus. Ainsi Abraham jure alliance avec Abimélech, Gen., xxi, 24, 27, d’où le nom de Be’êr sâba, ’, « puits du serment, » çpsap 6pxKj[ioù, Bersabee, puteus juramenti, donné au puits près duquel se fit cette alliance. Gen., xxi, 32 ; xlvi, 1, 5. Voir Bersabee, t. i, col. 1629. Isaac jura la même alliance avec Abimélech, Gen., xxvi, 28, 31. David se lia par serment à Jonathas. I Reg., xix, 6 ; cf. Ezech., xvii, 13 ; II Par., xxxvi, 13 ; I Mach., vi, 61 ; vii, 15, 18 ; II Mach., iv, 34. etc. 3. Les serments promissoires, par lesquels on s’engage à tenir une promesse, à accomplir fidèlement une mission, etc. Éliézer prête serment à Abraham d’aller marier Isaac en Mésopotamie. Gen., xxiv, 2-9, 41. Ésau jure d’abandonner son droit d’aînesse à Jacob. Gen., xxv, 33. Joseph jure à Jacob de l’inhumer dans la terre de Chanaan, Gen., xlvii, 31, et lui-même fait jurer aux Hébreux d’y ramener ses restes. Gen., l, 24 ; Exod., xiii, 19. Tels sont encore les serments des envoyés de Josué à Rahab, Jos., ii, 17, 20 ; de Josué aux Gabaoniles, Jos., IX, 20 ; de Josué à Caleb, Jos., xiv, 9 ; des’Philistins à Samson, Jud., xv, 12 ; de David à Séméi, II Reg., xix, 23 ; des prêtres à Néhémie, II Esd., v, 12 ; d’Antiochus au plus jeune des sept frères, II Mach., vii, 24 ; d’Hérode-à Hérodiade, Matth., xiv, 7, 9 ; Marc, vi, 23, ’26, etc. Aux serments promissoires se rattachent les serments de fidélité soit à Dieu, II Esd., x, 29, soit aux hommes, particulièrement au roi. Eccle., viii, 2. —

4. Les serments exécratoires, par lesquels on se voue à subir une peine ou on menace de l’infliger si telle condition donnée n’est pas remplie. Les Israélites jurent ainsi de punir de mort ceux d’entre eux qui manqueront à l’assemblée générale de la nation. Jud., xxi, 5. Saul jure qu’on ne prendra aucune nourriture avant que la victoire n’ait été remportée. I Reg., xiv, 24-26. Le respect pour ces sortes de serments était si grand que Jonathas faillit être mis à mort par son père, pour avoir enfreint à son insu un serment d’ailleurs fort inconsidéré. I Reg., xiv, 43, 44. Voir Jonathas 1, col. 1617, Joab jure à David que tout le monde le quittera s’il ne sort pas de son inaction. II Reg., xix, 7. Plus de quarante Juifs s’engagèrent plus tard par un serment de cette espèce à s’abstenir de manger et de boire tant qu’ils n’auraient pas tué saint Paul. Act., xxiii, 12-14. Le serment exécratoire est souvent exprimé dans l’Écriture sous une forme elliptique : Heec mihi faciat Dominus et hxc addat, si…, c’est-à-dire que Dieu fasse tomber des malheurs sur moi, et y ajoute encore d’autres malheurs, si je ne fais pas ce que je promets ou si je ne dis pas la vérité. Ruth, i, 17 ; I Reg., xiv, 44 ; xxv, 22 ; II Reg., iii, 9, 35, etc. Voir Imprécation, col. 854. — 5. Les serments simplement affirniatifs, qui servent à corroborer une affirmation. I Mach., xiv, 32 ; Hebr., vi, 16. De cette nature est le serment de saint Pierre reniant Notre-Seigneur. Matth., xxvi, 72, 74. — 6. Les serments votifs ou vœux. Voir Vœu.

III. Les règles du jurement.

1° La question du ju-