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JUDAS MACHABÉE

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d’Antiochus Eupator. Ce dernier fut vaincu et Démétrius le remplaça sur le trône de Syrie. Voir Démétrius 1, t. n col. 1358.

Intrigues et échec d’Alcime.

Dès les débuts du

nouveau règne, le parti hellénique, qui avait à sa tête un ancien grand-prêtre du nom d’Alcime (t. i, col. 338), s’efforça de gagner le prince. Alcime qui avait pactisé avec l’idolâtrie au temps d’Épiphane et qui voulait recouvrer son titre accusa Judas auprès de Démétrius de persécuter ses amis. Démétrius chargea Bacchide, gouverneur des provinces situées au delà de l’Euphrate, de voir l’état des choses et réserva à Alcime le grand pontificat. Tous deux marchèrent vers la Judée avec une armée et essayèrent d’abord d’entrer en pourparlers avec Judas. Celui-ci ne se laissa pas prendre à cette ruse, mais quelques scribes du parti des Assidéens se rendirent auprès d’Alcime et de Bacchide. Ils ne pouvaient croire qu’un prêtre de la race d’Aaron put les tromper. Ils furent égorgés au nombre de soixante. Bacchide, qui était venu camper en face de Jérusalem, ne tarda pas à lever le camp pour se rendre près de Bethzécha où il massacra un grand nombre de ceux qui avaient quitté son parti et jeta leurs cadavres dans un puits. Il confia ensuite le pays à Alcime et retourna auprès de Démétrius. Alcime se démena pour s’assurer le souverain sacerdoce et groupa autour de lui tous les fauteurs de troubles qui se rendirent maîtres de la Judée et y causèrent de grands maux. Judas se remit en campagne, fit périr un grand nombre de ces misérables et força les autres à demeurer en paix. I Mach., vil, 1-25 ; II Mach., 1-2 ; Josèphe, Ant. jud., XII, IX, 7-x, 3. Voir Alcime, t. i, col. 338 ; Assidéens, t. i, col. 1131 ; Bacchide, t. i, col. 1374. Alcime, voyant que Judas et son parti l’emportaient, retourna auprès du roi et renouvela ses accusations contre le Machabée. Pour se taire bien venir de Démétrius, il lui offrit une couronne, une palme et des rameaux d’or dérobés au Temple. Appelé au conseil du roi, il profita de l’occasion pour lui représenter que Judas et les Assidéens excitaient des séditions et troublaient la paix du royaume. Tant que vivrait Judas, la tranquillité ne serait pas assurée. Les membres du conseil, ennemis de Judas, abondèrent dans le même sens et décidèrent Démétrius à envoyer une nouvelle armée.

Nicanor en Judée.

Nicanor, commandant des

éléphants, fut mis à la tête des troupes envoyées contre Judas. Le roi lui donna ordre de s’emparer de Judas, de disperser ses partisans et d’établir Alcime dans le souverain sacerdoce. Tous les païens qui avaient fui la Judée se joignirent à Nicanor, regardant la défaite des Juifs comme le rétablissement de leur propre prospérité. Les Juifs, en apprenant l’arrivée de Nicanor et la coalition de leurs ennemis, se couvrirent de poussière en signe de deuil et prièrent le Seigneur de les sauver. Puis, sur l’ordre de Judas, ils se réunirent près de la place forte de Dessau (t. ii, col. 1393). Simon, frère de Judas, avait engagé le combat avec Nicanor, mais il avait été effrayé par l’arrivée soudaine des ennemis. Cependant Nica, nor, quand il connut la valeur des compagnons de Judas, craignit une lutte sanglante ; il préféra un traité. Il envoya donc Posidonius, Théodotius et Matthias pour conclure la paix avec Judas. Celui-ci soumit les propositions à son armée et, après une longue délibération, celle-ci fut d’avis d’accepter. Le jour où eut lieu la conférence qui devait décider des conditions, Judas prit ses précautions pour éviter une surprise. Il plaça des hommes armés dans les environs, avec ordre d’intervenir si les Syriens tentaient quoi que ce soit contre lui. L’accord conclu, Nicanor demeura à Jérusalem *t y eut l’attitude la plus pacifique. Il renvoya les foules hostiles aux Juifs et se montra très sympathique à Judas. La paix semblait si bien établie que Nicanor engagea Judas à se marier.

Celui-ci célébra, ’en effet, ses noces et vécut en paix et en amitié avec Nicanor. Cette affection réciproque ne faisait pas les affaires d’Alcime. Il revint auprès de Démétrius et accusa Nicanor de favoriser les intérêts des-Juifs et de travailler à se donner comme successeur dans le gouvernement de la Judée, l’adversaire des Syriens. Exaspéré par les calomnies d’Alcime, le roi écrivit à Nicanor pour blâmer le traité et lui ordonna d’envoyer au plus tôt à Antioche Judas Machabée enchaîné. Nicanor lut consterné à la réception de cet ordre. Son honnêteté se révolta d’abord à la pensée de violer sa parole et de traiter en ennemi Judas qui ne l’avait offensé en rien. Mais il lui parut impossible de résister au roi et il chercha une occasion favorable. II Mach., xiv, 3-29. Il essaya de surprendre Judas dans une entrevue, mais celui-ci avait remarqué le changement d’attitude de Nicanor’; il avait du reste reçu avis du dessein secret du général syrien, il se déroba à l’embûche. I Mach., vii, 28-30 ; II Mach., xiv, 30-31. La ruse ayant échoué, Nicanor recourut à la force, il attaqua Judas près de Capharsaloma. Les Syriens perdirent 5 000 hommes et le reste de l’armée se réfugia dans la citadelle du mont Sion. I Mach., vii, 31-32. Nicanor rentra furieux à Jérusalem. À son arrivée, des prêtres et des anciens du peuple sortirent du Temple pour le saluer dans un esprit pacifique et’pour lui montrer les holocaustes qui étaient offerts pour le roi. Il les reçut avec mépris et insulta le Temple. Il jura avec colèreque si Judas n’était pas livré entre ses mains avec toute son armée, il incendierait le Temple lorqu’il reviendrait victorieux, le raserait et élèverait un sanctuaire à Bacchus. Les prêtres rentrèrent et, devant le Temple et l’autel, ils supplièrent le Seigneur de défendre la demeure qu’il s’était choisie et de tirer vengeance de l’insulteur. I Mach., vii, 33-38 ; II Mach., xiv, 31-36. Nicanor voulut alors s’emparer de Razias, un des anciens de Jérusalem, homme de grande réputation. Razias lui échappa en se tuant lui-même. II Mach., xiv, 37-46. Voir Razias. Nicanor apprit que Judas et son armée se trouvaient en Samarie ou plus exactement sur la frontière méridionale de ce pays. Il résolut, pour triompher plus facilement, d’attaquer les Juifs les jours de sabbat. II Mach., xv, 1. Il ignorait que ceux-ci avaient résolu de livrer bataille même en ce jour. I Mach., ii, 41. Les Juifs qui avaient été incorporés de force dans son armée le supplièrent de respecter le jour du Seigneur. Il leur répondit en leur demandant avec ironie s’il y avait au ciel un maître qui eût commandé de célébrer le jour du sabbat. « Je suis moi-même maître sur la terre, ajouta-t-il, et j’ordonne de prendre les armes pour détendre les intérêts du roi. » Il pensait pouvoir élever bientôt un trophée de ses victoires sur Judas. Celui-ci, de son côté, avait une entière confiance dans le Très-Haut ; il exhortait avec éloquence ses compatriotes à avoir courage et leur raconta un songe qu’il avait eu. Le grand-prêtre Onias III lui était apparu en compagnie du prophète Jérémie. Ce dernier lui avait remis, au nom de Dieu, un glaive d’or avec lequel il devait’terrasser les ennemis du peuple d’Israël. Ces paroles, relevèrent l’enthousiasme des jeunes gens et tous résolurent de combattre avec ardeur pour la défense dir Temple et de la ville sainte. Dans la ville on attendait avec non moins d’anxiété l’issue de la lutte. II Mach., xv, 7-19. Nicanor vint camper près de Béthoron et fut rejoint en cet endroit par un autre corps venant de Syrie. Judas campa à Adarsa ou Adasa (t. i, col. 213) avec 3 000 hommes. Il pria Dieu de lui donner la victoire, comme il l’avait donnée autrefois à ceux qui avaient combattu Sennachérib. Les deux armées en vinrent aux mains le 13 du mois d’Adar, c’est-à-dire à la fin de février ou au commencement de mars de l’an 161 avant J.-C. Les Syriens perdirent plus de 35 000 hommes et Nicanor tomba frappé mortellement. Sa mort