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1789
1790
JUDAÏSME — JUDAS MACHABEE


leuse de la loi et des traditions, le prosélytisme ardent, les espérances messianiques alliées à un patriotisme exalté, plus on se convaincra qu’il a bien ses racines dans le sol même et qu’il n’est pas importé du dehors. Le légalisme farouche des pharisiens est le fruit des lectures et des prédications dont retentissent les synagogues et aussi une réaction contre la mondanité scandaleuse des sadducéens. Les idées messianiques ne sont que la conclusion et le développement naturel des prophéties aatiques, à un moment où les temps marqués par lesvojants d’Israël sont accomplis et où l’heure du relèvement semble avoir sonné. Quant au prosélytisme, ce caractère si particulier du judaïsme contemporain du Christ, il s’explique suffisamment par la profondeur du sentiment religieux des Juifs et par la conviction que leur Dieu est le Dieu unique de tous les hommes, le seul Dieu sauveur, surtout si on ajoute des motifs moins nobles, le désir d’étendre leur influence, le besoin de s’assurer des protecteurs et la vanité de faire école. — On sait quel futtoujours le mépris intense des Juifs pour le culte et les croyances des autres hommes, combien ils se montrèrent constamment réfractaires aux idées religieuses venues du dehors, enfin comment leurs écrivains les plus hellénistes de langue et d’usages, restent, ’invariablement juifs de tendances et ne veulent être qu’apologistes. Tous les traits essentiels du judaïsme existent en germe dans les écrits anciens de la nation et bien souvent il est facile d’en suivre pas à pas le développement progressif. En descendant le cours de cette évolution ininterrompue, on ne peut qu’admirer la conduite de la Providence préparant par degrés insensibles les voies au christianisme.

IV. Bibliographie.

En dehors des Histoires d’Israël, des Théologies bibliques et des Introductions à l’Ancien ou au Nouveau Testament, on peut signaler comme se rapportant directement à l’histoire, aux idées, aux institutions du judaïsme, les ouvrages suivants : E. Schurer, Geschichte des judischen Volkes im Zettalter Jesu Chnsti, 3° et 4e édit., Leipzig, 1901 (très au courant pour la bibliographie) ; Langen, Das Judenthum in Palàstina zur Zeit Christi, Fribourg-en-B., 1866 ; Weber, Jûdiscfie Théologie auf Grund des Talmud, 2e édit., Leipzig, 1897 ; F. de Saulcy, Sept siècles de l’histoire judaïque, Paris, 1874 ; Id., Histoire t£ Rérode, Paris, 1867 ; îd., Histoire des Machabées, Paris, 1880 ; de Champagny, Rome et la Judée, Paris, 1865 ; Stanley, Lectures on the History of the Jewish Church, 3° série, Londres, 1876, Latimer, Judsea frora Cyrus to Titus, Chicago, 1899 ; Cheyne, Jewish réligious Life after the Exile, Londres, 1898 ; Biggs, History of the Jewishpeople during the Maccabean and Roman periods, NewYork, 1900 ; Stapfer, Les idées religieuses en Palest. àl’époque de J.-C., Paris, 2e édit., 1878 ; là., La Palestine au temps de J.-C., Paris, 2 S édit. 1885 ; Edersheim, La Société juive à l’époque de J.-C, Paris, 1896 (traduit de l’anglais The Life and Times of Jésus the Messiah, Londres, 1883 ; édit. abrégée 1890). — Les auteurs suivants sont Israélites : Jost, Geschichte der Isræliten seit der Zeit der Makkabær, 9 in-8°, Berlin, 1820-1829 ; ld., Geschichte des Judenthums und seiner Sékten, 3 in-8°, Leipzig, 1857-1859 ; Herzfeld, Geschichte des Volkes Jisræl (de la captivité aux Machabées, résumé d’un ouvrage plus étendu), in-8°, Leipzig, 1870 ; Ab. Geiger, Das Judenthum und seine Geschichte, Breslau, 18641871, 3 in-8° (t. i, Judaïsme proprement dit ; t. ii, Babbinisme ; t. iii, Judaïsme moderne). F. Prat.

    1. JUDAS##

JUDAS, forme grécisée du nom hébreu de Yehûdâh (voir Juda, col. 1765) qui a passé telle quelle des livres des Machabées et du Nouveau Testament dans le latin de la Vulgate et dans le français. La Vulgate a écrit ordinairement Juda le nom des personnages mentionnés dans les livres écrits en hébreu, et Judas le nom de

ceux qui figurent dans les livres écrits en grec ; il y a néanmoins quelques exceptions. En français, on a coutume d’appeler Jude : 1° l’apôtre Judas qui est l’auteur d’une des Épitres catholiques, et 2° Judas le disciple surnommé Barsabas ou Barsabé.

1. JUDAS (hébreu : Yehûdâh ; Septante : ’Io-jSæ ; Vulgate : Judas), Benjamite, fils de Sénua, « second chef » de la ville de Jérusalem, après le retour de la captivité de Babylone. II Esd., xi, 9.

2. JUDAS (hébreu : Yehûdâh ; Septante : ’loiSa), un des chefs du peuple qui assista, du temps d’Esdras, à la dédicace des murs de Jérusalem. II Esd., xii, 33 (hébreu, 34).

3. JUDAS MACHABEE (grec : ’IoûSaç 6 êmxaXo’Juevo ; Maxa6aîo ;  ; Vulgate : Juda qui vocabatur Machabseus), le troisième des cinq fils du prêtre Mathathias, qui donna Je signal de la révolte contre Antiochus IV Epiphane, roi de Syrie, lorsque ce prince voulut obliger les Juifs à pratiquer l’idolâtrie. I Mach., ii, 4 ; Josèphe, Ant. jud., XII, vi, 1. En mourant, son père le désigna comme chef des troupes juives, parce que, dès sa jeunesse, il s’était montré fort et vaillant. 1 Mach., h, 66 ; Josephe, Ant. jud., XII, vi, 4.

I. Origine du nom de Machable.

Le surnom de Machabée, donné à Judas, a été expliqué de différentes façons. Les uns ont voulu voir dans ce nom un mot formé par le commencement des mots de la phrase : Mi Kdmôkd Bâ’élim Yehôvah, MKBI, « Qui est comme toi parmi les dieux, ô Jéhovah ! » Exod., xv, 11. Cette phrase, disent les partisans de cette interprétation, était inscrite sur les étendards juifs. Cette assertion est une conjecture dont on n’a aucune preuve. Il en est de même de l’opinion qui donne pour origine à ce nom les premières lettres de la phrase Matîtteyâh Kôliên Ben-Yofyândn, « Mathathias, prêtre, fils de Jean. » Le surnom de Machabée était personnel à Judas et c’est de lui qu’il passa à toute sa famille. Cf. Conrad Iken, De Juda Maccabeo Symboles litterarise, X. i, part, i, Brème, in-8°, 1744, p. 170-194. J. Curtiss, The Name Machabée, in-8°, Leipzig, 1876 ; cf. Theologische Lileraturzeitung, 1876, p. 436, croit que ce surnom vient de la racine kâbâh, « éteindre, » et signifie <t exterminateur ». Cf. Is., xlhi, 17. La plupart des modernes le font venir du mot chaldéen maqqâbâ, : < marteau, » de la même façon que Charles Martel, parce que l’un et l’autre écrasèrent les ennemis de leur nation. Le sens, dans ces deux dernières explications, est le même. On ne peut du reste, pour décider de l’étymologie, se fixer sur l’orthographe du mot hébreu qui est perdu, les textes modernes rabbiniques écrivent tantôt avec un 3, k, tantôt avec un p, q. Curtiss fait remarquer que maqqâbâ dans les passages où il se rencontre, Jud., iv, 21 ; I (III) Reg., VI, 7 ; Is., xiiv, 12 ; Jer., x, 4, désigne un marteau ordinaire et non la masse d’armes qui aurait mieux symbolisé la force de Judas, mais cette remarque est loin d’être décisive. Cf. F. Vigouroux, Manuel biblique, 11e édit., t. ii, p. 221. —Dans le Talmud, dans Josèphe, Ant. jud., XIV, xvi, 4 ;. XX, viii, 11, et dans beaucoup d’historiens modernes, Judas et les autres descendants de Mathathias sont appelés Asmonéens, du nom de leur ancêtre Asamôn. Josèphe, Ant. jud., XV, vi, 1.

H. Judas Machabée affranchit son peuple du joug syrien. —Judas délivra Israël de la tyrannie des Syriens par sa vaillance et sa foi. Le portrait que le I or livre des Machabées, iii, 3-9, nous trace de sa personne est celui d’un héros digne des temps de la chevalerie : « Judas. .. se revêtit de la cuirasse comme un géant, il se ceignit de ses armes guerrières dans les combats et il protégeait le camp avec son épée. Il devint semblable à