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1693
1694
JOSUÉ (LIVRE DE)


Deutéronome, iii, 18, sous la forme approchante Vn >33,

T " :

benê bâti, dans un récit de même nature. La formule nnnSn ny, ’ani milhâmdh, employée viii, 1, 3, il ;

tt :

x, 7 ; xi, 7, ne se représente plus une seule fois dans l’Ancien Testament et ne se lit que-quatre fois dans le Pentateuque en termes analogues : nnnSa >wi « , ’anse

t t : " milhdmâh. Le verbe pyt, s’âaq, usité au niphal, viii, 16,

n’est pas employé dans les livres précédents. Ces particularités lexicographiques font supposer aux critiques qui refusent toute originalité au rédacteur de l’Hexateuque, le recours à des sources particulières dont rien ne prouve l’existence. Realencyklopddie fur protest. Théologie und Kirche, t. ix, p. 390. La façon de raconter n’est pas dans le livre de Josué la même que dans les livres historiques du Pentateuque. Enfin l’uniformité du style dans tout cet écrit est un indice frappant de l’unité de rédaction : c’est partout la même élocution, l’emploi des mêmes formes grammaticales, des mêmes tours de phrases et des mêmes constructions. Voir L. Konig, Altestamentliche Studien, fasc. 1 er, Authentie des Bûches Josua, Meurs, 1836, p. 36-62, 122-125.

Pour compléter la démonstration de l’unité et de l’indépendance du livre de Josué, il faudrait réfuter en détail tous les arguments par lesquels les critiques prétendent prouver la pluralité des sources et des documents amalgamés dans ce livre. Cette réfutation a été faite par Himpel, Einheit und Glaubwùrdigkeit des Bûches Josua, dans la Theologische Zeitschnft, 1864, p. 385-448 ; 1865, p. 227-307. Cf. Kônig, op. cit., p. 34 ; Keil, Einleitung, 1859, p. 143-149 ; Cornely, lntroductio specialis in historicos V. T. hbros, Paris, 1887, t. i, p. 180-187. Voir t. i, col. 130, ce qui concerne l’emploi de sébét et de mattéh pour désigner les tribus d’Israël. La répétition, par exemple, de l’attribution du pays transjordanien, faite par Moïse aux tribus de Ruben, de Gad et à la demi-tribu de Manassé, Num., xxxii, 1-42, s’explique fort bien dans le livre de Josué, xiii, 7-33. L’auteur voulant exposer dans tout son ensemble le partage de la Terre Promise, rappelle les dispositions prises antérieurement par son prédécesseur et les confirme. La même remarque explique la répétition de ce qui concerne les villes de refuge dans cette contrée. Deut., iv, 41-43 ; Jos., xx, 8. On comprendrait moins ces répétitions dans l’hypothèse d’un rédacteur dernier, qui aurait formé l’Hexateuque.

III. Date.

Le livre de Josué étant une œuvre à part, indépendante du Pentateuque, il n’a pas, par le fait même, été établi dans son état actuel postérieurement à la rédaction dernière de l’Hexateuque, telle que la fixent les critiques. Puisqu’il forme, d’autre part, un ouvrage ordonné suivant un plan très net, cette unité de composition est à elle seule un indice de l’unité d’auteur. Avant de déterminer, si faire se peut, la personnalité de cet auteur, il faut rechercher, à l’aide du contenu, la date d’apparition du livre. Nous procéderons dans cette recherche par approches successives. — Josué ayant brûlé la ville de Haï, viii, 28, et cette ville étant signalée sous le nom de Aiath, par Isaie, x, 28, le livre de Josué, qui ne mentionne pas sa réédification, est donc antérieur au prophète. Voir col. 399. Josué avait laissé les Chananéens à Gazer et s’était contenté de les rendre tributaires des Israélites, xvi, 10. Or, sous le règne de Salomon, le roi d’Egypte s’empara de cette ville, en tua les habitants et la donna en dot à sa fille qu’avait épousée le roi des Israélites. III Reg., ix, 16. Voir col. 131. L’ouvrage, qui affirme encore l’existence des Chananéens à Gazer, a donc été composé avant le règne de Salomon ou au plus tard au début de ce règne. D’autres indices font remonter sa composition avant le règne de David. Lorsqu’il a été rédigé, le Jébuséen était encore à Jérusalem, xv, 63. Or, c’est la huitième année de son règne que David

s’empara de cette ville et en fit sa capitale. II Reg., v, 6-10. Voir t. ii, col. 1315. Bethléhem, le patrie de David, n’est pas énumérée parmi les villes de Juda, sinon dans le texte grec des Septante, xv, 60, tandis que d’autres villes, moins importantes, le sont. Un écrivain, postérieur au règne de ce prince ou son contemporain, l’aurait certainement mentionnée. Sidon y est encore appelée g. la grande ville », xi, 8 ; xix, 28. Or, Sidon fut ruinée par les Philistins au temps des Juges d’Israël, et Tyr eut dès lors la prépondérance et mérita seule le nom de grande ville des Phéniciens. Ces détails montrent bien la haute antiquité du livre qui les reproduit. Il est vrai, dit-on, que le livre des Justes, cité x, 13, aurait contenu l’élégie de David sur Saul et Jonathas, II Reg., i, 18, et serait postérieur à l’époque de la mort de ces héros. Mais on peut penser que ce recueil de poésies, commencé sous Josué, s’est enrichi successivement de nouvelles pièces. On a dit aussi, et non sans raison, que la locution « jusqu’aujourd’hui », répétée quatorze fois dans le texte hébreu, iv, 9 ; v, 9 ; vi, 25 ; vii, 26 (deux fois) ; vm, 29 ; ix, 27 ; x, 27 ; xiii, 13 ; xiv, 14 ; xv, 63 ; xvi, 10 ; xxii, 3, 17, laissait entendre qu’il s’était déjà écoulé un certain intervalle entre les événements racontés et l’époque du récit ; autrement le narrateur n’aurait pas eu de motif de signaler la persévérance de la circonstance qu’il relatait. De la plupart des cas, on ne peut rien conclure pour la détermination précise de l’intervalle ; cette locution n’exige pas nécessairement une longue durée, et les vingt-cinq ans écoulés entre le début de la conquête et la mort de Josué peuvent justifier cette remarque de l’écrivain. D’ailleurs, comme la Vulgate contient, xiv, 10, cette locution, sans que le texte hébreu ait aucune expression correspondante, certains critiques admettraient facilement qu’en plusieurs endroits la même locution pourrait être une glose, ajoutée plus lard à la première rédaction du texte. De même, les montagnes de Juda et d’Israël, mentionnées, xi, 21, ne supposent pas la séparation des deux royaumes sous Roboam. Il s’agit de la défaite et de la ruine des Énacites qui habitaient la partie méridionale du pays de Chanaan et en particulier le territoire dévolu à la tribu de Juda. L’expression « toute la montagne de Juda et d’Israël » désigne seulement le pays montagneux qu’ils occupaient dans le territoire de cette tribu et dans le reste d’Israël, sans distinction de deux royaumes séparés, et elle marque leur disparition complète.

IV. Auteur.

On ne connaît pas d’une manière certaine quel a été l’auteur du livre de Josué, et il s’est produit de tout temps, même chez les catholiques, des opinions divergentes à ce sujet. Théodoret, In Josue, quæst. xiv, t. lxxx, col. 473-476, trompé par une leçon singulière de son manuscrit : Où ;  ;) toûto fÉf pairrat êir m ê16X ! ov tô eûpeôèv, x, 13, en concluait que l’auteur avait puisé ce renseignement dans un ancien ouvrage et était par conséquent bien postérieur aux événements qu’il racontait. L’écrivain qui a rédigé la Synopsis S. Scripturss attribuée à saint Athanase, t. xxviii, col. 309, expliquait le titre du livre dans ce sens seulement que Josué était le héros principal du récit. Au rapport de Richard Simon, Histoire critique du Vieux Testament, t. I, c. viii, Rotterdam, 1685, p. 53, Isaac Abarbanel, rabbin du xve siècle, pensait que Josué n’était pas l’auteur du livre qui porte son nom, et qu’une partie au moins avait été écrite quelque temps après les événements. Alphonse Tostat, In Josue, c. i, quæst. xiii ; c. vii, quæst. ix, Opéra, Cologne, 1613, t. v, p. 22, 208-209, rejette successivement l’opinion qui attribue ce livre à un écrivain anonyme contemporain de Josué, et celle qui prétend qu’il est l’œuvre du prophète Isaie, et il l’attribue à Salomon. A. Mæs, Josue imperatons historia illustrataatque explicata, Anvers, 1574, comment, præt., p. 2, estimait qu’Esdras, seul ou avec l’aide d’autres scribes, avait compilé ce livre et en avait extrait les