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JOSUÉ — JOSUË (LIVRE DE)


réjouissances ; cependant, ceux qui avaient connu l’ancien Temple, ne pouvaient cacher leur douleur, de sorte que, dans cette fête, la tristesse des anciens jours se mêla à la joie des jours nouveaux. I Esd., iii, 10-13. — Les Samaritains, ennemis de Juda et de Benjamin, ayant appris qu’on réédiflait le Temple, allèrent trouver Zorobabel et offrirent leur concours. Zorobabel, Josué et les autres chefs refusèrent leurs services. Les Samaritains, irrités, suscitèrent toute espèce d’obstacles, et gagnèrent à leur cause de mauvais conseillers : Bésélam, Mithridate, Thabéel et d’autres, qui arrachèrent au roi Artaxerxès un édit suspendant les travaux. Les travaux furent ainsi interrompus jusqu’à la deuxième année du règne de Darius, fils d’Hystaspe, roi des Perses, c’est-à-dire environ l’espace de quatorze ans. La deuxième année du règne de ce roi (516 avant J.-C), on reprit les travaux. I Esd., iv, 1-24. Stimulés par les prophéties d’Aggée, i, 1, 12, 14 ; ii, 1-9, et de Zacharie, i-viii, Zorobabel et Josué poussèrent les travaux avec vigueur. 1 Esd., v, 1-2. Dieu couronna leurs eflorts ; le Temple fut achevé le troisième jour du mois d’Adar (mars), la sixième année du règne de Darius. On célébra en grande pompe la dédicace du temple ; on oflrit, à cet eflet, cent veaux, deux cents béliers, quatre cents agneaux et douze boucs selon le nombre des douze tribus d’Israël. I Esd., vi, 14-17. — Josué est loué par l’auteur de l’Ecclésiastique, xlix, 14, pour son zèle et son empressement à relever le Temple de Dieu. Sa piété et ses vertus le rendirent digne d’être une figure de Notre-Seigneur. Le prophète Zacharie dit en parlant de Josué : « Je ferai venir mon serviteur. » Sémafy, « le Germe » (Vulgate : Oriens), iii, 8, et « son nom est Germe », vi, 12. Levéritable « Germe » c’est Jésus-Christ. Ces paroles ont été appliquées expressément par le Zacharie de la nouvelle Loi, le père de saint Jean-Baptiste, à Notre-Seigneur. Luc, 1, 78 (Septante : ’AvatoXifj ; Vulgate : Oriens). A partir de la septième année du règne de Darius, on ne sait plus rien de Josué ; on ne connaît ni la date ni le lieu de sa mort, quoiqu’on pense communément qu’il finit ses jours à Jérusalem. V. Ermoni.

    1. JOSUÉ (LIVRE DE)##


5. JOSUÉ (LIVRE DE), sixième livre de l’Ancien Testament selon l’ordre du canon du concile de Trente, le premier de la seconde classe des livres de la Bible hébraïque, c’est-à-dire des nebi’îm ou prophètes. Il est intitulé dans l’hébreu Yehosua’, dans les Septante’I » )<toO ; Nocuvi ou’IrjtroC ; uib ; Nauirç et dans la Vulgate Liber Josue.

I. Contenu.

Ces titres désignent, sinon avec une entière certitude l’auteur du livre, du moins son héros principal. L’écrit ne renferme pas toutefois une biographie complète et suivie du successeur de Moïse dans le gouvernement du peuple juif, il contient plutôt l’histoire de ce peuple lui-même, sous la conduite de Josué, depuis l’entrée en fonctions de ce nouveau chef jusqu’aux premiers temps qui ont suivi sa mort. Le sujet du livre est indiqué par les paroles de Dieu, qui sont rapportées, I, 1-9, et qui assignent à Josué la double mission de conquérir et de partager la Palestine. Ces versets forment comme l’exorde du livre. La suite est consacrée au récit de l’accomplissement de cette mission. L’ouvrage se divise donc naturellement en deux parties : 1° la conquête, i, 10-xii, 24 ; 2° le partage de la Terre Promise, xiii, 1-xxii, 34. La première partie, qui décrit la conquête, peut se subdiviser en deux sections : l’une mentionne les préparatifsde la guerre, i, 10-v, 12, etl’autre, les triomphes successifs et rapides des Hébreux au sud, puis au nord de la Palestine et l’extermination de la plupart des tribus auparavant maîtresses de tout le pays, v, 13-xii, 24. La seconde partie, le récit du partage, comprend aussi deux sections distinctes : 1° l’une rappelle le partage, opéré par Moïse, des régions situées à l’est du Jourdain, xiii, 1-33 ; 2° l’autre expose la distribution

par le sort des districts, placés sur l’autre rive du fleuve et récemment conquis, xiv, 1-xxii, 34. Cette histoire se termine par un appendice ou supplément, qui relate les dernières paroles et les derniers actes de Josué, XXIII, 1-xxrv, 33. Pour une analyse plus détaillée, voir JosuÉ, col. 1686-1688, et R. Cornely, Introductio specialis in historicos V. T. libros, Paris, 1887, 1. 1, p. 171-175 ; Synopsis omnium librorum sacrorum utriusque Testamenti, Paris, 1899, p. 35-40. La première partie est complètement historique ; la seconde, quoique rédigée sous la torme historique, est surtout géographique et partiellement législative pour le fond. Les événements racontés se sont produits durant une période qu’il est difficile d’évaluer en chiffres exacts, à cause de la rareté des dates mentionnées, et qui s’étend à une trentaine d’années environ. D’après les calculs généralement acceptés, la conquête de la Terre Promise aurait duré sept ans et Josué aurait vécu vingt-cinq ans au total depuis son entrée au pays de Chanaan. Il faut joindre à ce dernier nombre la durée des faits indiqués dans les derniers versets du livre.

II. Unité et indépendance.

La plupart des critiques contemporains tiennent le livre de Josué pour un « sixième tome », qui primitivement n’a fait qu’un avec le Pentateuque. Ils l’englobent donc dans leurs théories sur la composition de l’Hexateuque. Selon eux, il est du même âge que les cinq livres, attribués à Moïse, et il a été rédigé dans sa forme actuelle, à l’aide des mêmes sources par le même rédacteur définitif. Cette conclusion critique a passé par des phases diverses. L’hypothèse complémentaire a succédé à l’hypothèse fragmentaire. Voir Vigouroux, Les Livres Saints et la critique, 5e édit., Paris, 1901, t. iv, p. 437. Nous avons maintenant l’hypothèse documentaire. Le livre de Josué n’a pas été écrit d’un seul jet ni par une seule main ; un rédacteur définitif a puisé à des sources différentes des éléments divers qu’il a fondus, non sans laisser toutefois des sutures qui permettent à des yeux exercés de discerner les morceaux primitifs, assez mal joints d’ailleurs. La connexion du livre de Josué avec le Pentateuque ne se discute plus ; c’est, dit-on, une conclusion certaine de la critique négative. Tout le travail actuel se porte à déterminer avec le plus de précision possible les sources ou documents dont le rédacteur définitif a fait usage. Voici les résultats auxquels on croit être parvenu :

La première partie du livre de Josué, i-xii, forme dans son ensemble un tout bien caractérisé, qui parait être la continuation de je, c’est-à-dire du rédacteur qui, vers 650, a fondu ensemble l’écrit jéhoviste J, qui est de 850 environ, et l’écrit élohiste e, postérieur d’un siècle au jéhoviste. Toutefois, on discute la question de savoir si le dernier rédacteur, qui écrivait entre 440 et 400, s’est servi directement des sources i et E, ou bien s’il n’a pas eu plutôt à sa disposition un travail intermédiaire, dans lequel j ete étaient déjà réunis et combinés. Le Code sacerdotal, p, qui daterait de l’époque de la captivité, a été très peu utilisé ; il a fourni de rares éléments, et quelques fragments seulement lui ont été empruntés. Dans la seconde partie, xm-xxiv, le partage des sources est bien différent. Tous les détails géographiques dérivent du Code sacerdotal et les passages empruntés à JE sont moins nombreux que dans la première partie. Mais il y intervient un élément nouveau. Avant que je n’ait été combiné avec p, il avait été complété en différents endroits par un écrivain, dont l’esprit est étroitement apparenté à celui de l’auteur du Deutéronome et que, pour cette raison, on désigne par le sigle d 2. Les additions, provenant de cet écrivain, sont pour la plupart faciles à- reconnaître au style, semblable à celui duDeutéronome, et elles comprennent notamment les parties législatives du livre de Josué et le renouvellement de l’alliance. On y rattache aussi tout ce qui cou-