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JOSAPHAT (VALLÉE DE) — JOSEPH


cet événement a pu fournir au prophète l’image qu’il emploie. Cf.J. T. Beck, Erk lârung der Propheten M icha und Joël, in-12, Gutersloh, 1898, p. 236. D’autres commentateurs voient là une prophétie des victoires des Machabées, sans qu’il soit possible, dans ce cas, de localiser « la vallée de Josaphat ». L’opinion commune, c’est que Joél parle dans son oracle du jugement dernier, dans lequel toutes les injustices seront réparées et tous les pécheurs punis. Comme conséquence de cette interprétation, la croyance populaire a localisé la scène du jugement dernier dans la vallée qui avait reçu le nom de Josaphat ; le plus vif désir d’un grand nombre de musulmans et surtout de Juifs, est d’être enterré dans la vallée même pour y attendre le jugement final et leurs tombes abondent dans cet étroit espace. La coutume de s’y faire enterrer est d’ailleurs très ancienne. Il y avait déjà un cimetière dans la vallée de Cédron du temps du Toi Josias, IV Reg., xxiii, 6, mais la proximité de la ville permet d’expliquer pourquoi on y ensevelissait les morts, sans autre raison que celle de la commodité qu’offrait pour cela la vallée. F. Vigouroux.

    1. JOSÉDEC##

JOSÉDEC (hébreu : Yehôsâddq, « Dieu est justice ; » Septante : ’Iwo-aSâx, ’IaxraSIx), descendant d’Aaron, fils du grand-prêtre Saraias, I Par., vi, 14, et père du grandprêtre Josué ou Jésus (col, 1688). I Esd., iii, 2, 8 ; v, 2 ; x, 18 ; Eccli., xlix, 14 ; Agg., i, 1, 12, 14 ; ii, 3, 5 ; Zach., "VI, 11. Excepté dans le premier passage, il n’est jamais nommé que comme père de Josué. Il vivait du temps du roi Sédécias. À la prise de Jérusalem, son père Saraias fut fait prisonnier par Nabuzardan, le chet de l’armée chaldéenne, et emmené prisonnier à Réblafha (Riblah), dans le pavs d’Émath, ou se trouvait alors Nabuchodonosor. Le roi de Babylone le fit mettre à mort, IV Reg., xxv, 18-21 ; et Josédec lui succéda dans le souverain pontificat. Mais il fut aussitôt emmené lui-même en captivité, I Par., vi, 15, et il y mourut. À la fin de la captivité, son fils Josué ramena avec Zorobabel les exilés en Palestine. Voir Josué 4, col. 1688.

    1. JOSEPH##

JOSEPH (hébreu : Yôsêf, « que [Dieu] fasse croître ; » Septante : ’Ioi^cp), nom de seize personnages de l’Ancien ou du Nouveau Testament. La Vulgate écrit toujours leur nom Joseph (indéclinable), excepté dans les livres des Machabées, où elle écrit Josephus. Voir Joseph 8 et 9.

    1. JOSEPH##


1. JOSEPH, fils de Jacob et de Rachel. Ce nom lui fut

donné à cause des circonstances qui accompagnèrent sa naissance. Rachel avait été longtemps stérile. Gen., xxix, 31 ; xxx, 1. À la fin Dieu fit cesser sa stérilité, et elle enfanta un fils, en disant : « Le Seigneur m’a enlevé, ’âsaf, mon opprobre. » Gen., xxx, 22-23. Elle l’appela Joseph, disant : « Que le Seigneur ajoute, yôséf, un autre fils. » Il y a là un jeu de mots très sensible en hébreu : ’âsaf, « enlever, » ydsaf, « ajouter. » — Joseph signifie donc « ajoutant », ou « que [le Seigneur] ajoute ». Le désir de Rachel d’avoir un autre fils après Joseph se réalisa à la naissance de Benjamin. Gen., xxxv, 17, 18. — Peut-on déterminer approximativement la date de la naissance de Joseph ? La Genèse nous dit, xli, 46, que Joseph était âgé de 30 ans lorsqu’il devint vice-roi d’Egypte ; d’autre part il était âgé de 16 ans (hébreu et Septante, 17), vers l’époque où il fut vendu par ses frères. Gen., xxxvii, 2. Jacob n’arriva en Egypte que quelques années après l’élévation de Joseph, c’est-à-dire en 1923 avant J.-C.Voir Chronologie, t. ii, col. 737. On peut donc placer la naissance de Joseph vers l’an 1988avant J.-C, mais cette date est loin d’être certaine.

I. Histoire de Joseph depuis sa naissance jusqu’à son arrivée en Egypte. — I. enfance de joseph. — Joseph, fils de Rachel, l’épouse prélérée de Jacob, inspira à son père un plus grand amour que ses autres frères, parce qu’il était l’enfant de sa vieillesse, Gen., xxxvii, 3,

et aussi probablement à cause des qualités de son caractère. Jacob avait donc pour lui une prédilection toute spéciale ; c’est pourquoi il lui fit faire une robe de plusieurs couleurs, tunicam polymitam, très probablement une tunique qui descendait jusqu’aux talons, et appelée à cause de cela kefônét passim, « tunique des extrémités » ou bien « de morceaux » divers. Cette tunique était portée par les filles de rois, II Reg., xiii, 18, 19, et aussi par certains Sémites. Voir, t. ii, la figure en couleur vis-à-vis de la col. 1066. Joseph commença par mener avec ses frères la vie pastorale ; tous ensemble ils paissaient les troupeaux de leur père aux environs d’Hébron et de Sichem. Il ne tarda pas à s’attirer leur haine. Trois faits concoururent à les indisposer contre lui : 1° Joseph les accusa d’un crime énorme devant son père, ce qu’ils eurent naturellement de la peine à lui pardonner. Gen., xxxvii, 2. — 2° La prédilection de Jacob, dont nous venons déparier, excita leur jalousie ; aussine pouvaient-ils plus lui parler avec calme et douceur. — 3° Deux songes que Joseph leur raconta mirent le comble à leur mécontentement. Une première fois, Joseph avait rêvé qu’il liait avec ses frères des gerbes dans les champs, que tout à coup sa gerbe s’était levée et s’était tenue debout, tandis que celles de ses frères l’entouraient et l’adoraient. Dans un second songe, Joseph vit le soleil, la lune et onze étoiles qui l’adoraient. Ces songes présageaient qu’il serait élevé au-dessus de ses frères. Son père chercha à en atténuer la mauvaise impression, mais ses frères, profondément irrités, résolurent de le perdre. Gen., xxxvii, 5-18. Un jour qu’ils faisaient paître leurs troupeaux à Sichem, Jacob envoya Joseph vers eux pour avoir de leurs nouvelles ; Joseph se rendit donc de la vallée d’Hébron à Sichem, mais il n’y trouva pas ses frères. Informé par un inconnu qu’ils s’étaient proposé d’aller à Dothain, il y alla et les y rencontra. Lorsque ses frères l’eurent aperçu de loin, ils résolurent de le tuer ; ils se disaient l’un à l’autre : Allons, tuons-le, et jetons-le dans une vieille citerne ; nous dirons à notre père qu’une bête féroce l’a dévoré. Ruben, ému de ces propos et pris de compassion, leur conseilla de ne pas verser le sang de leur frère, mais de le jeter vivant dans une citerne desséchée. Son dessein était de le sauver et de le rendre à son père. Ses frères s’arrêtèrent à ce projet ; aussitôt que Joseph fut arrivé près d’eux, ils lui ôtèrent sa tunique et le jetèrent dans une citerne sans eau. Gen., xxxvii, 12-24.

II. JOSEPB vendu PAR ses frères.

Après ce forfait, ses frères s’assirent pour manger. Pendant leur repas, ils virent des Ismaélites qui venaient de Galaad avec des chameaux chargés de parfums, de résine et de myrrhe, se rendant en Egypte. Ces Ismaélites sont aussi appelés Madianites. Gen., xxxvii, 25, 28, 36. Ces deux noms se prennent indifféremment l’un pour l’autre, comme on le voit par le texte ; on doit présumer que l’un (Ismaélites ) est un nom générique et l’autre (Madianites) un nom spécifique. Juda conseilla alors à ses frères de vendre Joseph à ces marchands madianites ; cette proposition fut bien accueillie. Joseph fut retiré de la citerne et vendu aux Madianites pour la somme de vingt [pièces, sicles] d’argent. Dans la loi mosaïque cette somme est le prix d’un jeune esclave de cinq à vingt ans. Lev., xxvii, 5. Il est impossible de déterminer d’une manière certaine la valeur de la somme reçue par les frères de Joseph ; en supposant qu’il s’agisse de sicles d’argent, et que le sicle eût alors la valeur qu’il avait à l’époque où les Septante traduisirent l’Ancien Testament en grec, et du temps de Notre-Seigneur, c’est-à-dire 2 fr. 84 de notre monnaie, Joseph fut vendu pour la somme de 56 fr. 80. Les Madianites conduisirent Joseph en Égjpte. Ruben n’était pas alors avec ses frères. Sa qualité d’alné’le rendait responsable de leur conduite. Quand il retourna à la citerne, n’y ayant pas trouvé l’enfant, il déchira ses vêtements et se lamenta. Mais ses frères pri-