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JORA — JÔRAM

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Tevinrent de la captivité de Babylone en Palestine avec Ssdras. I Esd., ii, 18. Dans II Esd., vii, 24, il est appelé Hareph. Voir Hareph, col. 428. Il fut un de ceux qui -signèrent l’alliance avec Dieu du temps de Néhémie. il Esd., x, 19.

    1. JORAÏ##

JORAÏ (hébreu : Yôraï ; Septante : ’Iwpsi), un des chefs de famille de la tribu de Gad qui habitèrent dans le pays de Galaad et de Basan et dont le dénombrement eut lie"u pendant le règne de Joathan, roi de Juda, et de Jéroboam II, roi d’Israël. I Par., v, 13, 17.

    1. JORAM##

JORAM (hébreu : Yehôrâtn, et par contraction, Yôrâm, « Jéhovah élève ; » Septante : ’Iwpâji, excepté II Reg., VIII, 10, qui a’IsSSovipâji. ; voir Joram 1), nom de quatre Israélites et d’un fils du roi d’Émath. La Vulgate écrit fautivement le nom de Joram 5 Joran.

1. JORAM (hébreu : Yôram), fils de Thoù, roi d’Émath (t. ii, col. 1718). Son père l’envoya au roi David pour le féliciter de la victoire qu’il avait remportée sur Adarézer (t. i, col. 211), roi de Soba. II Reg., viii, 10. Dans i Par., xviii, 10, il est appelé Adoram. Voir Adoram 2, t. i, col. 233. Cette dernière leçon est probablement la bonne. Il est peu vraisemblable qu’un Hamathéen portât un nom dans lequel Jéhovah entre comme élément composant. Les Septante qui lisent’IsSSoupàiJi. au lieu de Joram, dans II Reg., viii, 10, confirment que le nom de Joram est altéré dans ce passage du texte hébreu et de la Vulgate.

2. JORAM, roi d’Israël (896-884, selon la chronologie ordinaire ; 855-844, selon la chronologie assyrienne). Il était fils’d’Achab et succéda à son frère Ochozias, qui n’avait régné que deux ans. Il fut moins impie que son père et que sa mère, Jézabel, et il ne craignit pas de détruire les statues de Baal qu’ils avaient élevées. Néanmoins il resta fidèle aux traditions schismatiques de Jéroboam. Sa première campagne fut dirigée contre Mésa, roi de Moab. D’après la stèle de ce dernier, Amri, roi d’Israël, avait été longtemps l’oppresseur de Moab et s’était emparé du pays de Médaba. Voir Médaba, Mésa.’Comme Moab était une région de pâturages, Amri lui avait imposé un tribut de cent mille agneaux et de cent mille béliers avec leur laine. IV Reg., iii, 4. Mésa se plaint que cette oppression dura pendant le règne d’Amri et celui de ses fils. À la mort d’Achab, Mésa se révolta contre la suzeraineté israélite et cessa de payer le tribut. IV Reg., iii, 5. Ochozias qui, à la suite de sa chute, resta infirme pendant toute la durée de son règne éphémère, ne put songer à le faire rentrer dans l’obéissance. Joram au contraire s’en préoccupa dès son avènement ; mais il comprit qu’il ne pouvait entreprendre -seul cette expédition. Le royaume de Moab occupait le sud-est de la mer Morte, et le profond ravin dans lequel -coule l’Arnon opposait aux envahisseurs du nord une barrière infranchissable. Voir Arnon, t. i, col. 1022. Il -fallait donc passer par le sud, et pour cela contourner la mer Morte par l’ouest, traverser le Ghôr et gagner les plateaux de Moab. Or, cette expédition n’était possible -qu’avec le concours des rois de Juda et d’Édom, dont il fallait de toute nécessité emprunter le territoire pour -atteindre la frontière méridionale des Moabites. Joram commença par faire le recensement de ses troupes à Samarie ; puis il envoya demander au roi de Juda, Josaphat, de se joindre à lui. Celui-ci avait déjà fait campagne avec Achab, père de Joram, II Par., xviii, 134, et il s’était associé à Ochozias pour une entreprise maritime. II Par., xx, 35-37. Il n’hésita pas à promettre le concours qui lui était demandé et, pour mieux se préparer, voulut savoir par quelle voie l’on marcherait contre Moab. « Par le désert d’Édom, » lui fit répondre Je roi d’Israël. Josaphat envoya aussitôt avertir le roi

d’Édom de la campagne qni allait commencer et requit sa participation. Josèphe, Ant. jtid., IX, iii, i, dit que Joram fut splendidement accueilli à Jérusalem par Josaphat et que les alliés se résolurent à attaquer Mésa par le sud, parce que ce dernier ne pouvait se douter qu’une armée affrontât la traversée du désert pour arriver à lui. — Ici se présente une difficulté. Depuis que David avait assujetti les Iduméens, II Reg., viii, 14, ceux-ci n’avaient plus de roi. Sous Josaphat même, il n’y avait pas de roi dans Édom ; c’était un nissâb, un fonctionnaire royal qui gouvernait. III Reg., xxii, 48 (hébreu). Voir Gouverneur, 12°, col. 285. Ce fut seulement sous Joram, fils de Josaphat, que les Iduméens se révoltèrent contre Juda et se donnèrent un roi. IV Reg., viii, 20. On ne peut s’arrêter à l’hypothèse d’une erreur de copiste substituant, d’après la recension des Septante de Lucien, le nom de Josaphat à celui de son petit-fils Ochozias, qui lui aussi fit campagne avec Joram d’Israël contre les Syriens. IV Reg., viii, 28. Cette campagne contre les Syriens est trop éloignée parmi les événements du règne de Joram, pour avoir interrompu son expédition contre Moab. À cette époque, il est vrai, il y avait un roi îduméen ; mais comment le roi de Juda eùt-il lait si facilement alliance avec un prince qui venait de se révolter contre lui ? Le roi d’Édom qui part en guerre avec Joram et Josaphat est donc simplement le rm$âb. Du reste, on ne le consulte pas ; du moment que Josaphat veut passer par l’Idumée, le gouverneur israélite n’a qu’à s’y prêter docilement et à fournir le contingent qui lui est réclamé.

Les trois rois partirent donc pour contourner la mer Morte par le sud, à travers le pays d’Édom. Mais au bout de sept jours de marche, le manque d’eau se fit péniblement sentir à toute l’armée. Les eaux abondantes qui arrosent le Ghôr viennent de l’est ; on s’en trouvait encore assez loin ; leur accès était même probablement gardé par les Moabites. Dans cette détresse, Joram se mit à désespérer, tandis que Josaphat demanda si dans l’expédition ne se trouvait pas quelque prophète qui pût intéresser le Seigneur à leur sort. Elisée était là. Les trois rois allèrent le trouver. Par égard pour Josaphat, le prophète consulta le Seigneur et rendit cet oracle : « Ainsi parle Jéhovah : Faites dans cette vallée des fosses, des fosses ! Car voici ce que dit Jéhovah : Vous n’apercevrez point de vent et vous ne verrez pas de pluie ; et cette vallée se remplira d’eau et vous boirez, vous, vos troupeaux et votre bétail. » Il leur annonça ensuite leur victoire sur Moab. Le lendemain, dès l’aube, l’eau arriva en abondance du côté d’Édom. Un phénomène, aujourd’hui bien connu, s’était produit. Une abondante pluie d’orage avait inondé les plateaux du désert de Tih et l’eau déjà fortement teintée par la décomposition des terres rouges qu’elle avait traversées, descendait en torrents par Vouadi el-Fiqréh ou Vouadi el-Djeib, qui viennent tous deux de l’Idumée. Cette eau aurait été bientôt absorbée par le sol brûlant ; aussi le prophète avait-il ordonné de creuser des fosses pour la recueillir. Voir Inondation, col. 883. Les Moabites se tenaient en armes à leur frontière pour arrêter les envahisseurs. Quand le soleil monta à l’horizon, ils aperçurent en face d’eux des eaux rouges comme du sang et crurent que les rois confédérés s’étaient battus ensemble et avaient abondamment versé le sang. Ils marchèrent alors pour piller le camp ennemi. Josèphe, Ant. jud., IX, iii, 2, observe qu’il n’y avait là qu’une coloration de l’eau en rouge, due aux rayons du soleil. « Ceux qui ont visité les rives méridionales de la mer Morte savent quelles étranges couleurs changent parfois l’aspect des objets. Nous avons vu la mer Morte vraiment rouge le soir du 1 er novembre 1897. » Lagrange, dans la Revue biblique, 1901, p. 542. Des colorations analogues peuvent être constatées même sur nos côtes, au lever ou au coucher du soleil. Les Moabites ne se seraient pas émus