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JONC — JONC ODORANT


d’un petit poisson) ? » — Le jonc est flexible et s’incline au moindre souffle du vent. Reprenant l’hypocrisie des Juifs, Dieu, par son prophète, Isaïe, lviii, 5, avertit que le jeûne qu’il approuve n’est pas celui où l’on se borne à des démonstrations extérieures, « celui qui fait pencher la tête comme un jonc. » Mis en parallèle avec les hautes branches du palmier, le jonc, qui croit dans les lieux bas et s’élève peu, est le symbole des petits comparés aux grands. Is., ix, 13 ; xix, 15. — Celsius, Hierobotanicon, t. i, 310-356, 465-477 ; t. ii, 229 ; H. B. Tristram, The natural history of the Bible, in-8°, Londres, 1899, p. 433-437 ; Fr. Wœnig, Die P flanzen im alten Aegypten, in-8°, Leipzig, 1886, p. 135 ; L. Fonck, Streifzûge durch die Bibhsche Flora, in-8°, Fribourg-en-Brisgau, 1900, p. 32-35. E. Levesque.

était apportée sur les marchés de Tyr. D’autre part qdnéh a la signitication plus étendue de roseau en général, et de là le sens de canne à mesurer.

Un certain nombre d’exégètes ou de palestinologues, sans tenir à la signitication stricte de roseau, reconnaissent dans le qânéh aromatique YAndropogon schœnanthus ou jonc odorant. H. B. Tristram, The natural history of the Bible, 8e édit., in-8°, Londres, 1889, p. 439 ; L. Cl.Fillion, Atlas d’histoire naturelle de la Bible, in-4°, Paris, 1884, p. 4. Pline, H. N., xii, 48 ; xxi, 72, reconnaît les propriétés odorantes de VAndropogon schœnanthus : il dit qu’on en trouve en une contrée de la Cœlésyrie ; mais que le plus estimé est celui des Nabuthéens et en second lieu celui de Babylone. Il ajoute que, frotté, il donne une odeur de rose. Dioscoride, l, 16, indique

2. JONC ODORANT (hébreu : qânéh, Cant., IV, 14 Is., XLHI, 24 ; Ezech., xxvii, 19 ; Septante : *àXau.oç, Cant. iv, 14 ; 8juta5(j.a, Is., xliii, 24 ; xpoxidt ;, Ezech., xxvii, 19 Vulgate : fistula, Cant., iv, 14 ; calamus, Is., xliii, 24 Ezech., xxvii, 19 ; hébreu : qenéh bôsém, Exod., xxx. 23 ; Septante : xaXâ|iou tiwSoviç ; Vulgate, ca ! amus ; hébreu qânéh hattôb, Jer., vi, 20 ; Septante : xivà(i.ipu.ov ; Vulgate calamum suave olenlem), nom vulgaire d’une plante aromatique qui, selon quelques exégètes, serait VAndropogon schœnanthus.

I. Description.

Plusieurs graminées des régions subtropicales, du genre andropogon, ont reçu le nom de jonc odorant à cause des principes aromatiques reniermés dans leurs feuilles ou plus habituellement dans leurs racines. Ce sont des herbes vivaces et cespiteuses, à épillets composés d’un rachis velu portant deux fleurs, dont l’intérieure, stérile, est réduite à une glumelle écailleuSe ; ces épillets disposés par deux sur les rameaux de la panicule sont pourvus, en outre, de grandes bractées imitant des spathes.

Dans cette série viennent se placer d’abord deux espèces de l’Inde qui fournissent le parfum nommé vétiver, VAndropogon rnuricatus Retz, à inflorescence simple, et l’A. nardus Linné à ramuscules floraux plusieurs fois divisés. Puis plusieurs autres dont les panicules sont resserrées en épis, telles que VA. schœnanthus Linné (fig. 281), espèce du Bengale qui se retrouve en Arabie, caractérisée par ses fleurs dépourvues d’arêtes, l’A. circinalus Hochstetter d’Arabie, remarquable par ses longues feuilles enroulées en crosse, l’A. iwarancusa Roxburg des montagnes de l’Afghanistan, à rachis hérissé de poils courts, enfin l’A. laniger Desfontaines de Barbarie, à épillets enveloppés dans un duvet laineux.

F. Hy.

II. Exégèse.

Le qânéh est mis au rang des parfums les plus exquis, à côté du nard, du cinnamome. Cant., iv, 14. Il entrait dans la composition aromatique brûlée sur l’autel des parfums. Is., xliii, 24 ; Jer., vi, 20. Dans ce dernier passage il est mis en parallèle avec l’encens de Saba :

Pourquoi m’offrez-vous l’encens de Saba

Et le qânéh au doux parfum des terres lointaines ?

Ces terres lointaines paraissent être l’Arabie, d’après le parallélisme avec Saba. C’est de la même contrée qu’on l’apportait sur les marchés de Tyr. Vedan, peut-être Aden, et Javan de Huzal(col.786), tribu arabe de P^émen, venaient vendre à Tyr, avec le fer fabriqué, la casse et le qânéh odorant. Ce parfum est célèbre surtout parce qu’il entrait dans la composition de l’huile d’onction, qu’il était absolument interdit aux particuliers de reproduire. Exod., xxx, 23. Ce parfum à base d’huile d’olive était un composé de myrrhe, de cinnamome, de casse et de qânéh odorant : sur 500 sicles de myrrhe et autant de casse, on mettait 250 sicles seulement de cinnamome et 250 -de qânéh odorant. D’après tous ces textes le qânéh est « ne plante d’un parlum exquis qui venait d’Arabie et

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281. — Andropogon schœnanthus.

les mêmes lieux de provenance, « l’espèce de Nabathée qui est la meilleure ; la seconde est celle d’Arabie que d’aucuns appellent de Babylone. » Mais au lieu de la Cœlésyrie il met la Lybie, ce qui semble plus exact et conforme aux données égyptiennes. Pour lui aussi, l’odeur du jonc est comparée à celle de la rose. Traité des Simples de Ibn el-Beithar, dans Notices et extraits des manuscrits de la Bibliothèque nationale, in-4°, Paris, 1877, t. xxiii, p. 35. Dans les recettes du Kyphi ou parfum sacré des anciens Égyptiens nous trouvons mentionné VAndropogon schœnanthus. Les anciens auteurs, comme Dioscoride, De mat. tnedica., i, 24, Plutarque, De Is. Osir., 80, Galien, De antidotis, ii, 2, qui s’étaient occupés de la composition de ce parfum, le désignaient par le nom de <r/oïvo ;, schœnus. Les documents hiéroglyphiques nous ont révélé les noms que lui

donnaient les Egyptiens. C’est le [ ïï i i » ^ u ament, jonc ou souchet occidental : ce qui répond bien à l’indication de lieu donnée par Dioscoride, De mat. med., i, 16, la Lybie. Une des recettes du Kyphi donne un équivalent à ce premier nom : $u ament, c’est-à-dire,

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„qamKeS, oi

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