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JONC


vulnérante : tels sont le Juncus maritimus Lamark et le J. aculus Linné, ce dernier à Heurs rapprochées en tètes et entremêlées de bractées saillantes. D’autres ont leurs feuilles articulées et comme pourvues de nodosités internes le long du limbe, comme le Juncus lamprocarpus Ehrardt. Enfin les plus communs ont leurs leuilles réduites à des écailles brunes tout à la base des chaumes. Ils comprennent le Juncus glaucus Linné ! (fig. 277) à tige striée, de couleur glauque et que sa souplesse permet d’utiliser comme liens sans se rompre, avec les deux formes souvent confondues sous le nom de Juncus communis, mais que Linné distinguait déjà spécifiquement pour la forme de leur inflorescence lâche et étalée chez le J. effusus (fig. 278), arrondie et contractée dans le J. canglomeratus. 2° Les Cypéracées ont aussi un chaume raide et

2T7. — Juncus glaucus. 278. — Juncus effusus.

coriace, que leur pauvreté en substances alimentaires place au-dessous de toutes les autres herbes des prairies : elles peuplent les pâturages bas et humides où leur aspect d’un vert sombre et noirâtre les fait souvent reconnaître à distance. De même que chez les Graminées les tleurs rapprochées en épillet n’ont point d’autres enveloppes protectrices que de simples bractées ou glumes ; leurs feuilles sont engainantes à la base et terminées par un limbe étroit, allongé et parcouru dans sa longueur par de fines nervures parallèles. Mais leur chaume est triquètre et souvent à angles coupants, leurs feuilles sur trois rangées verticales au lieu d'être distiques, avec une gaine entière, c’est-à-dire sans fente longitudinale Les Cyperus se reconnaissent à leurs épillets distiques. Le style est bifide chez le Cyperus lœvigatus Linné, auquel on rattache comme variété le Ci distachyus d’AUioni à épillets seulement plus longs et moins nombreux. Partout ailleurs l’ovaire est trigone et terminé par un stigmate à trois branches, notamment chez le C. Papyrus dont la tige découpée en lames minces fournissait le papier des anciens et près duquel se rangent un certain nombre de types également vivaces par leur rhizome, à chaume élancé et qui abondent de

nos jours encore dans les marais de la Palestine et de l’Egypte. C. longus, fig. 279, et C. rotundus de Linné. — De ce nombre encore est le C. esculentus (fig. 280) dont le collet de la racine produit des fibres renflées à leur extrémité, et ainsi transformées en tubercules alimentaires de forme arrondie. — Enfin, de nombreuses espèces de Cypéracées, appartenant aux genres Scirpus, Sclttenus, Cladium et surtout Car ex, sont désignées avec les précédentes sous le nom vulgaire de jonc pour l’aspect général, la consistance coriace de toutes leurs parties, leurs mauvaises qualités comme plantes fourragères, et enfin pour leur habitation dans les lieux humides. À ces caractères le Scirpus Holoschœnus join', même une souplesse de tige qui ne le cède en rien aux joncs les plus flexibles. Quant au Butomus umbellatus, vulgairement jonc fleuri, c’est une plante toute différente portant une cyme terminale, de larges fleurs roses, et qui descend à peine des régions septentrionales jusqu’aux limites de la Syrie. F. Hy.

II. Exégèse.

i. noms et identification. — Divers noms rendent en hébreu ce que nous désignons communément sous le nom vulgaire de joncs :

1° 'Agmôn, comme l’insinue l'étymologie Çâgam, marais), est une plante de marais. Is., lvhi, 5. Dans Jer., li, 32, le terme 'âgammim (pluriel de 'àgam) désigne des lieux plantés de joncs ou de roseaux, juncetum, arundinetum. « Les jonchaies sont brûlées. » Cette plante des marais est une petite plante, croissant dans les lieux bas, puisqu’on la met en opposition avec les hautes branches du palmier, « Yagmôn et le palmier, » Is., IX, 13 ; xix, 15, pour signifier métaphoriquement les petits et les grands. Les Septante n’ont rendu que l’idée générale, Is., ix, 13, jj. ! xpo ;  ; pour la Vulgate elle n’a pas saisi le sens et a traduit par refrsenans. Is., ix, 13 ; six, 15. Un passage d’Isaie, lviii, 5, nous invile à voir dans Vagmôn une plante flexible s’inclinant facilement au moindre souffle de vent. Tous ces caractères marquent bien une plante comme le jonc ou le roseau, mais sans déterminer entre l’une ou l’autre. Peut-être le nom convient-il aux deux. Cependant un texte de Job, xl, 26 (Vulgate, 21) fait plutôt penser au jonc : car il s’agit d’une herbe, d’une plante pouvant servir de corde, de lien : aussi les Septante ont-ils justement rendu ici 'agmôn par sxoïvo ;. 'Agmôn désigne donc plutôt le jonc. 2° 'Afyâ est un mot d’origine égyptienne, d’une racine

J^ J^. ® ij|, , a/ioiFi, « verdir ; » J^. ® Jt, a]}, est un

jonc, de même aussi sous une autre forme ® iii, a)}u. Le copte a conservé le mot sous la forme xi, ahi, ou plutôt xxi, ahi. Par ce nom achi, dit S. Jérôme, Comm. in h., 1. "VII, xix, 7, t. xxiv, col. 252, les Égyptiens entendent toutes les plantes vertes des marais. Cependant si ce terme peut être ainsi pris dans un sens général, il a aussi le sens d’une espèce particulière de plantes, le jonc. Car il est mis dans Job, viii, 11, en parallèle avec le papyrus :

Le papyrus peut-il verdir sans humidité, Et le jonc (dhw) croître sans eau ?

La Vulgate a traduit en cet endroit par carectum ; le poOtoiiov des Septante a le même sens. Si 'âhû paraît désigner le jonc, il en marque dans Gen., su, 2, 18, une espèce particulière pouvant servir de pâture aux bestiaux. Les sept vaches grasses dans le songe de Pharaon, paissaient dans le 'âfyû : ce que la Vulgate a rendu par : in locis palustribus, in pastu paludis virecta, mais les Septante ont gardé le mot ay, 6 '- Une espèce de jonc, le souchet comestible, Cyperus esculentus, répond à ces conditions : il était abondant en Egypte. — Un certain nombre d’exégètes, à la suite de Raschi et d’Abulwalid voient encore le mot 'dhû, mais