Page:Dictionnaire de la Bible - F. Vigouroux - Tome III.djvu/794

Cette page n’a pas encore été corrigée
1533
1534
JEUNESSE


    1. JEUNESSE##


JEUNESSE, temps de la vie qui s'écoule entre l’enfance et l'âge mûr.

I. Noms divers.

1° Be^urîtn, vsôtyic, juventus, Eccle., xi, 9 ; xii, 1, la jeunesse dans toute sa force ; le bafyôr, v£<xv(<x{, veavîoxoç, juvenis, Deut., xxxii, 25 ; Ruth., iii, 40 ; Is., lxii, 5, etc., est le jeune homme dans tout son développement, de bâl, tar, « choisir, » d’où « homme d'élite », dans l’ardeur de la jeunesse, Buxtorf, Leocicon hebr. et chald., Bâle, 1655, p. 70, à moins que ce mot ne vienne d’un autre radical bâhar, analogue à celui qui a donné aux guerriers assyriens leur nom de bal}ûUiti.Buiil, Hebr. undaram. Handwôrterbuch, Leipzig, 1899, p. 99. — 2' Yaldût, veÔTï) ;, adolescentia, Eccle., xi, 9, 10, et dans le sens collectif, Ps. ex (cix), 3, de yâlad, « engendrer, « par conséquent la jeunesse qui se rapproche encore de l’enfance. Le yéléd, TcaiSt’ov, uaiSàpiov, vs « v£o, xo ;, puer, adolescens, Gen., xiv, 23 ; xlii, 22 ; III Reg., xii, 8 ; Dan., i, 4, etc., est le nom donné à Joseph déjà âgé de plus de seize ans ; aux jeunes conseillers qui étaient du même âge que Roboam, et avaient par conséquent une quarantaine d’années, IV Reg., xiv, 21 ; aux compagnons de Daniel, I, 4, etc. — 3° Nô'ar, v£<5nr|ç, adoïescentia, juventus, seulement dans des textes poétiques. Job, xxiii, 25 ; Ps. lxxxviii (lxxxvh), 16 ; Prov., xxix, 21. — Ne'ûrim, veôty) ;, adoïescentia, juventus, pubertas, l'âge où l’on peut se marier. Ps. lxxi (lxx), 5, 17 ; Prov., v, 18 ; Is., liv, 6 ; Mal., ii, 14, etc. — Ne'ûrôf, vs6ty)c, adoïescentia. Jer., xxxii, 30. — Ces trois substantifs se rattachent au mot na’ar, qui veut dire « enfant », mais aussi « jeune homme », vcavtdxo ;, icaiSipiov, adolescens, puer. Gen., xxxiv, 19 ; xli, 12 ; Is., iii, 4, etc. Salomon, au début de son règne, à l'âge d’au moins vingt ans, puisqu’il mourut vieillard après quarante ans de règne, III Reg., xi, 4, se nomme lui-même un na’ar qâlon, TOtiSâpiov (xtxpâv, puer parvulus. III Reg., iii, 7. La jeune fille est appelée wa’ardft, veâvi ?, ira15£<jxYi, xopântov, puella. Jud., xix, 4 ; Ruth, ii, 6 ; Am., ii, 7 ; Esth., ii, 3, etc. — 4° 'Âlûmîm, ve6r/|i ;, adoïescentia, Job, xx, 11 ; xxxiil, 25 ; Ps. lxxxix (lxxxviii), 46 ; Is., uv, 4, de’dfam, « être fort, » d’après certains lexicographes. Mais il faut remarquer que 'âlam n’a ce sens qu’en arabe ; en hébreu, il signifie toujours « cacher, être caché ». De là vient le nom du jeune homme, 'élém, za.vim.oç, puer, appliqué à David après sa victoire sur Goliath, I Reg., xvii, 56, et le nom de la jeune fille, 'almâh. "Voir 'Almah, t. i, col. 390. — 5° èafyârôl, de éaJyar, « aurore, » l’aurore de la vie, la jeunesse. Eccle., xi, 10 ; lxx : avotoe ; Vulgate : voluptas. Les versions paraissent avoir lu sikhârôn, Y « ivresse » des plaisirs qui produit la déraison. — 6° Les noms de bên, Mç, filius, « fils, » Cant., il, 3 ; Prov., x, 45, et de bat, Ou-râTep, filia, « fille, » Gen., xxx, 13 ; Canl., ii, 2 ; Judith, xii, 9 ; Is., xxxii, 9, servent aussi à désigner le jeune homme et la jeune fille. — Enfin l’adolescent est encore appelé gâdêl, de gddal, « grandir, » wopsud(jisvoç, ixeîÇtov, proficiens, crescens. I Reg., ii, 26 ; II Par., xvii, 12.

II. Jeunes gens et jeunes filles mentionnés dans la Bible. — 1° La Sainte Écriture mentionne, à différents titres, un certain nombre de jeunes gens : Joseph, dont la jeunesse fut remplie d'événements remarquables, Gen., xxxix, 10 ; voir Joseph ; David qui, encore jeune homme, tua Goliath et parut à la cour de Saul, I Reg., xvii, 42, 55, voir David, t. ii, col. 1311-1314 ; Jéroboam, devenu dans sa jeunesse intendant des gens de corvée sous Salomon, II Reg., xi, 28 ; les « fils des prophètes », jeunes gens qui s’instruisaient dans les écoles de prophètes, IV Reg., v, 22, voir écoles des prophètes, t. ii, col. 1567 ; le jeune homme que le prophète Elisée envoya pour sacrer Jéhu, IV Reg., ix, 4-10 ; Daniel prenant, à l'âge de seize à dix-huit ans, la défense de Susanne, Dan., xiii, 45 ; voir Daniel, t. ii, col. 1248 ; les trois compagnons de Daniel qui, jetés dans la fournaise, chan tèrent le cantique appelé Canticum trium pueroruni, Dan., iii, 51-90 (le texte les appelle cependant gubrin, viri) ; les sept frères Machabées qui souffrirent si vaillamment le martyre sous Antiochus Ëpiphane, II Mach., vil, 4-40 ; les vingt jeunes hommes qui accomplirent des hauts faits sous Judas Machabée contre les Syriens. II Mach., x, 35-38. — Dans le Nouveau Testament, il y a à signaler le jeune homme que Notre-Seigneur regarde avec amour, mais qui n’a pas le courage du renoncement complet, Matth., xix, 16-22 ; Marc, x, 17-22 ; Luc, zviii, 18-23 ; le jeune homme de Naïm que Jésus ressuscite, Luc, vii, 14 ; le prodigue qui abandonne son père, Luc, xv, 12 ; le jeune homme qui suit Notre-Seigneur au commencement de sa Passion, Marc, xiv, 51 ; Saul, encore adolescent, veavîaç, adolescens, qui assiste au martyre de saint Etienne, Act., vii, 57 (59) ; le jeune Eutyque qui, à Troade, s’endort et tombe par la fenêtre pendant un discours de saint Paul, Act., xx, 9 ; enfin cet autre jeune homme, neveu de saint Paul, qui dénonce au tribun romain le complot tramé contre l’Apôtre par des Juifs fanatiques. Act., xxiii, 15-22. — 2° Les jeunes filles sont naturellement moins en vue dans la Sainte Écriture, parce que c’est seulement quand elles étaient mariées qu’elles pouvaient jouer un rôle capable d’attirer l’attention. D’ailleurs elles se mariaient fort jeunes et n'étaient guère à même, avant leur mariage, de prendre une sérieuse initiative. On doit signaler cependant, parmi celles qui se sont fait remarquer pendant qu’elles étaient jeunes filles, Dina, fille de Jacob, Gen., xxx, 21 ; la fille du Pharaon qui sauva Moïse, Exod., ii, 5 ; la fille de Jephté, Jud., xi, 34 ; Axa, fille de Caleb, Jos., xvi, 16 ; Thamar, fille de David, II Reg., xiii, 1 ; la fille de Jaire, Matth., ix, 18 ; et enfin Salomé, fille d’Hérodiade. Matth., xiv, 6. Voir ces noms.

III. Fonctions assignées aux jeunes gens.

1° A Jérusalem, III Reg., xii, 8, et à Babylone, Dan., i, 10, des jeunes gens sont élevés à la cour pour devenir ensuite les officiers du prince. D’autres sont écuyers, I Reg., xiv, 16 ; courriers. II Reg., i, 5-16, etc. Ils vont à la guerre, II Mach., x, 35, et les jeunes et élégants cavaliers d’Assyrie charment Ooliba, qui personnifie les femmes de Jérusalem. Ezech., xxiii, 12. — 2° Comme les missions qui réclament de l’agilité et de la vigueur sont ordinairement confiées à la jeunesse, II Reg., xvii, 17-21, les anges, actifs et puissants mandataires de Dieu, sont habituellement représentés sous la forme de jeunes hommes. Ainsi en est-il de l’archange Raphaël, quand il s’offre à conduire le jeune Tobie, Tob., v, 5 ; des anges qui apparaissent à la tête de l’armée de Judas Machabée, II Mach., ii, 26 ; de l’ange qui se montre aux saintes femmes au tombeau de Notre-Seigneur. Marc, xvi, 5. — 3° Mais les jeunes gens ne sont pas aptes à remplir l’office de conseillers. Pour avoir écouté ses compagnons d'âge, Roboam perdit les dix tribus sur lesquelles avaient régné David et Salomon. III Reg., xii, 8. — 4° La jeunesse n’est cependant pas un obstacle au ministère sacré. À Timothée, qui a été ordonné évêque à un âge relativement jeune, saint Paul recommande de rendre sa jeunesse respectable par ses vertus. I Tim., iv, 12. Voir Timothée.

IV. Conseils a la jeunesse.

1° L’homme est porté au mal dès sa jeunesse. Gen, , viii, 21. Cet âge parait être celui de la joie, mais cette joie n’est que vanité. Prov., xx, 29 ; Eccle., xi, 9, 10. Le jeune homme succombe parfois aux plus graves tentations. Prov., vii, 713. De là des « péchés de jeunesse » dont on se repent toute sa vie. Job, xiii, 26 ; xx, 11 ; Ps. xxiv (xxv), 7. — 2° Comme l’homme suit toute sa vie la voie qu’il a prise pendant sa jeunesse, Prov., xxii, 6 ; le jeune homme doit écouter les leçons de la sagesse, Prov., i, 4 ; Eccli., vi, 18 ; s’appliquer de bonne heure à la pratique du bien, Eccle., xi, 9 ; se souvenir de son Créateur.