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JEU — JEU DE MOTS


Voir Le Camus, Les enfants de Nazareth, in-12, Paris, 1900. Saint Paul fait allusion aux jeux de l’enfance, quand il dit que, devenu homme, il a laissé de côté les choses enfantines. I Cor., xiii, 11. — Parmi les amusements communs aux enfants et aux adultes était en première ligne la danse ; c’est pourquoi ce jeu est désigné, entre autres expressions, par le mot sihaq, forme pihel de éâhaq, « jouer, o Voir Danse, t. ii, col. 1286. Les Hébreux s’amusaient aussi à se poser des énigmes. Jud., xiY, 12 ; Ezech., xvii. Voir Énigme, t. ii, col. 1807. Comme tous les Orientaux, ils préféraient la conversation aux jeux qui donnent du mouvement.

Jeux grecs et romains.

Les jeux publics, c’est-à-dire

les spectacles qui consistaient dans des exercices d’adresse, des combats d’athlètes et d’animaux, étaient tout à fait contraires aux mœurs juives, aussi l’érection d’un gymnase pour des exercices de ce genre par Jason fut-il considéré comme un acte de paganisme. I Mach., i, 14 ; II Mach., ix, 12-14. Voir Gymnase, t. iii, col. 369. L’érection par Hérode le Grand d’un théâtre et d’un amphithéâtre à Jérusalem, Josèphe, Ant. jud., XV, viii, 1, à C Jsarée, Ant. jud., XV, ix, 6, Bell, jud, ., i, xxi, 8, et à Béryte, Ant. jud., et l’institution dans ces mêmes endroits de jeux quinquennaux comprenant les concours habituels d’athlètes, les courses de chars et des combats de bêtes féroces, furent vus de très mauvais œil par les Juifs. Ant. jud., XV, viii, 1. — Dans le Nouveau Testament, il est souvent fait allusion aux jeux de cirque. Saint Paul en particulier emprunte plusieurs comparaisons aux usages observés dans ces jeux. Act., xx, 24 ; Rom., ix, 16 ; I Cor., ix, 24-27 ; Gal., ii, 2 ; v, 7 ; Eph., vi, 12 ; Philip., i, 30 ; ii, 16 ; iii, 12-14 ; Col., ii, 1 ; I Thess., ii, 2 ; I Tim., iv, 8 ; vi, 12 ; II Tim., ii, 5 ; iv. 7-8 ; Heb., x, 32, 33 ; xii, 1, 2. Pour l’explication des détails voir Athlète, t. i, col. 1222. E. Beurlier.

    1. JEU DE MOTS##

JEU DE MOTS, similitude phonétique entre des mots différents, recherchée par un écrivain pour rendre une pensée plus saillante ou plus facile à retenir. Les Orientaux aiment ces formes de langage et l’on en trouve bon nombre d’exemples dans la Sainte Écriture. On en distingue de plusieurs sortes.

1° Dans les allitérations, l’auteur affecte de répéter les mêmes lettres ou les mêmes syllabes. La bénédiction de Gad par Jacob contient une suite de jeux de mots :

Gâd gedûd yegûdénnû

venu yâgud’âqêb. « Gad, l’armée’l’attaquera, et lui-même lui attaquera le talon. » Gen., xlix, 19. Voir aussi ꝟ. 8, 13, 14, 16, 22. Samson dit aux Philistins :

Lûlê’hara&tèm be’(glati

là mesâ’fém hidâfi, « Si vous n’aviez pas labouré avec ma génisse, vous -n’auriez pas trouvé mon énigme. » Jud., xiv, 18. Les Philistins disent à leur tour :

Nâtan’êlohénû bfyâdênû’êp àimSôn’ôyebênû. « Notre Dieu a livré en nos mains Samson, notre ennemi. » Jud., xvi, 23. Sur le passage de David, vainqueur de Goliath, on répète :

Hikkâh Sâ’ûl bâ’âlâfâv

ve-Dâvtd benbboâv. « Saùl a frappé ses mille, et David ses dix mille. » I Reg., xviii, 7. Ces assonnances, avec recherche de la rime, se remarquent dans les dictons populaires de tous les pays. Souvent l’allitération existe entre les deux mots principaux d’une sentence. « Le nid, qên, du Cinéen, qaîn, sera ravagé. » Num., xxiv, 21. « L’homme comprend en insensé, nâbûb illâbêb. » Job, xi, 12. « Demande, et je te donnerai les peuples pour ta possession, na&àîâfe’fcô, et les extrémités de la terre pour ton domaine, ’âhuzzâfékâ. » Ps. ii, 8. « Que l’homme qui vient de terre, ’érés, ne persiste pas à terrifier, ’âros. » Ps. x, 18. « Beaucoup le verront, yîr’û, et le révéreront, yîrd’û. » Ps. xli (xl), 4. Cette allitération entre les deux verbes râ’âh, « voir, » et yârê’, « révérer, » se rencontre encore Ps. lui (lu), 8, et Zach., ix, 5. « La courtisane a oublié, sâkafrâh, l’alliance de son Dieu, c’est pourquoi sa maison penche, sâhâh, vers la mort. » Prov., ii, 18 ; cf. iv, 18. — La recherche de l’assonnance, sous ses différentes formes, est fréquente dans les prophètes : « Il attendait l’équité, niîspât, et voici la violence, miSpâh, la justice, sedâqâh, et voici x des cris de détresse, se’âqâh. » Is., v, 7. « Pour leur donner un diadème, pe’êr, au lieu de cendre, ’êfér. » Is., lxi, 3. Le Seigneur dit à Jérémie : « Que vois-tu, Jérémie ? Je répondis : Je vois une branche d’amandier, Saqêd. Et Jéhovah me dit : Tu as bien vu car je veille, Soqêd, sur ma parole pour l’exécuter. » Jer., i, 11, 12. On lit encore dans Jérémie, vi, l : Biteqô’a fîq’ù Sôfâr, « dans Thécué sonnez de la trompette. » Dans Osée, ii, 12 : « Je détruirai son figuier, fêênàdh, dont elle dit : C’est mon salaire, ’éfenâh. » Le même prophète joue ainsi sur le nom d’Éphraim : Yafrî’, « il est fertile. » Ose., xiii, 15. Joël, i, 15, compare le malheur au désastre, Sod, qui vient du Tout-Puissant, êdddai. Pour dire : « Galgala sera menée captive, » Amos, v, 5, se sert des trois mots suivants : Gilgdl gâloh igléh. On trouve dans Michée : Bdko’al-fibkû, « ne pleurez pas dans Acco, » et immédiatement après : lo’yâs’àh yôUbéf sa’ândn, « elle ne sort pas l’habitante de Zaanan, » Mich., i, 10-11. Dans ce passage, Michée fait, sur dix noms de villes, autant de jeux de mots. Voir Accho, iii, t. i, col. 110. Sophonie, ii, 4, dit de même : ’Azzâh’âzzûbâh, « Gaza sera détruite. » Mais les allitérations les plus remarquables sont celles de Daniel prononçant la sentence contre les juges iniques qui ont calomnié Susanne. L’histoire de Susanne n’existe que dans le texte grec. Au vieillard qui prétend avoir vu Susanne ûtio s/ïvov, sub schino, « sous un lentisque, » Daniel répond : L’ange du Seigneur (r/tuct as yiuov, scindet te médium, « te coupera par le milieu. » À celui qui dit l’avoir vue ûjtb ïcpivov, sub pnno, « sous un chêne, » Daniel répond : L’ange du Seigneur va itp ! <rat (ré (ié(iov, ut secet te médium, « te fendre en deux. » Dan., xiii, 54-59. On ne peut dire si le jeu de mots a existé en hébreu ou en chaldéen, si le texte grec le traduit littéralement ou s’il se contente de le rendre par des équivalents. Ce qui est certain, c’est qu’en hébreu des assonnances analogues sont possibles, par exemple, entre le nom de l’arbre appelé firzdh, probablement une sorte de chêne, Is., xliv, 14, et le verbe râzdh, « faire périr, » Soph., ii, 11 ; entre’éldh, nom d’une espèce de térébinthe, Gen., xxxv, 4, et le verbe’âldh, « maudire. » D’autres exemples ont été cités par les commentateurs. La traduction syriaque a conservé le jeu de mots, mais en employant des termes différents : pîsteqâ, , n pistachier, » elpesak, « couper ; » rimmônà’, « grenadier, » et rum, « enlever. » Cf.Frz. Delitzsch, De Habac. prophet. vita atque setate, Leipzig, 1842, p. 102 ; Trochon, Daniel, Paris, 1882, p. 11-12 ; Vigouroux, Susanne, dans les Mélanges bibliques, 1 }’édit., p. 477-483. 2° Les écrivains sacrés jouent encore sur les mots en répétant le même terme, quelquefois sous des formes différentes, dans une même phrase. Job, xxx, 3, parle de malheureux dans des déserts qui sont déjà Mâh, « dénudation, » et mes’ô'âh, « dévastation. » On lit au Ps. xxxvi (xxxv), 10 : Be’ôrkâ mr’éh’ôr, « à ta lumière nous verrons la lumière, » et au Ps. cxxv (cxxiv), 4 : Hètibàh laltobim, « fais du bien aux bons. » Un tour analogue, suivi d’une allitération, se trouve au Ps. cxxii (cxxi), 6, 7 : èâ’àlû selôm YerûSdldim, * implorez la