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JÉSUS-CHRIST


., l’observation du sabbat presque impossible. Le divin Maître opère à dessein des miracles ce jour-là, et profite de leurs attaques pour montrer au peuple l’inconséquence et l’arbitraire de leurs prescriptions. Matth., xii, 1-14 ; Luc, xiii, 14-16 ; xiv, 1-6 ; Joa., v, 10 ; vii, 23 ; ix, 14, etc. Voir Sabbat. Cf. J. C. Wakins, Christi curatio sabbalhica, dans le Thésaurus de Hase et Iken, t. ii, p. 191-211. Il redresse également leur enseignement outré au sujet de jeune, Luc, v, 33-35 ; du choix des aliments, Matth., xxiii, 24 ; Luc, x, 7 ; des ablutions avant les repas, Matth., xv, 2, 11-20 ; Marc, vii, 2-5, 1523 ; du serment, Matth., xxiii, 16-22 ; du vœu. Matth., xv, 3-9 ; Marc, vii, 9-13 ; voir Corban, t. ii, col. 958, etc.

3° Le premier principe de la morale de Jésus-Christ est l’amour de Dieu par-dessus tout, Matth., x, 37, et l’amour du prochain. Matth., v. 23, 24, 44 ; Marc, xii, 31 ; Luc, vi, 38 ; x, 25, etc. L’amour de Dieu commande l’obéissance à son égard, Matth., vii, 21 ; xii, 50 ; Marc, m, 35 ; Luc, viii, 21 ; la confiance en sa Providence, Matth., vi, 25-32 ; x, 29-33 ; Luc, xii, 4-12, 22-34 ; xviii, 1-8 ; la prière venant du fond du cœur, Matth., VI, 7, 8 ; vil, 7-12 ; Marc, xi, 24 ; Luc, xi, 1-13 ; Joa., xvi, 23, 24 ; la foi en Jésus-Christ, Joa., vii, 38 ; le respect de la maison de Dieu. Matth., xxi, 12-17 ; Joa., ii, 16, etc. L’amour du prochain aura pour corollaires la tolérance, Marc, ix, 37-40 ; Luc, IX, 49, 50 ; le pardon des injures, Matth., xviii, 21-35 ; l’aumône. Matth., VI, 2-4 ; Luc, XI, 41 ; xii, 33, etc. Cf. Ehrhardt, Der Grundcharakter der Ethik Jesu, Leipzig, 1895. L’obligation de se sauver soi-même a pour conséquences le renoncement, Matth., xvi, 24-26 ; Luc,-xiv, 25-35 ; la pénitence pour expier les péchés passés, Matth., iv, 17 ; Luc, xiii, 3 ; Xv, 7-10 ; le jeûne et la prière pour écarter le démon, Marc, ix, 28 ; la vigilance, Luc, xii, 35-53 ; l’humilité. Matth., xviii, 2-5 ; xx, 26-28 ; Luc, xviii, 9-14 ; xxii, 24, etc. Le mariage, constitutif de la famille, est ramené à sa loi primitive. Matth., v, 32 ; xix, 1-12. Enfin, les devoirs envers l’autorité temporelle trouvent à la fois leur obligation et leur limite marquées dans cette formule : « Rendez à César ce qui est à César, et à Dieu ce qui est à Dieu. » Matth., xxii, 21. Tels sont en résumé les principaux points de cette morale qui, tout en réclamant les actes extérieurs, tient par-dessus tout à ce que les sentiments intérieurs s’y conforment loyalement, et qui, assez tempérée dans ses exigences pour ne pas excéder les forces des plus faibles, aidés de la grâce, peut cependant conduire les âmes d'élite aux plus hauts sommets de la vertu, mais toujours a^ec la grâce de Dieu. Car c’est encore là ce qui établit une différence essentielle entre les préceptes du divin Maître et ceux que formulent les sages. Ces derniers peuvent conseiller, ils ne peuvent aider. Sans Jésus-Christ, la morale évangélique est impraticable ; avec Jésus-Christ, intimement uni à l'âme par la vie surnaturelle, tout devient possible : « Celui qui demeure en moi, et moi en lui, porte beaucoup de fruits ; mais sans moi vous ne pouvez rien faire. » Joa., xv, 5. Cf. Pauvert, Vie de Jésus-Christ, Paris, 1867, t. ii, p. 133-267.

111. LES SOURCES DE L’ENSEIGNEMENT DE JÉSUS. —

1° L'Écriture Sainte. — Notre-Seigneur ajant déclaré qu’il ne venait pas abolir la Loi, mais la compléter, Matth., v, 17, il s’ensuit que la première source de son enseignement a été la révélation faite antérieurement et contenue dans les Livres Saints. II a connu ces Livres à fond. Il les cite souvent, ou y fait de fréquentes allusions. Matth., iv, 1-11 ; x, 15 ; xii, 3 ; Marc, vii, 6 ; Luc, rv, 17-21, 25-27 ; xi, 30-32 ; xvii, 26 ; Joa., v, 39, 46 ; x, 34, etc. Il sait les parcourir d’un bout à l’autre pour démontrer le caractère messianique de sa personne. Luc, xxiv, 27. Enfin il ouvre l’intelligence de ses Apôtres pour qu’ils comprennent les Écritures. Luc, Xxiv, 45, 46. Il possédait lui-même éminemment ce qu’il communiquait ainsi aux autres. — Au temps de I

Notre-Seigneur, la Sainte Écriture n’existait que dans son texte hébreu et dans la version grecque des Septante. Or la langue parlée en Palestine à cette époque était une langue néo-hébraïque, connue sous le nom d’araméen ou de syro-chaldaïque. II Mach., vii, 8, 21, 27 ; xii, 37 ; xv, 29. Cf. Vigoureux, Le Nouveau Testament et les découvertes archéologiques modernes, Paris, 1896, p. 26-39 ; Schûrer, Geschichte des judischen Volkes, t. ii, p. 18-20. Les lettrés comprenaient l’ancien hébreu ; mais pour le peuple l’hébreu était devenu une langue morte. Aussi, dans les synagogues, après la lecture de la Loi et des Prophètes, avait-on soin de donner immédiatement une traduction des textes en araméen. NotreSeigneur lisait les Écritures dans le texte hébreu et, quand il enseignait dans une synagogue, il le traduisait lui-même en langue vulgaire. Luc, IV, 20, 21. C’est du moins ce que suppose le grand étonnement de ses compatriotes de Nazareth qui disaient : « D’où lui vient donc cette science ? » Matth., xiii, 54 ; Marc, vi, 2, et des Juifs qui faisaient cette remarque : « Comment saitil donc les lettres sans les avoir apprises ? » Joa., vii, 15. Le fait que dans les Évangiles les textes de l’Ancien Testament, surtout ceux qu’allègue Notre-Seigneur, sont presque toujours cités d’après les Septante, ne prouve nullement que le divin Maître se soit servi de cette version. La seule conclusion qu’on en peut tirer, c’est que les auteurs sacrés, s’adressant à des lecteurs qui parlaient grec et à des Juifs qui lisaient les Septante, ont emprunté à cette version les passages qu’ils avaient à citer. Cf. Richard Simon, Histoire critique du Vieux Testament, Rotterdam, 1685, p. 186 ; E. Bolil, Die altestamentliche Citate ins neuen Testament, Vienne, 1878 ; Chauvin, La Bible dans l'Église catholique, Paris, 1900, p. 5-8.

Le Sauveur n’emprunte rien aux hommes.

On

ne peut faire venir l’enseignement de Notre-Seigneur d’aucune source humaine. Ceux qui ne veulent voir en lui qu’un homme n’admettent pas, et avec raison, qu’il ait inventé de toutes pièces la doctrine qu’il a prêchée. Ils sont donc obligés de faire de lui le disciple soit de Jean-Baptiste, soit des docteurs de son temps. Les faits contredisent absolument cette supposition. — 1. La doctrine de Jésus ne vient pas de Jean-Baptiste. — Le Sauveur n’a rien dû à son précurseur, saint Jean-Baptiste. Ce dernier n’avait eu aucune formation humaine ; il était resté dans la solitude jusqu’au jour où il parut en public. Luc, I, 80. Pendant ce temps, Jésus habitait à Nazareth, sans qu’aucun rapport avec Jean-Baptiste soit mentionné. Matth., ii, 23 ; Luc, ii, 39, 52. Jean commença à prêcher sur les bords du Jourdain ; il annonça celui qui devait venir après lui. Mais Jésus ne suivit pas ses prédications ; il ne parut près de lui que pour se faire baptiser. Matth., iii, 13 ; Marc, i, 9 ; Luc, iii, 21. Il semble même que Jean, tout en sachant qui il était, Matth., iii, 14, n’avait pas de la mission du Sauveur une connaissance complète. Joa., i, 33. Le Précurseur prêche la pénitence ; il le fait avec le zèle et un peu la rigueur du prophète Élie, ainsi que l’ange l’a prédit, Luc, i, 17 ; mais sa mission se borne à préparer les hommes à la venue du Messie. Matth., iii, 1-12 ; Luc, iii, 1-18. JésusChrist prêche aussi la pénitence, Marc, i, 15 ; il le fallait bien, puisque la première condition pour arriver au « royaume des cieux », c’est de se détacher du péché. Cependant ce n'était là qu’un prélude. La doctrine du divin Maitre s'étend à tous les points de la croyance et du devoir ; loin d'être présentée avec cette sévérité dont Jean-Baptiste devait user vis-à-vis d’hommes orgueilleux, qui pour la plupart avaient déjà abusé des dons divins, la doctrine du Sauveur revêt d’ordinaire une forme attrayante, propre à gagner les cœurs, non seulement dans la Judée, mais dans le monde entier auquel elle est destinée. En somme, entre Jean-Baptiste et Jésus-Christ, il n’y a de rapport doctrinal que celui jqui