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JÉSUS-CHRIST


tence conforme à celle du sanhédrin. Voir Pilate. La résidence du procurateur était à l’autre extrémité de la ville, à la citadelle Antonia, qui flanquait la partie septentrionale du Temple. Voir Antonia, t. i, col. 712, 713. Pour y arriver, on eut donc à traverser toute la cité, dont les rues étroites regorgeaient déjà de la multitude des pèlerins. Quoiqu’il fût encore d’assez bon matin, Piiate reçut le cortège, afin de se débarrasser au plus tôt d’une affaire gênante, en un jour où la surveillance de la population occupait toute son attention. Mais les choses n’allèrent pas aussi rapidement qu’il espérait. De part et d’autre, on procéda d’abord avec une mauvaise humeur marquée. « De quoi accusez-vous cet homme ? » dit brusquement Piiate. « S’il n’était pas un malfaiteur, nous ne l’aurions pas amené, » répondirent les représentants du sanhédrin. Piiate alors interrogea directement Jésus qu’on accusait de se faire roi des Juifs, de soulever la nation et d’empêcher de payer le tribut à César. Piiate était suffisamment informé par sa police pour être convaincu que ces griefs politiques ne reposaient sur rien. Voir Lémann, La police autour de la personne de Jésus-Christ, Paris, 1895. Il ne retint que l’accusation qui faisait de Jésus le « roi des Juifs », titre auquel s’attachait dans la pensée de tous l’idée des revendications nationales contre le joug des Romains. Le Sauveur lui expliqua que son rojaume ne tirait pas ses ressources « de ce monde », que ses moyens d’action provenaient d’ailleurs et que son but était de rendre témoignage à la vérité. Très sceptique sur une question dont la solution lui paraissait aussi chimérique qu’inutile, Piiate sortit de son prétoire, où il avait fait comparaître le divin accusé, voir Prétoire, et déclara aux Juifs qu’il n’y avait en Jésus aucune matière à condamnation. Matth., xxvii, 11-14 ; Marc, xv, 2-5 ; Luc, xxiii, 2-5 ; Joa., xviii, 29-38.

Jésus chez Hérode.

Apprenant que Jésus était de

Galilée, Piiate crut se délivrer d’une cause importune en le renvoyant au jugement d’Hérode, venu à Jérusalem pour les solennités pascales. Voir Hérode Antipas, col. 647-649. Notre-Seigneur ne daigna pas répondre au meurtrier de Jean-Baptiste, et celui-ci le renvoya à Piiate revêtu d’une robe blanche en signe de mépris. Voir Couleurs, t. ii, col. 1070.

6° Condamnation, de Jésus. — Le procurateur ne croyait nullement à la culpabilité du Sauveur, auquel d’ailleurs s’intéressait sa propre femme ; mais n’ayant pas assez d’énergie pour imposer sa volonté, il recourut à divers expédients pour sauver Jésus. Il proposa sa délivrance, en vertu d’une coutume nationale qui permettait au peuple de faire mettre en liberté, à l’occasion de la Pâque, un prisonnier à son choix. Le peuple, qui assistait en foule énorme à toutes les péripéties du jugement, se laissa soudoyer par les agents du sanhédrin et, au lieu de choisir Jésus, réclama la délivrance du brigand Barabbas. Voir Barabbas, . t. i, col. 1443. Matth., xxvii, 15-23 ; Marc, xv, 6-14 ; Luc, xxiii, 13-23 ; Joa., xviii, 39, 40. Comme ensuite on requérait la mise en croix de Jésus, Piiate commença par le faire flageller. Voir Flagellation, t. ii, col. 2282, 2283 ; Fouet, col. 2331. Les soldats de la cohorte en garnison à l’Antonia, voir Cohorte, t. ii, col. 827, 828, prirent ensuite le Sauveur, le couronnèrent d’épines, voir COURONNE, t. ii, col. 1086-1089, lui couvrirent les épaules d’un manteau de pourpre, voir Cochenille, t. ii, col. 818, et l’accablèrent d’outrages. Après ces supplices, Piiate le présenta aux Juifs, espérant que la vue d’un homme si cruellement châtié désarmerait leur fureur. Il n’en fut rien. Les grands-prêtres et leurs complices entraînèrent la foule à crier plus fort que jamais : « Qu’il soit crucifié ! « Attentifs aux hésitations de Piiate, ils le menacèrent d’en référer à l’empereur, s’il refusait de condamner un homme qui, en se déclarant roi, s’insurgeait contre César. À cette menace, le procurateur céda ;

monté sur son tribunal extérieur, voir Lithostrotos, il prononça la condamnation de Jésus à la croix et le livra aux Juifs. Matth., xxvii, 24-30 ; Marc, xv, 15-19 ; Luo, xxiii, 24-25 ; Joa., xrx, 1-16.

Crucifiement.

Jésus reprit ses vêtements ordinaires

et fut chargé de porter, de l’Antonia jusqu’au Calvaire, l’instrument de son supplice, la croix, si accablante que Simon le Cyrénéen dut être requis pour lui venir en aide. Voir Simon le Cyrénéen ; Croix, t. ii, col. 1130-1134 ; Calvaire, t. ii, col. 77-87. Au Calvaire, on le fixa sur la croix avec des clous, voir Clou, t. ii, col. 810-812 ; les exécuteurs se partagèrent ses vêtements et tirèrent au sort sa tunique d’une seule pièce. Voir DÉ, t. ii, col. 1326 ; Sort, Tunique. On avait attaché au sommet de la croix le titre de la condamnation, rédigé par Piiate. A’oir Titre de la croix. Matth., xxvii, 31-38 ; Marc, xv, 20-28 ; Luc, xxiii, 26-38 ; Joa., xix, 16-21.

Mort du Sauveur.

1. Jusque sur la croix, Jésus

fut l’objet des moqueries des membres du sanhédrin, d’un des deux voleurs crucifiés à ses côtés, des soldats qui l’avaient supplicié et de la foule. Il vécut ainsi près de trois heures. Mais la fureur de ses ennemis céda peu à peu à l’effroi causé par les signes extraordinaires qui se produisirent alors. Voir Éclipse, t. ii, col. 1562. Pendant ce temps, Notre-Seigneur fit entendre sept paroles. Quand on le clouait à la croix : « Père, pardonnez-leur, car ils ne savent ce qu’ils font. » Au larron repentant : « En vérité, je te le dis, tu seras aujourd’hui avec moi en paradis. » À sa mère et à saint Jean : « Femme, voici votre fils. — Voici ta mère. » À son Père : « Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’avez-vous abandonné ? » Puis : « J’ai soif ! » Enfin : « C’est accompli ! » et : « Père, je remets ma vie entre vos mains. » Cf. Bellarmin, De septem verbis a Christo in cruce prolatis, Cologne, 1618. Ensuite Jésus expira en poussant un grand cri. Matth., xxvii, 39-50 ; Marc, xv, 29-37 ; Luc, xxiii, 35-46 ; Joa., xix, 25-30. — 2. À la mort du Sauveur, le voile du Temple se déchira, voir Voile, la terre trembla et les pierres se fendirent. Voir Calvaire, t. ii, col. 82. Le grand cri poussé par Jésus expirant étonna tellement le centurion de garde auprès de la croix, qu’il confessa publiquement la divinité du Sauveur. Dès le soir même, on s’occupa de la sépulture, la mort étant constatée par le soldat qui, jugeant inutile de rompre les jambes d’un supplicié déjà mort, se contenta de lui percer le côté d’un coup de lance. Voir Eau, t. ii, col. 1519, 7°, et Sang. Deux membres du sanhédrin, qui n’avaient pas pris part à la condamnation du divin Maître, Joseph d’Arimalhie et Nicodème, se mirent en devoir de détacher le corps de la croix, après que le premier en eût obtenu l’autorisation de Piiate ; puis ils l’ensevelirent, voir Embaumement, t.n, col. 1728 ; Ensevelissement, col. 1816, et Suaire, et le déposèrent dans le sépulcre neuf que Joseph d’Arimathie s’était préparé pour lui-même près du Golgotha. Voir Jardin, col. 1133, et Sépulcre (Saint-). Les saintes femmes furent témoins de ces derniers devoirs rendus au corps de Jésus un peu hâtivement ; car tout ce que racontent les Évangélistes au sujet de la sépulture dut être accompli entre le moment de la mort, à trois heures du soir, et l’apparition des premières étoiles, qui marquait le commencement du sabbat et la cessation de tout travail. Matth., xxvii, 51-61 ; Marc, xv, 38-47 ; Luc, xxiii, 45-56 ; Joa., xix, 31-42. — 3. Pour bien comprendre plusieurs des termes dont se servent les Évangélistes en parlant de l’ensevelissement ou de la résurrection de Notre-Seigneur, il importe de se faire une idée exacte de la manière dont étaient agencés les tombeaux des Juifs. Celui du Sauveur a été isolé de tout ce qui l’entourait primitivement et mis dans un tel état qu’il est impossible aujourd’hui d’y retrouver trace des dispositions antérieures. Il avait été creusé dans le roc même, pour l’usage de Joseph d’Arimathie ; T1 n’avait pas encore scru