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JÉSUS-CHRIST


p. 105-106, le Sauveur envoya prendre un ànon atlaché à une porte dans un carrefour, et en fit sa monture. Voir Ane, t. i, col. 570-571. Puis il commença à descendre la pente du mont des Oliviers pour remonter le flanc opposé de la vallée du Cédron. Il est à remarquer, et deux Évangélistes ne manquent pas de le faire, Matth., xxi, 4, 5 ; Joa., xii, 14-16, qu’une prophétie de Zacharie, ix, 9, annonçait l’entrée, à Jérusalem, du Messie monté sur un ânon. La résurrection de Lazare, récemment opérée, avait procuré au Sauveur une popularité plus grande que jamais. La foule l’accompagna donc avec toutes les marques de respect qu’on prodigue à un triomphateur : les cris de joie, les manteaux étendus sur la route en guise de tapis, les rameaux d’oliviers agités par toutes les mains. De Jérusalem, où affluaient déjà les pèlerins de la Pàque prochaine, d’autres vinrent en grand nombre au-devant de Jésus. Une multitude énorme l’escortait, en le saluant de noms qui, dans l’esprit de tous, désignaient le Messie : fils de David, celui qui vient au nom du Seigneur. En vain des pharisiens scandalisés lui demandèrent de faire cesser ces cris. II s’y refusa. Matth., xix, 9 ; Marc, xi, 1-10 ; Luc, xix, 29-40 ; Joa., xii, 12-19.

— 2° En approchant de la ville, Jésus se mit à pleurer sur elle, et prédit le terrible sort qui lui était réservé, pour n’avoir pas voulu reconnaître son Messie. Luc, xix, 41-44. — 3° Arrivé à Jérusalem, il entra dans le Temple et jeta un coup d’oeil sur ce qui s’y trouvait. Mais comme c’était le soir et qu’il ne voulait pas rester dans la ville pendant la nuit, a cause des desseins perfides de ses ennemis, il s’en retourna avec ses douze Apôtres à Béthanie, Matth., xxi, 17 ; Marc, xi, 11, ou dans le voisinage. Luc, xxi, 37-38. Cette journée de triomphe exaspéra les pharisiens, qui constatèrent que tout le monde allait à Jésus. Joa., xii, 19.

il. le second jour (lundi saint). — 1° Le matin de ce jour, Jésus reprit la route de Béthanie à Jérusalem. Chemin faisant, il eut faim et chercha des fruits sur un figuier ; mais il n’y trouva que des feuilles et le maudit. Voir Figuier, t. ii, col. 2239. Cette malédiction était symbolique et tombait sur ces Juifs chez qui la frondaison des pratiques traditionnelles abondait, mais qui ne portaient aucun fruit de vertu. Matth., xxi, 18, 19 ; Marc, xi, 12-14. — 2° Entré dans le Temple, le Sauveur se mit en devoir d’y faire cesser les désordres qu’il avait constatés la veille. Il chassa de nouveau les marchands, accourus pour vendre aux étrangers les objets nécessaires à la Pàque, et empêcha qu’on ne traitât la maison de’prière en heu profane. Il alla alors jusqu’à accuser les Juifs d’en avoir fait une caverne de voleurs. Voir Changeurs de monnaie, t. ii, col. 549 ; Commerce, t. ii, col. 888. À la première Pàque à laquelle il assista pendant sa vie publique, il avait déjà fait" une semblable exécution dans des conditions qui supposaient, semble-t-il, des abus plus grands. Joa., ii, 13-22. Ces abus avaient repris, avec la connivence des grands-prêtres qui, devenus des hommes de lucre, permettaient aux marchands de s’installer avec des animaux dans le parvis des gentils et ne manquaient pas de tirer avantage de cette concession sacrilège. Voir Grand-Prètre, col. 302. Une nouvelle ovation accueillit cette intervention du Sauveur. Des aveugles et des sourds vinrent à lui et furent guéris, et les enfants recommencèrent à acclamer, comme la veille, le fils de David. Les desseins homicides du sanhédrin s’accentuèrent encore, mais la présence d’une foule nombreuse et sympathique autour de Jésus les mettait dans le plus grand embarras. Matth., xxi, 12-16 ; Marc, xi, 15-18 ; Luc, xix, 4548. — 3° Peut-être faut-il assigner à ce même jour un incident que saint Jean, xii, 20-36, est seul à relater. Des Grecs, venus dans le Temple pour adorer le Seigneur, comme il leur était permis de le faire dans le parvis des gentils, t’adressèrent à Philippe pour voir Jésus. Le Sauveur, sans parler directement à ces hommes, annonça publi quement la glorification dont il allait être l’objet de la part de son Père. Comme pour confirmer cette prédiction, une voix se fit entendre du ciel et frappa les oreilles de la foule, qui crut à un éclat de tonnerre ou à l’intervention d’un ange. Notre-Seigneur ajouta que le moment était venu où « le prince de ce monde », Satan, allait être jeté dehors, que, pour lui-même, il devait être élevé de terre pour attirer tout à lui. La foule comprit qu’il faisait allusion à sa mort et en fut déconcertée, car on croyait que le Christ devait demeurer éternellement. Le Sauveur se contenta d’inviter ceux qui l’écoutaient à profiter de la lumière qui ne luirait plus à leurs yeux que très peu de temps. Puis il se déroba à la foule et retourna de nouveau du côté de Béthanie pour y passer la nuit. Joa., xii, 36 ; Matth., xxi, 17 ; Marc, xi, 19.

/II. LE TROISIEME JOUR (MARDI SAINT). — 1° Sur le

chemin, pendant le retour à Jérusalem, les Apôtres remarquèrent que le figuier maudit la veille était desséché. Notre-Seigneur leur expliqua qu’avec une foi vive ils pourraient non seulement produire un semblable effet, mais encore faire changer de place une montagne. Matth., xxi, 20-22 ; Marc, xi, 20-26. — 2° Les membres du sanhédrin attendaient Jésus dans le Temple. Sitôt qu’ils l’aperçurent, ils vinrent à lui et, au sujet de ce qu’il avait exécuté la veille en chassant les marchands, lui posèrent cette question devant le peuple : « En vertu de quel pouvoir agis-tu ainsi ? » Le Sauveur avait déjà répondu plusieurs fois qu’il agissait par l’ordre de son Père et que ses miracles attestaient sa mission. Au lieu de le croire, ils avaient cherché à le saisir pour le mettre à mort. À des hommes qui avaient droit d’interroger, puisqu’ils étaient les docteurs d’Israël, mais qui, à ce titre, devaient savoir à quoi s’en tenir sur la mission de ceux qui se présentaient au nom de Dieu, Jésus se contenta de poser à son tour une question : « Dites-moi d’abord de qui était le baptême de Jean, de Dieu ou des hommes ? » Rien ne pouvait les embarrasser davantage. Dire : « Il est de Dieu, » c’était reconnaître la mission divine de Jean-Baptiste et par conséquent la valeur du témoignage qu’il avait rendu en faveur de Jésus-Christ ; dire : « Il est des hommes, » c’était heurter de front la conviction du peuple qui regardait Jean-Baptiste comme un prophète. Ils crurent se tirer d’affaire en répondant : « Nous ne savons pas. » Par cette réponse, ils constataient devant la foule leur ignorance en un sujet sur lequel leur devoir les obligeait à instruire les autres ; à quoi leur servait-il d’être docteurs et chefs religieux, s’il n’avaient pas d’avis sur un fait aussi grave ? Jésus leur dit alors : « Je ne vous répondrai pas à ce que vous me demandez. » Incapables de juger Jean-Baptiste, comment pouvaientilsjuger Jésus ? Matth., xxi, 23-27 ; Marc, xi, 27-33 ; Luc, xx, 1-8. — 3° Le divin Maître expliqua alors, en trois paraboles, le rôle des Juifs dans la question messianique. La parabole des deux fils envoyés à la vigne montre les pharisiens qui font parade d’obéissance à Dieu et n’obéissent pas, tandis que les pécheurs et les pécheresses, d’abord indociles, accourent au royaume de Dieu. Non seulement les chefs religieux de la nation refusent de venir au Messie, mais ils s’apprêtent à le faire mourir, comptant prendre pour eux l’héritage que le Père lui a assigné : c’est ce qu’explique la parabole des vignerons homicides. Les princes des prêtres comprirent si bien le sens accusateur de cette parabole, qu’ils auraient mis la main sur le Sauveur, si la crainte du peuple ne les eût retenus. Mais Jésus continua et, dans la parabole du festin, fit voir que les gentils seraient substitués aux Juifs dans le royaume de Dieu. Matth., xxi, 28-xxii, 14 ; Marc, XII, 1-12 ; Luc, xx, 9-19. Les pharisiens’furent surtout blessés dans leur orgueil quand le Sauveur leur prédit que le royaume de Dieu leur serait ôté pour être transmis à une nation qui en tirerait profit. Il eut beau montrer que cette substitution était la conséquence de leur propre conduite, prédite par l’Écriture, quand ils rejet-