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JÉSUS-CHRIST


9-14. Il gardait si peu rancune aux Samaritains de ne l’avoir pas reçu que, dans une autre parabole, il faisait d’un Samaritain le modèle de la charité fraternelle. Luc, x, 25-37. Il continua d’ailleurs à côtoyer les frontières de leur province, de sorte que, quand il guérit dix lépreux, ce fut un Samaritain, le seul du reste parmi les dix, qui vint le remercier. Luc, xviii, 9-14. — Ce qui est surtout à remarquer, pendant ce dernier voyage en Galilée, c’est la surveillance, ordinairement malveillante, que les scribes et les pharisiens exercent sur les démarches et sur les paroles de Notre-Seigneur. Luc, xi, 53-54. Ils lui cherchent querelle à propos d’un démon qu’il a chassé, Luc, xi, 14-26, ou des guérisons qu’il a opérées le jour du sabbat. Luc, xiii, 10-17 ; xiv, 1-15. Ils tentent de l’éloigner en le menaçant d’une intervention d’Hérode. Luc, xiii, 31-35. Ils trouvent mauvais qu’il entre en relations avec des pécheurs. Luc, xv, 1-10. Le divin Maître ne dédaigne pas de les éclairer. C’est à eux qu’il adresse ses paraboles du festin, Luc, xiv, 16-24, et du mauvais riche. Luc, xvi, 19-31. C’est devant eux qu’il stigmatise l’hypocrisie et le respect humain, Luc., xii, 1-12, et qu’il explique les conditions de l’avènement du Christ. Luc, xvii, 20-37. C’est contre eux enfin qu’il s’élève avec force, pour pallier le mauvais effet que produisent sur le peuple leurs discours et leurs exemples. Luc, xi, 37-54 ; xvï, 14-18. — Parvenu à la rive droite du Jourdain, le Sauveur quitta la Galilée pour n’y plus reparaître qu’après sa résurrection. Durant son dernier séjour, il avait continué son œuvre, malgré l’opposition de ses ennemis ; la foi en sa mission divine avait perdu en étendue dans le pays, mais pour gagner en profondeur et en solidité dans le cœur de ses vrais disciples.

111. LES EXCURSIONS HORS DE LA PALESTINE. — 1° En

Samarie. — Bien que la Samarie fit géographiquement partie de la Palestine, elle y formait comme une enclave étrangère, entre la Judée et la Galilée. Voir Samarie. Notre-Seigneur traversa le pays au commencement de son ministère public. Il constata lui-même que la moisson des âmes y arrivait à maturité. Joa., iv, 35. Mais il ne resta que deux jours en Samarie. Joa., iv, 40. À la fin de son ministère, il sembla vouloir y revenir, mais en fut empêché par le mauvais vouloir des habitants. Luc, ix, 53. La semence évangélique ne fut donc pas jetée dans l’ensemble de ce champ par Notre-Seigneur. Cette œuvre fut réservée aux Apôtres. Act., i, 8 ; vin, 25.

Au pays des Géraséniens.

Pendant sa seconde

mission en Galilée, Notre-Seigneur traversa un jour avec ses Apôtres le lac de Tibériade, sur lequel se déchaîna une furieuse tempête qu’il apaisa, Matth., viii, 23-27 ; Marc, iv, 35-40 ; Luc, viii, 22-25, et aborda sur la côte orientale. Voir Géraséniens (Pays des), col. 200-207. Là il guérit un possédé et permit à une légion de démons d’entrer dans le corps de pourceaux qu’ils firent périr. Son séjour fut très court, parce que les Géraséniens effrayés le prièrent de s’en retourner. Matth., vm, 28-34 ; Marc, v, 1-20, Luc, viii, 26-39.

En Phénicie.

Peu après la multiplication des

pains et l’éloignement d’un grand nombre de disciples, à la suite des déclarations faites par le divin Maître dans la synagogue de Capharnaum sur le caractère spirituel de sa mission, Joa., vi, 60-67, eut lieu l’excursion sur le territoire phénicien. Matth., xv, 21 ; Marc, vii, 24, 31.’Notre-Seigneur ne s’y rendit pas pour prêcher l’Évangile, car il n’était envoyé qu’aux brebis perdues de la maison d’Israël, Matth., xv, 21 ; il venait seulement pour s’y dérober momentanément à l’empressement et aussi aux contradictions dont il était l’objet en Galilée. Marc, vu, 24. Le pays, placé sous la juridiction romaine, avait pour villes principales Tyr et Sidon. Voir Phénicie. Le Sauveur n’alla probablement pas jusqu’auprès de ces cités païennes. Cf. Matth., xi, 21. Il se contenta de séjourner dans les régions les moins habitées. Son vœu

pourtant ne fut pas accompli. Sa renommée l’y avait précédé depuis longtemps, puisque déjà assistaient au sermon sur la montagne une foule de gens accourus de Tyr et de Sidon. Matth., iv, 24 ; Luc, vi, 17. Quand sa présence eut été ébruitée, une femme païenne du pays vint demander la guérison de sa fille tourmentée par le, démon ; elle implora le divin Maître avec tant de confiance et de persévérance qu’elle obtint ce qu’elle désirait. Matth., xv, 22-28 ; Marc, vii, 25-30. Tel fut le seul incident noté par les Évangélistes à l’occasion d’un séjour qui ne dut pas se prolonger beaucoup.

En Décapote.

On appelait de ce nom les villes et

la contrée situées sur la rive orientale du lac de Tibériade. Voir Décapole, t. ii, col. 1333-1336. Cette région avait fourni à Notre-Seigneur beaucoup de ses auditeurs en Galilée, Matth., iv, 25, et le démoniaque gérasénien y avait publié sa guérison. Marc, v, 20. C’est là que le Sauveur se rendit après avoir quitté le pays phénicien. Matth., xv, 29 ; Marc, vii, 31. On lui amena aussitôt une, foule de malades qu’il guérit, entre autres un sourd-muet, et toute la population en fut transportée d’admiration. Matth., xv, 3CM31 ; Marc, vii, 32-37. Pour récompenser leur empressement, et aussi sans doute pour signifier que les dons promis aux Israélites étaient également destinés aux païens et à tout l’univers, Jésus renouvela en leur faveur le miracle de la multiplication des pains, dans des conditions analogues à celles qui s’étaient produites peu auparavant en Galilée. Matth., xv, 32-38 ; Marc, viii, 1-9. Le divin Maître ne resta vraisemblablement que quelques jours dans ces parages.

En Gaulanitide.

C’était le pays situé au nord-est

du Jourdain ; il faisait partie de la tétrarchie de Philippe. Voir Gaulon, col. 116-117. De la Décapole, Jésus, remonta vers le nord, aux environs de Dalmanutha. Matth., xv, 39 ; Marc, viii, 10. Voir Dalmanutha, t. ii, col. 1209-1211. Des pharisiens et des sadducéens, que n’avaient pas satisfaits les multiplications des pains, l’y, poursuivirent en réclamant un signe dans le ciel. Il leur répondit qu’ils n’auraient d’autre signe que celui de Jonas. Puis, redescendant vers le lac de Tibériade, il le traversa en barque. Matth., xvï, 1-12, Marc, viii, 11-21. Arrivé à Bethsaide, où il ne voulait sans doute que passer, il guérit un aveugle, auquel il recommanda de taire ce qui était arrivé. Marc, viii, 22-26. Ensuite, continuant à se dérober aux Galiléens, il remonta beaucoup plus au nord, jusque dans la région qui dépendait de Césarée de Philippe. Matth., xvï, 13 ; Marc, vin, 27 ; voir Césarée de Philippe, t. ii, col. 450-456. Là, en récompense de la fermeté avec laquelle Pierre salua en lui le Christ, le Fils du Dieu vivant, il lui annonça qu’il ferait de lui la pierre fondamentale et inébranlable de son Église. Matth., xvï, 13-19 ; Marc, viii, 27-29 ; Luc, ix, 18-20. Faite en lieu païen, cette promesse indiquait que l’Église future ne serait pas pour les seuls Israélites, mais pour l’universalité des hommes.

— Les Évangélistes ne marquent pas le temps que Notre-Seigneur consacra à ces différentes excursions en Phénicie, en Décapole, en Gaulanitide. Les incidents que notent leurs récits auraient pu se dérouler en quelques jours seulement. Il est à croire cependant que Notre-Seigneur a voulu se soustraire à la Galilée durant un temps beaucoup plus notable, puisqu’il entrait dans ses vues de répondre à l’ingratitude et à l’incrédulité des Galiléens par une plus grande réserve dans l’expansion de ses bienfaits. Les auteurs sacrés n’ont raconté, de ces excursions, que les faits principaux.

En Pérée.

On donnait ce nom au pays qui

s’étend à l’est du Jourdain, de la mer Morte au lac de Tibériade. Voir Pérée. Notre-Seigneur y arriva au cours de son dernier voyage, lorsque, après avoir suivi de l’ouest à l’est la frontière qui sépare la Galilée de la Samarie, il franchit le Jourdain. Matth., xix, 1 ; Marc, x, 1 ; Joa., x, 40. Ce pays lui avait aussi envoyé de nombreux audi-