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JÉRUSALEM


depuis longtemps. I Mach., xiv, 4-15. L’an 138, Antiochus VII Sidètes, roi de Syrie, lui octroya le droit de battre monnaie. Le nom de « Jérusalem la Sainte » parut alors sur le « sicle d’Israël ». Voir fig. 233, col. 1318. D’autres pièces rappelèrent « l’affranchissement de Sion ». Voir fig. 261. Simon, assassiné avec deux de ses

261. — Monnaie de Simon Machabée.’2în 731N ruitf, « Année quatrième. Demi-sicle. » Deux faisceaux de branches avec feuilles (loulab), entre lesquels est un cédrat.

— b). JVS nbNîb, « l’affranchissement de Sion. » Palmier portant des dattes. De chaque côté, une corbeille remplie de fruits.

fils par son gendre Plolémée, eut pour successeur son troisième fils, Jean Hyrcan, échappé au massacre (135). I Mach., xvi, 11-23. Le nouveau « grand-prêtre des Juifs », comme il se fait appeler sur ses monnaies, voir fig. 211, col.H65, ne fut pas longtemps tranquille. À la nouvelle de la mort du dernier des cinq frères Machabées, Antiochus Sidètes vint, avec une armée formidable, mettre le siège devant Jérusalem, qu’il entoura de sept camps retranchés. Chaque jour, il renouvela les assauts. Jean Hyrcan, craignant de manquer de vivres, se débarrassa des bouches inutiles. Il finit par conclure un traité de paix avec le roi, en s’engageant à lui donner des otages et cinq cents talents. Suivant Josèphe, Anl. jud., XIII, viii, 4, pour se procurer de l’argent, il ouvrit le tombeau de David et en tira trois mille talents. « Il est peu probable, dit V. Guérin, Jérusalem, p. 68, que jamais, à aucune époque, on ait pu enfouir dans la chambre sépulcrale de David, comme en réserve pour l’avenir, des trésors d’une telle importance. Il est -aussi peu facilement admissible que, même dans le sein de la ville et au milieu des ravages et des bouleversements qu’elle avait si souvent subis, ce tombeau, s’il avait contenu des richesses semblables, n’ait pas tenté davantage l’avarice des vainqueurs. »

Durant le pontificat et la principauté de Jean Hyrcan, Jérusalem goûta une paix bienfaisante. C’est peut-être le mausolée de ce grand-prêtre que Josèphe mentionne plusieurs fois, Bell, jud., V, vi, 2 ; vii, 3 ; ix, 2, etc., parmi les monuments voisins de la ville. Son fils et successeur, Judas Aristobule (106), fut le premier à prendre le titre de roi. Mais il ne régna qu’un an, et sa mort fut un bonheur pour la nation, car il se rendit coupable des plus grandes cruautés, même à l’égard de sa mère et de ses frères. Le trône fut occupé par son frère Alexandre Jannée (105-78). Ce prince étendit les limites du royaume, mais à Jérusalem, il était détesté de tous, particulièrement des Pharisiens, qui, pendant la fête des Tabernacles de l’année 95, l’insultèrent publiquement dans le Temple, où il offrait le sacrifice en qualité de grand-prêtre. Pour se venger, il fit massacrer 6000 Juifs. Josèphe, Anl. jud., XIII, XIII, 5. Dans une autre circonstance, il fit crucifier sous ses yeux huit cents prisonniers des plus influents de la nation. Ant. jud., XIII, xiv, 2. À sa mort, Alexandra, sa veuve, prit les rênes du gouvernement et les tint pendant neuf ans (78-69). Elle confia le souverain pontificat à son iils Hyrcan, qui lui succéda sur le trône, aux acclamations des Pharisiens. Mais son autre fils, Aristobule, ambitionna aussi la couronne, et ayant vaincu Hyrcan,

fut proclamé roi à Jérusalem. Ant. jud., XIII, xvi ; XIV, i, 2. Peu après, Hyrcan, sollicité par l’iduméen Antipater, attaqua et défit Aristobule. La guerre aurait pu durer longtemps entre les deux frères, si la cause n’avait été soumise au jugement de Pompée, général romain, qui se trouvait à Damas. L’alliance contractée avec Rome, il y a cent ans, renouvelée depuis, va se terminer par la mainmise de la toute-puissante métropole sur la capitale de la Judée.

4. La conquête romaine.

L’an 63, Hyrcan II et Aristobule II plaidaient donc leurs droits respectifs devant Pompée. Ce dernier remit sa décision à une époque ultérieure. En attendant, il s’en alla soumettre Arétas en Arabie, puis il s’avança vers Jérusalem. Aristobule, pour s’assurer son appui, lui promit alors de lui livrer la ville et une somme considérable d’argent. Pompée envoya Gabinius pour les recevoir ; mais ce général se vit fermer les portes de la place sans rien toucher. Irrité, Pompée marcha lui-même contre Jérusalem. Les partisans d’Aristobule, décidés à la lutte, s’emparèrent de l’enceinte du Temple, et, coupant le pont qui le mettait en communication avec la cité, se préparèrent à soutenir l’assaut. Les partisans de Hyrcan, au contraire, ouvrirent au Romain les portes de la ville et du palais royal, qui furent occupés par Pison, lieutenant de Pompée. Celui-ci établit son camp au nord du Temple, fit combler le fossé creusé de ce côté, éleva des aggeres, construisit de hautes tours, et fit jouer de puissantes machines apportées de Tyr. Au bout de trois mois, il ouvrit une brèche et massacra 12000 Juifs. Pénétrant ensuite dans l’intérieur du Temple, et même dans le Saint des Saints, il en admira la construction, les objets sacrés et les trésors qui y étaient enfermés ; mais il ne les pilla point, et, le lendemain, ayant fait purifier ce monument, il ordonna d’y offrir de nouveaux sacrifices. Avant de s’éloigner, il rendit à Hyrcan le souverain pontificat, lui enleva le titre de roi, qu’il remplaça par celui d’ethnarque, le mit sous la dépendance du gouverneur de Syrie et rendit le pays tributaire des Romains. Ant. jud., XIV, iv. En réalité, le pouvoir était exercé par Antipater, qui, lors de la campagne de César en Egypte, lui rendit de grands services (48). Cette campagne une fois terminée, César confirma [Hyrcan dans sa dignité, lui permit de relever les fortifications de Jérusalem renversées par Pompée, mais en même temps il confia à Antipater la charge de procurateur de la Judée. Ant. jud., XIV, viii, 5. Celui-ci en profita dans l’intérêt de sa propre famille, et nomma son fils aîné Phasæl gouverneur de Jérusalem, et Hérode gouverneur de la Galilée, promotions qui furent très mal vues des Juifs. L’an 43, il mourut empoisonné, et le pays redevint le théâtre de luttes et de compétitions sanglantes. L’an 40, Antigone, le plus jeune fils et le seul survivant d’Aristobule II, s’étant allié avec les Parthes, marcha contre Jérusalem et réussit à la prendre. Il mutila Hyrcan, qu’il envoya chargé de chaînes chez les Parthes, et fit tuer Phasæl. Hérode, qui avait pu s’enfuir, se rendit à Rome et fut proclamé roi des Juifs par un décret du Sénat romain. Ant. jud., XIV, xiii, xiv. Mais il lui fallut trois années de luttes et le concours des armées romaines pour faire reconnaître sa royauté. L’an 37, il vint assiéger Jérusalem et campa près de la ville. S’approchant des murs, vers le

nôrd, il procéda au siège de la même manière que

Pompée, donnant l’ordre d’élever trois aggeres, sur lesquels on construisit des tours. Durant ces préparatifs, il alla en Samarie épouser Mariamne ; puis il revint avec de nouvelles troupes. Le général romain Sosius lui amena, de son côté, plusieurs légions. Hérode fit approcher les machines et battre les murs. Les Juifs réparèrent aussitôt les brèches et s’efforcèrent, par des contre-mines, de neutraliser les progrès de leurs adver-