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JERUSALEM


augmentaient toujours dans la cité de David. De sinistres prodiges semblaient présager pour elle des désastres effrayants. Jason, qui s'était réfugié au pays des Ammonites, ayant entendu dire qu’Antiochus venait de mourir pendant sa seconde expédition contre l’Egypte, crut l’occasion favorable pour rentrer en possession du souverain pontificat. À la tête d’un millier d’hommes, mais avec la connivence des partisans qu’il avait gardés parmi les Juifs infidèles, il s’empara de Jérusalem, où le sang coula à grands flots. Malgré sa victoire et ses sanglantes représailles, il ne put reprendre le pouvoir, et s’enfuit de nouveau. Peut-être apprit-il qu’Antiochus n'était pas mort, et qu’il marchait contre lui à la tête d’une armée imposante. II Mach., iv, 21-29 ; v, 1-10.

C’est à ce moment, en effet, que le roi de Syrie intervint, dans le dessein d'étouffer les insurrections des Juifs. En 170, il s’avança vers Jérusalem et la prit d’assaut. Des milliers d’habitants furent massacrés ou vendus en esclavage. Le Temple fut profané et dépouillé des vases sacrés les plus précieux. I Mach., i, 17-29 ; II Mach., v, 11-23. Deux ans plus tard, une nouvelle expédition de ce prince en Egypte ayant été arrêtée par l’intervention des ambassadeurs romains, il résolut de décharger toute sa rage sur la cité judaïque. Une armée nombreuse, sous la conduite d’Apollonius, fut envoyée en Palestine, Jérusalem fut prise une seconde fois. Un grand nombre de Juifs furent mis à mort, les plus beaux édifices incendiés, les remparts démolis en plusieurs endroits. Une redoutable forteresse, véra, fut bâtie non loin du Temple. Voir plus haut, col. 1368. Le Temple lui-même fut consacré à Jupiter Olympien et devint le théâtre de scènes de débauche. Non seulement le sacrifice perpétuel cessa, mais on immolait sur l’autel des animaux immondes. Une persécution cruelle s’exerça contre tous ceux qui osèrent résister aux ordres du roi, dont le but était d’amener les Juifs à l’apostasie. L’observation de la religion juive, de la circoncision en particulier, fut interdite sous peine de mort. Tous les exemplaires de la loi qu’on put trouver furent détruits. Deux femmes qui avaient été accusées d’avoir circoncis leurs enfants furent menées publiquement par la ville avec ces enfants pendus à leur sein, et ensuite furent précipitées du haut des murailles. IMach., i, 30-67 ; II Mach., vi, 1-11. Parmi les Israélites, un bon nombre ayant déjà perdu la foi de leurs pères, se soumirent à la volonté impie du roi ; d’autres succombèrent devant la cruauté de la persécution. Mais, à côté des apostats et des lâches, il y eut aussi des martyrs, dignes précurseurs de ceux qui devaient plus tard verser leur sang pour JésusChrist, le vieillard Éléazar, les sept frères Machabées, et leur mère. II Mach., vi, 18-31 ; vii, 1-42. Tous ceux qui le purent s’enfuirent dans le désert ou dans les montagnes.

3. Sous les Machabées.

C’est du milieu de ces fuyards que partit le mouvement de résistance et de lutte, lutte gigantesque, la plus belle de l’histoire juive, une des plus belles de l’histoire du monde. Le prêtre Matathias, avec ses cinq fils, avait quitté Jérusalem au début de la persécution. Autour de lui se rangèrent bientôt tous les Israélites fidèles, qui voulurent combattre pour la religion et la patrie. Après sa mort (166), son troisième fils, Judas Machabée, lui succéda dans le commandement militaire. Plusieurs fois vainqueur des armées syriennes, il conduisit ses troupes à Jérusalem (164). Voyant le sanctuaire désert, l’autel profané, les portes brûlées, et, dans le parvis, les arbres poussant comme dans un bois, il s’empressa de tout purifier et de tout refaire. Un nouvel autel des holocaustes fut consacré et le culte rétabli comme autrefois. L’enceinte sacrée fut environnée de hautes murailles pour opposer plus de résistance aux ennemis qui occupaient encore î'Acra. I Mach., iv, 36-61 ; II Mach., x, 1-8. Judas profita des événements qui se passaient en Syrie après la mort

d’Antiochus Épiphane, pour essayer de chasser de cette citadelle la garnison sans cesse occupée à infester tous les alentours du Moriah, à molester ceux qui entraient dans le Temple ou en sortaient. Antiochus Eupator, pour dégager sa troupe, réunit une armée très nombreuse, au-devant de laquelle le héros machabéen ne craignit pas de marcher. Mais, voyant l’impossibilité de résister à des forces infiniment supérieures, celui-ci se replia vers Jérusalem, poursuivi par le vainqueur, qui mit le siège devant la ville, dressant contre elle ses machines de guerre. Les Juifs la défendirent vigoureusement, mais les vivres vinrent à manquer et les combattants commencèrent à se retirer. Sur ces entrefaites, ayant appris que Philippe, nommé par Antiochus Épiphane, sur son lit de mort, tuteur du jeune roi et régent du royaume, était revenu de Perse avec son armée et voulait s’emparer du pouvoir, Lysias persuada à Antiochus Eupator de faire la paix avec les Juifs. Celui-ci y consentit, mais, avant de partir, violant le serment qu’il avait fait, il pénétra dans la ville et ordonna de démolir les fortifications qui entouraient le mont Sion, c’est-àdire les travaux de défense que les Israélites y avaient élevés. I Mach., vi ; II Mach., xiii. En 162, Démétrius I er Soter, s'étant emparé du trône de Syrie, envoya Bacchide avec des troupes pour faire reconnaître Alcime comme grand-prêtre. Ce général s’efforça d’abord, avec son protégé, de surprendre la bonne foi de Judas, mais ne put y réussir. Après son départ, le Machabée reprit des forces et réorganisa son armée. Alcime obtint du roi de Syrie l’envoi de Nicanor avec de nouvelles troupes. Nicanor se montra perfide et cruel. Judas le battit une première fois dans les environs de Jérusalem ; puis, dans une grande bataille, livrée près de Bethoron, le chef syrien fut tué et son armée presque entièrement détruite. I Mach., vu ; II Mach., xiv, xv. Judas était de nouveau maître de tout le pays. C’est à ce moment que, pour s’assurer une protection efficace, il conclut une alliance avec les Romains. I Mach., vin. Il ne prévoyait pas que ceux dont il recherchait les faveurs auraient bientôt fait de mettre la main sur ce petit coin de terre et que la ville sainte tomberait un jour sous leurs coups. Démétrius, du reste, désireux de venger la défaite et la mort de Nicanor, renvoya Bacchide en Palestine avec une nouvelle armée. Judas l’attaqua, mais, accablé par le nombre, le héros tomba sur le champ de bataille. I Mach., ïx, 1-22.

Jonathas, son frère, lui succéda (161-143). Il livra, près du Jourdain, une autre bataille à Bacchide, qu’il contraignit à se réfugier dans VAcra de Jérusalem. I Mach., ïx, 43-49. Il profita d’un moment où Démétrius I er, menacé par Alexandre Balas, recherchait son amitié, pour réparer les murs de la ville et relever les fortifications de Sion. I Mach., x, 1-11. En 145, il chercha à s’emparer de la citadelle que les Syriens occupaient encore et dressa contre elle plusieurs machines de guerre. I Mach., XI, 20. L’honneur de cette victoire définitive était réservé à son frère Simon. Jonathas bâtit alors une très haute muraille entre la forteresse et la ville, afin de les séparer entièrement et de couper toute communication entre elles. I Mach., xii, 36. Tombé traîtreusement entre les mains de Tryphon à Ptolémaide, il fut remplacé par Simon, qui acheva les travaux commencés à Jérusalem. I Mach.. xiii, 1-10. Celui-ci se déclara en faveur de Démétrius ii, qui lui confirma le pontificat et proclama l’indépendance, l’entière autonomie politique du peuple juif. De cette année 142 commença pour la nation une ère nouvelle. I Mach., xiii, 34-42. Simon s’empara de la citadelle syrienne et détruisit ainsi le dernier vestige de la domination étrangère. Il fortifia en même temps la montagne du Temple. I Mach., xiii, 49-53. Sous son gouvernement sage et énergique, Jérusalem et le pa^s virent une prospérité qu’ils ne connaissaient plus