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JÉRUSALEM


Cependant, Jérusalem restait avec ses murailles démantelées. En 445, Néhémie obtint d’Artaxerxès l’autorisation de les relever. Muni de lettres pour divers fonctionnaires persans, il se mit en route avec une petite caravane. Arrivé dans la ville sainte, il s’empressa de faire l’inspection des murs, de nuit, pour ne pas éveiller l’attention des ennemis des Juifs. Sortant par la porte de la Vallée, il descendit vers le sud, puis tourna à l’est, vers la porte de la Fontaine, pour remonter vers le nord et revenir à son point de départ. Partout, ce n’étaient que décombres, obstruant le passage en plus d’un endroit. Il s’adressa ensuite aux prêtres, aux princes de la nation, et les pressa de se mettre à l’œuvre. II Esd., il. Avec un remarquable talent d’organisation, il partagea les murs en diverses zones, dont il distribua la construction aux diverses parties de la population. II Esd., ni. Ce récit devient facile à comprendre avec la topographie ancienne, telle que nous l’avons exposée plus haut. Voir col. 1355, et carte, col. 1367. Quand les remparts s’élevèrent à moitié de leur hauteur, des explosions de colère succédèrent, dans le camp ennemi, aux railleries de la première heure. Moabites, Ammonites, Arabes, Samaritains, excités par Tobie et Sanaballat, harcelèrent les Israélites. Néhémie arma ses ouvriers, qui « d’une main travaillaient et de l’autre tenaient l’épée ». Ardents au travail, où ils se relayaient à des heures fixes, ils ne quittèrent pas leurs vêtements tant que dura la construction. II Esdr, iv. Le généreux chef eut à lutter tout à la fois contre des ennemis qui, après la violence, employèrent la ruse, contre les magistrats et les grands de son propre peuple, qui pratiquaient l’usure et exploitaient la détresse populaire. Tant de prudence, de fermeté et d’intégrité eurent leur récompense. Le 25 « jour du mois d’élul, le mur était terminé : le travail avait duré cinquante-deux jours. II Esd., v, vi. Mais il fallait peupler la nouvelle ville, et il importait de n’y laisser habiter que des Juifs de pure race. Néhémie élimina tout élément étranger et décida qu’un homme sur dix, désigné par le sort, quitterait sa résidence des champs pour aller habiter Jérusalem. II Esd., vu ; xi, 1, 2. Tout en travaillant à la sécurité et à la prospérité matérielle de la capitale, il n’oublia pas que la nation élue ne pouvait être reconstituée que par l’observation de la Loi. Il fit lire solennellement la Loi au peuple rassemblé sur la place qui était devant la porte des Eaux. La fête des Tabernacles fut célébrée, l’alliance avec Dieu renouvelée. II Esd., viii, ix, x. Enfin, réconciliée avec Jéhovah, Jérusalem pouvait désormais espérer que ses murailles la protégeraient d’une manière efficace. Elle en fit la dédicace solennelle par une procession dont les deux chœurs, partis du même point, firent en sens opposé le tour des remparts et se rencontrèrent devant le Temple, où de nombreuses victimes furent immolées. II Esd., xii, 27-42. Néhémie, ayant terminé sa mission, retourna auprès du roi ; mais il revint plus tard dans la ville sainte, où de graves abus s’étaient introduits. Avec son énergie habituelle, il ne craignit pas d’employer la force pour les corriger et punir les violateurs de la Loi. II Esd., xin. Esdras acheva cette œuvre de restauration. Un firniau royal lui donna l’autorité de gouverneur, avec pouvoir d’établir des magistrats et des juges. Il fut, avec Zorobabel et Néhémie, un des instruments de la Providence pour le relèvement du peuple juif. I Esd., vu-x.

2. D’Alexandre aux Machabées.

Les Hébreux, sans avoir retrouvé leur autonomie politique, vécurent en paix dans la nouvelle Jérusalem. Leurs obligations se réduisaient à payer des impôts au satrape et à fournir un contingent de troupes auxiliaires. Cette situation ne fut pas modifiée lorsque, après la conquête de Tyr, en 332, Alexandre le Grand devint maître de la Palestine. Pendant ce siège mémorable, il avait envoyé » ne lettre au grand-prêtre Jaddus, pour lui demander des

secours ; mais celui-ci refusa noblement de violer le serment qu’il avait prêté au roi Darius. Maître de Tyr, puis de Gaza, le conquérant macédonien, avant de se diriger vers l’Egypte, marcha contre Jérusalem, pour la punir d’avoir osé résister à sa volonté. Mais, arrivé devant la ville, il s’adoucit en présence du grand-prêtre, dont la majesté l’impressionna, et qui lui montra les passages de Daniel relatifs à ses conquêtes. Il alla avec le pontife dans le Temple, demanda qu’on offrit pour lui un sacrifice et laissa aux Juifs toute liberté de vivre selon leurs lois, leur faisant même remise du tribut pour chaque année sabbatique. Tel est, du moins, le récit de Josèphe, Ant. jud., XI, viii, 3-6. Après la mort d’Alexandre (323), la Palestine fut, pendant de longues années, une pomme de discorde entre la Syrie et l’Egypte. Ptolémée Sôter se rendit, par la ruse, maître de Jérusalem, en y pénétrant un jour de sabbat, sous prétexte de vouloir y sacrifier. Il la traita avec beaucoup de cruauté, et un grand nombre de Juifs furent transportés en Egypte. Josèphe, Ant. jud., XII, i. Ptolémée Philadelphe, qui lui succéda, se montra bienveillant à l’égard des Israélites. C’est lui qui, suivant le récit d’Aristée, aurait fait venir de Jérusalem les soixante-douze interprètes chargés de traduire en grec les Livres Saints. Sous Ptolémée Évergète, le grand-prêtre Onias II ayant refusé de payer le tribut annuel de vingt talents auquel il était assujetti, le souverain menaça de s’emparer de la Judée. Pour détourner forage qui allait fondre sur la ville sainte et toute la contrée, Joseph, fils de la sœur d’Onias, engagea son oncle à se rendre en Egypte afin d’apaiser la colère du roi. Sur son refus, il y alla lui-même, après avoir recueilli l’argent nécessaire pour payer à Ptolémée la somme qui lui était due. Ant. jud., XII, iv, 1-3. C’est à cette époque que naquirent parmi les Hébreux les sectes des Pharisiens et des Sadducéens, dont l’influence allait devenir si grande à Jérusalem.

Après avoir été pendant un siècle sous la domination des Ptolémées, la ville tomba au pouvoir des Séleucides, d’abord transitoirement, puis d’une façon durable. Prise, l’an 203, par Antiochus III le Grand, roi de Syrie, elle fut reprise, en 199, par Scopas, général égyptien, qu> commandait l’armée de Ptolémée Ëpiphane. Ce général en se retirant, laissa une garnison dans la citadelle ; mais bientôt (198) il fut vaincu par Antiochus. Les Juifs alors se soumirent au vainqueur, lui ouvrirent les portes de la capitale, fournirent des vivres à ses troupes, et l’aidèrent à chasser la garnison égyptienne. En reconnaissance de ces services, le roi leur accorda divers privilèges. Ant. jud., XII, iii, 3. En 187, il eut pour successeur son fils Séleucus IV Philopator. Celui-ci, pour payer aux Romains le tribut annuel auquel son père avait été condamné, "ordonna à son premier ministre, Héliodore, d’aller puiser cette somme dans le trésor du Temple à Jérusalem. Mais une intervention divine empêcha cette profanation. II Mach., ni. Des compétitions sanglantes, à propos du pontificat suprême, éclatèrent ensuite dans la ville sainte et y jetèrent le désordre et le trouble. Sous Antiochus IV Épiphane, Jason, frère du grand-prêtre Onias III, convoitait la souveraine sacrificature et, pour l’obtenir, il fit au roi de grandes promesses d’argent. Le prince syrien agréa cette proposition et, sans respect pour la loi juive, il déposa Onias et le fit partir en exil. Le nouveau grandprêtre travailla alors de toutes ses forces à l’hellénisation de Jérusalem et à la propagation de l’esprit païen. Il fit bâtir un gymnase, et l’on vit des prêtres mêmes abandonner le service de l’autel pour aller s’exercer aux jeux païens. I Mach., i, 12-16 ; II Mach., IV, 1-17. Antiochus vint à Jérusalem, et y fut reçu magnifiquement. Cependant Jason fut bientôt supplanté, et remplacé par un certain Ménelas, qui dut lui-même céder la place à Lsimaque. L’immoralité et le mépris de la loi dmne