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JERUSALEM


de décider en dernière instance tous les cas difficiles dans les affaires religieuses, administratives et civiles. Les Philistins et les Arabes lui apportaient des présents et des tributs. Son seul tort fut de s’allier avec Achab et d’accepter pour son fils Joram Athalie, digne fille de l’impie et cruelle Jézabel. IL Par., xvii, 10-13 ; xix, 4-11. Il sut, par sa confiance en Dieu, repousser une invasion de Moabites, Ammonites et autres peuples. II Par., xx, 1-30. Joram, qui lui succéda, inaugura son règne par le massacre de ses six frères, puis il éleva des autels aux faux dieux et rétablit à Jérusalem l’idolâtrie que son père s’était efforcé d’extirper. La punition divine ne se fit pas attendre. Les Arabes et les Philistins pénétrèrent dans la terre de Juda, vinrent jusque dans la capitale, pillèrent le trésor du roi, emmenèrent ses femmes et ses fils, à l’exception du plus jeune. II Par., xxi, 4, 11, 16, 17. Quelques auteurs cependant pensent que Jérusalem ne fut pas atteinte. Cf. Keil, Chronih, Leipzig, 1870, p. 300. Après la mort d’Ochozias, Athalie usurpa le trône, et, pour régner seule, n’hésita pas à exterminer la race de David, en égorgeant ses propres petits-fils. Un seul, Joas, fut soustrait à sa haine et au massacre, caché et élevé furtivement dans l’un des appartements du Temple, puis, plus tard, proclamé roi. Au jour de cette proclamation solennelle, Athalie, entendant de son palais les cris de joie et le son des trompettes, courut au Temple, mais elle s’enfuit bientôt épouvantée et fut mise à mort à la porte des Chevaux. II Par., xxii, 10-12 ; XXIII.

Sous le gouvernement de cette triste reine, Jérusalem avait vu le culte de Baal prévaloir contre celui de Jehovah, et les dépouilles du Temple servir au sanctuaire paien. II Par., xxiv, 7. Après le couronnement de Joas, le peuple lui-même détruisit les idoles et leurs autels. II Par., xxiii, 17. Plus tard, le roi, voulant réparer la maison du Seigneur, employa aux restaurations l’argent qui provenait des dons volontaires de la piété de ses sujets. IV Reg., xii, 4-15 ; II Par., xxiv, 4-14. Mais, après la mort de Joiada, il s’abandonna à l’idolâtrie et fit périr Zacharie, qui lui reprochait ce crime. Dieu ne tarda pas à venger le sang du martyr. Hazæl, roi de Syrie, envahit le territoire de Juda, marcha contre Jérusalem, massacra les chefs du peuple, et ne s’éloigna que lorsque Joas eut acheté sa retraite avec les trésors du Temple et du palais royal. IV Reg., xii, 17-18 ; II Par., xxiv, 23-24. Sous Amasias, ce fut Israël qui saccagea, le Temple et le palais, emporta à Samarie l’or, l’argent et les vases précieux qui s’y trouvaient, et détruisit 400 coudées du mur septentrional de la ville. IV Reg., xiv, 13-14 ; II Par., xxv, 23-24. Le long règne d’Ozias releva la prospérité matérielle de Juda. Le roi s’empara d’Elath, sur le golfe Élanitique, et en fit un marché important pour son commerce dans la mer Rouge. Il remporta également des succès sur les Philistins, les Moabites et les Ammonites. IV Reg., xiv, 22 ; Il Par., xxvi, 2-8. À Jérusalem, il répara les murailles et fortifia par de puissantes tours le côté des remparts où les Israélites avaient ouvert une si large brèche. II Par., xxvi, 9. Mais la ville sainte, à cette époque, fut éprouvée par un tremblement de terre, auquel font allusion les prophètes Amos, i, 1, et Zacharie, xiv, 5, et qui est mentionné par Josèphe, , À « £. jud., IX, x, 4.

Joatham continua les travaux de son père et bâtit sur Ophel, complétant sans doute le rempart de ce côté. II Par., xxvii, 3. Son fils, Achaz, retomba dans l’idolâtrie, consacra ses propres enfants aux faux dieux dans la vallée de Ben-Hinnom et offrit à ceux-ci des victimes sur les hauts-lieux. IV Reg., XVl, 3-4 ; II Par., xxviii, 2-4. Pour le punir de son impiété, Dieu envoya contre lui Rasin, roi de Syrie, et Phacée, roi d’Israël, qui vinrent mettre le siège devant Jérusalem. IV Reg., xvi, 5. Isaïe, vu, 6, nous apprend que leur dessein était de s’emparer du royaume de Juda et d’y installer un roi vassal, le fils

de Tabéel. C’est dans cette circonstance que le prophète fut envoyé auprès d’Achaz, qu’il rencontra « à l’extrémité de l’aqueduc de la piscine supérieure », et qu’il fit la fameuse prédiction de V’Almah. Is., vii, 3, 14. Voir’Almah, t. i, col. 390. La capitale résista aux efforts combinés des deux rois. Mais Achaz, effrayé de la puissance des ennemis et ne comptant, en dépit des promesses et des menaces des prophètes, que sur les ressources de la politique humaine, envoya à Théglathphalasar, roi d’Assyrie, des ambassadeurs et des présents pour le prier d’accourir à son secours. Il obtint ce qu’il avait demandé, et quand la guerre de Syrie eut été terminée par la chute de Damas, il alla rendre hommage à son suzerain dans la ville conquise. IV Reg., xvi, 7-10 ; II Par., xxviii, 16. Mais cette honteuse faiblesse et ces sacrifices ne le préservèrent point de l’oppression de son protecteur, dont l’Écriture nous laisse supposer les intentions par rapport à l’assujettissement de Juda et de Jérusalem. IV Reg., xvi, 17-18 ; II Par., xxviii, 20-21. Heureusement, pour réparer tant de malheurs, Dieu suscita le pieux roi Ézéchias, qui détruisit les hauts lieux, brisa les idoles, rouvrit le Temple, le purifia, le rendit au culte du vrai Dieu, en un mot fit revivre à Jérusalem la religion du Très-Haut dans toute son ancienne splendeur. IV Reg., xviii, 1-8 ; II Par., xxix, xxx, xxxi C’est à cette époque, 722 ou 721, que finit le royaume d’Israël. Jusqu’à la chute de Samarie, la cité de David avait été à l’abri des attaques des Assyriens, mais l’heure était venue où elle allait trembler à son tour devant les soldats de Ninive, dont la puissance l’enfermait comme dans un cercle de fer. Ézéchias, confiant en Jéhovah, ne craignit pas cependant de secouer le joug et refusa de payer le tribut au roi d’Assyrie. IV Reg., xviii, 7. C’était un acte de révolte ; mais l’orgueil du suzerain fut encore plus profondément blessé par l’accueil empressé que le roi de Jérusalem fit, quelque temps après, aux ambassadeurs de Mérodach-Baladan, roi de Babylone, ennemi de l’Assyrie. Cette ambassade fut même pour Ézéchias une occasion de vaine complaisance, en lui faisant étaler la magnificence de ses trésors. IV Reg., xx, 12-13. Isaie le blâma de cette faute, et, dans l’une des plus étonnantes prophéties de nos Livres Saints, lui annonça qu’un jour viendrait où toutes ces richesses seraient emportées à Babylone, où ses descendants seraient pris et emmenés comme eunuques dans le palais du roi de Babel. IV Reg., xx, 14-18 ; Is., xxxix. Michée, iv, 10, annonçait le même châtiment, mais avec promesse de la délivrance. Nous verrons bientôt la réalisation de ces oracles. Cependant, à l’heure présente, l’ennemi qu’avait à redouter Ézéchias, c’était le roi d’Assyrie, Sennachérib. En 701, il se mit en marche pour ramener à l’obéissance le roi de Jérusalem et les princes ligués avec lui. Celui-ci, craignant pour sa couronne et sa capitale, envoya de riches présents au redoutable monarque, qui assiégeait Lachis et dont l’ambition ne fut pas satisfaite par ces dons. Un fort détachement de l’armée assyrienne, à la tête duquel se trouvaient le tartan, le rab-saris et le rab-Sdqêh, arriva bientôt sous les murs de Jérusalem. Les officiers ninivites s’arrêtèrent près de l’aqueduc de la piscino supérieure, non loin du palais royal, et parlementèrent cour amener la ville à capituler. Encouragé par Isaïe, Ézéchias refusa de se soumettre et se prépara à la résistance. Sennachérib, apprenant que le roi d’Ethiopie, Tharaca, s’avançait pour le combattre, voulut en finir avec la capitale de Juda. Mais il n’eut pas le temps d’en commencer le siège ; un ange exterminateur fit périr une partie de son armée. IV Reg., xviii, 13-37 ; xix>IIPar., xxxii, 1-22 ; Is., xxxvi, xxxvii. Sur cette campagne de Sennachérib, cf. Prisme de Taylor et Inscriptions des Taureaux, Cuneiform Inscriptions of Western Asia, 1. 1, pl. 38-39 ; t. iii, pl. 12 ; E. Schrader, Die Keihnschriften und dos Alte Testament, Giessen,