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JÉRUSALEM


des Deut. Pal.-Vereins, 1895, pl. 4. La première s’appelle ouadi esch-Schama, la seconde, ouadi Yasûl. C’est sur le flanc méridional de la première qu’on rencontre l’hémicycle qui dessine encore les contours du théâtre. Voir fig. 260. L’endroit était choisi à merveille. Les parois de la colline, formées d’un rocher tendre, ont été taillées de manière à porter directement les gradins. Comme tous les anciens théâtres romains, celui-ci regardait le nord, pour éviter le trop grand soleil, et les spectateurs avaient devant les yeux le magnifique panorama de la ville. L’hémicycle avait un diamètre d’environ 45 mètres. De toutes ses splendeurs, il ne reste plus rien ; on n’a retrouvé que deux pierres taillées en corniche. Cf. C. Schick, Herod’s amphithéâtre, dans le Pal. Expl. Fund, Quart. Stat., 1887, p. 161-166, avec plan et coupes. On a constaté que l’acoustique y est excellente. Cf. Germer-Durand, Le théâtre d’Hérode à

260. — Théâtre d’Hérode. D’après le Palest. Expl. Fund, Quart. Stat., 1887, p. 1C2.

Jérusalem, dans les Échos de N.-D. de France, Paris, avril 1896, p. 72.

Il est facile maintenant de se représenter la ville sainte, telle qu’elle était au temps de Notre-Seigneur. Avec ses hauts murs flanqués de bastions, ses nombreux palais, et surtout son enceinte sacrée, elle devait offrir un coup d’oeil splendide. Le Temple la dominait de toute la magnificence de ses richesses, comme de la majesté de l’idée religieuse qu’il représentait. Avec ses portiques aux immenses colonnes, son revêtement de marbre blanc, les aiguilles d’or qui couronnaient le sanctuaire, il ressemblait, vu de loin, à une montagne de neige, teintée de pourpre et d’or par les rayons du soleil levant. Josèphe, Bell, jud., V, v, 6. S’il faut en croire le même historien, ibid., V, iv, 3, les murailles de la première enceinte avaient 60 tours, celles de la seconde quatorze. Mais, par suite de la prospérité qu’elle acquit sous Hérode, la ville, franchissant le cercle de pierres qui l’enfermait, ^'étendit vers le nord. Le mont Bézétha, tout le territoire voisin de la eolline du Golgotha se couvrirent peu à peu de maisons et de jardins, dont l’ensemble devait offrir aussi un très bel aspect. Voir Jardins, col. 1130. Jérusalem était donc une cité imposante, bien qu’elle eût à l’intérieur des rues étroites et tortueuses, rattachées cependant comme aujourd’hui, croyons-nous, par des artères principales que la nature du terrain doit avoir tracées de tout temps. Outre la place principale, sur laquelle était le Xyste, elle avait encore la place des Bouchers, celle des Ouvriers en laine, le marché supérieur. Cf. Mischna, Erubhin, c. S, hal. 9 ; Josèphe, Bell, jud., V, viii, 1. Elle possédait surtout un nombre presque incroyable de synagogues. Il y en avait

460 ou même 480, d’après le Talmud de Jérusalem, Mégillah, fol. 73 6 ; Ketuboth, 35 b. « On comprend ce chiffre exorbitant, lorsqu’on sait qu’aujourd’hui, dans les villes musulmanes, le nombre des mosquées n’est pas moins considérable. Chaque famille a pour ainsi dire la sienne. Les synagogues de Jérusalem étaient certainement la propriété exclusive des grandes familles, et surtout des corporations. Il y en avait une, par exemple, appelée synagogue des chaudronniers. De plus, les étrangers de passage dans la ville avaient à leur usage la synagogue spéciale de la contrée d’où ils venaient ; il y avait les synagogues des Cyrénéens, des Ciliciens, des Asiatiques, des Alexandrins. Act., VI, 9. Dans celle-ci on employait la langue grecque et on lisait la traduction des Septante. Talm. de Jérus., Sota, 21 6. Toutes ces synagogues étaient très fréquentées et chaque matin, au lever du jour, les rues se remplissaient de femmes, de scribes, de Pharisiens, leurs tefilhn attachés sur le bras, se rendant à leur synagogue préférée. <> E. Stapfer, La Palestine au temps de Jésus-Christ, Paris, 1885, p. 61. Et c’est sur cette ville qu’un jour le divin Maître pleura. Luc, xix, 41.

3. Troisième enceinte (de l’an 45 à l’an 70). — Les agrandissements dont nous venons de parler nécessitèrent une nouvelle enceinte, pour abriter les quartiers récemment formés. Ce fut le roi Hérode Agrippa I er qui entreprit ce travail colossal. Grâce à Josèphe, Bell, jud., V, iv, 2, nous pouvons suivre exactement les développements de la troisième muraille. Voir fig. 249. Partant de la tour Hippicus, elle s'étendait, au nord, jusqu'à la tour Pséphina. De forme octogonale, celle-ci, par son élévation et l’emplacement qu’elle occupait, était la plus haute de Jérusalem, en sorte que, de son sommet, on pouvait, au lever du soleil, voir la Judée depuis l’Arabie jusqu'à la Méditerranée. Josèphe, Bell, jud., V, IV, 3. Elle se trouvait à l’angle nord-ouest de la ville actuelle, là où l’on a retrouvé les restes d’une ancienne forteresse dite Qasr Djâlûd, « forteresse de Goliath, » sur le terrain où les frères de la Doctrine chrétienne ont bâti leurs écoles. Cf. Pal. Expl. Fund, Quart. Stat., 1878, p. 78 ; C. Schick, Die antïken Reste an der Nordwestmauer von Jérusalem, dans la Zeilschrift des Deut. Pal.-Vereins, 1878, p. 15-23, avec plan, pl. iv ; Survey of Western Palestine, Jérusalem, p. 264-267. De là, l’enceinte passait devant le monument d’Hélène, reine des Adiabéniens, puis par les cavernes rojales, qui sont en face de la grotte de Jérémie. Voir Carrières, t. ii, col. 319. Arrivée à la tour angulaire, près du monument du Foulon, elle allait, par la vallée du Cédron, se réunir à l’ancien mur, c’est-à-dire à l’angle nord-est de l’esplanade du Temple. Comme on le voit, elle suivait à peu près exactement l’alignement de la muraille septentrionale de la ville actuelle, depuis la porte de Jaffa jusqu'à la porte Bâb Sitti Mariant. Josèphe, dans le même passage, ajoute que la cité eût été inexpugnable, si cette troisième enceinte eût été terminée comme Hérode Agrippa I er l’avait commencée. Les blocs de pierre que celui-ci avait employés mesuraient, en effet, 20 coudées (10-40) de long sur 10 coudées (5° » 20) de large, en sorte qu’il n’aurait pas été facile de les briser avec le fer, ni de les ébranler avec les machines. Craignant d'éveiller les susceptibilités de Claude César, le roi suspendit ce travail, que les Juifs achevèrent plus tard sous Agrippa II, en donnant au mur une hauteur de 25 coudées et en se servant de blocs de pierre de moindres dimensions. Malgré sa force imposante, la seconde Jérusalem devait bientôt tomber sous les coups de Titus, comme la première avait succombé sous ceux de l’armée de Nabuchodonosor.

La Jérusalem biblique finit avec Titus ; nous n’avons donc pas à pousser plus loin notre étude. De son noyau primitif, c’est-à-dire de la colline du sud-est, elle s’est successivement étendue sur les hauteurs voisines, qu’elle