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JERUSALEM


rien d’absolu ni de définitif ; des études et des découvertes futures peuvent la modifier. Elle a au moins le mérite de s’appuyer sur les données archéologiques et l’examen attentif du terrain. On remarquera comment elle laisse en dehors de la ville le Calvaire et le Saint-Sépulcre, dont l’authenticité est par là même garantie, non par des arguments a priori, mais par une méthode rigoureuse et scientifique.

Les travaux continuèrent sous le règne de Manassé. Mais quelle fut au juste l’œuvre de ce roi ? Il est difficile de le dire en présence d’un texte obscur : « Après cela, lisons-nous II Par., xxxiii, 14, il bâtit le mur extérieur

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252. — Restes d’anciens murs dans l’établissement russe.

de la cité de David à l’occident de Gihon, dans le torrent, et dans la direction de la porte des Poissons, et autour d’Ophel, et il l’éleva beaucoup. » Si Gihon désigne ici la vallée du Cédron, il s’agit peut-être d’un avantmur placé près du fond de la vallée, tandis que l’ancien mur suivait la crête de plus près. Si Gihon est la fontaine elle-même, il faut placer la construction à l’occident de la colline d’Ophel, le long de la vallée du Tyropœon, dans la direction de la porte des Poissons, qui, nous le verrons tout à l"heure, était à l’extrémité nord de cette dépression. Mais, dans ce cas, Manassé ne fil que relever la partie méridionale qui existait déjà du temps d’Ézéchias. Elle formait l’un des deux murs qui enfermaient la piscine de Siloé et que mentionnait Isaie, xxir, 11, lorsqu’il disait : « Vous avez fait un bassin entre les deux murs pour les eaux de la vieille piscine. » On avait donc déjà pensé à fortifier par un double rempart ce point vulnérable, le plus bas de la ville et conservant la pro ision d’eau. La « porte entre les deux murs » donnait sur les jardins du roi, « sur la voie qui conduit

au désert, » c’est-à-dire du côté du Jourdain, et c’est par là que, pendant le siège de Jérusalem par 1 armée de Nabuchodonosor, les guerriers et Sédécias s’enfuirent. IV Reg., xxv, 4. L’existence de cette double muraille a été constatée par les fouilles de M. Bliss. Le gros mur qui se dirige au nord-est est certainement très ancien et remonte à la période juive. Cf. Palestine Expl. Fund, Quarterly Statentent, 1895, p. 305-320. M. Schick, Die Baugeschichte der Stadt Jérusalem, dans la Zeitschrift des Deutschen Palâstina-Vereins, 1894, p. 21, pense que la Bible, II Par., xxxiii, 14, indique un triple travail de Manassé. Le premier comprendrait un mur allant, à l’ouest d’Ophel, de la pointe méridionale de la colline jusqu’au Mello au nord, ou bien plutôt se détournant, au bout de 200 mètres environ, pour aller rejoindre vers l’est l’antique rempart jébuséen. Le second serait un ouvrage avancé défendant les abords de la porte des Poissons ; le troisième, un pan de muraille élevé au nord-est d’Ophel, se rattachant, d’un côté à la cité de David, de l’autre au coin sud-est du palais royal, qui, sur ce point, eût été également protégé par un double mur. Voir la carte, fig. 249.

Pour terminer cette étude de Jérusalem avant la captivité, il nous reste à jeter un coup d’œil sur les portes dont son enceinte était percée et les principales tours dont elle était flanquée. Elles sont presque toutes clairement indiquées dans II Esd., m ; xii, 31-39, où nous assistons à leur reconstruction par Néhémie. L’ordre même suivi par l’auteur sacré est notre meilleur guide pour connaître leur emplacement.

1° La porte du Troupeau (hébreu : sa’ar has-sô’n ; Septante : tc-jXïj ïj icpoâaTixïî). II Esd.’, iii, 1, 31 (hébreu, 32) ; xii, 38 (hébreu, 39). Il faut la chercher dans l’intérieur du Haram actuel, au nord, un peu plus bas peut-être que la porte appelée aujourd’hui bâb-el-’atm. Elle se trouvait ainsi dans la direction de la piscine Probatique.

2° La porte des Poissons (hébreu : sa’aihad-ddgîm ? Septante : ti-jàt] ï] ïj^uvipoi, ou i-/6uîxTJ, II Par., xxxiii, 14 ; II Esd., iii, 3 ; xii, 38 (hébreu, 39) ; Soph., i, 10, à l’ouest de la tour Hananéel, dans la vallée de Tyropœon.

3° La porte Ancienne (hébreu : sa’ar ha-yesdndh ; Septante : ti-jX ?]’Io-ocvâ selon le Codex Vaticanus, xou Ataavâ suivant VAlexandrinus et le Smaiticus), Il Esd., m, 6 ; xii, 38 (hébreu, 39), à l’angle que formait la muraille en descendant vers le sud en face de la colline du Saint-Sépulcre, dans l’alignement de la rue actuelle Hâret Bdb el-’Amûd ; k moins qu’on ne place là la porte d’Éphraim, dont il n’est rien dit au chapitre m de Néhémie. Le texte relatif à cette porte offre matière à critique. Voir t. i, col. 553-554.

4° La porte de Benjamin (hébreu : Sa’ar Binyâmin ; Septante : wjr Bevtotquv). Jêr., xxxvii, 12 ; Zach., xiv, 10. Quelques-uns l’identifient avec la porte Ancienne ; d’autres avec la porte d’Éphraim. Vo : r 1. 1, col. 554, 1599.

5° Importe d’Éphraim (hébreu : sa’ar’Éfraîm ; Septante : icûXï)’Eippaiu, ), II Esd., viii, 16 ; xii, 38 (hébreu, 39), en ligne droite au-dessous de la « porte Ancienne », à l’angle formé par la muraille lorsqu’elle retourne vers l’ouest. Elle correspondait ainsi à l’antique porte d’Éphraim qui appartenait à la première enceinte. IV Reg., XIV, 13 ; II Par., xxv, 23. Voir t. ii, col. 1881.

6° La porte de l’Angle (hébreu : sa’ar hap-pinnâh ; Septante : m-rt zra yuvia ;), mentionnée dans Jérémie, xxxi, 38, devait se trouver sur l’emplacement de la citadelle actuelle et correspondre peut-être à l’ancienne porte Gennath. Zacharie, xiv, 10, l’appelle « porte des angles » (hébreu : Sa’ar hap-pinnim ; Septante : jcûXyj t<ôv Y<im<ûv)’; elle était, en effet, dans cette hypothèse, entre l’angle rentrant et l’angle saillant des remparts. Elle était défendue par la tour des Fourneaux. Suivant certains auteurs, nous l’avons vii, la porte de l’Angle dans la première enceinte, IV Reg., xiv, 13 ; II Par., ,