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JERUSALEM


variétés d’appareil que dans les autres parties, une porte qui compte trois seuils comme celle d’en haut, et une tour située dans l’angle, de manière à défendre la porte et le saillant formé par le changement de direction du mur. À partir de l’angle sud-est du Temple, l’enceinte de la ville se confondait-elle avec celle de l’enceinte sacrée, ou bien construisit-on un mur en avant pour protéger cette dernière ? La question est controversée. D’après M. Schick, Die Baugeschichte der Stadt Jérusalem, dans la Zeitschrift des Deutschen Palâstina-Vereins, 1894, t. xvii, p. 13, les fortifications s’écartaient un peu de la muraille du Temple. Arrivées à la hauteur de ce que nous appelons la porte Dorée, elles remontaient vers l’ouest en suivant la dépression naturelle qui existe là, et venaient se terminer à l’angle nord-ouest du Temple, où elles étaient appuyées par deux tours que nous retrouverons mentionnées sous les noms de Méah et Hananéel. Cf. P. M. Séjourné, Les murs de Jérusalem, dans la Revue biblique, 1895, p. 37-47. Les fouilles de M. Bliss ont jeté un jour tout nouveau sur la ligne méridionale de l’enceinte ; bien que trop tôt interrompues et que le résultat définitif ne puisse en être donné, elles n’en sont pas moins du plus haut intérêt. Voir Palestine Exploration Fund, Quarlerly Statement, 1894, p. 169-175 ; 243-265 ; 1895, p. 9-25 ; 235-248 ; 305320 ; 1896, p. 9-22 ; 298-305 ; 1897, p. 11-26 ; 91-102, avec de nombreux plans.

Sur la cité de David, on peut voir : W. F. Birch, Zion, the City of David, dans le Quarlerly Statement, 1878, p 178-189 ; The City and Tomb of David, même revue, 1881, p. 94-100 ; The City of David and Josephus, ibid., 1884, p. 77-82 ; The approximate position of the castle of Zion, ibid., p. 1886, p. 33-34 ; von Alten, Zion, dans la Zeitschrift des Deutschen Palâstina-Vereins, 1879, p. 1847 ; Die Davidsstadt, ibid., 1880, p. 116-176 ; Klaiber, Zion, Davidsstadt und die Akra innerhalb der alten Jérusalem, ibid., 1880, p. 189-213 ; 1881, p. 18-56 ; 1887, p. 1-37 ; C. Schick, Die Baugeschichte der Stadt Jérusalem, ibid., 1893, p. 237-246 ; 1894, p. 1-24 ; M. J. Lagrange ; Topographie de Jérusalem, dans la Revue biblique, 1892, p. 17-38.

2. Sous les derniers rois de Juda : deuxième enceinte.

— À la chute du royaume d’Israël, les Hébreux qui réussirent à s’échapper vinrent pour la plupart se réfugier à Jérusalem, qu’il fallut dès lors agrandir. D’un autre côté, on pouvait craindre pour la ville sainte la ruine qui venait de frapper Samarie ; l’invasion assyrienne menaçait. Il fallait se prémunir contre l’attaque. Ce fut l’œuvre du pieux roi Ezéchias, et l’une des plus importantes. Elle se résume, d’après l’Écriture, II Par., xxxil, 3-5, 30, en trois grandes entreprises : réparer les murs et fortifier les parties faibles, amener dans l’intérieur de la cité, par des canaux souterrains, les eaux de l’extérieur et les soustraire à l’ennemi, enfin étendre l’enceinte de la ville. Des aqueducs, captant les sources des environs, suppléaient, nous l’avons vii, à l’aridité du sol de Jérusalem ; mais rien de plus facile à un assiégeant que de les intercepter. La principale, sinon l’unique source capable d’alimenter directement la place, c’est-à-dire, la fontaine de Gihon ou de la Vierge, était en dehors des murailles. Si, par des travaux antérieurs, les assiégés pouvaient y puiser à l’abri des traits de l’ennemi, elle n’en restait pas moins également au pouvoir de celui-ci. C’est pour cela qu’« Ezéchias boucha la sortie des eaux de Gilion d’en haut, et les dirigea par-dessous, à l’occident de la cité de David ». II Par., xxxii, 30 ; IV Reg., xx, 20. Il fit donc creuser dans la colline d’Ophel la galerie souterraine qui communique avec la piscine de Siïoé, et dont l’inscription hébraïque, découverte en 1880, décrit l’exécution. Voir Aqueduc, t. i, col. 804. Il chercha sans doute aussi à utiliser les provisions que pouvaient fournir quelques-unes des piscines environnantes.

Quant à l’agrandissement de la ville, il ne pouvait se faire que du côté du nord, puisque partout ailleurs les vallées y mettaient obstacle. L’Écriture ne détermine pas plus le tracé de cette deuxième enceinte que celui de la première. Josèphe, Bell, jud., V, iv, 2, nous en donne une description malheureusement trop laconique : « Le deuxième mur, dit-il, avait son point de départ à la porte qu’on nomme Gennath et qui appartenait au premier mur ; enveloppant seulement la région septentrionale, il se prolongeait jusqu’à l’Antonia. » Les deux points d’attache de la nouvelle muraille sont donc nettement indiqués. Le dernier, situé au nord-ouest du Temple, n’oifre aucune difficulté. Pour retrouver le premier et suivre de là les vestiges des fortifications, faisons appel à la topographie et à l’archéologie, dont les lumières valent mieux que les raisons de convenance trop souvent apportées. Destiné à couvrir toute la région septentrionale par rapport à l’ancienne ville, le mur nouveau devait, d’après le relief du sol, tel qu’on le peut constater aujourd’hui encore en cette région, s’amorcer aussi près que possible de l’angle nord-ouest, déjà protégé sans doute par quelque édifice antérieur à la tour Hippicus. Le nom de Gennath donné à la porte septentrionale permet de supposer qu’elle ouvrait sur des jardins (hébreu : gan, gannâh). Or, d’après Josèphe, Bell, jud., V, ii, 2, les jardins bordaient la ville au nord, et la tradition chrétienne, conforme aux données évangéliques, a placé dans le jardin de Joseph d’Arimathie, au nord-ouest de la cité, le tombeau de Notre-Seigneur. Comme, d’autre part, on établit volontiers une porte de rempart à l’abri d’une ou de plusieurs tours, on peut fort bien croire que celle dont nous parlons était défendue par le voisinage d’Hippicus ou de ses antécédents. C’est d’après ces vraisemblances solides que plusieurs savants la placent dans la courtine qui, au temps de Josèphe, reliait les deux tours Hippicus et Phasæl. Cf. C. Schick, Die zweite Mauer Jerusalems, dans la Zeitschrift des Deutschen Paldstina-Vereins, t. viii, 1885, p. 272, pi. VIII ; Das Tfialthor im alten Jérusalem, dans la même revue, t. xiii, 1890, p. 35, pl. i. Si ces conjectures n’ont été jusqu’ici positivement confirmées par aucune découverte archéologique, elles trouvent cependant un sérieux point d’appui daus les vestiges de l’antiquité qui marquent de ce côté le commencement de la deuxième enceinte. En 1886, en effet, on mit à jour, à l’extrémité nord du Mauqâf, dans l’alignement de la rue Schuaiqat Allân, un mur en grandes pierres de taille, percé de portes, qui se prolongeait d’est en ouest jusqu’à l’entrée de la rue Istambuliyéh, où il était rencontré obliquement par un mur beaucoup plus puissant et dont quelques blocs énormes étaient appareillés à refend. Voir fig. 251. Après une interruption peu considérable, la ligne de ce mur était recouvrée, plus au nord, sur une étendue d’environ trente mètres. Deux à trois assises demeuraient partout en place, les blocs rappelant par leur forme et leurs proportions les meilleures parties de la « Tour de David ». À l’extrémité méridionale, un angle de construction massive, disposée en talus comme un revêtement d’escarpe, fut découvert en même temps ; il semblait avoir couvert l’angle d’incidence de la muraille sur l’enceinte primitive. C’est un point décisif dans la question de l’embranchement du second mur. Cf. Selah Merrill, Récent discoveries at Jérusalem, dans le Palestine Exploration Fund, Quarlerly Statement, 1886, p. 21-24 ; C. Schick, The second Wall, dans la même revue ; 1887, p. 217-221 ; 1888, p. 62-64. En 1900, durant la construction de l’université orthodoxe du couvent de Saint-Dimitri, on a trouvé le rocher presque à fleur de sol le long de la rue Istambuliyéh. Au contraire, en avançant vers l’est, on a constaté une énorme et brusque dépression, indice peut-être d’un ancien fossé, qui serait en parfaite relation avec les vestiges du mur relevé à l’angle nord-ouest de la rue hareï el-Mauâzin et plus à