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JÉRUSALEM


que qu’on rattache à cette porte. Cet emplacement es contesté. Voir plus loin : Topographie ancienne.

Second quartier : quartier arménien. — Il s'étend au sud du quartier précédent. Plus abandonné encore que celui-ci, il renferme cependant quelques ruelles intéressantes, avec des passages voûtés, des constructions pittoresques, quoique souvent fort délabrées. La partie qui touche les murailles, au sud de la caserne turque, est occupée par de grands jardins. À l’est de la citadelle, se trouve l'église anglicane du Christ. Plus bas sont l'église et le couvent des Arméniens. Cette dernière a la forme d’une croix grecque et est dédiée à saint Jacques le Majeur. Elle contient, en effet, dans le côté septentrional, une petite chapelle bâtie sur le lieu où, suivant la tradition, cet apôtre aurait été martyrisé. Cf. Act. xii, 2. La demeure du patriarche, le séminaire, un hospice, une bibliothèque remarquable par ses manuscrits, les couvents des religieux et des religieuses, un petit musée constituent un vaste ensemble d'édifices. A l’est du musée, on montre l’emplacement de la Maison d’Anne, Joa., xviii, 13-24, sur lequel s'élèvent deux oratoires contigus, appartenant aux religieuses arméniennes schismatiques. On prétend que, dans l’intérieur de la chapelle proprement dite, il y avait autrefois un olivier auquel le Sauveur aurait été attaché avant d'être conduit chez Caiphe. L'Évangile ne dit rien de semblable. À 115 mètres plus bas, en droite ligne, mais en dehors de l’enceinte, la chapelle d’un couvent arménien est construite à l’endroit où se trouvait la Maison de Caiphe. Matth., xxvi, 57 ; Joa., xviii, 24. À l’intérieur dans le mur de l’abside, au sud de l’autel, une porte donne sur une chambre très étroite, qui marque le lieu où Jésus fut gardé, tourné en dérision et frappé par les serviteurs et les ministres du grand-prêtre. L’authenticité de la maison de Caiphe est acceptée comme soutenue par une tradition qui remonte au IVe siècle. Cf. Ilineranum a Burdigala Hierusalem usque (333), dans T. Tobler, Itmera Terrée Sanctæ, Genève, 1877, t. i, p. 17. La distance qui sépare ce point de la maison d’Anne n’empêche pas que les vestibules des deux demeures n’aient pu être, au temps de Notre-Seigneur, réunis par une cour commune. Dans l’angle nord-est du même quartier, les Syriens jacobites ont construit une chapelle et un couvent sur l’emplacement présumé de la Maison de Jean-Marc, où saint Pierre, miraculeusement délivré, serait venu frapper en sortant de prison. Cf. Act., xii, 12-17.

Troisième quartier : quartier des Juifs. — Il couvre tout le penchant oriental du mont Sion et une bonne partie de la vallée du Tyropœon ; il est très peuplé, et d’une extrême malpropreté. On y voit plusieurs synagogues, dont quelques-unes surmontées d’une grande coupole. Presque tous les jours, principalement le vendredi, les malheureux enfants d’Abraham s’en vont pleurer sur les restes du Temple, au mur des Lamentations. Ce pan de muraille est une partie de l’enceinte occidentale du Haram esch-Schérif ; il est compris entre le Mehkéméli (tribunal turc) et une maison particulière. Sa longueur est de 48 mètres, sa hauteur de 18. Les neuf premières assises se composent de blocs énormes, plusieurs à refends. Au-dessus, il y a quinze assises de pierres plus petites. Parmi les blocs, dont quelques-uns sont fort dégradés, il en est qui ont jusqu'à quatre ou cinq mètres de longueur. Cette antique construction remonte, pour le moins, à Hérode le Grand ; quelques auteurs lui assignent même une origine salomonienne. Cf. Perrot et Chipiez, Histoire de l’art dans l’antiquité, t. iv, Paris, 1887, p. 176-218. Au nord du lieu des Lamentations, est un petit jardin dans lequel on voit un arc antique, qui repose sur deux murs presque complètement enfouis dans la terre. C’est probablement celui de la Porte de l’Angle, ainsi appelée de l’angle que formait la première enceinte septentrionale de Jérusalem, à

l’endroit où elle se réunissait au portique occidental du Temple. À l’extrémité méridionale de la même muraille, à 12 mètres environ de l’arête angulaire, émerge la base d’une arche, dite arche de Robinson, du nom de celui qui l’a découverte. Large de 15 mètres et demi, reposant sur d'énormes pierres longues de 6 à 8 mètres, elle formait la tête d’un viaduc qui, en franchissant le Tyropœon, reliait l’esplanade du Temple à la ville haute. La distance jusqu'à la colline opposée est de 91 mètres. On a retrouvé, en ce même endroit, les vestiges d’un pont plus ancien et un aqueduc qui, taillé dans le roc vif, courait du nord au sud sous les débris de l’arche. Plus haut, près duMehkéméh et de la porte Bâb es-Silsiléh, on voit une autre arche signalée pour la première fois par Tobler, mais souvent désignée sous le nom d’arche de Wilson. Elle est bien conservée et haute de 6™70 sur 15 d’ouverture. Elle s’appuie, à l’est, sur le mur du Haram et, à l’ouest, sur un pilier massif. Elle supporte les maisons qui bordent le côté nord de la rue Tariq Bâb es-Silsiléh. Elle servait donc aussi à unir le Temple à la colline occidentale. Cf. Wilson et Warren, The recovery of Jérusalem, p. 76-111.

Quatrième quartier : quartier musulman. — Il occupe le centre et le nord de la ville : il est relativement assez propre et régulièrement construit. La population y est très dense. Dans la partie centrale, entre le Saint-Sépubre et le Haram, nous n’avons à signaler que le nouveau Serai, près duquel était l’ancien hôpital de Sainte-Hélène, et, plus haut, le vieux Serai, qui sert actuellement de prison. Au commencement de la rue Tariq es-Serai, une pierre noire placée dans le mur d’un bâtiment indique le lieu présumé où Simon le Cyrénéen fut chargé de la croix du Sauveur. Un peu plus loin dans la même rue, on a, à droite, la Maison dite de sainte Véronique. L'église neuve que les Grecs unis y ont construite s'élève sur les ruines d’une plus ancienne. En revenant dans la rue Hôch Akhia Bég et remontant vers le nord, on rencontre l’Eglise du Spasme, qui appartient aux Arméniens catholiques. La rue qui tourne ensuite à l’est, séparant le mont Moriah de Bézétha, est le commencement de la Voie douloureuse. Il nous suffit de dire ici que l’authenticité de cette voie traditionnelle dépend avant tout de la solution d’un autre problème topographique, l’emplacement du prétoire de Pilate. Voir Prétoire. Il en est de même pour l’Arc de l’Ecce Homo, qui est à cheval sur la rue, et du haut duquel Pilate aurait montré le Sauveur flagellé, couronné d'épines et revêtu du manteau de pourpre, en disant à la multitude : « Voilà l’homme. » C’est un grand arc en plein cintre, dont la partie supérieure avec la petite construction qui le domine, est moderne, mais dont les pieds-droits et l’archivolte sont romains. Le pied-droit sud est engagé dans le mur septentrional du couvent adjacent habité par des derviches. Cette arcade se prolonge par un cintre plus petit, que l’on a retrouvé dans l'église voisine des Dames de Sion. C’est au fond de la chapelle, derrière l’autel, qu’on remarque cet arc collatéral nord, dont le pendant ou collatéral sud a complètement disparu. L’ensemble de ce monument, dont l' arc de l’Ecce Homo formait la partie centrale, est regardé par des archéologues distingués comme un arc de triomphe postérieur à l'époque de la Passion. À l’intérieur du monastère des sœurs de Sion, on voit un dallage antique que beaucoup considèrent comme le Lithostrotos ou Gabbatha de l’Evangile. Joa., xix, 13. On y trouve également l’entrée d’une ancienne piscine, divisée en deux branches parallèles, dirigées du nord-ouest au sud-est. La plus longue, celle de l’ouest, a 6 mètres de largeur environ et 50 mètres de longueur, l’autre, 39 mètres seulement. Elles sont creusées sans le roc et leurs voûtes en plein cintre sont construites avec des pierres d’un assez grand appareil. Le rocher, du reste, présente, du côté de l’hôpital autrichien, de nombreuses excavations. Cf. Survey of Wes-