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JERUSALEM


Qala’ah (fig. 243), qu’on a faussement nommée château de David. Elle occupe un carré irrégulier, long de 133 mètres, du sud au nord, et large de 100 mètres de l’est à l’ouest. C’est un assemblage de tours carrées, primitivement entourées d’un fossé, qui existe encore en grande partie. Les soubassements se composent d’une épaisse muraille qui s’élève du fond du fossé en formant un angle d’environ 45 degrés. La tour principale, appelée par les Francs tour de David, est celle du nord-est. Cet énorme quadrilatère, long de 21 m 40 et large de 17, est bâti, jusqu’à une hauteur de 12 mètres, à partir du pied, en grosses pierres à refends, mais à surface brute, moins grandes que celles de l’enceinte du Haram. Ces ondements sont donc anciens, comparés surtout aux

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242. — Porte de Jaffa (Bâb el-KhâKl).

assises supérieures, dont l’ensemble s’élève de 10 mètres plus haut, et qui ont à peu près l’apparence des autres murailles voisines, de construction moderne. Du côté extérieur, la citadelle est défendue par des glacis anciens réparés par Ibrahim pacha. À l’intérieur, elle ne présente rien de bien remarquable, si ce n’est quelques grandes salles fort délabrées servant aujourd’hui de caserne et d’arsenal. Cf. C. Schick, Der Davidsthurni in Jérusalem, dans la Zeilschrift des Deutschen Paldstina-Vereins, Leipzig, 1. 1, 1878, p. 226-237, avec plans. Signalons enfin, à l’angle nord-ouest de la ville, les restes d’une forteresse dite Qasr Djdlûd, « . forteresse de Goliath. » Les vestiges les plus anciens comprennent au sud les soubassements d’une forte tour quadrangulaire ; on reconnaît encore quatre assises de grosses pierres en taille lisse. Quatre gros piliers, composés de blocs à bossage, forment le centre de cette construction.

3. Intérieur : rues et quartiers ; monuments et souvenirs. — En pénétrant à l’intérieur de la ville, on remarque que « les habitations, en général très petites, sont établies sur un plan tout à fait spécial. À cause de

la rareté du bois de construction, elles n’ont ni plancher ni toit, mais le premier étage et la terrasse supérieure sont entièrement en pierre. À cause des pluies abondantes de l’hiver, dans cette région de la Palestine, les terrasses sont recouvertes de coupoles hémisphériques qui présentent un aspect singulier lorsqu’on regarde la ville du haut d’un monument élevé. Comme ces voûtes, si elles avaient une portée trop considérable, n’offriraient pas une solidité suffisante, les chambres sont en général assez petites, presque carrées et à peu près toutes d’égale grandeur. Les escaliers, toujours excessivement étroits, partent d’une cour minuscule et aboutissent à un palier extérieur qui permet de circuler autour de l’habitation. Quelques-unes de ces maisons datent évidemment de l’époque des croisades et présentent encore des entrées voûtées en ogive, des portes sculptées, des écussons armoriés, des fenêtres à meneaux, à accolades garnies de moucharabiéhs élégants et finement découpés ». Lortet, La Syrie d’aujourd’hui, dans le Tour du monde, t. xlii, 1881, p. 102.

Dans le dédale des rues qui coupent la ville en différents sens, il est facile de distinguer plusieurs lignes principales, dont la régularité, conforme au mouvement du terrain, rappelle les grandes artères d’autrefois. Elles limitent en partie et les collines que nous avons décrites et les quartiers dont nous allons parler. (Voir le plan, fig. 244.) La première va directement du nord au sud, de la porte de Damas à la porte de Sion, prenant le nom de Tariq Bâb el-Amûd dans la partie septentrionale et celui de Tarîq Hâret en-Nébi Daûd dans la partie méridionale. Elle suit la direction de la longue avenue bordée de portiques, construite dans JEXia Capitolina sous l’empereur Adrien, et dont on a retrouvé des vestiges dans les nombreux tronçons de colonnes qu’on aperçoit non loin des couvents des Abyssins et des Coptes, à l’est du Saint-Sépulcre. La seconde coupe celle-ci transversalement, en allant de l’ouest à l’est, de la porte de Jaffa à l’une des portes du Haram, appelée Bâb es-Silsiléh ou « porte de la Chaîne ». Elle suit le pli de terrain qui sépare le mont Sion de la colline septentrionale. La troisième marque la direction de la vallée du Tyropœon, partant de la porte de Damas pour retomber directement dans la Tarîq Bâb es-Silsiléh et aboutir par certaines ramifications à la porte des Maugrebins. Une quatrième enfin va de Bâb Sitti Maryam, à l’est, rejoindre cette dernière à l’ouest, séparant le mont Moriah de Bézétha ; une partie constitue ce qu’on appelle la Voie douloureuse, qui, après un coude vers le sud-est, continue du côté de l’occident.

Division de Jérusalem, en quatre quartiers. — Premier quartier : quartier des chrétiens. — Il est situé au nordouest, dans l’angle compris entre la porte de Jaffa et celle de Damas. Couvents et maisons sont groupés autour de l’édifice le plus vénérable de la ville, la basilique du Saint-Sépulcre. Au temps de Notre-Seigneur, le Calvaire était en dehors des remparts, comme nous le montrerons plus loin, en parlant de la topographie ancienne de la sainte cité. Tout près était le tombeau qui reçut le corps ensanglanté du Sauveur, et d’où il sortit vivant et glorieux. C’est donc sur ce petit coin de terre qu’eurent lieu les dernières scènes de la Passion. C’est dans une citerne voisine que sainte Hélène, dit-on, découvrit la vraie Croix. Voir Croix, t. ii, col, 1130. Ces trois endroits, véritables sanctuaires marqués par la piété des fidèles et une constante tradition, furent enfermés, sous Constantin, dans la magnifique basilique si célèbre sous le nom de Saint-Sépulcre. Pour les détails, voir Calvaire, t. ii, col. 77 ; Sépulcre (Saint). A l’est du Saint-Sépulcre sont les couvents des Abyssins et des Coptes. Vers le nord-est, se trouve le couvent grec de Saint-Caralombos, et, vers le sud-est, l’établissement russe. En construisant ce dernier, on découvrit deux pans de murs anciens, dont l’un était dirigé de l’ouest à