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JÉRUSALEM


question d’U-ru-sa-lim. Cf. H. Winckler, Die Thontafeln von Tellel-Amarna, Berlin, 1896, p. 303-315, lettres 180, lignes 25, 46, 61, 63 ; 181, 1.49 ; 183, 1. 14 ; 185, 1. 1. Voir Histoire, col. 1377. Nous trouvons de même dans les inscriptions cunéiformes assyriennes Ur-sa-li-im-mu

(sa = d), T£zT ^ - « =ïf AiiHff--**. Cf. Prisme de Taylor ou cylindre C. de Sennachérib, Cuneiform Inscriptions of Western Asia, t. i, p. 38, 39, col. iii, ligne 20 ; Fried. Delitzsch, Assyrische Lesestûcke, 2e édit., Leipzig, 1878, p. 102 ; E. Schrader, Die Keilinschriften wnd das À Ue Testament, Giessen, 1883, p. 290. Le nom araméen est nbum », Yerûselêm. Cf., i, Esd., iv, 20, 24 ; v,

4, 14 ; Dan., v, 2. Les Septante ont de même traduit uniformément par’Iepooo-aX^i ;. Cf. Hatch et Redpath, Concordance to the Septuagint, supplément, Oxford, 1900, fasc. I, p. 81, 82. La forme’Ispoo-<51.-ujji.a est plus récente ; elle se rencontre dans les livres des Machabées, i Mach., i, 14, 20, etc. ; Il Mach., i, 1, 10, etc., et

existe dans le Nouveau Testament concurremment avec

— t’Ijpou<raX^[i.. La version syriaque donne eà* ».50), ’UriS lem, qui se rapproche davantage de l’assyrien. Les Arabes, sans employer l’antique dénomination hébraïque, la connaissaient cependant ; Yakût, en effet, mentionne les’' f a’formes fJu*o.jl, ’Urîsalam ou’UrUalum, et fLù>, Sal lam, Sallum, comme les différents noms de la cité sainte à l’époque des Juifs. Cf. Guy Le Strange, Palestine under the Moslems, Londres, 1890, p. 83 ; F. Muhlau et W. Volck, W. Gesenius Handwôrterbuch, Leipzig, 1890,

p. 357. Les versions arabes offrent également p^Liojjj », YerûSalâm. Rappelons enfin que, une fois dans la Bible, Ps. lxxvi, 3 (texte hébreu), et, d’après plusieurs, une autre fois dans Gen., xiv, 18, Jérusalem est simplement appelée oVjr, Sdlêm, d’où le grec SdXujjia, Josèphe,

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Ant. jud., i, x, 2, et le latin Solyma. De ce que nous venons de dire, il est permis de conclure que la seconde partie du nom devait être, dans sa vraie forme, Salent ou Salim..Comme, d’un autre côté, ce nom existait avant l’entrée des Hébreux en Palestine, et que le premier élément Ur, Uru signifie, d’après les syllabaires cunéiformes, « ville, » hébreu’îr, il est sans doute plus simple d’expliquer l’étymologie de Jérusalem par « ville de Salem >, . A. H. Sayce, dans Thevcademy, 7févrierl891, p. 138, a supposé que Salim était le nom d’une divinité. Cette opinion est combattue par d’autres. Cf. Zimmern, dans la Zeitschrift fur Assyriologie, 1891, p. 263. Lorsque l’hellénisme eut envahi les Hébreux, on défigura quelque peu le mot grec pour lui donner un sens intelligible, ’Iepo<j<Aunâ, e l a sainte Solyme. » Cf. Josèphe, Bell. jud., Vl, x. Outre les noms primitifs d’U-ru-sa-lîm et de Sdlem, Jérusalem porta les suivants. À l’époque de Josué, des Juges et de David, elle s’appelait Jébus, hébreu : Yebûs, Jud., xix, 10, 11 ; I Par., xi, 4, 5 ; ’îr hay-Yebûsi, « la ville du Jébuséen, » Jud., xix, 11, ou simplement hay-Yebûsî, Jos., xv, 8 ; xviii, 16, 28 ; Septante : ’IeëoOj. Voir Jébus, Jébuséens, coh 1209, 1210. — Le nom symbolique d’Ariel, hébreu, ’Ârî’êl, « lion de Dieu » ou « foyer de Dieu » ; Septante : ’ApirjX, lui est donné par Isaîe, xxix, 1, 2, 7. Voir Ariel 5, 1. 1, col. 956. — Considérée comme le sanctuaire de Dieu, elle est appelée’îr’Elôhîm, « la cité de Dieu, » Ps. xlv (hébreu, xlvi), 5 ; l lr Yahvéh sebâ’ô(, « la cité de Yahvéh des armées, » Ps. XL vu (hébreu, xlviii), 9 ; ’îr haq-qôdéS, « la ville sainte, » Neh., II, 18. Cette dernière dénomination, r| àyt’a uô), iç, se retrouve dans le Nouveau Testament, Matth., iv, 5 ; xxvii, 53 ; Apoc, xi, 2. C’est de là que vient le nom arabe qu’elle porte actuellement, ^^JvjLH, ElrQuds, « la Sainte. » On rencontre aussi dans les chroniques arabes Beit el-Muqaddas ou Beit el-Mugdis, « la sainte mai-Son, le sanctuaire. » — L’empereur Hadrien, après l’avoir

rebâtie, l’appela JElia Capitolina’. Ce nom d’Mlia, AtXâx, est habituellement employé par Eusèbe et S. Jérôme dans YOnomasticon. Mais le nom sacré d’iherusalem, comme on disait au moyen âge, ou de Jérusalem a subsisté jusqu’à nos jours dans la bouche des chrétiens, rappelant à leur cœur les plus grandes merveilles que Dieu ait accomplies sur terre.

II. Topographie.

i. topographie moderne. — 1° Situation géographique.

Jérusalem est à 31°46’30°

de latitude nord, et32°52’52° de longitude est, à 52 kilomètres à vol d’oiseau (62 par la route) de Jaffa, à 22 de la mer Morte (environ 38 par la route de Jéricho), à 30 d’Hébron et 50 de Naplouse. Elle occupe un des plateaux de la chaîne montagneuse qui traverse la Palestine du nord au sud et en forme comme l’épine dorsale. Son point culminant est à 775 mètres (790 suivant quelques-uns ) au-dessus de la Méditerranée et 1168 (ou 1183) au-dessus de la mer Morte. Bien que très élevé, il n’atteint pas l’extrême hauteur de la chaîne, qui, à Hébron, va jusqu’à 927 mètres. Aussi la ville est-elle entourée de collines qui constituent comme une enceinte de fortifications naturelles. En dehors d’une première ceinture qui la couvre immédiatement, et dont les forces principales sont le mont Scopus au nord (831 mètres) et la montagne des Oliviers à l’est (818 mètres), elle est protégée, à une petite distance, par une série de forts avancés, Nébi Samuîl (895 mètres), Tell el-Fûl (839 mètres ) au nord, Beit Djâla (820 mètres) au sud. Elle reste plus ouverte du côté de l’ouest, où l’on remarque cependant encore quelques hauteurs importantes. Le poète sacré avait donc raison de dire, Ps. cxxiv (hébreu cxxv), 2 (d’après l’agencement des vers proposé par G. Bickel 1, Carmina Veteris Teslanienh metrice, Inspruck, 1882, p. 90) :

Jérusalem est solidement établie,

Des montagnes l’entourent.

Il faut néanmoins tenir bien compte des cotes que nous venons de donner. La ville sainte n’a rien, par exemple, de l’aspect d’Athènes, qui s’étale au milieu d’une plaine fermée de trois côtés par des montagnes, dont les masses superbes la dominent complètement. Elle est resserrée dans un groupe compliqué de collines d’inégale hauteur, qui en rendent l’accès difficile et la défense aisée ; aussi Tacite, Hist., v, 11, l’appelle-t-il arduam situ. Pour y arriver du côté de l’ouest, il faut, à partir de la Séphélah, gravir une série d’échelons qui s’étagent plus ou moins doucement ; mais, du côté de l’est, la montée est absolument raide. Comme d’ailleurs, vers le sud et le nord, l’altitude n’est dépassée que par quelques points, et que le pays en’général est à un niveau inférieur, l’expression « monter à Jérusalem », souvent employée par l’Écriture, est donc parfaitement exacte. Cf. II Reg., xix, 34 ; III Reg., xii, 28 ; xiv, 23 ; Matth., xx, 17, 18 ; Marc, xv, 41, etc. Du plateau sur lequel la ville est bâtie, les eaux s’en vont, par un double versant, vers la Méditerranée et vers la mer Morte (fig. 235, 237).

Jérusalem est reliée à toute la Palestine par un résea » de routes qui y aboutissent comme à un centre. Voir la carte des environs de Jérusalem. De Jaffa, en dehors du chemin de fer, qui fait un assez long circuit à traversas vallées avant d’atteindre la ville sainte, une routa carrossable passe par Ramléh, Latrîm, Qariyet el-Enah et Qolûniyéh. Plus haut, un chemin se dirige parLydda, vers Djimzu, où il se bifurque pour aller, d’un côté, vers Beit Nûba, Biddu, Beit-Iksa, et, de l’autre, vers Beit Vr (Béthoron) et El-Djib (Gabaon). De Gaza, l’on monte par Dhikrin où* Beit Djibrin, d’où les sentiers se divisent à travers la montagne. D’Hébron une route carrossable passe près de Bethléhem. Une autre vient de Jéricho, reliant Jérusalem au Jourdain, à la mer Morte et à la région transjordane. Enfin, vers le nord, se trouve la route séculaire qui vient de la Galilée et de la Samarie. Nous ne parlons que des voies princi-