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JEROME


basant sur l’étymologie y voyait un ange. — 12. Le commentaire sur Amos, qui a été bien étudié par G. Baur, Der Prophet Amos, I817, p. 141, est un des bons travaux de saint Jérôme. Il comprend trois livres dédiés à Pammachius. Tout ce traité abonde en remarques excellentes. — 13. On ne peut en dire autant du commentaire sur Osée et sur Joël ; le premier est par endroits fort obscur, et dans le second l’explication allégorique domine d’une façon abusive. — 14. Si, dans le traité sur Daniel, l’auteur s’est "proposé d’expliquer certains passages particulièrement obscurs, en fait, cependant, l’ouvrage a bien le caractère d’un commentaire perpétuel ; mais les endroits les plus difficiles sont développés avec plus d’étendue, par exemple la prophétie des soixante-dix semaines (c. îx, 24-27). On constate, au cours du commentaire, assez peu d’interprétations personnelles ; c’est plutôt une collection des opinions antérieurement émises par Clément, Origène, Jules Africain, Hippolyte, Eusèbe et Apollinaire. À diverses reprises, saint Jérôme défend contre Porphyre le caractère prophétique du livre de Daniel, surtout dans la préface. Quelques interprètes ont cru que saint Jérôme contestait l’authenticité de l’histoire de Susanne et de Bel et du dragon. Cette manière de voir n’est plus admissible depuis le travail si approfondi que le P. A. Delattre, S. J., a consacré à cette question : Les deux derniers chapitres du livre de Daniel, dans les Éludes religieuses, 1878. Le savant exégète a nettement démontré que certaines expressions de saint Jérôme peuvent très naturellement s’expliquer et n’entament d’aucune façon le caractère inspiré des derniers chapitres du livre de Daniel. Notons aussi que la valeur du commentaire de saint Jérôme est encore relevée par les nombreux extraits qu’il renferme d’historiens grecs et latins aujourd’hui perdus. Cf. surtout au chapitre xi.

— 15. L’étude de saint Jérôme sur le prophète Ézéchiel fut écrite entre les années 410 et 452. Ce travail très étendu est divisé en dix-huitlivres. Aussi longtemps que l’auteur se borne à l’explication historique, il fournit à l’exégèse d’utiles et importantes contributions, et sous ce rapport l’interprétation de la fameuse vision des ossements, xxx vii, 1-1 4, où il voit une prophétie de la résurrection nationale d’Israël, est un modèle du genre. Il n’en est pas de même, quand saint Jérôme se laisse aller à sa tendance à l’interprétation tropologique, et de ce procédé les chapitres i, ix, xvi, xl-xlviii ont eu particulièrement à souffrir. — 16. Le dernier des commentaires de saint Jérôme sur les prophètes est celui de Jérémie, composé de 415 à 420 et mené seulement jusqu’au ch. xxxii, car il fut interrompu par la mort du grand exégète. On doit regretter vivement de ne point posséder cette œuvre en son entier. Si, pour la profondeur et l’abondance des aperçus nouveaux, ce commentaire peut rivaliser avec ceux dlsaie et d’Ézéchiel, d’autre part, il l’emporte parce qu’il s’y rencontre beaucoup moins d’explications arbitraires et forcées. Les fréquentes allusions à la controverse avec Pelage donnent aussi à ce commentaire une importance particulière. — 17. On doit encore à saint Jérôme un commentaire sur l’Apocalypse. Ce traité a été reconnu naguère par E. J. Haussleiter, Die Kommentare des Victorinus, Tichonius und Hieronymus zur Apokalypse, âansZeitschriftfurkirchlicheWissenschaft und kirchl. Leben, t. vii, 1886. p. 239-570, dans la Summa dicendorum (Patr. Lat., t. xcvi). En somme, le commentaire de saint Jérôme sur l’Apocalypse aurait pour base le traité perdu de Tichonius sur le même sujet et un remaniement du traité sur l’Apocalypse de Victorin de Pettau. — 18. À deux reprises différentes, saint Jérôme parle des Commentarioli qu’il avait composés sur les Psaumes, t. xxiii, col. 432. Vallarsi pensait que ces commentaires donnés verbalement avaient été recueillis par d’autres, sans la participation directe de saint Jérôme à leur rédaction, et que de là était sorti le Breviarium in Psalmos. Voir t. xxii, col. xxyii, et t. xxvi, col. 855. Il

y a peu d’années, dom Germain Morin a trouvé dans des manuscrits d’Épinal, de Paris, de Grenoble et de Namur des commentaires sur les Psaumes attribués à saint Jérôme et intitulés tantôt Excerpta de Psalterio, tantôt Enchiridion beati Jeronimi in Psalmis. Il les a publiés et, dans une introduction fort documentée, établi, avec beaucoup de sagacité, que les Excerpta de Psalterio n’étaient pas autre chose que les petits commentaires sur les Psaumes, commentarioli, dont parle saint Jérôme lui-même. Voir G. Morin, Anecdota Maredsolana, t. ii, part. 1, Sancti Hieronymi qui deperditi hactenus putabantur commentarioli in Psalmos, Maredsous, 1895. G. Morin pense que ces commentaires ont été composés à Bethléhem avant l’année 393.

Traductions de commentaires.

Outre les commentaires

originaux sur bon nombre de livres de l’Écriture Sainte, on doit encore à saint Jérôme la traduction latine de plusieurs traités d’Origène. — 1. De 379 à 381, durant son séjour à Constantinople, il traduisit les homélies d’Origène sur Isaie, Ézéchiel et Jérémie. La version des homélies sur Isaie a tous les caractères d’une œuvre de début ; le style est encore inculte et le texte souvent peu clair. Il s’y rencontre assez d’expressions littéralement traduites du grec, qu’on ne retrouve plus dans la latinité de saint Jérôme à l’époque de sa complète formation. — 2, La version des quatorze homélies d’Origène sur le prophète Jérémie est mieux réussie. Bien que l’on ne possède pas encore de texte latin établi selon toutes les exigences de la critique, la traduction de saint Jérôme a une réelle importance. Elle témoigne de l’excellence du manuscrit grec que le traducteur avait à sa disposition, et en outre constitue une œuvre fort méritoire. La version n’est pas absolument littérale, saint Jérôme y a suivi son programme habituel : Non verbume verbo, sed sensum exprimere de sensu. M. Klostermann a examiné de très près la version faite par saint Jérôme des homélies d’Origène, et sa conclusion est des plus favorables au sujet de la valeur et de l’intérêt sur le travail. Die Veberlieferung der Jeremiahomil’ien des Origenes, dans Texte und Untersuchungen, Neue Folge, t. i, 1897, Heꝟ. 3, p. 19-31. Par une série d’exemples topiques, M. Klostermann a montré qu’en bien des cas la traduction de saint Jérôme demeure le témoin de leçons meilleures que celles fournies par les manuscrits grecs aujourd’hui à notre disposition. — 3. La traduction de deux homélies d’Origène sur le Cantique des cantiques fut faite par saint Jérôme à Borne, entre les années 382 et 384. Dans sa préface au pape Damase, le traducteur déclare qu’il a songé davantage à rendre fidèlement le texte qu’à le revêtir des ornements de la rhétorique. Comme on ne possède plus l’original d’Origène, la version de saint Jérôme est doublement précieuse ; elle marque un grand progrès sur la traduction des homélies sur Isaie. Par la grande vogue dont ce travail de saint Jérôme a joui au cours du moyen âge, on peut juger de l’accueil qui dut lui être fait à son apparition. Cf. Grûtzmacher, Hieronymus, p. 212-213. — 4. Les trente-neuf homélies d’Origène sur l’Évangile de saint Luc furent traduites à Bethléhem entre 388 et 391. C’est la fidèle interprétation du texte grec, et saint Jérôme, cette fois, ne semble pas même avoir pris la peine d’adoucir, comme il l’a fait ailleurs, certaines opinions un peu étranges ou des expressions incorrectes du grand Alexandrin.

III. Travaux sur la Bible.

À cette catégorie se rattachent les Interpretationes fiebrseorum nominum, le Liber de situ et nominibus locorum hebraicorum et les Qumstiones hebrawae in libro Geneseos. Ces divers traités furent composés à Bethléhem entre 386 et 391. — 1. Les Interpretationes hebrssorwm nominum sont un lexique disposé par ordre alphabétique, où l’auteur a pour but d’expliquer le sens de certains termes hébreux. Il est à peine besoin de le dire, devant les progrès de la