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JEAN (TROISIÈME ÉPITRE DE SAINT)


universels. Ils ne semblent pas avoir eu d’autre cause que l’absence de citation de cette Épitre de la part des anciens Pères. A. Loisy, Histoire du canon du N. T., Paris, 1891, p 130. Le canon de Muratori, encore qu’il s’exprime d’une façon obscure sur leur origine apostolique, les range résolument au nombre des Ecritures canoniques. Origène, Clément et Denys d’Alexandrie les reconnaissaient comme canon’ques. Les doutes qu’Eusèbe a signalas à leur sujet, ont existé en Syrie et dans 1 Église d’Antioche, témoin un discours placé parmi les œuvres de saint Chrysostome, t. lvi, col. 424. Voir t. H, col. 175. Partout ailleurs, elles sont acceptées comme Écriture et elles figurent dans toutes les listes canoniques. Si en se rapprochant des origines, on ne les trouve citées expressément par aucun écrivain ecclésiastique, il ne faut pas s’en étonner ; leur brièveté ne donnait pas lieu à de nombreuses citations. Leur canonicité est donc certaine. Zahn, Geschichte des Neutestamentlichen Kanons, t. r, 1, Erlangen, 1888, p. 209220.

III. Destinataire, but et contenu. — 1° Destinataire. — Saint Jean adresse sa II" Épitre à èx>.exTÎ) xuptî xat to ?c Tsxvotç aÔTÎi « . On a regardé cette destinataire ou comme une personne privée du nom d’Électa ou de Kyria, ou plutôt comme une église particulière de l’Asie Mineure. -Voir t. ii, col. 1652-1653. — 2° But. — L’apôtre exhorte cette femme et ses enfants, ou mieux cette église et ses fidèles à se tenir fermement attachés à la foi de Jésus-Christ et à fuir les hérétiques et leur fausse doctrine, aussi bien qu’à observer les préceptes du Seigneur et en particulier celui de la charité fraternelle.

— 3° Contenu. — 1. Dans le titre du début, l’apôtre dit à ses lecteurs qu’il les aime, parce qu’ils ont reçu la vérité et qu’ils y demeurent, ꝟ. 1-3 — 2. Après leur avoir exprimé la joie que lui cause leur persévérance, il leur rappelle le précepte de la charité, jꝟ. 4-6. — 3. Mais puisque des séducteurs nient l’incarnation du Verbe, il exhorte ses lecteurs à ne pas s’exposer à perdre la vie éternelle, en suivant leurs erreurs, et il leur ordonne de s’abstenir de tout commerce avec eux pour n’avoir pas part à leurs œuvres mauvaises, ꝟ. 7-11.

— 4. Sa lettre est courte, parce qu’il les visitera bientôt ; il les salue au nom de l’Église dans laquelle il réside, ꝟ. 12-13.

IV. Temps et lieu.

On ne sait rien de précis sur l’époque et le lieu de la composition de cette Épitre. La tradition ne fournit aucun renseignement à ce "sujet. Comme la IIe Épître de saint Jean résume la I re, on estime généralement avec raison qu’elle lui est postérieure et qu’elle date des dernières années de la vie de saint Jean et de son séjour à Éphèse.

V. Commentateurs.

Ce sont à peu près les mêmes que ceux de la I". Mentionnons Clément d’Alexandrie, t. IX, col. 737-740 ; Didyme, t. xxxix, col. 18091810 ; Cassiodore, t. lxx, col. 1373-1376 ; Bèdë, t. xciii, col. 119-122 ; Walafrid Strabon, t. cxiv, col. 703-706 ; Œcumenius, t. cxix, col. 683-696 ; Théophylacte, t. cxxvi, col. 67-80 ; Nicolas de Gorham, dans Opéra de saint Thomas d’Aquin, Paris, 1876, t. xxxi, p. 464-467 ; Poggel, Der zvoexte und der dntte Brief des Apostels Johannes, Paderborn, 1896. E. Mangenot.

14. JEAN (TROISIÈME ÉPITRE DE SAINT). — I. AU-THENTICITÉ. — Les preuves de l’origine johannique de la IIIe Épitre sont à peu près les mêmes que celles de l’authenticité de la IIe. — 1° Arguments extrinsèques. — Il existe un accord d’idée et d’expression entre Hom. clément., xvii, 19, t. ii, col. 404, et III Joa., 8. Des critiques pensent que l’auteur du canon de Muratori, en parlant de l’Évangile de saint Jean, cite un passage de la I’e Épître qu’il joint ainsi à l’Évangile, et ils en concluent que les Épitres de l’apôtre, qu’il mentionne plus loin, sont la IIe et la IIIe.

Zahn, Geschichte des Neutestamentlichen Kanons, t. ii, 1, Erlangen et Leipzig, 1890, p. 93 ; A. Loisy, Histoire du Canon du Nouveau Testament, Paris, 1891, p. 99. Des témoignages de Tertullien et de Clément d’Alexandrie, qui appellent la I re Épitre de saint Jean, l’un la première, l’autre la plus grande, on peut inférer que ces écrivains en connaissaient d’autres plus petites, celles que la tradition a nommées IIe et IIIe. Origène attribue à saint Jean plusieurs Épitres et il n’ignore pas les doutes qui existent déjà de son temps sur l’authenticité ^e la IIe et de la IIIe. Saint Denys d’Alexandrie reconnaît l’origine johannique de la IIIe Épître. Eusèbe de Césarée et saint Jérôme relatent l’opinion suivant laquelle la IIe et la IIIe Épitres seraient, non pas de l’évangéliste Jean, mais du prêtre Jean. Cette opinion a été exprimée dans le canon du pape saint Damase. Pour l’indication des témoignages patristiques, voir l’article précédent. A partir de la fin du ive siècle, les doutes isolés relativement à l’origine johannique de la IIIe Épître disparaissent pour n’être plus repris que dans les temps modernes. — 2° Arguments intrinsèques. — La IIe et la IIIe Épitres attribuées à saint Jean se ressemblent et sont incontestablement du même auteur. C’est le même upssjg-j-repo ; qui les a écrites. Ce « vieillard » n’est pas le prêtre Jean, dont l’existence n’est pas certaine, mais l’apôtre qui seul avait assez d’autorité pour blâmer et reprendre Diotrèphe (t. ii, col. 1438), l’un des chefs, peut-être l’évêque d’une église d’Asie Mineure. Pour se faire écouter, Jean n’avait pas besoin de revendiquer ses droits supérieurs d’apôtre ; il lui suffisait de se désigner par le nom de irpsuëûtepoc, sous lequel il était universellement connu à cause de son grand âge.

II. Canonicité.

La IIIe Épître de saint Jean a eu la même destinée que la IIe, à laquelle elle a toujours été étroitement unie, et elle a été rangée avec elle parmi les écrits contestés du Nouveau Testament. Les doutes sur la canonicité ont été restreints aux églises d’Antioche et de Syrie. Mais le canon de Muratori, Origène, Clément et Denys d’Alexandrie reconnaissaient à ces deux Épitres l’autorité canonique. Les doutes ont disparu au IVe siècle, et depuis lors, la IIIe Épître de saint Jean a occupé nne place incontestée dans le canon de la Sainte Écriture.

III. Destinataire, but et contenu. — 1° Destinataire.

— Saint Jean a adressé sa IIIe Épître à un chrétien d’Asie Mineure, nommé Gaius ou Caius. Voir col. 44. — 2° But.

Il voulait le louer de son zèle à exercer l’hospitalité

envers les frères, les chrétiens et spécialement les docteurs itinérants, qui prêchaient partout l’Évangile. Il blâme, par contre, Diotrèphe, un des chefs, peut-être l’évêque de l’Église dont Gaius était membre, de ne pas bien remplir les lois de l’hospitalité envers la même catégorie d’étrangers. Voir t. ii, col. 1438. —3° Contenu.

— Après la salutation du début, ꝟ. 1-2, l’apôtre exprime à Gaius la joie qu’il a ressentie en apprenant ses vertus et en particulier sa généreuse hospitalité, et il l’exhorte à continuer d’aider à l’avenir, autant qu’il le faudra, les missionnaires de l’Évangile, ꝟ. 3-8. Il blâme fortement Diotrèphe de ce que lui, le chef de l’église, loin d’exercer personnellement l’hospitalité, chasse de son église ceux qui reçoivent les docteurs étrangers. Quand il reviendra bientôt, il mettra ordre à cette situation, t- 9-10. Il termine sa courte lettre par l’avertissement général d’accomplir toujours le bien ; il recommande Démétrius, le porteur de la missive, voir t. ii, col. 1365, et il salue son correspondant, ꝟ. 11-14.

IV. Temps et lieu.

Comme pour la IIe Épitre, il n’y a rien de certain sur la date et le lieu de composition de cette IIIe lettre ; mais il est très vraisemblable qu’elle a été rédigée à la fin de la ^ ie de l’apôtre et à Éphèse.

V. Commentateurs.

Mentionnons Didyme, t. xxxrx, col. 1811-1812 ; Cassiodore, t. lxx, col. 1375-1376 ; Bède, t. xciii, col. 121-124 ; Walafried Strabon, t cxiv, col.