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JEAN (ÉVANGILE DE SAINT)


ros de son histoire est le Verbe éternel et créateur, qui s’est fait chair pour sauver l’humanité. Toutefois, il ne le présente pas sous une forme purement abstraite et métaphysique, car il écrit une histoire et non des spéculations ; mais il expose la métaphysique divine elle-même en termes concrets et historiques. Il raconte que le Verbe éternel et consubstantiel à Dieu n’a pas été connu par les hommes, bien qu’il se soit manifesté par la création et la révélation surnaturelle, 1-5 ; que, même annoncé par son précurseur et venu lui-même chez les siens, - il n’a pas été reçu par tous, quoiqu’il réservât la dignité d’enfants de Dieu à ceux qui le recevraient, 6-13, et que néanmoins, incarné et habitant parmi les hommes, il avait manifesté sa gloire en répandant la grâce et la vérité, 14-18. Voir A. Resch, Paralleltexte zu Johannes, dans les Texte und Untersuch., t. IV, Leipzig, 1896, p. 49-65 ; Baldensperger, Der Prolog des vierten Evangeliums, Fribourg-en-Brisgau, 1898 ; Calmes, Le prologue du quatrième Évangile et la doctrine de Vincarnation, dans la Revue biblique, t. viii, 1899, p. 2322 48 ; G. Weiss, Der Prolog des heiligen Johannes, eine Apologie in Antithesen, dans les Strassburger theologische Studien, t. iii, fasc. 2 et 3, Fribourg-en-Brisgau, 1899 ; Van Hoonacker, Le prologue du quatrième Evangile, dans la Revue d’histoire ecclésiastique, de Louvain, t. ii, 1901, p. 5-14. Ce serait ici le lieu de réfuter les tenants attardés : Albert Réville, Jésus de Nazareth, Paris, 1897, t. i, p. 330-341, Jean Réville, Le quatrième Évangile, Paris, 1901, p. 75-109, d’une opinion surannée d’après laquelle la doctrine du Logos a été empruntée par l’auteur du quatrième Évangile à Philon ou à la théologie judéo-hellénique. Le Logos de saint Jean diffère essentiellement du Logos de Philon. Camerlynck, De quarti Evangehi auctore, p. 244-269.

II. CORPS de l’écrit. — Il se divise naturellement en deux parties, dont la première, I, 19-xii, 50, manifeste la gloire divine dans la vie publique de Jésus, et la seconde, xiii, 1-xxi, 23, manifeste la même gloire dans la passion et la mort du Sauveur. Chacune de ces parties se subdivise en trois sections, qui se correspondent en quelque sorte et dans lesquelles la manifestation de la divinité de Jésus se fait progressivement.

1° Première partie : Manifestation de la divinité de Jésus durant la vie publique. I, 19-J.il, 50. — I" section. — Jésus est reconnu comme Dieu parles hommes de bonne volonté, mais encore à des degrés différents, i, 19-IV, 54. — 1° Il trouve une foi parfaite : 1. de la part de Jean-Baptiste, son précurseur, qui lui rend, témoignage devant les envoyés du sanhédrin, I, 19-28, et plus clairement encore devant ses propres disciples, i, 29-34 ; 2. de la part de ses premiers disciples, qui reconnaissent en lui le Messie que Jean leur a montré, i, 35-42, et que signalent sa science divine, i, 43-51 et sa toute-puissance, aux noces de Cana, ii, 1-12. — 2° Jésus obtient une foi moins parfaite : 1. à Jérusalem, où il manifeste à la première Pâque sa gloire en chassant les vendeurs du temple, ii, 13-17 ; les uns demandent un signe et ils n’obtiennent que le signe de la résurrection, ii, 18-22 ; à ceux qui n’en réclament pas, des signes sont donnés qui ne les gagnent pas pleinement, ii, 23-25 ; Nicodème est initié au mystère de la renaissance spirituelle, iii, 1-21 ; 2. en Judée, où Jésus baptise pendant plusieurs mois, tous viennent à lui, mais les disciples du précurseur ont encore besoin d’un témoignage nouveau pour croire en lui, iii, 22-36. — 3° La foi est complète : 1. dans la Samarie, iv, 1-42 ; 2. de la part des Galiléens qui, venus pour la Pâque, sont témoins des prodiges qu’il opère, et de la part de l’officier de Capharnaum, dont il guérit le fils, iv, 43-54.

w section. — La manifestation de la gloire du Christ est attaquée par les pharisiens, v, 1-xi, 56. — 1° À la seconde Pâque, l’incrédulité des Juifs de Jérusalem éclate. Parce qu’au jour du sabbat Jésus a guéri un pa ralytique, il est accusé de violer le sabbat, v, 1-18. Pour se justifier, il en appelle au témoignage des œuvres, v, 19-30 ; à celui de Jean-Baptiste, v, 31-35 ; à celui de son Père, v, 36-38, et, à celui de Moïse, v, 39-47. — 2° A la troisième Pâque, l’infidélité se montre même parmi les disciples de Galilée. Deux miracles, la multiplication des pains et la marche sur les eaux du lac, manifestent la gloire de Jésus, vi, 1-21. Mais les Juifs demandent des prodiges plus grands encore, vi, 22-31. Pour leur répondre, Jésus se propose comme le pain de vie, qu’il faut manger par la foi, VI, 32-42, et qu’il donnera plus tard en nourriture, VI, 43-60. Les Juifs trouvent dure cette parole et s’en vont, mais les douze croient et confessent que Jésus est le fils de Dieu, vi, 61-72. — 3° La même année, à la fête des Tabernacles, la lutte devient de plus en plus violente à Jérusalem. Jésus se rend à cette fête, en secret, à cause de la haine des Juifs, vii, 1-13. Au milieu de la semaine, il se montre au temple et justifie sa divine mission ; les auditeurs ne sont pas tous convaincus, et les pharisiens envoient des émissaires pour s’emparer de lui, mais il sort, après avoir prédit sa mort violente, vii, 14-36. Au dernier jour de la fête, il se proclame source de vie ; les pharisiens n’osent pas l’arrêter, et Nicodème le défend devant le sanhédrin, vii, 37-53. Trois jours après, il confond les accusateurs de la femme adultère, viii, 1-11, et se proclame la lumière du monde, viii, 12-20. Cette déclaration provoque une vive altercation entre ses auditeurs ; Jésus annonce sa passion et réplique à ses adversaires, viii, 21-47. Ceux-ci l’accusent de blasphème et veulent le lapider, viii, 48-59. Le samedi suivant, la guérison de l’aveugle-né soulève un nouveau conflit. Les pharisiens ferment les yeux à la lumière, ix, 1-41, et montrent qu’ils sont de mauvais pasteurs, x, 1-6. Jésus, lui, est le bon pasteur, x, 7-21. — 4° Deux mois plus tard, à la fête de la Dédicace, Jésus, interrogé s’il est le Christ, affirme qu’il est l’égal de son Père et en appelle au témoignage de ses œuvres, qui est le propre témoignage du Père. Il échappe aux embûches qui lui sont tendues en se retirant dans la Pérée, x, 22-42. — 5° De là, il revient à Béthanie ressusciter Lazare pour confirmer par ce miracle la foi de ses disciples et montrer qu’il est la résurrection et la vie. Les témoins croient en lui, xi, 1-45. Ce miracle est dénoncé au sanhédrin, qui décide de faire mourir Jésus, retiré à Éphrem, xi, 46-56. IIP section. — Avant que cette décision ne reçoive son exécution, Jésus est glorifié, xii, 1-36. Six jours avant la dernière Pâque, Marie l’honore à Béthanie en répandant sur lui un parfum précieux, et beaucoup de Juifs, venus pour le voir, croient en lui, xii, 1-11. Le lendemain, il fait à Jérusalem une entrée triomphale, xii, 1219. Les gentils désirent le voir, et une voix du ciel proclame sa gloire, xii, 20-36. Ces signes ne convertissent pas tous les ennemis de Jésus, qui n’ont pas la foi véritable, celle que demande Jésus, xii, 37-54.

2° Deuxième partie : Manifestation de la gloire du Christ dans sa passion et dans sa mort, xiii, i-xxi, 23. — F* section. — Cette manifestation est reçue avec foi par les. disciples à la dernière cène, xiii, 1-xxii, 26. — 1° Récit de ce suprême repas, marques d’affection que Jésus y donne aux siens et exhortation à la charité réciproque, xiii, 138. — 2° Discours de consolation adressé aux disciples qu’il va quitter, xiv, 1-31. — 3° Exhortation à l’union avec lui, à la charité et à la confiance en face des persécutions du monde, xv, 1-xvi, 4. — 4° Nouveaux motifs de consolation. Son départ, qui est nécessaire pour l’envoi du Saint-Esprit, ne durera pas longtemps, xvi, 5-33.

— 5° Prière que Jésus adresse à son Père, xvii, 1-26.

IF section. — La manifestation de la gloire de Jésus est combattue par ses adversaires qui le font mourir, xviii, 4-xix, 37. Récit de la Passion, dans lequel la divinité de-Jésus paraît au jardin de Gethsémani, en présence du grand-prêtre et de Pilate, et dans la mort elle-mème >

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