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JEAN-BAPTISTE — JEAN (APÔTRE)


furent les réprimandes adressées par Jean-Baptiste à Hérode à cause de sa vie scandaleuse. Hérode Antipas avait répudié sa femme légitime, fille d’Arétas, roi de Pétra, et s’était uni à Hérodiade, femme de son frère Hérode-Philippe, et sa propre nièce. Voir Hérode 3, et Hérodiade, col. 647 et 652. Saint Jean-Baptiste le reprit sévèrement de sa conduite scandaleuse, Marc, vi, 17 ; Luc, iii, 19, et prononça pour la première fois le Non licet. Matth., xiv, 4 ; Marc, vi, 18. Dès lors Hérodiade ne songea plus qu’à perdre Jean, mais d’une manière sournoise, car le roi craignait le peuple qui avait le Précurseur en grande vénération. Matth., xiv, 5 ; Marc, vi, 1920. — Ce fut pendant que Jean était en prison que Jésus commença son ministère galiléen. Matth., iv, 12 ; Marc, 1, 14 ; cf. aussi Luc, iv, 14 ; Joa., iv, 43. Jean, ayant appris dans sa prison les œuvres du Christ, lui envoya deux de ses disciples pour lui demander s’il était vraiment le Messie. Jésus lui répondit en indiquant les signes et les miracles qu’il opérait et à l’aide desquels on pouvait reconnaître le Messie. Matth., xi, 2-6 ; Luc, vii, 18-20, 22-23. — On ne sait pas au juste combien de temps Jean passa en prison. L’heure de son martyre était arrivée : on connaît les circonstances du drame ; on célébrait le jour de la naissance d’Hérode ; la lille d’Hérodiade dansa devant la cour assemblée et charma le monarque. Hérode jura de lui donner tout ce qu’elle demanderait ; la jeune fille, à l’instigation de sa mère, demanda qu’on lui apportât sur un plateau la tête de Jean-Baptiste ; Hérode fut épouvanté, mais il n’osa pas reculer ; il envoya donc des émissaires qui tranchèrent la tête de Jean-Baptiste dans sa prison et la lui apportèrent sur un plateau : le monarque donna le plateau à la jeune fille, et celle-ci à sa mère ; ainsi le crime était consommé. Matth., xiv, 6-11 ; Marc, vi, 21-28. — Les disciples de saint Jean-Baptiste ensevelirent son corps et annoncèrent à Jésus le triste événement. Matth., xiv, 12 ; Marc, vi, 29. — De tout temps l’uglise a célébré deux fêtes du Précurseur : celle de sa décollation et celle de sa naissance. Quant à la découverte et aux péripéties de ses reliques, que plusieurs églises prétendent posséder, il a circulé autrefois un certain nombre de traditions, dont quelques-unes jouissent d’un crédit assez sérieux. Cf. Tillemont, Mémoires, in-4°, Bruxelles, 1732, t. i, p. 44-47, 217-222. IV. Bibliographie. Eusèbe, H. E., i, 11, t. xx, col. 113, 116 ; * Hottinger, HistoHa orientahs, Zurich, 1660, p. 144-149 ; *Wits, Exercitaliones de Joanne Baptiste, dans ses Miscellanea sacra, t. ii, p. 367 ; * G. E. Leopold, Johannes der Taàfer, Hanovre, 1825 ; *Usteri, Nachrichten von Johannes dem Taufer, dans les Studien und Kritiken, 1829, p. 439 ; * L. von Rohden, Johannes der Taùfer, Lubeck, 1838 ; Acta sanctorum, junii t. iv, 1707, p. 687-806 ; Chiaramonte, Vita di san Giovanni Battista, 3 in-8°, Turin, 1892 ; *Sol ! ertinsky ; The death of St. John the Baptist, dans The journal of theological sludies. V. Ermoni.

    1. JEAN (SAINT)##


7. JEAN (SAINT), apôtre et évangéliste (fig. 213). Les faits de sa vie nous sont connus par des documents d’origine différente. Ceux de la première partie sont relatés dans les écrits du Nouveau Testament ; ceux de la dernière nous ont été transmis par la tradition ecclésiastique, et parfois embellis ou dénaturés par la légende.

D’après les écrits du Nouveau Testament.

Jean

était fils de Zébédée, Malth., iv, 21, et de Salomé, Marc, xv, 40 ; xvi, 1 ; Matlh., xxvii, 56, et le frère puîné de saint Jacques le Majeur. Voir col. 1082. Sa famille semble avoir joui d’une certaine aisance, car son père, quoique simple pêcheur, possédait plusieurs barques et employait des mercenaires, Marc, i, 20, et sa mère était une des saintes femmes qui accompagnaient Jésus en Galilée et l’entretenaient de leurs biens. Marc, xv, 40, 41 ; Luc, vin, 3. Comme la plupart des Apôtres, Jean était de la province de Galilée et probablement de Bethsaide. Ilfutd’abord

disciple de Jean-Baptiste, le précurseur de Jésus, et c’est lorsque ce premier maître lui eut désigné Jésus comme « l’agneau de Dieu » qu’il le suivit avec André. Joa., i, 35-40. Pendant plusieurs mois, il accompagna son nouveau Maître avec quelques autres disciples, assista aux noces de Cana, alla célébrer la Pâque à Jérusalem et revint en Galilée par la Samarie. Étant retourné à ses occupations ordinaires, pendant qu’il péchait sur le lac

213. — Saint Jean l’Evangëliste. D’après Raphaël. Voir Ad. Gutbier et W. Lubke, Rafæl-Werk, 2e édit., 3 in-4-, Dresde, 1881, t. ii, pl. 69, et t. iii, p. 183. — À côté de l’apôtre est l’aigle qui est son emblème comme évangéliste. Il tient un livre de la main droite. Dans sa main gauche est un calice d’où sort un.serpent. Saint Jean est souvent représenté ainsi. Le serpent est quelquefois remplacé par un dragon. On donne de ce symbole des explications diverses. La plus commune est que le reptile figure le poison qu’on avait versé dans une coupe. Aristodeme, grand-prêtre de Diane, à Éphèse, l’aurait défié de boire une coupe empoisonnée pour prouver la vérité de sa doctrine, et l’apôtre t’aurait fait sans en éprouver aucun mal. S. Isidore, De ortu et obitu Patr., lxxii, 128, t. Lxxxiii, col. 151 ; Acta Johannis, 9, dansTischendort, Acta Apostolorum apoçrypha, 2e édit, t. i, 2, Leipzig, 1898, p. 156.

de Tibériade, il fut définitivement attaché à la suite de Jésus avec Pierre, André et Jacques, son frère. À l’appel du Maître, il quitta tout pour devenir pêcheur d’hommes. Matth., iv, 18-22 ; Marc, I, 16-20 ; Luc., v, 311. Il fut choisi pour être un des douze Apôtres. Dans les listes du collège apostolique, il est placé tantôt au deuxième rang, Act., i, 13, tantôt au troisième, Marc, ni, 17, et tantôt au quatrième. Matth., x, 3 ; Luc, vi, 14-Voir 1. 1, col. 783-784. Avec Pierre et Jacques, son frère, il entra bientôt dans l’intimité de Jésus, et ces trois disciples privilégiés, à l’exclusion des autres apôtres, assistèrent à plusieurs événements remarquables de la vie du Maître, à la résurrection de la fille de Jaire, Marc, v, 37 ; à la transfiguration, Matth., xvii, 1 ; Marc.. IX, 1 ; Luc, ix, 28, et à l’agonie de Jésus au jardin des Oliviers. Matlh., xxvi, 37 ; Marc, xiv, 33 ; Luc, xxii, 39. Jean fut