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JACQUES (SAINT) LE MINEUR


tinction des deux Jacques s’appuient surtout sur l’Écriture. — 1. Dans le Nouveau Testament, disent-ils, Jacques l’Apôtre est toujours appelé fils d’Alphée, tandis que Jacques, frère du Seigneur, est dit fils de Clopas ou CUopbas ; or, d’après eux, Alphée et Clopas sont deux personnages distincts. Il n’est nullement certain qu’Alphée et Cléophas soient deux personnes différentes. Voir Alphée 2, 1. 1, col. 418, et Cléophas, t. ii, col. 807. La question serait tranchée si le même écrivain distinguait Alphée et Cléophas, mais il n’en est pas ainsi. Les trois synoptiques qui nomment Alphée, Matth., x, 3 ; Marc, m, 18 ; Luc, vi, 15 ; Act., i, 13, ne nomment jamais de personnage appelé Cléophas, et saint Jean, qui nomme Cléophas, xix, 25, ne parle jamais d’Alphée, et ne nous donne d’ailleurs nulle part aucun catalogue des Apôtres.

Il est impossible de

prouver rigoureuse ment qu’Alphée et Cléo phas sont distincts ; si,

à cause de la différence

des noms, on ne peut

pas affirmer leur iden tité, on ne peut pas non

plus établir leur dua lité, qui est en contra diction avec la tradition

la plus commune. — 2.

D’après Joa., vii, 5, les

frères de Jésus, ajoute t-on, ne croyaient pas

à sa mission ; au con traire, Joa., vi, 69, 70,

les disciples de Jésus,

par la bouche de saint

Pierre, affirment leur

foi dans sa divinité et

sa mission ; il est donc

impossible d’identifier

Jacques frère du Sei ^ gneur, incroyant, avec

Jacques l’Apôtre,

croyant. — Lorsque

D : » près"L’.'"v7n M Leydèn."’n « "ent saint Jean dit 1 ue les dans la main le bâton du foulon, frères du Sauveur ne instrument de son martyre. Voir croyaient pas en lui, il Mrs. Jameson, Sacred and Legens’exprime d’une madary Art, p. 150. nière générale et non

mathématique. On ne

peut pas conclure de là qu’aucun de ses frères ne croyait en lui. — 3. D’autres textes qu’on allègue, tels que Joa., ii, 22, et Act., i, 14, etc., ne prouvent rien en faveur de la distinction.

II. Vie de saint Jacques.

1° Jacques est appelé dans saint Marc, xv, 40, jitxpôç, le « Mineur » ; on le distingue ainsi de l’autre Jacques surnommé le « Majeur ». Il reçut ce surnom, soit à cause de sa petite taille, soit â cause de sa jeunesse relative ; certains pensent même, ce qui est moins probable, qu’il se le donna lui-même par modestie. Il fut appelé à l’apostolat, vraisemblablement au printemps de l’an 26, avec son frère Jude ; ce dernier n’est même désigné qu’en rapport avec son frère : ’Ioiêav’Iax(660u. Luc, vi, 16. Après ces indicaions sommaires, le Nouveau Testament ne nous parle )lus de saint Jacques qu’après la résurrection de Notre-Seigneur. Jésus-Cnrist lui apparut après sa résurrection, I Cor, xv, 7 ; la tradition est d’accord pour voir dans

e Jacques le frère du Seigneur et non le fils de Zébédée.

Votre-Seigneur lui apparut probablement pour l’instruire, comme les autres Apôtres, des choses du royaume de Dieu. Act., i, 3. Nous trouvons dans la suite Jacques et les autres Apôtres, avec Marie à Jérusalem, attendant, dans la foi et la prière, les dons du Saint-Esprit. Act., i, 13-14. Oa le perd de vue à peu près pendant dix ans.

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200. — Saint Jacques to Mineur.

Trois ans après sa conversion, saint Paul se rendit à Jérusalem ; Barnabe l’introduisit chez Pierre et Jacques. Act., îx, 27 ; Gal., i, 18, 19. C’est probablement à cette époque qu’il fut élu évéque de Jérusalem. Lorsque saint Pierre fut délivré de sa prison, il en avertit Jacques et les frères. Act. xii, 17. Il se prononça dans la question des observances légales que lui avaient soumise, ainsi qu’à Pierre, Paul et Barnabe. Act., xv, 13-21. Nous avons déjà vu que saint Paul le nomme une des colonnes de l’Église. Gal., ii, 9. Certains fidèles, venant de la part de Jacques, rendirent hésitante la conduite de Pierre touchant les rites judaïques. Gal., ii, 12. Enfin, sans que l’on puisse préciser la date, Paul rendit visite à Jacques » chez lequel se réunirent tous les anciens [les presbylres]. Act., xxi, 18.

2° Jacques fut le premier évêque de Jérusalem. Eusèbe fl. E., ii, 1, t. xx, col. 136 (d’après les anciens : ioropoOdt) ; 23, col. 196 ; iii, 5, col. 221 ; 7, col. 236 ; 22, col. 256 ; iv, 5, col. 309 ; vii, 19, col. 681 ; S. Épiphane, User., xxix, 3, t. xli, col. 393. — Certains auteurs ont soutenu qu’il avait été établi évêque de Jérusalem par Notre-Seigneur lui-même ; ainsi S. Épiphane, Hser., lxxviii, 7, t. xlii, col. 709 ; S. Jean Chrysostome, d’après une tradition (léyezat). Hoin. xxxviii, in 1 Cor., 4, t. lxi, col. 326, qui paraît provenir des Récognitions clémentines, i, 43, t. i, col. 1232. — Saint Jérôme* nous affirme au contraire qu’il fut établi évêque de Jérusalem par les Apôtres, Devir. illustr., ii, t. xxiii, col. 609. Eusèbe a deux versions : dans un endroit, il nous dit qu’il fut établi évêque par les Apôtres, H. E., ii, 23, t. xx, col. 196 ; dans un autre passage, il dit qu’il fut établi, évêque et par le Sauveur et par les Apôtres, H.E., vii, 19, col. 681 ; c’est aussi le sentiment de l’auteur des-Constitutions apo$tohque$, viii, 35, t. i, col. 1137. Cf. aussi Clément d’Alexandrie, dans Eusèbe, H.E., t. xx, col. 136. — Les historiens lui conservent son titrede « frère du Seigneur », Eusèbe, fl. E., i, 12, t. xx, col. 120 (d’après la tradition) ; ii, 1, col. 133 ; 23. col. 197 (d’après Hégésippe) ; iii, 7, col. 236 ; 22. col. 256 ; iv, 5, col. 309 ; il est aussi surnommé le « juste » à cause de ses grandes vertus, Eusèbe, H.E, ii, 1, t. xx, . col. 136 ; IV, 22, col. 380 (d’après Hégésippe), qui lui gagnèrent même l’estime des Juifs. Josèphe, Ant. jud., XX, ix, 1. Après avoir gouverné saintement son Église pendant trente ans au dire de saint Jérôme, De vit : illustr., ii, t. xxiii, col. 613, il couronna sa vie par le martyre en 62, la huitième année du règne de Néron.

III. Traditions sur saint Jacques.

Hégésippe, dans son Histoire ecclésiastique, rapporte les traditions suivantes : Jacques fut sanctifié dès le sein de sa mère ; il ne but jamais ni vin ni cervoise ; il s’abstint de mangerla chair des animaux ; le rasoir ne passa jamais sur sa tête ; il ne s’oignait jamais d’huile, et ne prenait jamais, de bains ; ses vêtements étaient de lin ; il se rendait souvent au temple pour y prier pour les péchés du peuple ; a force de se tenir à genoux, ses genoux étaient devenus aussi durs que fa peau d’un chameau ; à cause de ses éminentes vertus il fut surnommé le « Juste » et « Oblias », qui signifie « secours du peuple » et « justice. » Après-avoir décrit son genre de vie, Hégésippe donne les détails de son martyre. D’après son récit à la fois simple et dramatique, où sousdes détails apocryphes on peut cependant découvrir un fonds de vérité historique, Jacques, en face de toutes les menaces des Juifs, resta ferme et inébranlable dans sa foi ; et à toutes les. interrogations il répondit courageusement en déclarant que Jésus est le Fils du Dieu vivant. Les scribes et les pharisiens, furieux d’une attitude si ferme et si digne, le précipitèrent du haut du pinacle du temple où ils l’avaient engagé à monter afin que sa voix fût entendue de tout le peuple ; ils attendaient de sa part un acte defaiblesse ; ils furent profondément déçus ; bien plus ils : craignirent que le peuple ne se rendit à ses exhortations-