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ISAIE (LE LIVRE D’)


n’est pas an fond solide. Si les idées sur Dieu formulées dans la seconde partie sont plus élevées et plus pures que celles de la première partie, c’est que les circonstances où le prophète parle sont différentes ; en effet, la première partie comprend des oracles se rapportant en grande partie à une époque troublée, agitée par les invasions étrangères ; la seconde partie, au contraire, s’occupe tout spécialement du Rédempteur, du libérateur, du Messie ; par conséquent, il est naturel que les idées sur Dieu et la divinité aillent en s’épurant et en se perfectionnant ; — de plus, ces idées se trouvent aussi dans la première partie ; cf. xii, 2 ; xvii, 7 ; xxv, 4 ; xxvi, 1 ; xxxi, 5. — Pareillement si la forme est plus rélléchie, cela se comprend sans peine ; dans la première partie, les idées messianiques ne sont, pour ainsi dire, touchées qu’en passant, d’une manière presque accidentelle, tandis qu’elles forment la base et la substance de la seconde partie ; — le reste qui demeure fidèle et échappe ainsi au jugement, se trouve aussi bien dans la seconde que dans la première partie ; — quant à la figure du roi messianique, toute la seconde partie ne fait que la développer et la mettre de plus en plus en relief.

C) Style. — On affirme aussi que le style des deux parties est différent ; celui de la seconde partie serait â la fois plus soigné et plus diffus ; on n’y trouverait pas les images familières à Isaïe. — Réponse. — a) On ne saurait nier qu’il n’existe certaines différences de style entre les deux parties ; les exégètes orthodoxes eux-mêmes le reconnaissent sans difficulté ; mais ces différences s’expliquent parfaitement par la diversité du sujet traité, l’âge du prophète (bien plus âgé dans la seconde partie), la complexité des questions, la diversité des circonstances. — 6) Dans les fragments de la première partie que la critique régarde comme authentiques, on constate également certaines différences de style. — c) Ces différences de style ne sont ni aussi grandes ni aussi nombreuses qu’on se plaît à le dire ; nous avons déjà montré les nombreuses ressemblances styliques entre les deux parties : « Malgré ces inévitables différences, l’impression que laisse la lecture de ces deux parties est celle d’une grande similitude de style. Cela n’a pas laissé d’embarrasser un certain nombre de critiques. Ainsi Augusti prétendait trouver dans l’imitation parfaite du style et de la manière d’Isaïe’à laquelle le prétendu auteur de la seconde partie est arrivé, la raison de l’addition traditionnelle de ces chapitres à ceux du prophète. » Trochon, Isaïe, p. 10.

D) Vocabulaire. — La critique a fait sur ce terrain une minutieuse enquête ; elle prétend que le vocabulaire de la seconde partie est tout à fait différent de celui de la première.

a) Mots. — On a dressé une liste de mots qu’on regarde comme propres à la seconde partie : ’Uni, « lies, côtes lointaines, » xl, 15 ; xli, 1, 5 ; xlii, 4, 10, 12, 15 ; xlix, 1 ; li, 5 ; lix, 18 ; lx, 9 ; lxvi, 19 ; ce mot se trouve aussi cinq fois dans la première partie et avec un sens analogue, si, 11 ; xx, 6 ; xxiii, 2, 6 ; xxiv, 15 ;

— miîpât, « jugement, » xlii, 1, 3, 4 ; li, 4 ; ce mot se trouve plusieurs fois dans la première partie, i, 17, 21, 27 ; iii, 14 ; iv, 4 ; v, 7, 16 ; ix, 7 (héb. 6) ; x, 2 ; xvi, 5 ; — sédéq, « justice, » ai, 2, 10 ; xlii, 21 ; xlv, 13, 19 ; li, 5 ; lviii, 2 ; il se trouve aussi dans la première partie, i, 21 ; ix, 6 ; xxxii, 16, 17 ; xxxiii, 15 ; —’ébéd, « serviteur, » qui se rencontre au moins trente fois dans la seconde partie, se trouve aussi dans la première partie, quoique dans un sens moins précis, xiv, 2 ; xx, 3 ; xxii, 20 ; xxiv, 2 ; xxxvi, 9, 11 ; xxxviii, 5, 24, 35 ; — sémafy, « croître, pousser ; » xliv, 4 ; lv, 10 ; lxi, 11 ; on le trouve aussi comme substantif dans la première partie, iv, 2, sémajf. Yehôvâh, « germe de Jéhovah’; »

— qâir’a, , « appeler, b vingt et une fois dans la seconde’partie, mais aussi plusieurs fois dans la première partie,

ꝟ. 13, 26 ; vi, 3, 4 ; vil, 14 ; viii. 3, 4 ; xxx, 7 ; — pdsaft, i résonner, » xliv, 23 ; xlix, 13 ; lii, 9 ; liv, 1 ; lv, 12 ; on le trouve aussi dans la première partie, xiv, 7 ; — bàhar, « c choisir, » xli, 8, 9 ; xuii, 10, 20 ; xliv, 1, 2 ; xlv, 4 ; lxv, 9, 15, 22 ; se trouve aussi dans la première partie, xiv, 1 ; — hâllal, « louer, » et tehilât, « louange, » xlii, 8, 10, 12 ; xliii, 21 ; xlviii, 9 ; lx, 6, 18 ; lxi, 3, 11 ; xlii, 7, 9 ; lxiii, 7 ; lxiv, 10 ; on le trouve aussi une fois dans la première partie, xiii, 10 ;

— bâfês, « vouloir, désirer, » xliv, 28 ; xlvi, 10 ; ’xlviii, 14 ; lui, 10 ; liv, 12 ; lviii, 3, 13 ; lxii, 4 ; se trouve aussi une fois dans la première partie, i, 11 ; — râfôn, « volonté, bienveillance, » xlix, 8 ; lvi, 7 ; lviii, 5 ; lx, 7, 10 ; lxi, 2 ; on ne le trouve pas dans la première partie ; — Sûè, « réjouir, » lxi, 10 ; lxii, 5 ; lxiv, 4 ; lxv, 18, 19 ; lxvi, 10, 14 ; se trouve aussi dans la première partie, xxxv, 1 ; —’éfe’s, e rien, » xl, 17 ;-xli, 12, 29 ; xlv, 6, 14 ; xlvi, 9 ; xlvii, 8, 10 ; lii, 4 ; Liv, 15 ; on le trouve, aussi dans la première partie, v, 8 ; xvi, 4 ; xxrx, 20 ; xxxry, 22 ; -^ qàséh, « extrémité, » se trouve aussi dans la première partie, v, 26 ; vii, 3, 18 ; xiii, 5 ; — berîf, « alliance, » se trouve également dans la première partie, xxiv, 5 ; xxviii, 15, 18 ; xxxiii, 8 ; — nifyam, « consoler, » se trouve treize fois dans la seconde partie, mais aussi dans la première, i, 24 ; xii, 1 ; xxii, 4 ; — yâëa’, « c sauver, » se trouve quatorze fois dans la seconde partie, mais aussi dans la première, xxv, 9 ; xxx, 15 ; xxxiii, 22 ; xxxv, 4 ; xxxvii, 20, 35 ; — y&sar, « former, » vingt fois dans la seconde partie^ mais aussi dans la première, xxii, 11 ; xxvii, 11 ; xxix, 16 ; xxx, 14 ; xxxvii, 26 ; — pésél, « idole, » dix fois dans la seconde partie, mais aussi dans la première, x, 10 ; xxi, 9 ; xxx, 22 ; — bàr’â, « créer, » XL, 26, 28 ; xli, 20 ; xlii, 5 ; xliii, 1, 7, 15 ; xlv, 7, 8, 12, 18 ; liv, 16 ; lvii, 19 ; lxv, 17, 18 ; on le trouve aussi dans la première partie, iv, 5 ; — zerô’a, « bras » [de Jéhôvàh], li, 5, 9 ; lii, 10 ; lui, 1 ; lix, 16 ; on le trouve aussi dans la première partie, xxx, 30 ; rsé’ôsâ’îm, « descendants, rejetons, » xlii, 5 ; xliv, 3 ; xlviii, 19 ; lxi, 9 ; lxv, 23 ; on le trouve aussi dans la première partie, xxii, 24, xxxiv, 1 ; — pê’êr, « orner, glorifier, » xliv, 23 ; xlix ; 3 ; lv, 5 ; lx, 7, 9, 13, 21 ; lxi, 3 ; on le trouve aussi dans la première partie, x, 15 ; —’af, « oui, » employé vingt-cinq fois dans la seconde partie, xl, 24 ; xlviii, 15 ; se trouve aussi dans la première partie, xxxii, 2.

6) Appositions au.-mot Jéhôvàh. — On a affirmé que dans la seconde partie le mot Jéhôvàh était suivi "de certains déterminatifs, qu’il n’avait pas dans la première ; mais on s’est trompé ; — « créateur du ciel » ou « de la terre », xl, 28 ; xlii, 5 ; xliv, 24 ; xlv, 7, 18 ; Li, 13 ; — « créateur » ou « façonneur d’Israël », XLin, 1, 15 ; xliv, 2, 24 ; xlv, 11 ; xlix, 5 ; — « ton sauveur, . » xlix, 26 ; lx, 16 ; —. « ton rédempteur, » xliii, 14 ; xliv, 24 ; xlviii, 17 ; xlix, 7 ; liv, 8. — Ces appositions sont plus nombreuses, il est vrai, dans la seconde partie, mais elles existent aussi dans la première, i, 24 ; ii, 10, 29.

c) Redoublements de mots dans un but emphatique. xl, 1 ; xliii, 11, 25 ; xlviii, 11, 15 ; li, 9, 12, 17 ; lii, 1, 11 ; lvii, 6, 14, 19 ; lxii, 10 ; lxv, 1, — Ces redoublements se rencontrent aussi dans la première partie, iii, 1 ; viii, 9 ; ix, 6 ; xviii, 2, 7 ; xxi, 9 ; xxviii, 10, 13, 16 ; xxix, 1.

d) Répétitions des mêmes mots. — On trouve ces répétitions dans des versets qui se suivent immédiatement ou à peu d’intervalle : XL, 12-14, fin du t. 13 et du ꝟ. 14, « il leur montra ; » ꝟ. 14, « il instruisit, il enseigna, il apprit ; » xl, 31 et xli, 1, « changer la force ; b xli,

6, « réconforter, » 7, « il réconforta, » 10, « j’ai réconforté ; » 8, 9, « je t’ai choisi ; b 13, 14, « je t’ai aidé, je t’ai porté secours ; » xlv, 4, 5, « tu ne m’as pas connu ; » 5, 6, « il n’y en a pas d’autre, il n’en est pas d’autre ; » l, 7, 9, « mon aide ; » lui, 3, deux fois, « méprisé ; » 3, 4, « nous avons pensé, nous avons cru ; »

7, deux fois, « . il n’a pas ouvert sa bouche ; » lviii, 3,