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ISAIE (LE LIVRE D')

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une leçon appropriée à ses contemporains, les aurait incorporés, peut-être avec quelques légères modifications de forme, à son propre ouvrage, et les aurait adaptés à la situation de l’exil. Cf. Driver, Isaiah ; his Life and times, p. 187, 188. — Ewald soutint que les chapitres lviii-lix, ainsi que lvi, 9-lvii, 11 1, furent empruntés par le second lsaïe à un auteur contemporain d'Ézéchiel ; quant aux chapitres lxiii, 7-lxvi, ils auraient été ajoutés par l’auteur après le retour de la captivité. — Euenen, en 1889, restreignit la prophétie de la restauration aux chapitres xl-xlix ; lii, 1-12 ; et peut-être lii, 13-liii, 12 ; le reste supposerait un auteur ou des auteurs vivant en Palestine après le retour de la captivité : il en conclut donc que ces parties furent ajoutées, après 536 avant J.-C, soit par le second lsaïe, soit par des écrivains appartenant à la même école ; quant à lxiv, 10-11, il ferait allusion soit aux faits décrits par Néhémie, II Esd., i, 3, soit à des faits semblables postérieurs. Einleitung, 2e édit., § 49, 5-7, 11-15. — Cornill, Der Isr. Prophetismus, 2e édit., 1896, § 20, [3e édit.. § 24], 19, 20, pense que la plus grande partie des chapitres xlix-lxii suppose un auteur vivant en Palestine ; mais rien ne donne à entendre que cet auteur ait été différent de celui des chapitres xl-xlviii ; il trouve les traces d’une main postérieure dans les chapitres lxiii-lxvi. — Duhm et Cheyne, après une étude attentive et minutieuse des circonstances historiques, des idées et de la phraséologie, ont essayé de déterminer, d’une manière plus précise, et l’auteur et la date. Duhm réduit l'œuvre propre du second lsaïe aux morceaux suivants : xl, 1-4, 6-8, 9-11, 12-19, 20-31° ; xli, 1-4, 6-7, 8-29 ; xlii, 5-11, 13, 14, 25 ; xliii, 1-20°, 22-28 ; xiiv, 1-8, 21-28° ; xlv, 1-9, 11-13°, 14-25 ; xlvi, 1-5, 9-13 ; xlvii, 1-2, 3 b -14°, 15 ; xlviii, 1° (à Jacob), 3, 5°, 6-7°, 8°. 11-16°, 20-21 ; xlix, 7-26 ; l, 1-3 ; li, 1-10, 12-14, 17, 19-23 ; lii, 1-2, 7-12 ; liv, 1-14, 16-17° ; lv, 1-2, 3 b -6, 8-13. Il attribue les passages du « serviteur », Knechtsitûcke, xlii, 1-4 ; xlix, 1-6 ; l, 4-9 ; l1113-liii, 12, à un auteur différent, vivant en 500-450 av. J.-C. (second lsaïe) ; les chapitres lvi-lxvi au troisième lsaïe, vivant un peu après, au commencement de l'époque d’Esdras et de Néhémie, qui inspirait plus de sympathie que le second lsaïe, avait des attaches avec fécole d’Aggée « t de Malachie, et attachait une* grande importance aux observances rituelles ; ainsi lvi, 1-8, nous place à la même époque qu’Esdras, ix, 1-2 ; x, et Néhémie, ix, 2 ; x, 30-31 ; xiii, l'-3, 23-30 ; les chapitres lvi, 9lvii, 13°, font allusion aux persécutions et à l’idolâtrie pratiquée par les Samaritains et les Juifs infidèles, à la même époque ; lxv, 3-4, 11 ; lxvi, 5, 17, etc., visent également les mêmes adversaires des fidèles serviteurs de Jéhovah, dont le prophète annonce le sort futur dans lxv, 6-7, 11-12 ; lxvi, 4, 15, et ailleurs, dans lis, 16-20 ; les chapitres lviii-lix retracent les fautes religieuses de la même époque ; Dos Buch Jesaia, in-8°, Gœttingue, 1892. — Cheyne se rapproche beaucoup de Duhm, il en diffère pour certains détails ; ainsi dans l’analyse des chapitres xl-lv, il assigne les passages du « serviteur » et xl, 31 b ; xlii, 12 ; xlv, 10, 13 b ; xlvii, 3° ; li, 18 ; liv, 17 k ; lv, 3°, au second lsaïe, et lui refuse au contraire xlii, 24 b ; xliv, 21 b, 22 b ; xlv, 25 ; xlviii, 3 b, 16°. Il rapporte, comme Duhm, les chapitres LVi-Lxyi, à l’exception de lxiii, 7-lxiv, à l'époque d’Esdras et deNéhémie ; toutefois il les attribue, non à un individu, mais à une école d'écrivains qui visa à perpétuer l’enseignement du second lsaïe et à développer ses idées ; les chapitres lxlxii, il les regarde comme un appendice de l'œuvre du second Isa, ïe, traduisant les espérances qu’on eut, en 432 avant J.-C., à l’arrivée d’Esdras et de ses compagnons d’exil, avec de riches dons pour le temple ; lxiii, 7-lxiv, sont d’une date plus récente ; ils reflètent les émotions éprouvées par les pieux Israélites à la suite de la destruction du temple (lxiv, 10-11), et d’autres calamités censées être arrivées vers 347 avant J.-C. sous Arta xerxés Ochus ou Artaxerxès III. Cf. Driver, Introduction, p. 244-246.

Démonstration de l’autlienticilé de la seconde partie.

L’authenticité de la seconde partie d’Isaie est audessus de tout doute sérieux. Lesprincipales preuves sont :

i. La tradition juive et chrétienne. — La tradition juive est consignée dans le livre de l’Ecclésiastique et attestée par l’historien juif Josèphe. L’auteur de l’Ecclésiastique parle ainsi : « (Dieu) ne se souvint point de leurs péchés et il ne les livra pas à leurs ennemis, mais il les purifia par la main d’Isaïe, le saint prophète. Il rtnversa le camp des Assyriens et l’ange du Seigneur les écrasa ; car Ézéchias fit ce qui était agréable à Dieu et il marcha courageusement dans la voie de David son père, que lui avait recommandé lsaïe, le grand prophète et fidèle devant Dieu. En ces jours, le soleil retourna en arrière et il prolongea la vie du roi. (Eclairé) par un grand, esprit, il vit la fin des temps et il consola ceux qui pleuraient en Sion. Il montra l’avenir jusqu'à la fin des temps, et les choses cachées avant qu’elles arrivassent. » Eccli., xlviii, 23-28. Les paroles : « Il consola ceux qui pleuraient en Sion, » font évidemment allusion à Is., XL, 1 : « Consolez-vous, consolez-vous, mon peuple, dit votre Dieu » (le même verbe ans, nâham, est employé dans lsaïe et dans l’Ecclésiastique), et par conséquent attribuent à lsaïe lui-même les chapitres xl-lxvi ; cf. surtout Is., xl, 4, 22, 26 ; xlii, 9, 19 ; xliv, 26 ; xlv, 11 ; xlviii, 6 ; xlix, 13 ; li, 3, 12, 19 ; lu. 9 ; lvii, 18 ; lxi, 2, 3 ; lxvi, 10, 13. Josèphe nous rapporte que les Juifs, pendant la captivité, montrèrent à Cyrus le passage d’Isaïe où il est nommé. Ant. jud., XI, i, 1, 2. Cf. I Esd, i, 2, et Is., xliv, 26-28 ; xlv, 1-13 ; xlvi, 13. — La tradition chrétienne nous est conservée dans le Nouveau Testa, ment. Les quatre évangélistes, Matth., iii, 3 ; Marc, i, 2 ; Luc, iii, 4 ; Joa., i, 23 citent, comme appartenant à lsaïe, ce qui est dit du précurseur du Sauveur. Is., XL, 2, 4 ; cf. aussi Rom., x, 16, 20.

S. Impossibilité morale. — Si ces vingt-sept derniers chapitres ne sont pas d’Isaïe, on se trouve en face d’un phénomène moral inexplicable. Un ne peut pas expliquer en effet comment l’auteur des prophéties les plus remarquables de l’Ancien Testament aurait été ignoré des Juifs. Notons que la tradition n’a jamais hésité à attribuer ces prophéties à lsaïe ; elle n’a jamais eu le moindre doute à ce sujet. Si ces chapitres étaient d’un auteur ou d’auteurs autres qu’Isaïe, certainement" la tradition juive en aurait gardé le souvenir ; il est impossible qu’un groupe si imposant de prophéties se répande dans le peuple juif sous le nom et l’autorité d’Isaïe, et que personne ne découvre cette supercherie. Si les Juifs n’ont jamais protesté, ni réclamé, mais ont accepté en masse l’origine isaïenne de ces oracles, c’est que de fait ces oracles ont été prononcés par lsaïe lui-même.

3. Les auteurs postérieurs.

Les vingt-sept chapitres de la seconde partie d’Isaïe sont connus des prophètes postérieurs : A) de Jérémie. a) Ressemblances verbales. —. Jer., v, 25 et Is., lix, 1-2 ; Jer., iv, 18 et Is., lix, 3 ; Lam., iv, 14 et Is., lix, 2 ; Jer., viii, 15 et Is., lix, 9 ; Jer., xiii, 16 et Is., lix, 3 ; cf. aussi Jer., xiv, 19 ; xiv, 7 et Is., lix, 12 ; Jer., iii, 16 et Is., lxv, 17 ; Jer., xxxi, 33 et Is., Li, 7 ; Jer., xxxi, 35 et Is., li, 15 ; Jer., xlix, 23 et Is., lvii, 20 ; Jer., l, 2 et Is., xlviii, 20 ; xlvi, 1 ; Jer., iv, 13 : vii’osna îisissi et Is., lxvi, 15 : mbidsi

t ::- t - : t - :

Tn133nD, « son char est comme un tourbillon ; » Jer.,

xxv, 33 : niiv îVjn, « les tués de Jéhovah » et Is., lxvi,

16 : nin* fbbn. — 6) Ressemblances réelles. — Jer., x

(folie de l’idolâtrie), et Is., xl, 18-20, xli, 7 ; xliv, 9, 12-15 ; xlvi, 7 ; Jer., xxx-xxxi (promesses), et Is., xlviii, 21 ; xlix, 9 ; li, 15 ; liv, 7 ; lv, 3, 12 ; lviii, 11 ; lx, 18, 21 ; Jer., xxxi, 7-14, 20-25, et Is., xl ; xlii ; xlix ; lv ; lxii ; lxv. — B) De Nahum, i, 15, et Is., lii, 7 ; lii, 1. ;