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ISAIE (LE LIVRE D’)


du Messie : le Messie annonce qu’il vient guérir les maux de ceux qui le cherchent sincèrement, jꝟ. 1-3 ; Israël recouvrera son ancienne splendeur, et toutes les nations le serviront, ꝟ. 4-6 ; cf. Ezech., xix, 6 ; 1 Pet., ir, 9 ; Apoc, i, 6 ; la malédiction se change en bénédiction, $. 7-9 ; le serviteur de Dieu est heureux d’annoncer ces bonnes nouvelles, t. 10-11. — 5 « discours, lxii. Gloire prochaine de Jérusalem ; le prophète ne se taira pas jusqu’à ce que le Juste paraisse, ꝟ. 1-3 ; Sion reviendra l’objet de la prédilection de’Dieu, jJ. 4-5 ; les sentinelles de Jérusalem rappelleront à Dieu sa promesse jusqu’à ce qu’il l’ait accomplie, ji. 6-9 ; le salut est proche ; que tous se préparent, car le Sauveur vient, ꝟ. 10-12. — ê° discours, lxiii, 1-6. Jugement contre l’id’umée et les ennemis de l’Église ; Isaïe, dans ce discours, voit le Seigneur venant en grande pompe de l’Idumée ; ses vêtements sont rouges du sang de ses ennemis ; il les a tous vaincus et brisés dans sa colère, comme le raisin est foulé dans le pressoir. Cf. IV Reg., viii, 20 ; xiv, 7, 22 ; Il Par., xxi, 10, 16 sq. ; Amos, i, 6, 11 ; Joël, iii, 19 ; I Mach., v, 63 ; Jer., xlix, 7-22 ; Lam., iv, 21 ; Ezech., xxv, 12-14 ; xxxv ; Abd., 8 ; Ps. cxxxvii (Vulgate cxxxvi) ; Jbsèphe, De bell. jud, , IV, ix, 7. — 7° discours, lxiii, 7-lxiv. Prière d’Israël captif. Ce prologue ravive le soutenir des miséricordes divines, lxiii, 7 ; dans le passé, les Israélites ont été infidèles et n’ont pas correspondu aux bontés de Dieu ; c’est pourquoi Dieu a été obligé de les châtier, t- 8-14 ; puisse Dieu avoir pitié d’Israël, son peuple, j>. 15-19, et le délivrer de ses ennemis ! lxiv, 1-H ; cela est facile à sa puissance ; grandeur des bienfaits de Dieu pour ceux qui l’attendent, t- 3-4 ; cf. I Cor., ii, 9 ; ses péchés rendent Israël indigne des miséricordes de Dieu, mais Dieu doit venger l’honneur de son sanctuaire et se souvenir qu’il est le père de son peuple, ji. 5-22. — 8’discours, lxv. Réponse de Dieu à la prière de son peuple ; Dieu répond d’abord aux plaintes de son peuple en lui rappelant ses ingratitudes et son endurcissement, ꝟ. 1-7 ; il est toujours bien disposé pour ceux qui reviennent sincèrement à lui, ꝟ. 8-10 ; les adorateurs des faux dieux seront détruits sans merci, jJ. 1116 ; quant aux justes, ils seront comblés de biens, ji. 17-25.

— 9* discours, i.xvi. Les impénitents exclus du royaume des cieux ; le Seigneur n’a pas besoin d’une maison fabriquée de main d’homme : le ciel est sa demeure ; il Tejette les pécheurs et leurs sacrifices, jJ. 1-6 ; annonce de l’extension et de la gloire de l’Église : bonté de Dieu à l’égard de ses enfants, ꝟ. 7-14 ; il jugera et punira les nations infidèles et les Juifs endurcis, ꝟ. 15-18 ; quelques Israélites restés fidèles prêcheront sa gloire parmi les Gentils et ceux-ci se convertiront et fourniront des prêtres au Seigneur, ꝟ. 19-21 ;, Dieu formera un nouvel Israël, qui vivra à jamais, semblable à un nouveau ciel, et à une nouvelle terre ; châtiment éternel des impies, J.22-24. Cf. Marc, ix, 43, 45, 47 ; S. Cyrille de Jérusalem, In h., t. lxx, col. 1450.

V. Unité du livre.

La critique rationaliste a fortement contesté et attaqué l’unité du livre d’Isaîe. Comme on peut le supposer, ce travail de critique littéraire était un acheminement vers la négation soit de l’authenticité, soit de l’intégrité du livre, car ces, questions sont étroitement connexes entre elles, et de la solution de l’une dépend en grande partie la solution de l’autre. Nous n’insisterons pas beaucoup sur l’unité, pour n’avoir pas à nous répéter à propos de l’authenticité ou de l’intégrité, où nous nous arrêterons davantage à la suite de toute la critique moderne. Qu’il nous suffise donc de faire quelques considérations générales sur ce sujet, et d’exposer les principales preuves. L’unité du livre d’Isaîe se prouve : 1° par l’unité du sujet ; 2° par l’unité du but ; 3° par l’unité du langage.

L’unité du sujet.

L’auteur développe dans tout

l’ouvrage un même sujet, comme on s’en convainc par une lecture attentive. Le snjet du livre parait. être ces

paroles, I, 27 : Sion in judicio redimetur, et reducent eam injustitia. — Cette pensée capitale, généralisée et étendue à toutes les nations, est comme le centre des prophéties d’Isaîe. L’analyse que nous venons de faire suffirait déjà à le démontrer. Pour le prouver directement, il nous reste à synthétiser les résultats et les données : dans le premier groupe de la première partie, l’auteur s’occupe surtout de l’établissement du pouvoir de Dieu dans tout l’univers ; mais pour que ce pouvoir puisse s’établir, il est nécessaire d’écarter tous les obstacles ; ce sera l’œuvre du jugement de Dieu : Juda et Jérusalem seront châtiés ; la nécessité, la légitimité de ce châtiment sont prouvées. par la parabole dé la vigne ; le jugement de Dieu établit la nécessité du salut messianique. — Le deuxième groupe nous place au temps de l’impie Achaz ; le prophète offre le secours de Dieu que l’impie monarque repousse. Isaïe lui annonce alors que le royaume de David sera humilié, et que le peuple sera opprimé par celui-là même en qui il avait mis sa confiance : le roi des Assyriens. Ce sera un temps de ruines et de calamités. Mais au milieu de ces épreuves apparaît le consolateur, le sauveur Emmanuel, qui établira son règne après avoir triomphé de tous ses ennemis. Le prophète exhorte donc le peuple à mettre en Dieu toutes ses espérances. Le règne d’Emmanuel sera un règne de paix et de justice ; les desseins de Dieu se seront accomplis : Sion in judicio redimetur. — Le troisième groupe applique cette loi aux nations étrangères : Babylone se dresse et synthétise les puissances hostiles à Dieu ; Babylone sera anéantie. Cette ruine sera une voie de salut pour tous les peuples ; les autres nations subiront le même sort ; les nations voisines : Philistins, Moabites, Damas et Israël ; les nations éloignées : Éthiopiens, Égyptiens au sud ; Babyloniens au nord ; Édomites et Arabes à l’orient ; Tyr à l’occident. Tous les peuples ont vécu dans l’oubli de Dieu ; par conséquent tous seront jugés et punis par Dieu, et ainsi se réalisera pour tous les peuples la parole : Sion in judicio redimetur. — Le quatrième groupe insiste sur cette pensée qu’il faut mettre toute sa confiance en Dieu, et qu’il est inutile d’attendre la délivrance du secours humain. Jérusalem sera pressée par les Assyriens- : ce serait une folie de placer son espoir dans les Égyptiens ; le secours de Dieu délivrera Israël de ses ennemis ; mais au préalable il faut que la justice de Dieu s’exerce, et son jugement s’accomplisse ; la délivrance et le salut viendront après : Sion in judicio redimetur. Cf. Knabenbauer, In 1$., t, i, p. 12-15. — La seconde partie développe au fond ce même thème : la délivrance, redimetur, soit par l’exil bahylonien, soit par le Messie. La première série de discours nous montre que Dieu peut opérer la délivrance parce qu’il est tout-puissant, tandis que les faux dieux sont vains et impuissants ; elle nous parle de’la première délivrance de l’exil par le secours de Cyrus, redimetur. — La deuxième série de discours nous conduit à la délivrance messianique ; seul le Messie apportera le salut : redimetur. Enfin la troisième série nous montre la délivrance réalisée, le salut accompli dans le règne messianique : redimetur. Knabenbauer, In h., t ii, p. 2-5.

L’unité du but.

Le but auquel tendent toutes ces

prophéties, c’est la montagne de Dieu, centre de ralliement de tous les peuples, ii, 2-3 ; lxyi, 20. Cette montagne à laquelle accourront tous les peuples de la terre figure le règne de Dieu ; en effet le règne de Dieu aura son centre sur la montagne de Sion, à Jérusalem, xxiv, 23 ; xxvii, 13 ; xlix, 18 ; lii, 1 ; liv, 1 ; lx, 1.

L’unité du langage.

On constate dans tout le

livre une grande unité de langage et d’idées. Nous reviendrons longuement sur ce point ; qu’il nous suffise pour le moment de jeter quelques jalons : les chapitres i et lix nous dépeignent l’hypocrisie des Juifs et le dégoût qu’elle inspire à Dien ; les chapitres xi et lxv contiennent la promesse d’un avenir heureux dû à la venue