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IRONIE — IRRIGATION


Habacuc, I, 8, emploie aussi l’ironie en parlant de la victime boiteuse ou infirme qu’on offre au Seigneur : « Offre-le donc à ton gouverneur ! Te recevra-t-il bien ? Te fera-t-il bon accueil ? » On pourrait encore citer, entre autres passages de l’Ancien Testament, le jeu de mots ironique de Daniel aux deux accusateurs de Susanne. Dan., xiii, 54-59. — 3° Dans l’Évangile, les traits ironiques sont assez fréquents. Notre-Seigneur se sert de l’ironie dans les répliques suivantes : à Nicodème : « Tu es maître en Israël et tu ignores ces choses ! » Joa., iii, 10 ; au juge téméraire : « Tu vois la paille dans l’œil de ton frère et tu ne vois pas la poutre qui est dans ton œil ! » Matth., vii, 3 ; aux pharisiens : « Que celui qui est sans péché lui (à la femme adultère) jette la première pierre ! » Joa., viii, 7 ; « Rendez à César ce qui est à César, et à Dieu ce qui est à Dieu ! » Matth., xxii, 24 ; « Conducteurs aveugles, qui filtrez le moucheron et avalez le chameau ! » Matth., xxiii, 24 ; à Pierre qui proteste de sa fidélité future : « Tu donneras ta vie pour moi ! » Joa., xiii, 13 ; aux princes des prêtres et aux anciens qui viennent l’arrêter à Gethsémani : « J’étais tous les jours parmi vous, assis à enseigner dans le Temple, et vous ne m’avez pas saisi ! » Matth., xxvi, 55. L’ironie apparaît dans plusieurs paraboles. L’époux répond aux vierges folles, arrivées trop tard à la porte de la salle du festin : « En vérité, je ne vous connais pa ? ! » Matth., xxv, 12. Au serviteur paresseux qui accuse son maître d’être un homme dur, moissonnant où il n’a pas semé, le maître réplique : « Tu savais que je moissonne où je n’ai pas semé ; il fallait donc remettre mon argent aux banquiers ! » Matth., xxv, 26. — L’ironie est souvent sur les lèvres des personnages évangéliques. On la reconnaît dans les passages suivants : « Peut-il venir quelque chose de bon de Nazareth ! » Joa, , i, 46. « Notre loi condamne-t-elle quelqu’un sans l’entendre ? » dit Nicodème au sanhédrin. Joa., vi, 51. L’aveugle-né a des répliques très ironiques : « Voulez-vous aussi devenir ses disciples ? … C’est merveille que vous ne sachiez d’où il est, alors qu’il m’a ouvert les yeux ! » Joa., ix, 27, 30. Les pharisiens disent ironiquement à Notre-Seigneur : « Vous n’avez pas cinquante ans et vous avez vu Abraham ! » Joa., viii, 57. — Pendant la passion du divin Maître, l’ironie apparaît dans le salut de Judas, Matth., xxvi, 49 ; dans l’adjuration de Caïphe : « Tu es donc le Christ, le Fils du Dieu béni ? » Marc, xiv, 61 ; Luc, xxii, 70 ; dans les réponses de Pierre : « Je ne sais ce que tu dis ! … Je ne connais pas seulement cet homme dont vous parlez ! » Matth., xxvi, 70 ; Marc, xiv, 71 ; dans les paroles des Juifs à Pilate : « Si ce n’était un malfaiteur, nous né te l’aurions pas amené ! » Joa., xviii, 30 ; dans la dérision des valets chez le grand-prêtre : « Devine, Christ, quel est celui qui t’a frappé ! » Matth., xxvi, 68, et des soldats romains au prétoire : « Salut, roi des Juifs ! » Joa., xix, 2, 3 ; dans les moqueriesdes bourreaux : « Allons, toi qui détruis le Temple et le rebâtis en trois jours… Laisse voir, si Élie viendra le délivrer ! » Matth., xxvii, 40, 49 ; dans le titre que Pilate fait mettre sur la croix, Joa., xix, 19, et surtout dans plusieurs de ses paroles : « Qu’est-ce que la vérité ?… Voici votre roi ! … Crucifieraî-je votre roi ?… Gardez le tombeau, comme vous savez le faire ! » Joa., xviii, 38 ; xix, 14, 15 ; Matth., xxvii, 65. — 4° C’est avec ironie que les Athéniens interrompent le discours de saint Paul en disant : « Nous t’entendrons là-dessus une autre fois. » Act., xvii, 32. — Les Apôtres emploient assez rarement cette figure de langage. Saint Pierre dit en parlant de Judas : « Il s’est acquis un champ avec le salaire de l’iniquité. » Act., i, 18. — Saint Jacques, ii, 16, représente le riche qui dit aux pauvres : « Rassasiez-vous, réchauffezvons, » et ne leur donne rien. — Enfin saint Paul dit avec quelque ironie aux Corinthiens, à propos des abus qu’il signale dans leurs agapes : « Que vous dire ? Mes compliments ? Pas pour cela, s I Cor., xi, 22.

H. Lesêtûe.

    1. IRRIGATION##


IRRIGATION, entretien de l’humidité nécessaire à la vie et à la fécondité des plantes. Cet entretien se fait en partie par les eaux qui tombent du ciel, voir Pluie, en partie par celles qui proviennent naturellement ou artificiellement des sources, des rivières ou des étangs.

— l » Un fleuve arrosait le paradis terrestre. Gen., ii, 10. Voir Paradis terrestre. —Quand Lot se sépara d’Abraham, il jeta les yeux sur la plaine du Jourdain qui était tout entière, masqéh, TcoTiÇoiiév^, irrigabatur, « arrosée » comme un « jardin de Jéhovah » et comme le pays d’Egypte. Gen., xiii, 10. — Après avoir reçu de son père une terre haute, la fille de Caleb eut bien soin de se faire donner une terre basse, arrosée par des eaux de source. Jos., xv, 19 ; Jud., i, 15. Voir Axa, 1. 1, col. 1294.

— L’arbre planté près d’un cours d’eau a sa fertilité assurée. Ps. i, 3, Aussi, pour rappeler la cause qui procure la fécondité du sol, le psalmiste dit-il, Ps. lxiv (lxv), 10-11 :

Ta visites la terre pour la féconder,

Tu l’enrichis sans mesure ;

Le ruisseau de Dieu est plein d’eau, tu prépares le blé.

Quand tu la fertilises,

Arrosant ses sillons, aplanissant ses gni’rets,

La détrempant par des ondées.

2° LMrrigation avait pris en Egypte un développement nécessité par la nature même du sol. Le pays n’ayant pas d’autre rivière que le Nil, on ménagea sur le parcours du fleuve des canaux qui s’en allaient obliquement du Nil aux confins du désert ou aux collines qui limitent la vallée. Puis, perpendiculairement et parallèlement au fleuve, on éleva des digues successives qui finirent par partager la vallée en un réseau plus ou moins régulier d’innombrables bassins. Quand la crue du Nil atteignait sa plus grande hauteur, on ouvrait les canaux et l’eau remplissait les bassins les plus voisins du fleuve. Ces premiers bassins suffisamment abreuvés, on ouvrait les digues qui arrêtaient l’eau et celle-ci se répandait dans d’autres bassins et ainsi de suite, jusqu’à ce qu’elle pût atteindre aux points les plus extrêmes de la vallée. Mais ces extrémités ne pouvaient être arrosées que si 1 a crue du Nil montait assez haut. Aujourd’hui encore, à partir du 3 juillet, des crieurs publics annoncent dans les rues du Caire les progrès de la crue, car de sa hauteur doit dépendre la richesse ou la pénurie de la récolte. Quand le Nil avait baissé, on faisait redescendre dans son lit les eaux que le sol n’avait pas absorbées. Ce système d’irrigation n’atteignit pas du premier coup sa perfection d’ensemble. Au début, chaque canton ne songea qu’à son intérêt particulier, captant les eaux et les rejetant à sa guise, sans se demander s’il en privait ou en surchargeait les cantons voisins. De là des luttes perpétuelles. Avec le temps, les travaux d’irrigation se généralisèrent et furent poursuivis dans le sens de l’intérêt commun. Le grand souci des maîtres de la terre était de faire curer les canaux, de les agrandir, d’en creuser de nouveaux, de réparer et de consolider les digues. Maspero, Histoire ancienne des peuples de l’Orient classique, Paris, t. i, 1895, p. 24, 68-70, 338. Cet ensemble de canaux et de digues servait depuis longtemps déjà à l’irrigation de l’Egypte, quand Isaïe, xix, 5-7, écrivit dans sa prophétie contre ce pays : « Les eaux de la mer (le Nil) tariront, le fleuve lui-même sera à sec ; les cours d’eau seront stagnants, les canaux baisseront et se dessécheront ; le jonc et le papyrus se flétriront, le long du fleuve et à son embouchure toute verdure périra. » Quand les eaux du Nil font défaut, c’est en effet la désolation, la famine et quelquefois la peste pour tout le pays. — Outre la grande culture, qui occupait les vastes bassins encadrés par les digues, les Égyptiens avaient aussi la culture maraîchère, qui réclamait un arrosage continuel (fig. 181). Moïse fait allusion à cette culture quand il dit