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INTRODUCTION BIBLIQUE

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fournies par l’histoire. s Elles ont plus de force que toutes les autres. « Les preuves intrinsèques, le plus souvent, n’ont pas assez de poids pour qu’on puisse les invoquer, si ce n’est comme une confirmation de la thèse. » Voir Ms r Mignot, Préface de ce Dictionnaire, t. i, p. xlvihlh ; Vigouroux, La Bible et la critique, Paris, 1883, p. 7-22 ; A. Loisy, De &z critique biblique, dans L’enseignement biblique, n° 6, 1892 ; p. 1-16.

V. Histoire de l’Introduction biblique. — L’Introduction biblique, considérée comme science distincte, est d’origine récente et ne remonte qu’au xvr 5 siècle.

1° Cependant, dès les premiers siècles, les Pères de l’Église présentèrent quelques considérations qui devaient faciliter l’intelligence de la Bible et qui étaient d’utiles matériaux de la science isagogique. On rencontre des indications relatives aux questions d’introduction dans Origène. De princip., IV, t. xi, col. 341-414. Les préfaces ou prologues que saint Jérôme a placés en tête de ses traductions des Livres Saints, t. xxviii et xxix, et son ouvrage De viris illustribus, t. xxiii, col. 631-760, traitent du canon et des commentateurs de l’Écriture. Saint Augustin, De doctr, christ., il, 3, t. xxxiv, col. 45-90, parle de l’autorité des Livres Saints, de leur valeur canonique et de la manière de les lire et de les expliquer. Le donatiste Tichonius avait auparavant publié un petit traité De septem regulis, t. xviii, col. 15-66, sur l’interprétation. Les Synopses, attribuées à saint Athanase, t. xxviii, col. 283-437, et à saint Chrysostome, t. lvi, col. 313-386, se rapprochent de ce que nous appelons aujourd’hui des introductions particulières. Au commencement du y siècle, le moine Adrien publia une Ei<raywyT) eî ; Tac Dei’a ? 7pa<pâ ;, t. xCvm, col. 1273-1312, qui est plutôt un traité d’herméneutique qu’une introduction au sens moderne du mot, puisqu’il y est question du style des écrivains sacrés et des expressions métaphoriques de l’Écriture. Voir t. i, col. 241. L’ouvrage de Junilius, De partibus legi divinx, t. lxviii, col. 1542, cf. Kihn, Theodor von Mopsuestia und Junilius, Fribourg-en-Brisgau, 1880, p. 465-528, est plus important ; il ne traite pas seulement du style des écrivains sacrés, mais encore de ces écrivains, eux-mêmes, de l’autorité, des titres et de la division des Livres Saints. Cassiodore, De instit. div. lit., 11-24, t. lxx, col. 1105-1139, résume les sentiments des Pères, de saint Jérôme et de saint Augustin, sur l’origine des livres bibliques et sur leur réunion en collection. Saint Isidore de Séville, Elymolog., vi, t. lxxxii, col. 229-242, et Proœmia in libros V. et N. T., t. lxxxvii, col. 155-180, répète les mêmes renseignements, que Baban Maur, De universo, v, t. cxi, col 103-124, a reproduits, sans y rien ajouter. Cf. Schanz, Die Problème der Einleitung bei den Vàtern, dans le fûbinger Quartalschrift, 1879, p. 56, etc.

2° Au moyen âge, on a répété ce qu’avaient dit saint Jérôme, saint Augustin et Cassiodore. Hugues de Saint-Victor a écrit un opuscule, De Scripturis etscriptoribus, t. clxxv, col. 9-28, et traité de l’interprétation de la Bible. Erudii. didasc, rv-vi, t. clxxvi, col. 777-809. Hugues de Saint-Cher et la plupart des commentateurs de la Bible ont donné des notions générales d’introduction dans les prologues de leurs commentaires. Nicolas de Lyre a fait de même en tête de ses Postules ; il a présenté des observations préliminaires sur les livres canoniques, leurs versions, les sens bibliques et les règles d’herméneutique. Mais ces travaux n’étaient que de simples préfaces, composées d’éléments divers, dans un but pratique, en vue de faciliter l’interprétation. L’herméneutique y tenait la place principale.

3° La Réforme n’eut pas une influence directe sur la science isagogique. Les Préfaces que Luther a écrites pour les livres de sa traduction allemande de la Bible contiennent seulement ses idées sur le canon des Écritures. On trouverait aussi dans les œuvres exégétiques

de Calvin des matériaux d’une Introduction biblique. Carlstadt seul, De canonicis Scripturis libellus, Wittenberg, 1520, réédité par Credner, Zur Geschichle den Canons, 1847, fit un petit traité à part. Le premier ouvrage complet sur la matière est de la main d’un catholique. Dans son érudite Bibliothecasancta, Venise, 1566, Sixte de Sienne traite en huit livres des auteurs sacrés, de leurs écrits, de la manière de les traduire et de les expliquer, et il dresse un catalogue des commentateurs de la Bible. Son but est de résoudre les objections des protestants et de faciliter aux catholiques la lecture et l’intelligence des Livres Saints. Sixte de Sienne eut des émules et des successeurs : Driedo, De ecclesiasticis Scripturis, dans ses Opéra, 3 in-f°, Louvain, 1555-1558 ; Cornélius Mussus, De divina hisloria, Venise, 1585, 1587 ; Bellarmin, Disputationes de controversiis christianee fidei, Rome, 1581, t. i, Deverbo Dei ; Salmeron, Prolegomena biblica, dans ses Opéra, Madrid, 1598, t. i ; Serarius, Prolegomena biblica, Mayence, 1612 ; Louis de Tena, Isagoge in totam S. Scripturam, Barcelone, 1620 ; Bonfrère, Prteloquia, dans Pentateuchus cornmentariis illuslratus, Anvers, 1625 ; J. de Voisin, De lege divina secundumstatumomniumtemporumusqueadChristum et régnante Christo, in-8°, Paris, 1650 ; Nieremberg, De origine Sanct. Script., in-f », Lyon, 1641 ; Antoine de la Mère de Dieu, Prceludia isagogica ad SS. Bibliorum intelligentiam, in-f », Lyon, 1669 ; Frassen, ûisquisitiones biblicee, in-4°, Paris, 1682 ; Lami, Apparatus ad Biblia sacra, in-4°, Paris, 1687 ; Martianay, Traité de la connaissance et de la vérité de la Sainte Écriture, in-12, Paris, 1694 ; Ellies Dupin, Dissertation préliminaire ou. Prolégomènes sur la Bible, in-8°, Paris, 1688 ; Noël Alexandre, Hisloria ecclesiastica, Paris, 1677, t. I. — De leur côté, les protestants multiplièrent alors les ouvrages d’introduction. Signalons seulement André Rivet, Isagoge seu introductio generalis ad Script. Sac. V. et N. T., in-8°, Dordrecht, 1616 ; in-4° Leyde, 1627 ; Michek Walther, Officina biblica noviter adaperta, in-4°, Leipzig, 1636 ; A. Calov, Criticus sacer biblicus, in-4°, Wittenberg, 1683 ; Heidegger, Enchiridion biblicum, in-4°, Zurich, 1681 ; Brian Walton, Apparatus chronologico-topographico-philologicus, in-4°, Zurich, 1673, reproduction à part des Prolégomènes (le la Polyglotte de Londres.

4° Dans ses Histoires critiques du Vieux Testament, Paris, 1678, du texte, 1689, des versions, 1690, et des commentateurs du Nouveau Testament, 1694, aussi bien que dans les écrits polémiques pour la défense deces Histoires, Richard Simon inaugure une marche nouvelle et la méthode strictement historique et critique. Le premier, H sépare l’Ancien Testament du Nouveau, combat énergiquement les protestants et fait preuve d’uneérudition étonnante. Malheureusement il discrédita sa méthode, excellente en elle-même et très favorable à la défense des Livres Saints, en mêlant à son exposition des. hardiesses et des erreurs. Bossuet les releva sévèrement et, par suite, la voie nouvelle, fut abandonnée. Les rationalistes la reprirent un peu plus tard et en abusèrent, pour attaquer la Bible. L’ancienne méthode prévalut chez les protestants aussi bien que chez les catholiques. Dansles deux camps, on produisit des œuvres d’inégale valeur. Citons, parmi les catholiques, Mathieu Petitdidier, Dissertationes historicse, criticee, chronologies in Sac. Script. V. T., in-4°, Toul, 1699 ; Calmet, dont les Dissertations, éparses dans son Commentaire littéral ou réunies en ouvrages séparés, forment une introduction à peu près complète, voir t. ii, col. 72-76 ; Chérubin de Saint-Joseph, Bibliotheca critica sacra, 4 in-f », Louvain et Bruxelles, 1704-1706 ; Sumnui criticæ sacræ, 9 in-8°, Bordeaux, 170£-1716, voir t. ii, col. 673 ; Brunet, Manuductio ad S. Script., 2 in-12, Paris, 1701 ; Joseph d’Osseria, Hagiographa prolegomena, in-f », Valence, 1700 ; Pierre de Bretagne, Clavis davidica seu compendiosus,