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INONDATION — INSECTES

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45, et même les dépasse quelquefois en plusieurs endroits. Il cesse alors d’être guéable aux passages accoutumés et a un courant très rapide. Ce qui rendit plus éclatant le miracle du passage du Jourdain par les Israélites sous Josué, c’est qu’il eut lieu en pleine inondation. Jos., iii, 15. On cite dans l’Écriture comme un fait extraordinaire que les Gadites aient pu traverser le fleuve dans une autre circonstance en un pareil moment. I Par., xii, 15. — Il est dit de l’hippopotame :

Que le fleuve vienne à déborder, il ne s’enfuit pas, Que le Jourdain roule dans sa gueule, il est impassible.

Job, xl, 18. Voir Béhémoth, t. i, col. 1555. Il n’y a jamais eu d’hippopotame dans le Jourdain ; mais ce fleuve est pris ici comme type d’un courant puissant et rapide dont la violence n’effraye pas le monstre.

Les torrents.

Dans la presqu’île Sinaïtique comme

en Syrie, le débordement subit des torrents cause les plus grands ravages. Les vallées de la presqu’île Sinaïtique qui débouchent sur la mer Rouge présentent des amas de débris, déposés par les inondations torrentielles, qui atteignent une hauteur de 10 à 25 mètres et sont connus sous le nom de djorfs. Presque toutes ces vallées ont sur leur prolongement dans la mer un promontoire de terres et de roches charriées par les eaux. Un des membres de l’expédition scientifique anglaise au Sinaï, F. W. Holland, dans VOrdwxiice Survey of Sinai, et Explorations in the Peninsulapf Sinaï, dans Wilson et Warren, The Recorrey of Jérusalem, in-8°, Londres, 1871, p. 541-542, viii, p. 226-228, fut témoin de la manière dont se produisent, dans l’ouadi Feiran, les terribles débordements des torrents. « Le 3 décembre 1867, rien n’annonçait un orage ; il ne tombait que quelques gouttes d’eau. Tout à coup vers cinq heures du soir, les nuages qui couvraient le Serbal se fondent en une averse effroyable ; en un quart d’heure, tons les ravins de la montagne déversent dans la vallée des torrents pleins d’écume ; une heure et quelques minutes après le commencement de l’orage, l’ouadi, large en cet endroit de 300 yards, est devenu une rivière furieuse, profonde de huit à dix pieds. Mille palmiers environ sont emportés, les gourbis des Arabes sont détruits, leurs chèvres, leur moutons, leurs chameaux sont noyés, et

, tout un camp de trente Bédouins, situé un peu plus bas dans la vallée, périt dans les flots. Un orage peut éclater

sur une montagne, à quelque distance, sans que le Bédouin

de la vallée s’en aperçoive ; il ne le saura qu’à l’arrivée subite d’un flot dévastateur auquel il n’aura plus le temps d’écbapper. Les Bédouins de la presqu’île Sinaïtique nomment ces torrents des averses, des seils. Ils les redoutent à ce point que, même dans la belle saison, ils ne plantent pas leurs tentes dans le fond des vallées à moins d’y être contraints, mais s’établissent à quelque hauteur sur le liane de la montagne. » Jullien, L’Egypte, Lille, 1891, p. 277. Cf. Maspero, Histoire ancienne, t. i, p. 348 ; Revue biblique, Paris, 1896, p. 445. C’est une inondation de ce genre qui, sur la prédiction d’Elisée, fournit subitement de l’eau aux armées de Joram et de Josaphat. Les fosses que le prophète avait fait creuser dans le désert d’Édom furent complètement inondées au matin. IV Reg., iii, 16, 17, 20. Josèphe, Ant. jud., IX, iii, 2, dit que ces eaux provenaient d’une pluie abondante tombée en Idumée à une distance de trois jours de marche. Des effets analogues se produisaient, en plus petites proportions à raison du moindre relief du sol, dans le Ghor, le Hauran, la Palestine, partout où s’ouvraient des ravins dénudés incapables de retenir les eaux des pluies d’orage ou même d’en ralentir l’écoulement. L’auteur de Job connaissait bien ces phénomènes quand il écrivait en parlant de Dieu :

H retient les eaux et tout se dessèche, Il les lâche et la terre est dévastée.

Et en. parlant de l’impie :

Les terreurs le surprennent comme des eaux, Et la tempête l’emporte au milieu de la nuit.

Job, su, 15 ; xxvii, 20. — Isaïe, xxx, 30, range aussi l’inondation parmi les manifestations de la colère divine. Le même prophète représente les Assyriens comme une inondation d’eaux dévastatrices qui va fondre sur Éphraïm : « C’est une tempête qui. précipite des masses d’eaux et inonde la terre avec violence… Quand le fléau débordé arrivera, il ne nous atteindra pas… Les eaux inonderont cet abri du mensonge… Lorsque le fléau de l’inondation passera, vous serez foulés aux pieds, » Is., xxviii, 2, 15, 17, 18. Notre-Seigneur fait allusion aux mêmes ravages des eaux quand il parle de la maison bâtie soit sur le roc, soit sur le sable. Bâtie sur le roc, elle subit sans être ébranlée le choc du fleuve débordé ; bâtie sur le sable, elle est emportée par les eaux du torrent subitement grossi par l’orage. Matth., vii, 24-27 ; Luc, vi, 48, 49. Il s’agit ici d’une maison bâtie à l’entrée d’une vallée, sur le bord du lac de Tibériade ; car saint Luc donne à l’inondation le nom de iù.^^vçiol, qui désigne ordinairement la marée montante, et permet de supposer ici une collision entre les eaux du torrent débordé et celles du lac soulevées par la tempête.

II. Au sens figuré.

Dans plusieurs des textes qui . précédent, l’inondation apparaît déjà comme la figure de différentes calamités. Dans d’autres passages, elle représente ! 1° La colère de Dieu ou sa justice. Is., x, 22 ; xxx, 28. Dieu seul peut préserver d’une pareille inondation. Ps. xxxi (xxxii), 6 ; cxxiii (cxxrv), 4, 5. — 2° L’épreuve. Job, xiv, 19 ; xxii, 11. — 3° Les armées envahissantes. Les Assyriens sont comparés aux grandes eaiix. Is., xvil, 12. Jérémie, xlvii, 2, décrit l’effet d’une pareille inondation sur les Philistins : « Voici que des eaux montent du nord, c’est comme un torrent qui déborde ; elles mondent le pays et ce qu’il renferme, villes et habitants. Les hommes poussent des cris, tous les habitants du pays se lamentent. » La ruine de Jérusalem doit arriver comme par une inondation, pendant la campagne des Romains en Judée. Dan., ix, 26. Le prophète Daniel, xi, 10, 22, 26, 40, aime à représenter lés troupes d’invasion sous la figure de torrents débordés.

— 4° L’abondance des biens de différente nature. Dieu fera affluer vers la nouvelle Jérusalem « la paix comme un fleuve et la gloire des nations », c’est-à-dire leur richesse, « comme un torrent débordé. » Is., lxvi, 12. « La science du sage est comme une inondation » qui féconde ce qu’elle atteint. Eccli., xxi, 16. La bénédiction de Dieu « déborde comme un fleuve et inonde la terre comme un déluge ». Eccli., xxxix, 27, 28.

H. Lesêtre.
    1. INSECTES##


INSECTES, petits animaux de l’embranchement des arthropodes queds articulés). Les arthropodes comprennent quatre classes : les insectes, les arachnides (voir vraignée, t. i, col. 873 ; sarcopte de la Gale, col. 83 ; Scorpion), les myriapodes et les crustacés. Les insectes sont dépourvus de squelette intérieur. Leur corps se divise en trois parties : la tête, munie d’appendices servant pour le toucher, l’odorat ou la manducation ; le thorax ou corselet formé de trois articles ayant chacun une paire de pattes et dont les deux derniers portent souvent une ou deux paires d’ailes ; l’abdomen, comprenant neuf ou dix articles contractiles et renfermant les principaux organes. Beaucoup d’insectes subissent des transformations avant d’arriver à leur état définitif. Ils passent alors par les différentes formes de larves ou chenilles, de nymphes ou chrysalides, qui les font plus ou moins, ressembler à des vers. Aussi est-ce sous ce dernier nom que les auteurs sacrés désignent parfois des insectes encore à leur premier état de formation. Voir Ver. — Les insectes abondent partout, mais très spécialement dans les pays chauds. La Pales-