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INCARNATION - INCESTE


car on le verra « homme de douleur et habitué à la souffrance, frappé de Dieu et humilié, semblable à un agneau qu’on mène à la boucherie, retranché de la terre des vivants », par conséquent soumis à des épreuves qui supposent en lui une âme et un corps humain. Is., lui, 2-10. — 5° Jérémie, xxiii, 5, parle aussi du « Germe », c’est-à-dire du descendant que Dieu suscitera à David pour sauver Juda. Daniel, vii, 13, 14, entrevoit le Messie’comme « Fils. de l’homme », titre qui se rapporte nécessairement à la nature humaine du Rédempteur. Voir Fils de l’homme, t. ii, col. 2258. De tous ces passages se tire cette conclusion que le Messie promis et prophétisé naîtra un jour et sera un homme véritable, tout en étant Dieu, vivra de la même vie que les autres hommes, souffrira et mourra comme eux, par conséquent aura une âme et un corps comme eux.

II. Dans le Nouveau Testament.

Les évangélistes décrivent l’incarnation dans son accomplissement et dans ses conséquences. — 1. Celui qui est le Verbe, le Fils éternel de Dieu, s’est fait chair, Joa., i, 14, c’est-à-dire a uni à sa personne préexistante une chair, un corps humain, qui ne peut aller sans une âme humaine. C’est pourquoi Notre-Seigneur, dont le corps apparaît visible et réel aux contemporains, parle plusieurs fois de son âme, comme parfaitement distincte de sa divinité. Mat th., xxvi, 38 ; Marc, xiv, 34 ; Joa., xii, 27. — 2. Voici de quelle manière s’accomplit l’incarnation. L’ange annonce à Marie qu’elle concevra un fils qui sera le Fils du Très-Haut, mais qu’elle concevra en dehors des conditions ordinaires, parce quec’est leSaint-Espritlui-mêmequi surviendra en elle et la puissance du Très-Haut qui la couvrira de son ombre. Luc, i, 31-35. L’action du Saint-Esprit dans le mystère est ensuite révélée à Joseph, Matth., i, 20, et l’Enfant naît comme les autres enfants des hommes, quoique d’une manière miraculeuse. Luc, ii, 7.-3. Les récits évangéliques prouvent à chaque page la réalité de l’incarnation et la présence en Notre-Seigneur de tout ce qui se rencontre dans toute nature humaine, naissance, -Luc, ii, 7 ; croissance, Luc, ii, 40, 52 ; faim, Matth., iv, 2 ; soif, Joa., iy, 7 ; fatigue, Joa., iv, 6 ; tristesse, Matth., xxvi, 38 ; crainte, Marc, xiv, 33 ; agonie, Luc, xxxi, 43 ; souffrance physique, joa., xlx, 28, et morale, Matth., xxvii, 46 ; Marc, xv, 34, et enfin la mort. Matth., xxvii, 40. La résurrection elle-même ne porte aucune atteinte à l’intégrité de la nature créée prise par le Fils de Dieu. Luc, xxiv, 39. — 4. En Notre-Seigneur, il y avait une volonté humaine nettement distincte de la volonté divine. Matth., xxvi, 39, 42 ; Marc, xiv, 36 ; Luc, xxii, 42. Cf. Joa., v, 30 ; viii, 28 ; xiv, 28. — 5. Les Apôtres, dans leurs écrits, font mention de l’incarnation et des conditions dans lesquelles elle s’est opérée. Selon la chair, c’est-à-dire par sa nature humaine, le Christ tient à David et aux ancêtres. Rom., i. 3 ; ix, 5. Pour venir parmi les hommes, le Fils de Dieu « a participé au sang et à la chair ». Ileb., Il, 14. Il a pris « la forme de serviteur », Phil., ii, 6, a été envoyé par le Père « dans la ressemblance de la chairdu péché », Rom., viii, 3, c’est-à-dire avec une nature humaine sujette à toutes les conséquences du péché de l’homme, bien qu’exempte de péché elle-même. Heb., iv, 15. Le Fils de Dieu s’est donc « manifesté dans la chair », I Trin., iii, 16 ; on l’a vu et connu « selon la chair », II Cor., iii, 16 ; mais, après la mort, cette chair n’a pas subi la corruption. Act., ii, 31. En tant qu’homme, le Fils devient inférieur au Père, et « Dieu est la tête du Christ ». I Cor., xi, 3. Pour être de Dieu, tout esprit doit confesser que Jésus-Christ est venu dans la chair ; tout esprit qui ne confesse pas l’incarnation (ô|X7| ôjioXo-rEî tov’Irjo-oûv, quisolvit Jesum) ne vient pas de Dieu. I Joa., iv, 2, 3. — 6. L’unité de personne n’est pas atteinte dans le Verbe par l’adjonction de la nature créée qu’il s’est unie. Cela ressort de ce fait que, dans tont le Nouveau Testament, Jésus-Christ, le Verbe incarne, est appelé simplement a Fils de Dieu », comme’il avait droit de l’être avant son incarnation, et que lui-même s’attribue ce titre comme le sien propre. Voir Fils de Dieu, t. ii, col. 2253, et Jésus-Christ.

H Le s être

    1. INCENDIAIRE##


INCENDIAIRE, INCENDENS, « le Brûlant. » La Vulgate a ainsi traduit, I Par., iv, 22, le nom propre hébreu Sârâf, qui a en effet ce sens. Saraph était un descendant de Séla, de la tribu de Juda. Le passage où il est nommé est d’ailleurs très obscur. L’hébreu porte : « Fils de Sêlah, fils de Juda, ’Êr, … et Yôqîm et les hommes de Kôzêbâ’et Yô’aS et Sârâf qui dominèrent sur Moab et sur Yâsubî Léhém. Or ce sont là des paroles ou des choses anciennes. » La Vulgate traduit : « Les fils de Séla, fils de Juda ; lier, … celui qui a fait arrêter le Soleil et les hommes de Mensonge et le Sûr (Securus) et l’Incendiaire (Incendens), qui furent princes dans Moab, et qui retournèrent à Lahem. Or ces paroles sont anciennes. » Ces derniers mots semblent indiquer qu’à l’époque où écrivait l’auteur des Paralipomènes, le sens du fragment qu’il reproduisait n’était plus clair pour lui et pour ses contemporains, et il est impossible de dire aujourd’hui à quels événements ce verset fait allusion. Quant à la traduction au premier abord si surprenante de saint Jérôme, elle s’explique par les traditions rabbiniques. Le Targum de R. Joseph identifie Joas et Saraph avec Chélion et Mahalon, les fils de Noémi. Ce verset devient ainsi tout entier une allusion à l’histoire de Ruth. Jokim est Élimélech, le mari de Noémi. Ses fils sont appelés « hommes de mensonge » parce qu’ils n’eurent point de postérité ; les mots rendus par « ils dominèrent sur Moab », se traduisent par : « Joas et Saraph se marièrent (bâ’âlû) dans le pays de Moab, » et leur mère « retourna à [Bethjléhem ». VoirCalmet, Commentaire littéral, les Paralipomènes, 1712, p. 35. Cette explication n’est qu’un jeu d’esprit. Kôzêbâ, « le Mensonge, » doit être la ville d’Achzib ou Achazib de Juda. Voir Achazib 2, 1. 1, col. 136-137.

    1. INCENDIE##

INCENDIE (hébreu : Tab’êrâh ; Septante : ’Eiiitupiu(iôç ; Vulgate : Incensio, Num., xi, 3 ; Incendium, Deut., ix, 22), nom donné à une localité du désert de Pharan, dans la péninsule du Sinaî, où les Israélites qui avaient murmuré contre Moïse furent brûlés par « le feu du Seigneur ». Num., xi, 3. Voir Embrasement, t. ii, col. 1729.

    1. INCESTE##


INCESTE, liaison criminelle entre des personnes qu’unit la parenté ou une affinité rapprochée.

I. Epoque patriarcale.

H est évident que les premières unions conjugales n’ont pu avoir lieu qu’entre frères et sœurs et ensuite entre proches parents. Mais bientôt la loi naturelle éloigna de ces sortes d’unions. On comprit, au moins chez les peuples qui gardèrent la notion du Dieu unique, qu’il est malséant de superposer une autre union à celle qu’impose la naissance, et quele dessein du Créateur est de mêler ensemble les familles dans l’intérêt même de l’humanité. Aussi les unions incestueuses dont parle la Genèse sont-elles nettement réprouvées. — 1° Les deux filles de Lot enivrent successivement leur père et ont de lui deux fils qui s’appellent Moab et Ammon. Gen., xix, 32-38. Le texte sacré ne blâme pas directement ce double inceste, il est vrai ; mais, s’il le raconte, c’est vraisemblablement pour disqualifier les Moabites et les Ammonites en regard dés Israélites. Ces derniers n’eurent d’ailleurs pas à se louer de leurs relations avec les deux tribus descendues de Lot, et le Seigneur défendit de recevoir le Moabite et l’Ammonite au sein de son peuple, même à la dixième génération et à perpétuité. Dent., xxiii, 3. — 2° Ruben, l’alné dès fils de Jacob, se permit l’inceste avec Bala, concubine, c’est-à-dire épouse de second ordre de son père. Jacob ne l’ignora pas, remarque l’écrivain sacré. Gen., xxxv, 22. La conséquence en fut