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IMPOSTEUR — IMPOTS


mensonge ; » grec : y6t|ç, jtXâvoç, fpgvouc£r>ic, ' ^euSoicpoçTjTYiç, ^EuSô/ptoroç ; Vulgate : seductor, pseudopropheta, pseudochristus), celui qui trompe les foules en se donnant faussement comme envoyé de Dieu.

Dans l’Ancien Testament.

La loi mosaïque prévoit le cas du prophète qui voudra parler sans mission

divine ou au nom d’autres dieux : il doit être puni de mort. Deut., xviii, 20, Balaam, quoiqu’il ait eu de véritables révélations divines, commence la série des prophètes imposteurs. Num., xxii, 5. Voir Balaam 1, t. i, col. 1390. — Plus tard, Élie se trouve en face de quatre cent cinquante prophètes de Baal et de quatre cents prophètes d’Astarthé qu’entretient Jézabel. III Reg., xviii, 19. — Al'époque des grands prophètes apparaissent de nombreux imposteurs, qui prétendent parler au nom de Jéhovah et ne font que préconiser la politique chère aux puissants du jour. Le roi Achab aime à les écouter. III Reg., xxii, 22, 23 ; II Par., xviii, 21, 22. Isaïe, xliv, 25, menace au nom de Dieu les prophètes de mensonge et les devins. À la veille de l’invasion chaldéenne, les imposteurs pullulent et opposent leurs fausses prédictions aux prophéties de Jérémie, qui ne cesse de les combattre. Jer., v, 31 ; vi, 13 ; viii, 10 ; xiv, 14 ; xx, 6 ; xxiii, 16 ; xxvii, 10, 14-16 ; xxix, 8, 9, 21 ; L, 36. Luimême déplorera ensuite le crédit qu’ils ont obtenu auprès de son peuple. Lam., ii, 14. Ils continuent leur œuvre en face d'Ézéchiel, xiii, 2-23 ; xxii, 25 ; de Michèe, in, 11, et même de Zacharie, xiii, 2. — Notre-Seigneur rappellera plus tard aux Juifs l’amour que leurs ancêtres ont eu pour les faux prophètes. Luc, vi, 26.

Dans le Nouveau Testament.

1. Le divin Maître

lui-même est traité d’imposteur, it).avo ;, seductor, par les Juifs après sa mort. Matth., xxvii, 63. Les Apôtres reçoivent la même injure. II Cor., vi, 8. — 2. Des imposteurs et des faux prophètes cherchent à égarer les premiers chrétiens. II Tim., iii, 13 ; II Pet., ii, 1 ; I Joa.j iv, 1. Ils viennent surtout du judaïsme, Tit., i, 10, et nient la divinité de Jésus-Christ. II Joa., 7. L’imposteur Barjésu, en Chypre, fit ainsi opposition à la prédication de Paul et de Barnabe. Act, , xiii, 6. — 3. Notre-Seigneur prédit qu’il paraîtrait un grand nombre tle faux prophètes et de faux christs avant le siège de Jérusalem et avant la fin du monde. Matth., xxiy, 11, 21 ; Marc, xiii, 22. Saint Jean annonce aussi le faux prophète qui doit accompagner Satan et la bête avant la fin du monde. Apoc, xvi, 13 ; xix, 20 ; xx, 10. — Parmi les imposteurs qui, conformément à la prophétie du Sauveur, égarèrent le peuple après sa mort, il faut signaler Théodas, Act., v, 36 ; Simon le magicien, Act., viii, 9-13 ; l’imposteur qui ameuta les Samaritains sur le mont Garizim et les fit massacrer par Pilate, Josèphe, Ant. jud, , XVIII, iv, 1 ; le Theudas qui se donna pour prophète et promit à une foule d’hommes de leur faire traverser le Jourdain à pied sec, Josèphe, Ant. jud., XX, v, 1 ; et enfin tous les chefs de parti qui se mirent à la tête du peuple pendant la guerre de Judée et se firent forts de

devenir ses sauveurs.

H. Lesêtre.
    1. IMPOTS##


IMPOTS, redevances payées par le peuple aux autorités qui le gouvernent. Sur les redevances payées aux souverains étrangers, voir Tribut. Les impôts accompagnaient partout l’institution de la royauté.

I. Impôts religieux.

1° Tout Israélite devait payer un impôt spécial d’un demi-sicle, ou, du temps de NotreSeigneur, d’un didrachme pour le Temple. Sur cet impôt, voir Capitation, t. ii, col. 213-215 ; Didrachme, t. ii, col. 1428. ' 2° Un second impôt était payé en nature aux lévites, irai avaient pour fonction d’offrir au Seigneur le culte public, au nom de la nation, et qui rendaient au peuple des services spéciaux, particulièrement en tant que luges et médecins. Sur cet impôt, voir Dîme, t. ii, col. 1431-1435.

II. Impôts civils.

1° Les impôts civils ne commen cent à apparaître en Israël qu’avec la royauté. Quand le peuple pense à se donner un roi, Samuel lui fait prévoir les charges qui seront la conséquence dé la royauté, et en particulier le prélèvement de la meilleure partie des champs, des vignes, des oliviers, des troupeaux, et la dîme de tous les biens exigée par le prince. 1 Reg., viii, 14-17. Le premier impôt royal prend le nom de minhâh, 8&ppv, munus, « don, » qualification par laquelle oh a toujours aimé en Orient à désigner les contributions les moins volontaires. Ceux qui font opposition à la royauté de Saül s’abstiennent de lui payer cet impôt. I Reg., x, 27. Isaï envoie au contraire son fils David porter ses dons à Saûl. I Reg., xvi, 20. Salomon recevait de ses sujets la tninffdh, consistant en objets d’argent et d’or, en étoffes, armes, aromates, chevaux et mulets. Ces dons provenaient soit des impôts versés par les sujets du roi, soit des tributs payés par les étrangers. Toujours est-il qu’ils se renouvelaient régulièrement chaque année et avaient par conséquent un caractère administratif.

III Reg., x, 25 ; II Par., ix, 24. Tout Juda apporte de même ses présents à Josaphat, ce qui lui assure en abondance richesse et gloire. II Par., xvii, 5. — À ce premier impôt s’ajoutent pour le compte du roi le service militaire, voir Armée chez les Hébreux, t. i, col. 972-976 ; la corvée pour l’exécution des grands travaux, voir Corvée, t. ii, col. 1032 ; le monopole de certains commerces comme celui de l’or, III Reg., îx, 28, xxii, 49 ; des chevaux, III Reg., x, 28, 29, etc., et le droit de transit ou d’entrée sur les marchandises. III Reg., x, 15. Le prophète Amos, vii, 1, parle de « regain après la coupe du roi », ce qui suppose un droit royal sur certaines prairies dont la première coupe servait à l’entretien de la cavalerie du prince. — Dans les circonstances extrêmes, des impôts extraordinaires étaient levés. Manahem imposa de cinquante sicles d’argent tous les riches de son royaume pour payer le tribut exigé par le roi d’Assyrie.

IV Reg., xv, 20. Joakim leva sur ses sujets un impôt analogue, mais proportionnel, pour payer tribut au pharaon Néchao. IV Reg., xxiii, 35. — 2° Après la captivité, les Juifs devinrent successivement tributaires des rois de Perse, d’Egypte, de Syrie, et finalement de l’empire romain. Voir Tribut. — 3° Sous Hérode, l’impôt avait à alimenter les finances royales et à fournir le tribut exigé de Rome. La famine et la peste qui survinrent en l’an 25 avant J.-C. obligèrent le roi à suspendre momentanément la perception des taxes. Josèphe, Ant. jud., XV, ix, 1. Cinq ans plus tard, il fit remise aux Juifs du tiers de l’impôt, sous prétexte de leur permettre de réparer le dommage que leur avait causé la sécheresse, en réalité pour les empêcher de trop se plaindre de son despotisme et de ses constructions païennes. Josèphe, Ant. fud., XV, x, 4. Afin d’attirer des Juifs dans une place qu’il fondait pour servir de rempart contre les incursions des habitants de la Trachonite, il leur promit l’exemption de tous les impôts. Josèphe. Ant. jud., XVII, ii, 1. Les charges financières qu’il fit peser sur ses sujets n’en furent pas moins fort lourdes. À sa mort, les Juifs adressèrent de bruyantes réclamations à son fils Archélaûs, pour demander la diminution des impôts et la suppression des droits perçus sur la vente et l’achat des marchandises. Josèphe, Ant. jud., XVII, viii, 4. — 4° Après Tethnarcat d' Archélaûs, les Juifs devinrent les sujets directs de Rome et leur pays fut administré par des.procurateurs. L'établissement du système financier de l’empire fut la conséquence naturelle de ce nouvel état de choses. Le recensement opéré par Cyrinus eut en grande partie pour but l’introduction en Judée de la fiscalité impériale. C’est à cette occasion que Judas le Gaulonite excita une révolte, en proclamant qu’on ne devait ni payer l’impôt aux" Romains, ni reconnaître d’autre maître que Dieu. Josèphe, Ant. jud., XVIII, 1, 1, 6 ; Bell.jud., II, viii, 1. Les impôts en usage dans la fiscalité impériale étaient de deux sortes, les impôts directs et les im-